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BÉLIER, subst. masc.
A.− ZOOLOGIE
1. Mâle non châtré de la brebis, réservé pour la reproduction :
1. ... ici, les mères, en divers groupes : là, les agneaux; plus loin, les béliers. À deux mois, on châtrait les mâles, qu'on élevait pour la vente : tandis qu'on gardait les femelles, afin de renouveler le troupeau des mères, dont on vendait chaque année les plus vieilles; et les béliers couvraient les jeunes, à des époques fixes, des dishleys croisés de mérinos, superbes avec leur air stupide et doux, leur tête lourde au grand nez arrondi d'homme à passions. Zola, La Terre,1887, p. 100.
2. Lapin bélier ou bélier français. ,,Race de lapins de forte taille qui présente la particularité d'avoir les oreilles tombantes`` (Lar. encyclop.). Le lapin bélier, noir ou blanc (...) aux oreilles lâches comme une cravate dénouée (Renard, Journal,1895, p. 278).
Rem. Attesté aussi dans Lar. 20e.
3. Emplois spéc.
a) ASTRON. et ASTROL. Constellation zodiacale de l'hémisphère boréal, figurée par un bélier. Lorsque le roi soleil passe sous le bélier ou sous l'agneau (Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 349).
Signe zodiacal qui correspond à la période allant du 21 mars au 21 avril :
2. ... le Capricorne est puissant. Il attaque peu mais il résiste farouchement. Il tient tête; il ne se laisse pas vaincre. C'est un mâle comme le Bélier, mais qui préfère la défensive à l'offensive. Divin.1964, p. 204.
b) HÉRALD. Animal héraldique représenté de profil et passant, avec des cornes tournées en spirale. Bélier sautant, bélier onglé (Littré).
Rem. Attesté dans la plupart des dictionnaires.
4. Arg. [P. allus. aux cornes, emblèmes de l'époux bafoué] ,,Cocu. Le roi des cocus`` (France 1907).
Rem. Attesté également dans Lar. 19e, Guérin 1892 et dans plusieurs dict. d'argot.
B.− Emplois techn.
1. TECHN. MILIT. et MAR. Machine de guerre formée d'une poutre dont l'une des extrémités était armée d'une masse de métal représentant à l'origine une tête de bélier et qui était utilisée par les anciens pour renverser les murailles des places assiégées, ou dans les combats navals pour faire brèche dans les flancs des vaisseaux :
3. − Un autre bélier! Un madrier énorme avançait en effet comme un monstre géométrique, porté par cinquante hommes parallèles, (...) Il traversa les décombres de la chaussée, les plâtras et les morceaux de grille, frappa la porte comme un gong énorme, et recula. Malraux, L'Espoir,1937, p. 464.
P. métaph.
a) Force puissante capable de renverser une situation ou d'imposer des changements radicaux, favorables ou néfastes, dans les institutions, les idées, les sentiments, etc.
[Désigne un inanimé abstr.] :
4. Et voilà que tout cela était mis en question, ébranlé, nié par preuves péremptoires au dire de la critique. Les béliers qui s'attaquaient à la forteresse, c'étaient le rationalisme, la pensée indépendante ennemie du surnaturel, les sciences, historiques et archéologiques, le progrès dans la connaissance des langues sémitiques, la méthode critique appliquée aux textes hébreux. Weill, Le Judaïsme,1931, p. 76.
[Désigne une pers.] :
5. Il y aura lieu aussi, (...) d'introduire celle de mes expressions sur Browning dont je suis le plus content : le bélier spirituel; l'émotion, le mouvement, le rythme d'un grand poème de Browning cognent à la porte de notre âme, l'enfoncent, à la fois têtus et irrésistibles : il y a dans l'inspiration chez Browning je ne sais quelle grande force douée, pour ainsi dire de cécité, hirsute, un Polyphème que sa force fait tituber. (...) Le Génie de Browning c'est le bélier qui enfonce la porte de la ville. Du Bos, Journal,1922, p. 144.
b) Coup de bélier. Choc, attaque violente causée par une force physique ou morale :
6. L'une des marques des grandes convulsions de l'âme est de se retrouver dans les choses, de sorte que telle déception capitale, par exemple, reste inséparable du lieu et de l'heure − non pas seulement par une association matérielle, mais par une sorte de compénétration − comme si un certain accord de la vie profonde avait été faussé par le coup de bélier de la passion. Bernanos, L'Imposture,1927, p. 327.
2. [P. anal. d'utilisation]
a) MÉCAN. Bélier hydraulique. Machine inventée par Montgolfier, servant à élever une masse liquide par l'utilisation du phénomène du coup de bélier. Bélier aspirateur, bélier-syphon.
Coup de bélier. Choc produit à l'intérieur d'une conduite lorsque l'écoulement de l'eau est brusquement interrompu. L'augmentation brusque de pression produit un coup de bélier qui chasse le piston (J.-J. Chartrou, Pétroles naturel et artificiels,1931, p. 49).
b) TECHNOL. Pièce de bois ou de fonte servant à enfoncer les pieux dans les travaux de fondation.
Rem. Attesté dans la plupart des dictionnaires.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [belje]. 2. Forme graph.Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 écrivent belier sans accent aigu sur e et transcrivent la 1resyll. par [ə] muet. À ce sujet, cf. aussi Nod. 1844, Littré et DG qui signale encore que ,,quelques-uns écrivent belier et prononcent be-lyé`` (e > ə); (cf. encore Buben 1935, § 17). L'Ac. donne la forme bélier.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1412 « mâle de la brebis » empl. comme nom de pers. (Bibl. de l'Ec. des Chartes, 5esérie, I, 225 dans Gdf. Compl. : Despense faite le quatriesme jour de juillet 1412 en l'ostel de Belier [nom d'un chanoine de la Ste Chapelle]); p. anal. 2. a) 1548 milit. « poutre de bois armée en son extrémité d'une tête de bélier en airain et employée par les anciens et au Moy. Âge pour renverser les murailles des places assiégées » (Rabelais, Quart Livre, 61, éd. Marty-Laveau, t. 2, p. 486); b) 1796-1821 p. ext. « tout élément de force capable de briser ou renverser un obstacle matériel ou moral » (J. de Maistre, Correspondance, t. 1, p. 113); 3. 1587 sens libre « mari trompé (à cause des cornes que l'on lui prête) » (Cholières, 2eAp. Disnee, p. 67 dans Hug. : Le Seigneur Rodolphe mourroit, ou il faudroit qu'elle mourut, si elle le faisoit belier); 4. technol. a) 1660 « machine servant à enfoncer des pieux » (Oudin, Tresor des deux lang. espagnolle et françoise, 2epart.); b) 1797-98 bélier hydraulique « machine servant à élever l'eau, inventée par les frères Montgolfier et Argant » (Annales de l'agric. fr., t. 1, an VI, p. 310); 5. 1680 astron. (Rich.). Issu, avec changement de suff., de l'a. fr. belin « bélier » (ca 1178, Renart, éd. M. Roques, branche I, 1368 et passim, nom propre donné au mouton); déjà ca 1151 Belinus nom propre du mouton dans l'Ysengrimus, cf. renard*), qu'il finit par évincer. Belin est − soit une adaptation du néerl. belhamel (Gallas) composé de bel « cloche » et de hamel « mouton » littéralement « mouton à sonnaille », celui qui marche en tête du troupeau, bien que le composé néerl. ne semble pas attesté av. le dict. de Kiliaen [1599] d'apr. FEW t. 15, 1repart., p. 92b; cf. cependant le corresp. angl., de formation analogue, belwether, attesté dep. 1284 dans MED; − soit empr., avec suff. -in* au m. néerl. belle « cloche » (Verdam), d'où la désignation, en fr., de l'animal porteur de cloche, le bélier; à l'encontre de cette hyp., le fait que le m. néerl. belle n'a pas été empr. par le fr. au sens de « cloche »; aussi est-il difficile d'affirmer avec EWFS2que belin a été à l'origine adj. dans mouton belin « bélier » (v. cependant bélière). Même objection contre l'hyp. de A. Schossig dans Rom. Forsch., t. 71, 1959, pp. 27-43 pour qui belin est dér. du m. néerl. bel non au sens propre de « sonnaille » mais au sens de « testicules » (cf. le sens de cloche dans Renart, éd. Roques, 928); le m. néerl. bel étant à rapprocher du néerl. bal « balle, boule » dont les corresp. en diverses lang. ont connu le même sens dér. (FEW t. 15, 1, p. 44, s.v. balla). L'hyp. d'une dér. de l'a. fr. beler (bêler*) d'orig. onomatopéique (Barb. Misc. t. 2, no6; Valkh., pp. 57-58) offre moins de vraisemblance; cependant les objections d'ordre phonét. formulées par Meyer-Lübke dans Die Neueren Sprachen, t. 35, 1927, pp. 569-570 (l'a. fr. ayant selon lui connu beeler et non beler) ne semblent pas justifiées (v. dans T.-L. les nombreuses attest. de l'a. fr. beler).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 400. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 732, b) 666; xxes. : a) 409, b) 472.
BBG. − Couture (B.). Les Réseaux d'eau : éléments de vocab. Meta. 1970, t. 15, p. 174. − Kemna 1901, p. 101. − Meyer-Lübke (W.). Französisch bélier. Neueren (Die) Sprachen. 1927, t. 35, pp. 569-573. − Schossig (A.). Die Namen des Widders, des Schafes, des Esels und der Eselin im altfranzösischen Roman de Renart. Rom. Forsch. 1959, t. 71, p. 35.