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BÉGAYER, verbe.
I.− Emploi intrans. Parler avec difficulté, en articulant mal les mots, en répétant une syllabe plusieurs fois de suite.
A.− [Quand il s'agit d'un adulte]
1. À la suite d'un défaut naturel de prononciation :
1. Il balbutiait en effet et bégayait dans son enfance. Sa parole ne devint calme et claire que quand le bouillonnement de la jeunesse fut apaisé. Lamartine, Les Confidences,1849, p. 314.
2. Momentanément, sous le coup d'une émotion soudaine et brutale (surprise, colère, chagrin, peur), de l'ivresse ou par timidité. Dès qu'il a bu trois verres de vin, il commence à bégayer (Ac. 1798-1878, Lar. 19e) :
2. L'inspecteur, c'est le chef suprême devant lequel les adjointes, la directrice même, bégaient et tremblent : ... Frapié, La Maternelle,1904, p. 168.
3. Il [Léonard] bégayait, sacrait, tempêtait, et entrait dans des colères furibondes, ... J. et J. Tharaud, La Maîtresse servante,1911, p. 36.
P. anal.
Être maladroit :
4. ... j'imaginais qu'à droite et à gauche de l'étroite bordure il y avait un précipice et que je devais avancer sans le moindre faux pas. Il n'en fallait pas davantage pour me faire hésiter, bégayer des jambes, trébucher... G. Duhamel, Confession de minuit,1920, p. 91.
[En parlant d'une arme à feu] Envoyer un feu nourri, répété :
5. Un guetteur saxon, affolé, cria : « Attaque par liquides enflammés! » Les mitrailleuses boches se mirent à bégayer. Maurois, Les Silences du colonel Bramble,1918, p. 85.
MAN. [En parlant d'un cheval] Branler la tête pour se dégager du mors (p. anal. avec les mouvements convulsifs de la bouche de celui qui bégaie). Ce cheval bégaie (Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e).
B.− [En parlant d'un petit enfant qui apprend à parler] Qui essaie encore maladroitement d'articuler ses premiers mots. Il ne fait encore que bégayer (Ac. 1798-1878, Guérin 1892).
Par imitation :
6. Avec eux [George et Jeanne] je chancelle, avec eux je bégaie. Hugo, L'Art d'être grand-père,1877, p. 36.
Au fig. Débuter à peine, et de ce fait manquer d'assurance, de précision, de brio :
7. ... croyez-vous donc qu'avec vos misérables mots, votre style qui boite et votre imagination qui bégaie, vous parviendrez à rendre une parcelle de ce qui arriva cette nuit-là? Flaubert, Smarh,1839, p. 96.
8. À cette époque, la France militaire parlait haut en Europe; mais la France littéraire bégayait encore. Hugo, Le Rhin,1842, p. 422.
II.− Emploi trans.
A.− [En parlant d'un enfant qui apprend à parler] Cet enfant commence à bégayer quelques mots (Ac.1835-1932);bégayer une langue étrangère (Lar. 19e, Rob.) :
9. [Le nain]. − (...) le vent est venu joindre à ce concert quelques mots d'une langue que vous appelez l'espagnol, la première que j'aie bégayée... Hugo, Bug-Jargal,1826, p. 40.
P. anal. Essayer de former des phrases ou de formuler des idées. Un enfant bégaie ses premières idées (Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 8).
P. ext. Débuter gauchement dans un domaine :
10. Aujourd'hui, le pouvoir engendré par cette Chambre, qui tua une monarchie pour accoucher d'un roi, va bientôt avoir deux ans, il bégaye le gouvernement, et ses doigts débiles veulent déjà tout briser. Balzac, Œuvres diverses,t. 2, 1850, p. 512.
Bégayer une science. En maîtriser à peine les rudiments.
B.− P. ext. Dire d'un ton mal assuré. Cet écolier a bégayé sa leçon (Ac. 1835-1932); bégayer un discours, une excuse, une harangue :
11. ... [Bonaparte] fut réduit à se refaire tribun du peuple, à courtiser la faveur des faubourgs, à parodier l'enfance révolutionnaire, à bégayer un vieux langage de liberté qui faisait grimacer ses lèvres, et dont chaque syllabe mettait en colère son épée. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 595.
Au fig. Être maladroit dans la démarche, le raisonnement :
12. Elle bégaya quelques pas sur le sable [Clémence]. Queneau, Les Enfants du limon,1938, p. 36.
Rem. Créations sur le même rad. : a) Bégayeur, euse, subst., néol. d'aut., péj. Bègue. La gloire, cette injuste bégayeuse (Barbey d'Aurevilly, 3ememorandum, 1856, p. 50); b) Béguer, verbe intrans., région. (Canada). Bégayer. Il bègue en parlant (Canada 1930); ils bèguent rien que pour se chercher une excuse (G. Guèvremont, Le Survenant, 1945, p. 198); c) Béguibéguer, néol. d'aut. Bredouiller, bégayer. − Couac? béguibégua Chambernac (Queneau, Les Enfants du limon, 1938, p. 12).
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [begεje] ou [bege-], (je) bégaye [begεj] ou (je) bégaie [begε]. Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930 et Pt Lar. 1968 transcrivent la 2esyll. de l'inf. avec [ε] ouvert (cf. aussi Nod. 1844, Littré et DG); Dub. et Pt Rob. transcrivent la 2esyll. avec [e] fermé (cf. aussi Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Besch. 1845 et Fél. 1851). Warn. 1968 réserve la prononc. avec [ε] au lang. soutenu, celle avec [e] au lang. cour. Au sujet de l'harmonisation vocalique à l'inf. cf. Grammont Prononc. 1958, p. 41. Celui-ci relève même la possibilité de prononcer [bεgε] pour la forme conjuguée bégaie. 2. Forme graph. − Fait partie des verbes en -ayer. Peut conserver l'y dans toute la conjug. ou remplacer l'y par un i devant un e muet. On écrit indifféremment je bégaye ou je bégaie. Remarquer la présence de l'i après y aux 2 premières pers. du plur. à l'imp. de l'ind. et au prés. du subj. (cf. Besch. Conjug. 1961, p. 33; cf. aussi Ortho-vert 1966, p. 102; cf. encore Fouché Prononc. 1959, p. 33). La majorité des dict. laisse la possibilité de garder y ou de le changer en i devant [ə] muet. Cependant cf. Lar. 19e: ,,Comme tous les verbes en -ayer, conserve y dans toute la conjug., même avant un e muet.`` Cf. également Fér. Crit. t. 1 1787 : ,,Il bégaye, et non pas bégaie, au futur, il bégayera, et non pas bégaira.``
ÉTYMOL. ET HIST. − 1416 besgoier « être affecté de bégaiement » (A.N. JJ 169, pièce 447 dans Gdf. Compl. : Pour ce que celui prestre estoit moult chargié de vin ou de cidre en besgoiant); av. 1465 begayer (Ch. d'Orl., Bal., 88, ibid.); xvies. en partic. man. « secouer la bride en branlant la tête » (Gasp. de Tavannes, Mém., p. 192, ibid.); xviies. trans. (Boileau, Épît., IX dans Littré : Sait d'un air innocent bégayer sa pensée). Dér. de bègue*; suff. a. fr. -oyer (finale -izare, gr. -ι ́ ζ ε ι ν, devenue en lat. vulg. -idiare), devenu -ayer (Nyrop t. 3, § 449).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 667. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 318, b) 1 078; xxes. : a) 2 212, b) 655.
BBG. − Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 16.