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BEC, subst. masc.
I.− [En parlant d'animés : animaux]
A.− ORNITHOLOGIE
1. Extrémité cornée et plus ou moins saillante de la tête des oiseaux, composée de deux mandibules articulées l'une sur l'autre, servant de bouche, de système dentaire, ainsi que d'arme pour l'attaque et la défense. Bec (non) tranchant; becs en ciseaux; coup de bec :
1. Lorsque le bec crochu s'amincit, il s'approche du bec en couteau, propre aux demi-oiseaux de proie, aux oiseaux lâches et voraces, corbeaux, corneilles, pies, etc. Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 3, 1805, p. 194.
P. métaph. Avoir bec et ongles. Être de taille à se défendre.
2. P. méton. [Noms pop. d'oiseaux]Bec-bleu (G. Guèvremont, Le Survenant, 1945, p. 72). Bec-en-ciseaux. ,,Palmipède de Guyane au bec tranchant`` (DG). Bec-courbe. ,,L'un des noms de l'avocette`` (Ac. Compl. 1842). Bec-croche. ,,Nom vulgaire de l'ibis rouge`` (Privat-Foc. 1870). Bec-croisé. ,,Oiseau d'une espèce voisine de celle du gros bec`` (Baudr. Chasses 1834). Bec dur. ,,Nom vulgaire du gros-bec commun`` (Bouillet 1859). Bec-figue, becfigue. ,,Oiseau du genre de la fauvette, qui forme une espèce particulière, quoique dans nos pays méridionaux on appelle bec-figues toutes les espèces de fauvettes`` (Baudr. Chasses 1834). Bec-fin. ,,Groupe de passereaux dentirostres, composant une très nombreuse famille reconnaissable à son bec droit, effilé et en alène, dont la base est plus élevée que large; la mandibule supérieure quelquefois échancrée à sa pointe, l'inférieure toujours droite. On y trouve presque tous les petits oiseaux chanteurs de nos bois`` (Privat-Foc. 1870). Bec-en-fourreau. ,,Nom vulgaire du chionis`` (Bouillet 1859). Bec-de-hache. ,,L'un des noms de l'huîtrier`` (Ac. Compl. 1842). Bec-ouvert. ,,Espèce de héron`` (Ac. Compl. 1842). Bec-plat. ,,Nom vulgaire du canard souchet`` (Mont. 1967). Bec-rouge (Verne, L'Île mystérieuse, 1874, p. 111). Bec-de-scie, bec en scie, becscie. ,,Nom vulgaire du harle`` (Besch. 1845, Guérin 1892, Quillet 1965). ,,Nom vulgaire d'un gobe-mouche`` (Nouv. Lar. ill., Lar. 20e). Bec-scie. ,,Oiseau aquatique de la Louisiane, dont le bec est crénelé comme une scie`` (Besch. 1845).
Rem. En poésie, bec peut désigner un oiseau, envisagé surtout du point de vue de la voracité :
2. Je vois vers les gibets voler les becs nocturnes Quêtant un noir lambeau. Hugo, La Légende des siècles,L'Épopée du ver, t. 4, 1877, p. 561.
B.− P. anal. [En parlant d'autres animaux]
1. ,,Tout prolongement notable situé en avant de la tête`` (Séguy 1967). ,,On donne encore le nom de bec aux mandibules cornées des sèches et des poulpes, aussi bien qu'à celles des mollusques céphalopodes`` (Privat-Foc. 1870). Le bec ou rostre des tiques (E. Garcin, Guide vétér.,1944, p. 202).
En partic., pop. Nez (infra II A 1).
2. P. méton. [Noms pop. d'animaux]Bec-de-faucon. ,,Nom vulgaire donné à certaines espèces de tortues ou de poissons`` (Lar. 20e). Bec-d'oie. ,,L'un des noms vulgaires du dauphin`` (Ac. Compl. 1842). Bec-d'oiseau. ,,Ornithor(h)ynque`` (Ac. Compl. 1842, DG). Bec-de-perroquet. ,,Nom vulgaire d'un squale et de plusieurs coquilles univalves`` (Ac. Compl. 1842). Bec-pointu. ,,Variété de raie ainsi nommée parce qu'elle a la tête plus allongée et le corps plus ovale`` (Mont. 1967). Bec-de-lièvre. ,,Espèce de chauve-souris à museau fendu`` (Besch. 1845); cf. infra III A 3.
II.− [En parlant d'animés : l'homme]
Rem. Cf. aussi supra I A 1 p. métaph.
A.− [Pour désigner une partie du visage]
1. [Expr. désignant le nez]
a) [Dans une compar., le mot nez étant exprimé] Nez en bec d'aigle; p. ell. bec d'aigle. Crochu, recourbé comme le bec d'un aigle. Grand nez en bec d'aigle (Zola, Germinal,1885, p. 1173).
SYNT. Nez en bec (J. de La Varende, Cadoudal, 1952, p. 69), en bec d'oiseau de proie, de faucon, de vautour, en bec de canard; nez crochu en bec de chouette (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 193).
b) P. métaph. (du sens ornith.), pop., fam. Nez. Petit bec retroussé (Huysmans, L'Art mod.,1883, p. 120):
3. C'était sa mère [de Nicolas], cette vieille femme qui ne voyait rien au-delà d'un solide bec chaussé de besicles. Mauriac, Galigaï,1952, p. 164.
Loc. fig. Mener qqn par le bec (J.-F. Rolland, Dict. du mauvais lang., 1813, p. 19). Le mener par le bout du nez. Passer la plume par le bec à qqn. ,,Le frustrer de quelque avantage qu'il avait en vue`` (J.-F. Rolland, Dict. du mauvais lang., 1813, p. 19). Avoir la plume sur le bec. ,,Bien se porter`` (Ch.-L. Carabelli, [Lang. campagnard]). L'avoir dans le bec (B. Gelval, Sept fables en arg., 1945, p. 7). Être déconfit. Passer devant le bec, passer devant le nez. ,,Passer sans répondre à l'espoir de quelqu'un`` (Larch. 1880). Avoir le bec enfariné. Être sottement content de soi. Le bec dans l'eau. Dans l'attente et l'incertitude. Rester, se retrouver le bec dans l'eau. − Région. (Belgique). Avoir/être le bec dans l'eau. Ne savoir que répondre (cf. Hanse 1949).Bec à bec. Nez à nez, face à face.
2. Pop., fam. [Expr. désignant la bouche] Avoir la pipe, la cigarette au bec :
4. Le Barthaut, une vieille, et un grand chauche-mottes de valet, assis en face, ouvraient le bec comme les petits d'une pie. Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 236.
Rem. Moins vulg. que gueule, auquel il peut être substitué dans beaucoup de ses emplois figurés.
Loc. fig. Chelinguer du bec. ,,Avoir mauvaise haleine`` (France 1907). Avoir la rue du bec mal pavée. ,,Avoir les dents mal rangées`` (France 1907). Faire le gros bec. ,,Faire la moue, faire une grimace`` (Canada 1930). Parisien à gros bec (Ch. Virmaître, Dict. d'arg. fin-de-siècle, 1894, p. 206) et, p. ell., gros bec (Ch.-L. Carabelli, [Lang. pop.]). Parisien dédaigneux. Faire le petit bec (Bél. 1957). Faire la moue.
En partic.
a) [La bouche en tant qu'organe de la nutrition] Se mettre qqc. dans le bec (DG, Rob.); ce n'est pas pour mon/ton bec :
5. césar. − (...) Tiens, le père Cougourde, un homme admirable qui buvait douze mandarins par jour, sais-tu pourquoi il ne vient plus? Il me l'a dit. Parce que tes mélanges fantaisistes risquaient de lui gâter la bouche. marius. − Lui gâter la bouche! Un vieux pochard qui a le bec en zinc. Pagnol, Marius,1931, I, 3, p. 31.
Loc. fig. Rincer le bec à qqn. ,,Lui payer à boire`` (France 1907). Se rincer le bec. ,,Boire`` (France 1907). Tortiller du bec. ,,Manger`` (Larch. 1880, France 1907). Se calfater le bec. ,,Manger ou boire, dans l'argot des voleurs`` (France 1907). Se refaire le bec. ,,Prendre un bon repas`` (Lar. 19e-20e). En avoir jusqu'au bec. ,,Avoir mangé jusqu'à satiété`` (Lar. 19e-20e). P. méton. Friand-bec (Hamp, Vin de Champagne, 1909, p. 156), Gourmet. fin bec, bec fin. Gourmet. Avoir le bec salé. ,,Être intempérant`` (Ch.-L. Carabelli, [Lang. pop.]); cf. Barbusse, Le Feu, 1916, p. 25).Claquer du bec. Avoir faim (cf. Barbusse, Le Feu, 1916, p. 256).Les cailles, les alouettes ne leur tomberont pas toutes rôties dans le bec. Ils ont tort de croire qu'ils obtiendront tout sans peine (cf. A. France, L'Île des pingouins, 1908, p. 182).
b) [La bouche en tant qu'organe de la parole] Ouvrir, fermer son bec; taire son bec :
6. Rends-lui le service, alors, de la prévenir qu'elle ferme son bec, si elle ne veut pas que j'ouvre le mien. Ah! il y en aura, du grabuge, tu verras! Zola, La Terre,1887, p. 442.
Loc. fig. N'avoir que du bec, que le bec. ,,N'avoir que du babil`` (Ac. 1798-1878). Avoir le bec bien affilé. ,,Parler, répondre avec promptitude et facilité, et même avec un peu de malice`` (Ac. 1835-1932). Se défendre du bec. ,,Se défendre de paroles`` (Ac. 1798-1932). Donner un coup de bec. ,,Lancer une méchanceté`` (Bél. 1957). Être pris par le bec. ,,Être convaincu par ses propres paroles`` (Ac. 1798-1878), ,,être convaincu d'erreur par ses propres paroles, être mis en contradiction avec ce que l'on a dit précédemment`` (Lar. 19e). Avoir le bec gelé. ,,Ne dire mot, rester interdit, ne savoir que répondre`` (Lar. 19e-20e). Être fort en bec, avoir bon bec. Avoir la langue bien pendue. Bon bec. ,,Bavard et surtout bavarde très prompte à injurier et à riposter`` (Nouv. Lar. ill., Lar. 20e). Caquet bon bec. ,,Pie, et fig. femme bavarde et médisante`` (Bél. 1957). River le bec. ,,Faire taire par des menaces`` (France 1907). Clouer (Éd. 1967). clore, fermer le bec (à, de qqn). (Le) réduire au silence. Se prendre de bec. Se disputer. Prise de bec. Altercation. Faire le bec à qqn. L'instruire, l'informer; l'amener à faire ce que l'on veut.
c) Région. (Suisse romande et fr. région. de Pontarlier), fam. et enfantin. Baiser. Synon. bécot.Viens, petit mimi, que je te donne un bec (J.-H. Bonhôte, Gloss. neuchâtelois, Neuchâtel, 1867, p. 19).Elle m'a donné un bon bec (Ph. Meijer, Enquête sur le fr. des enfants lausannois,Thèse Amsterdam, Meppel, 1962, p. 102).Faire un bec. ,,Donner un baiser`` (Littré Suppl. 1877).
B.− P. méton., pop., fam. [Pour désigner la pers. tout entière]
Petit bec. ,,Terme de cajolerie que l'on adresse à une femme, à un enfant, ou dont on se sert pour les désigner`` (Lar. 19e); cf. aussi supra II A 2 loc. fig., ainsi que blanc-bec*).
Bec-jaune, béjaune. Ignorance, inexpérience; novice, nigaud. Montrer à qqn son béjaune :
7. « Ah! ah! me dis-je en me levant. Que cet oisillon jaseur fasse sa thèse et la soutienne. Il trouvera mon collègue Quicherat ou quelque autre professeur de l'école pour lui montrer son béjaune. (...) » A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard,1881, p. 378.
Rem. Au propre, ,,jeune oiseau de proie qui n'est point encore formé et qui ne sait point chasser`` (Bouillet 1859). ,,Se disait autrefois de l'ouvrier qui passait de l'apprentissage au compagnonnage, ou du compagnon qui passait à la maîtrise. À ces deux époques, l'ouvrier était obligé de payer un régal à ses anciens camarades`` (Besch. 1845). ,,Régal payé en cette circonstance`` (Ibid.). Lettres de béjaune (anc.). ,,Lettres que les clercs obtenaient autrefois à la basoche au commencement de la cléricature, pour en marquer l'époque et justifier de leur temps de palais`` (Ibid.). Abbé des béjaunes. ,,Élève en théologie qui percevait le droit d'entrée des béjaunes ou nouveaux venus`` (Lar. 19e-20e).
Bec dans l'huile. ,,Mécanicien`` (Arg. des aviateurs dans A. Dauzat, L'Arg. de la guerre, 1918, p. 244).
Arg. Termes d'injures. (supra II A 1 a).Bec de singe; bec de puce (Esn. Poilu 1919, p. 64); bec d'asticot, de cane, de moule, de veau (Ibid.; Barbusse, Le Feu, 1916, p. 193, 107, 261, 230). Bec d'ombrelle. ,,Se disait autrefois d'un visage grotesque digne d'orner le pommeau d'une canne ou d'un parasol (peut-être inspiré par bec de cane?)`` (Éd. 1967).
III.− [En parlant de choses, p. anal. avec la forme pointue et incurvée d'un bec d'oiseau]
A.− [Choses se trouvant dans la nature]
1. ANAT. HUM. Organe ou partie d'organe ayant la forme saillante d'un bec. Bec de l'apophyse coronoïde (G. Gérard, Manuel d'anat. hum.,1912, p. 133).Bec du calamus. ,,Extrémité inférieure évasée de la tige du calamus scriptorius, située à la jonction dilatée du canal épendymaire (ventricule d'Arantius) avec la cavité du quatrième ventricule`` (Méd. Biol. t. 1 1970). Bec caracoïdien. ,,Sommet de l'apophyse caracoïde`` (Nysten 1814). Bec du corps calleux. ,,Extrémité effilée de la lame inférieure du genou du corps calleux, se terminant dans la paroi antérieure du troisième ventricule`` (Méd. Biol. t. 1 1970). Bec de cuiller. ,,Étroite lamelle osseuse, incurvée et saillante, qui prolonge en arrière l'orifice postérieur tympanique du conduit du muscle du marteau, et dont la paroi externe est parfois déhiscente sur la paroi interne (ou labyrinthique) de la caisse du tympan`` (Méd. Biol. t. 1 1970). Bec de l'olécrane (G. Gérard, Manuel d'anat. hum.,1912p. 141).Bec de la plume à écrire. ,,Extrémité angulaire du 4eventricule du cerveau`` (Nysten 1814).
2. BOT. ,,Certains prolongements plus ou moins consistants et aigus des organes des plantes et dont la forme se rapproche de celle du bec des oiseaux`` (Privat-Foc. 1870). P. méton., pop. Bec-de-can(n)e (infra III B 2 b).Bec-de-cigogne. ,,Le geranium ciconium`` (Guérin 1892). Bec-de-corbin (infra B 2 b).Bec-de-héron. ,,Le geranium arduinum et le misembrianthemum rostratum`` (Guérin 1892). Bec-de-pigeon. ,,Le geranium columbinum`` (Guérin 1892). Bec-de-grue. Le (fruit du) géranium.
3. PATHOL. Bec acromégalique. ,,Proéminence exagérée du tubercule antérieur de la selle turcique, visible sur les radiographies du profil du crâne chez les acromégaliques`` (Méd. Biol. t. 1 1970). Bec-de-perroquet. ,,Ostéophyte en forme de crochet qui apparaît sur le corps des vertèbres dans certains types de rhumatisme chronique`` (Méd. Biol. t. 1 1970).
Bec-de-lièvre. Malformation souvent congénitale de la bouche, par défaut de soudure ou soudure apparente de la lèvre supérieure :
8. Ce pauvre Hilarion, bancal, la bouche tordue par un bec-de-lièvre, était sans malice... Zola, La Terre,1887, p. 59.
Emploi adj. Une pauvre enfant aveugle et bec-de-lièvre (Claudel, La nuit de Noël 1914,1915, II, p. 574).
4. GÉOGR. Pointe de terre avançant dans la mer, ou délimitée par le confluent de deux rivières. Le bec d'Ambez (Ac. 1932); le bec d'Allier (Besch. 1845).
B.− [Objets fabriqués] Partie d'un objet ou objet tout entier.
1. [Objet fendu] Bec d'une plume, becs d'une plume. Extrémité fendue d'une plume à écrire (cf. About, Le Roi des montagnes, 1857, p. 287).
2. [Outil; p. ext. objet]
a) PRÉHIST. ,,Instrument de pierre taillée muni d'une extrémité active plus ou moins pointue et bien dégagée, mais plus forte que celle d'un perçoir`` (Bréz. 1969). Bec-de-perroquet (Bréz. 1969).
b) TECHNOLOGIE
Bec-d'âne, bédane. ,,Espèce de poignée en fer avec laquelle on ouvre les portes d'un appartement`` (Besch. 1845); ,,Instrument dont on se sert en chirurgie pour l'extraction des balles`` (Bouillet 1859). MENUIS., SERR. Sorte de burin ou de ciseau mince permettant de creuser des rainures, des cannelures, des mortaises, etc. :
9. Il y avait aussi [dans le coffre] des serres, des griffes, des maillets, des riflards, des bedanes, des tarières, enfin tous les outils que puisse désirer un bon artisan. G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 85.
Bec-de-cane, Bec-de-canne. Instrument de coutellerie ayant la forme d'un clou à crochet. Synon. clou à pigeon(cf. Besch. 1845, Guérin 1892, DG, etc.).CHIR. ,,Instrument qui servait à extraire les balles; il avait quelque ressemblance avec le bec d'une cane`` (Guérin 1892; supra bec-d'âne). ,,Nom vulgaire de l'aloès linguiforme`` (Besch. 1845). ,,Outil à fût dont le fer, recourbé en forme de croissant, est propre à pousser des moulures, à les arrondir ou à les dégager`` (Chabat 1881). Poignée, ayant souvent la forme d'un bec d'oiseau, permettant de mouvoir le pêne d'une serrure sans l'aide d'une clé. Tourner le bec-de-canne :
10. ... elle pesa doucement sur le bec de cane en cuivre qu'elle connaissait bien et ouvrit la porte de communication. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 532.
Arg. ,,Revolver`` (A. Bruant, Dict. fr.-arg., 1905, p. 394). ,,Vol dans les immeubles`` (J. Lacassagne, L'Arg. du « milieu », 1928, p. 291). Travailler au bec-de-cane. ,,Cambrioler`` (Esn. 1966).
Bec-de-corbin, Bec-à-corbin. ,,Se dit, en général, dans les arts, de ce qui est courbé et terminé en pointe`` (Ac. 1835, Besch. 1845); ,,Se dit d'une sorte de ciseau recourbé et aussi d'objets contournés en forme de crochet aigu semblable à un bec de corbeau`` (J. Adeline, Lex. des termes d'art, 1884); ,,Vaisseau de cuivre à bec dont on se sert dans les raffineries`` (DG); ,,Outil de calfat recourbé et terminé en pointe, destiné à extraire la vieille étoupe des coutures`` (Gruss 1952); ,,Outil à fût dont le fer, à son extrémité, est recourbé en croissant et qui sert à refouiller les moulures, à dégager et arrondir le derrière des talons`` (Chabat 1881) :
11. Bec de corbin, de faucon, d'oysel, d'oustarde désignaient une sorte de marteau à long manche présentant d'un côté un maillet, de l'autre une longue pointe incurvée en forme de bec de corbeau. Leloir1961.
Canne à bec-de-corbin, canne à bec de corbin, parapluie à bec-de-corbin, parapluie à bec de corbin; p. plaisant. nez en bec-de-corbin, nez à bec-de-corbin, nez en bec de corbin, nez à bec de corbin :
12. Pendant la Terreur, un parapluie à bec-de-corbin suffisait pour faire trancher la tête au plus honnête homme, parce que rien ne ressemble aux nez des Bourbons comme un bec-de-corbin. Balzac, Œuvres diverses,t. 2, 1850, p. 342.
3. [Objets creux]
a) Brûleur à gaz. Bec Bunsen. Partie d'une lampe, surtout à gaz, où a lieu la combustion; p. ext. lampe. Lampe à trois becs (ou, p. ell., trois-becs), à six becs; bec différentiel (Ch.-A. Wurtz, Dict. de chim. pure et appl., t. 1, 1ervol., 1869, p. 1547); bec de ville (Ch.-A. Wurtz, Dict. de chim. pure et appl., t. 1, 1ervol., 1869, p. 1541); bec à incandescence; bec à fente ou bec papillon; bec à manchon ou bec Auer. Une belle lampe au bec compliqué (Renard, Journal,1900, p. 582).
Bec de gaz. Partie d'une lampe à gaz où a lieu la combustion; p. ext., lampe à gaz, réverbère :
13. Devant le théâtre, un seul bec de gaz, dans un globe dépoli, éclairait la porte. Zola, Nana,1880, p. 1261.
Rem. P. anal. on parle qqf., surtout en matière d'éclairage public, de bec électrique (Renard, Journal, 1904, p. 938).
Au fig., arg. ,,Obstacle imprévu et majeur`` (Esn. 1966). Tomber sur un bec de gaz, et, p. ell., sur un bec (cf. Éd. 1967); rencontrer un bec de gaz (Ch.-L. Carabelli, [Lang. pop.]); être bec de gaz (M. Stéphane, Ceux du Trimard, 1928, p. 14) « échouer » (être bec d'ombrelle, même sens),( cf. Sain. Tranchées 1915; G. Esnault, Notes complétant et rectifiant « Le Poilu tel qu'il se parle », 1956).,,Agent de police`` (L. Larchey, Dict. hist. d'arg., Nouv. Suppl., 1889, p. 21).
b) Objet ou partie d'objet permettant le passage ou l'écoulement de quelque chose; goulot d'une bouteille, etc. Bec d'une cafetière, bec d'une cornue (Lavoisier, Traité élémentaire de chim., t. 1, 1789, p. 74), bec d'un flacon, bec de robinet (Colas-Cab. 1968), bec d'une terrine; bec déversoir (Catal. d'instruments de lab. [Jouan], 1933, p. 9); bec d'alimentation (cf. J. Cahen, E. Bruet, Carrières, plâtrières, ardoisières, 1926, p. 224); bec d'arrosage (Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 285);bec de coulée (R. Barnerias, Manuel des aciéries,1934, p. 32);bec de tirage (R. Brunet, Le Matériel viticole,1909, p. 483).
4. Divers
AÉRON. ,,La partie avant [de la nervure d'aile d'avion] se nomme « bec d'attaque »; la partie arrière « bec de fuite »`` (J. Guillemin, Précis de constr., calcul et essai des avions et hydravions, 1929, p. 117).
ARCHIT. ,,Masse de pierre qui forme un angle saillant aux extrémités des piles d'un pont, et qui sert à diviser l'eau et à rompre les glaces`` (Bach.-Dez. 1882). ,,Filet saillant bordant le dessous d'un larmier`` (J. Adeline, Lexique des termes d'art, 1884). Bec d'oiseau. ,,Ornement très-commun dans les monuments à plein-cintre de l'architecture anglaise, et qui consiste en un bec crochu s'adaptant sur la courbure d'un tore, dans une archivolte, par exemple`` (Chabat 1881).
ARM. Bec de crosse. Partie saillante de la crosse du fusil (cf. Chesn. 1857; Lar. 19e).Bec-de-faucon (vx). ,,Espèce de hallebarde`` (Ac. Compl. 1842; cf. ex. 11). Bec-de-gâchette. ,,Partie proéminente du devant de la gâchette d'une arme à feu`` (Lar. 19e). Bec-de-lézard. ,,Sorte de tire-balle employé par les armuriers`` (Lar. 19e).
HÉRALD. ,,Pendants du lambel, qui étaient autrefois faits en pointe`` (Besch. 1845).
MARINE
a) Bec-de-corbin, bec-à-corbin (cf. III B 2 b).
b) Bec d'une ancre. Extrémité pointue de la patte de l'ancre.
c) Extrémité saillante de l'avant d'un navire (cf. Hugo, La Légende des siècles, Les Quatre jours d'Elciis, t. 6, 1883, p. 117, et Maurras, Le Chemin de Paradis, 1894, p. 102).
MUS. Embouchure d'un instrument à vent, où s'adapte l'anche. Bec de clarinette (Bach.-Dez. 1882), Bec de flûte, de hautbois (Lar. 19e). Flûte à bec. Type de flûte dont l'embouchure est aplatie.
5. Loc. En bec de.Objet taillé en bec de flûte (Catal. d'instruments de chir. [Collin],1935, p. 335);taillés en bec de sifflet (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 159);fendu en bec (Arts et litt. dans la société contemp.,1935, p. 3615).
PRONONC. : [bεk]. Lab. 1881, p. 72, note : ,,L's précédée du c ne se fait jamais sentir en liaison. Ainsi, sacs immenses, becs énormes, alambics en cuivre, rocs escarpés, sucs horribles, ducs et marquis, se prononcent comme au singulier : sak-im-mans, bèk-énorm, alanbik-an-kuivr, rok-èscarpé, suk-orribl, duk-è-marki.`` Mart. Comment prononce 1913, p. 212, signale : ,,Les composés bec-d'âne et bec-jaune ont conservé la prononciation sans c, qui était de règle devant une consonne, mais ils s'écrivent plutôt bédâne et béjaune. Le c a revécu dans bec-de-corbin, bec-de-cane, bec-de-lièvre; il s'est toujours prononcé dans bec fin, becfigue (qui est pour bèquefigue) et bec-cornu. Dans pi(c)vert le c a disparu aussi de l'écriture``. À ce sujet cf. aussi Buben 1935, § 194. L'ensemble des dict. signale, s.v. bec, l'expr. bec-jaune pour laquelle il renvoie à béjaune (cf. p. ext. Ac. 1835). Besch. 1845 rappelle que ,,La Fontaine a fait rimer [bec] avec circonspect : Le passereau peu circonspect S'attira de tels coups de bec.`` Pour Besch. ,,on peut, dans la poésie légère, pardonner cette rime insuffisante, parce que bec est un monosyllabe et rime avec fort peu de mots``. Enq. : /bek/.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1121-35 « partie cornée et saillante de la bouche des oiseaux » (Ph. de Thaon, Bestiaire, 1792 dans T.-L.); 1217 « bouche, figure (en parlant des hommes) » (G. de Coincy, Ste Leocadie, 808 dans Fabliaux, éd. Barbazan et Méon, t. 1, p. 296); p. ext. 1867 région. « baiser » (J.-H. Bonhôte, supra II A 2 c); 1877 (Littré Suppl.); b) 1393 becque « entrée de la bouche du poisson » (Ménagier, éd. Sté Bibliophiles fr., t. 2, p. 90); forme bec dep. 1680, Rich.; 2. p. anal. de forme ca 1150 « extrémité d'un objet » (Thèbes, 8785 dans T.-L.); xves. géogr. « point de rencontre de deux rivières » (J. Froissart, III, IV, 15 dans Littré); 1826 spéc. bec de gaz (Balzac, Physiologie du mariage, p. 71); 3. ca 1280 avoir le bec jaune « être jeune, inexpérimenté » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 12784); p. ext. ca 1306 bec jaune « sot, niais » (G. Guiart, Royaux Lignages, I, 2699 dans T.-L.); 1390-1407 bejaune (Les Quinze Joys de mariage, éd. J. Rychner, XI, p. 82); 4. a) ca 1281 bat d'asne (forme altérée) « broc à eau » (Arch. du Nord ds Gay, s.v. gésine : 2 coquemars, 2 bat d'asne et 2 bassins creux); 1371 bec d'asne (Prost, Inv. mobil., i, no1402 dans Barb. Misc. 20, no12) − 1583 dans Gay; b) 1438 outil (Cl. de Fauquembergue, Journal, III, 71 d'apr. Fr. mod., t. 4, p. 340); 1596 bédasne (Hulsius, Dict. fr.-alemand et alemand-françois dans Z. fr. Spr. Lit. t. 23, 2epart., p. 14). Du lat. beccus « bec d'oiseau » attesté seulement par Suétone comme cognomen (Suétone, Vit., 18 dans TLL s.v., 1798, 6); a supplanté le lat. rostrum (rostre*), lui-même comme bec, transposé aux sens de « os hominis » (Plaute, Men., 89 et traités méd., v. Löfstedt, Syntactica, II, 327), cf. REW3, s.v. rostrum; Renson; beccus est peut-être à rattacher au rad. celte bacc- « crochet » avec une voyelle radicale différente (Thurneysen, p. 45). Béjaune et bédane, composés contractés de bec et respectivement de jaune et de l'a. fr. ane (cf. canard), confondu avec asne dès le xiiies.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1916. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 868, b) 3 977; xxes. : a) 3 859, b) 2 101.
DÉR.
Béc(c)u, ue,(Becu, Beccu, Bécu, Béccu) adj.a) Fauconn. [En parlant d'un oiseau] ,,Qui a le bec long ou fort`` (Littré; Guérin 1892, Bél. 1957, Quillet 1965); b) Nez beccu. Dont la forme rappelle celle d'un bec d'oiseau (cf. G. d'Esparbès, La Légende de l'outil, 1903, p. 227). 1resattest. a) ca 1280 (Ph. de Remi, Bl. et Jeh. 265, Michel dans Gdf.); b) 1509 (Lemaire de Belges, La Legende des Venitiens, ch. 3 dans Hug.); dér. de bec étymol. 1, suff. -u*.
BBG. − Bernelle (A.). Il n'est bon bec que de Paris. Vie Lang. 1960, pp. 546-550. − Boulan 1934, p. 22. − Goug. Mots t. 1 1962, pp. 77-78; t. 2 1966, pp. 105-108. − Hope 1971, p. 164 (s.v. becfigue), 277. − Renson (J.). Les Dénominations du visage en fr. et dans les autres lang. rom. Paris, 1962, t. 2, pp. 626-627. − Rommel (A.). Die Entstehung des klassischen französischen Gartens im Spiegel der Sprache. Berlin, 1954, p. 12 (s.v. bec de corbin), 112. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1965, p. 411; 1967, p. 681. − Wind 1928, p. 59, 148 (s.v. becfigue).