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BÉATITUDE, subst. fém.
A.− RELIG., MYSTIQUE
1. Félicité éternelle que goûte l'homme jouissant de la vision de Dieu :
1. Comme l'intuition appartient à l'entendement, la délectation appartient à la volonté : ainsi, connaissance et amour, la béatitude est l'homme élevé à sa plus haute puissance. À un autre point de vue, la béatitude est Dieu même se donnant en possession. L'homme et Dieu, le sujet et l'objet, se touchent, mais ne se confondent pas; le fini subsiste distinct, en présence de l'infini. Ozanam, Essai sur la philos. de Dante,1838, p. 188.
2. La conséquence de la perfection, c'est la béatitude. Dieu est infiniment heureux, parce qu'il est infiniment parfait. Ayant donc appelé le monde à jouir de sa perfection, il a dû l'appeler aussi à jouir de sa béatitude; ... Lacordaire, Conf. de Notre-Dame,1848, p. 117.
3. ... c'est alors que nous n'aurions plus rien à dire. Car ce serait que nous serions dans le royaume. Dans le royaume où l'on ne dit plus rien, où l'on n'a plus rien à dire. Car ce serait que nous partagerions avec eux la béatitude éternelle. Ce serait que nous partagerions leur béatitude éternelle. Leur béatitude. La béatitude qu'ils ont gagnée. Dans le royaume où l'on ne dit plus rien, parce que l'on n'a plus rien à dire. Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc,1910, p. 157.
4. ... la fin de la politique n'est pas Dieu lui-même, et donc, si élevée qu'elle soit par ailleurs, elle est infiniment au-dessous de la fin de la morale, qui est Dieu lui-même, souveraine béatitude de l'homme... Maritain, Primauté du spirituel,1927, p. 202.
2. Perfections évangéliques exaltées par le Christ dans le sermon sur la Montagne (Matthieu V, 1-12; Luc VI, 20-22) comme moyens d'accéder à la félicité de la « vie éternelle » :
5. À ce jour donc de la Toussaint de 1608, un écolier des Bernardins, à défaut des Capucins que, dans son premier feu, M. Arnauld avait fait exclure, s'en vint prêcher à Port-Royal; il le fit assez bien, et s'étendit fort sur la huitième béatitude : Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 105.
P. ext.
a) Sérénité apportée à l'âme par la contemplation :
6. Il resta longtemps plongé dans la béatitude de l'extase et se laissant enivrer par tout cela, laissant son âme humer par tous ses pores l'harmonie et les délices de ce ciel diaphane, si large et si pur... Flaubert, Smarh,1839, p. 93.
7. Le repos de la paresse est un charme secret de l'âme qui suspend soudainement les plus ardentes poursuites et les plus opiniâtres résolutions. Pour donner enfin la véritable idée de cette passion, il faut dire que la paresse est comme une béatitude de l'âme, qui la console de toutes ses pertes et qui lui tient lieu de tous les biens. Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1099.
b) Sérénité de la nature dans certaines circonstances :
8. ... tu te montres myope et crédule s'il te vient de t'inquiéter des plaintes comme des jurons dont ils se caressent le cœur, et leur expédies tes chanteurs aux confitures sucrées qui nieront les périls de la soif et leur vanteront la béatitude des crépuscules dans le désert. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 930.
c) Euphorie caractéristique de certains états pathologiques et pouvant résulter de l'usage des stupéfiants :
9. Puis un morne abattement succède petit à petit, une sorte de lassitude morale et physique, approchant de ce marasme plein de béatitude qui se manifeste chez les peuples qui font abus du hachisch. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 3, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 225.
10. Ce sentiment de « spiritualité » est caractéristique des états de béatitude pathologique; états d'inaction complète, ils s'accompagnent d'une conscience aiguë de perfection et de sainteté personnelle, ... Mounier, Traité du caractère,1946, p. 744.
d) Euphorie obtenue par la satisfaction des appétits naturels :
11. ... c'est une femme à soupers. Elle est déjà empâtée, elle tourne à l'oie grasse. Elle contait à son amie un dîner récent, un joli gueuleton, les vins, le café, le service, en tournant les yeux avec une béatitude gastronomique. Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de M. F.-T. Graindorge, 1867, p. 2.
12. Le repas commença. Ce fut un de ces repas lorrains avec un défilé de plats interminable, qui assoient au bord de la table les robustes appétits, les assoupissent dans la béatitude des digestions commencées. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 41.
B.− HIST. ECCL. ,,Titre honorifique donné d'abord aux évêques et réservé actuellement aux patriarches orientaux`` (Lar. 20e) :
13. Mais, Très-Saint-Père, quand pourrez-vous m'entretenir des travaux qui vont m'être confiés? Quand, où, comment vais-je employer d'abord mes forces au service de votre béatitude? le pape. − Monsignor Civitale vous renseignera. Montherlant, Malatesta,1946, II, 6, p. 480.
C.− Arg. D'après l'expression faire le béat. ,,Roulement de service allégé, à permissions collectives`` (Esn. 1966).
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. béatitudinaire, adj., synon. de béatifiant. Béatitudinaires langueurs (Bloy, Histoires désobligeantes, 1894, p. 101).
PRONONC. : [beatityd]. [yˑ] mi-long dans Passy 1914.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1265-67 théol. « bonheur parfait dont jouissent les élus » (Brunet Latin, Trésor, éd. Chabaille, 23 dans T.-L. : Memoire est si tenans que se aucune chose est ostee devant le cors, elle laissera en la memoire la semblance de soi. Mais de la bëatitude ne se sovient par ymage comme des autres choses, mais par li mëismes); b) 1680 id. les huit beatitudes désigne les huit vertus exaltées par le Christ dans le Sermon sur la Montagne (Rich.); 2. p. ext. 1611 « bonheur » (Cotgr.); 3. 1690 liturg. (Fur. : Beatitude est aussi un titre d'honneur qu'on donne maintenant au Pape. Autrefois il se donnoit à tous les Evêques et mêmes dans les lettres de St Anselme il est donné à quelques Laïques). Empr. au lat. chrét. beatitudo « bonheur » (peu fréquent antérieurement : Pétrone, 38 dans TTL s.v., 1794, 65); 1 a (Arnobe, Nat., 2, 37, ibid., 1794, 75 (opp. terrena loca); 1 b (St Jérôme, C. Lucif., 22, ibid., 1795, 85); 3 (St Jérôme, Epist., 15, 5, ibid., 1796, 18).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 551. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 677, b) 793; xxes. : a) 770, b) 876.
BBG. − Feugère (F.). Apr. sept cents ans. Le gd s. de Saint Louis et son vocab. Déf. Lang. fr. 1970, no53, p. 11.