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BAZAR, subst. masc.
I.− Lieu où l'on vend toutes sortes de marchandises généralement à bon marché.
A.− [En Orient et en Afrique du Nord] Marché public où l'on vend ou échange à bas prix, en plein air ou sous de vastes galeries couvertes, des articles et denrées de toutes provenances. P. ext., chacune des boutiques qui le composent :
1. Parcouru les bazars de Damas. Le grand bazar a environ une demi-lieue de long. Les bazars sont de longues rues, couvertes par des charpentes très-élevées, et bordées de boutiques, d'échoppes, de magasins, de cafés; ces boutiques sont étroites et peu profondes; le négociant est assis sur ses talons devant sa boutique, la pipe à la bouche, ou le narguilé à côté de lui. Les magasins sont remplis de marchandises de toutes sortes, et surtout d'étoffes des Indes, qui affluent à Damas par les caravanes de Bagdhad. Lamartine, Voyage en Orient,t. 2, 1835, p. 223.
Rem. On emploie plus volontiers le terme de bazar pour désigner les marchés orientaux, celui de souk étant réservé au marché arabe.
Autrefois, marché aux esclaves :
2. Esclave! C'était cela la tare dans ce passé de femme d'Orient, jadis achetée au bazar d'Andrinople pour le compte de l'empereur du Maroc, puis, à la mort de l'empereur et à la dispersion de son harem, vendue au jeune bey Ahmed. A. Daudet, Le Nabab,1877, p. 125.
Rem. Attesté dans Ac. 1798.
Caïque-bazar. [À Istamboul] Sorte de bateau omnibus assurant le transport des voyageurs les jours de marché. Les grands caïques-bazars (Farrère, L'Homme qui assassina,1907, p. 112).
Rem. Attesté dans Jal 1848 sous la forme bazar-qaïgby.
B.− P. anal. [En Europe]
1. Vieilli
a) Marché de plein air :
3. Aux deux bords, les cabarets crevaient de monde, rallongeaient leurs tables jusqu'au pavé, où stationnait un double rang de camelots, des bazars en plein vent, des fichus et des miroirs pour les filles, des couteaux et des casquettes pour les garçons; sans compter les douceurs, des dragées et des biscuits. Zola, Germinal,1885, p. 1265.
b) Galerie marchande rassemblant de nombreux vendeurs d'articles divers offerts généralement à bon marché; p. ext. magasin de grande surface. Le Bazar de l'Hôtel de Ville (à Paris) :
4. Lorsque je suis venu à Paris, dit M. Berthier... il y avait plus de boutiques que de magasins, et aujourd'hui les magasins sont dépassés par de beaux établissements, qui pourraient porter le nom de cités ou de bazars. P. Avenel, Les Calicots,1866, p. 25.
P. métaph. et gén. péj. Grand rassemblement plus ou moins hétéroclite d'idées, de sentiments :
5. ... alors je te le dis : tu repartiras au petit jour vers tes sables et vers tes ronces, non plus le même, mais cantique d'action de grâces. Car ne pèse point l'individu avec sa pauvre écorce et son bazar d'idées, mais avant tout compte l'âme plus ou moins vaste avec ses climats, ses montagnes, ses déserts de silence, ses fontes des neiges, ses versants de fleurs, ses eaux dormantes, toute une caution invisible et monumentale. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 720.
2. Mod. Magasin de surface moyenne, à clientèle populaire, réunissant toutes sortes d'objets à des prix modiques :
6. Sur la place les colporteurs et les bazars ont monté des baraques de toile entre les tilleuls. Et c'est répandu à seaux sous les tentes : des chapeaux, des pantoufles, des souliers, des vestes, des gros pantalons de velours, des poupées pour les enfants, des colliers de corail pour les filles, des casseroles et des « faitouts » pour les ménagères et des jouets et des pompons pour les tout-petits, et des sucettes pour les goulus du têté dont la maman ne peut pas se débarrasser. Giono, Regain,1930, p. 186.
P. ext., rare. Petit pavillon d'habitation :
7. tourterot. − (propriétaire) à son domestique, lui montrant un écriteau : Qu'est-ce que tu dis de ça, toi : À brocanter, joli petit bazar entre cour et jardin ... ah! ... Il ne comprend pas! ... Quel serin que ce médard! ... toi, tu mettrais tout bêtement : À vendre, jolie petite maison... E. Labiche, Deux papas très bien,1845, I, 1, p. 380.
C.− Péjoratif
1. Magasin où l'on vend des objets de peu de valeur.
Article de bazar. Objet de peu de valeur. Camelote de bazar (Léautaud, Journal littér.,4, 1922-24, p. 58).
P. ext. et au fig. [En parlant d'une pers., de son comportement] Galanterie de bazar (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Femme de Paul,1881, p. 1218);vamp de bazar (Genevoix, Match à Vancouver,Laframboise et Bellehumeur, 1942, p. 226).
2. P. méton. (ou p. ell. du précédent), fam.
a) Ensemble d'objets de peu de valeur ou mal définis :
8. Derrière les vitres sales, sur une dizaine de rayons, on peut voir, poussiéreux, décoloré, tout un bazar pour enfants : poupées, polichinelles, soldats de plomb dans leur boîte, petits ménages de porcelaine, sifflets, trompettes de fer-blanc, moules à pâtés, outils de jardinage sur une plaque de carton, etc., etc. ... T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 44.
P. ext., très fam. [S'appliquant à des choses concr. ou abstr.] Tout le bazar :
9. J'aurais vendu maison, champs, tout le bazar, pour les acquérir. Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 99.
10. Suivez-moi bien, tous autant que vous êtes. Je dis que vous pouvez changer le monde, le régime, les lois, tout le bazar, il y aura toujours quelqu'un pour boire le Romanée-Conti, toujours quelqu'un pour manger la langouste, toujours quelqu'un pour s'envoyer de belles tartines de caviar. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Vue de la Terre promise, 1934, p. 130.
b) Maison, pièce, effets en désordre. Quel bazar :
11. La première fois que j'ai dîné chez eux, il y a deux ans! j'ai goûté, dans le bazar fantastique qui leur servait alors de home, un joli bourgogne, ma foi. Colette, Claudine en ménage,1902, p. 113.
II.− Argot
A.− Arg. des écoles et des bureaux. Lycée, lieu de travail :
Rem. Attesté dans les principaux dict. gén. du xxesiècle.
Sécher le bazar. ,,Ne pas se rendre à son travail`` (Ch.-L. Carabelli [Lang. fam.]) :
12. Chavarax pouffa de rire. − Est-ce que vous êtes fou? Depuis quand donc s'il vous plaît, révoque-t-on des fonctionnaires de l'État parce qu'ils ont séché le bazar? Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-cuir,1893, 2etabl., 2, p. 73.
B.− Maison de prostitution. Maîtresse de bazar (A. Lucas, Des Dangers de la prostitution,1841);bazar de putains (G. Flaubert, Correspondance,1868, p. 149):
13. Histoires de bordels également. Par exemple, Tessandier, tirée par lui [Coppée] d'un « bazar », selon le terme dont se sert MmeLallemand, et lancée par lui au théâtre. Léautaud, Journal littér.,2, 1907-09, p. 211.
PRONONC. : [baza:ʀ]. Barbeau-Rodhe 1930 indique [bɑza:ʀ], Passy 1914 indique les 2 var. Le caractère post. du a de 1resyll. est confirmé par Grammont Prononc. 1958, p. 32. Voir également Mart. Comment prononce 1913, qui admet cependant des flottements. Pour Fouché Prononc. 1959, p. 85 : ,,l'[ɑ] a pour ainsi dire disparu dans [...] bazar [...]``.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1432 bathzar « marché public oriental » (Voyage d'Oultremer de Bertrandon de la Broquière, Recueil de Voyages et de Documents pour servir à l'Hist. de la Géogr., Paris, 1892, t. 12, p. 60 d'apr. König dans Fr. mod., t. 9, p. 130 : une place qu'on appelle Bathzar là où on vend robes, tocques et aultres besoignes [à Damas]); 1546 bazar (A. Geuffroy, Description de la Court du Grand Turc, fol. c vo, d'apr. König, loc. cit.); 1823 bazar « grand magasin où l'on vend des marchandises variées, gén. à bas prix » (Harmand, Manuel de l'Etranger, p. 27 d'apr. A.-J. Greimas dans Fr. mod., t. 20, p. 299 : Bazar, boulevard des Italiens, 21. − A l'imitation des Bazars de Londres, dans lesquels un grand nombre de magasins de divers genres se trouvent réunis dans un vaste local couvert, on a établi celui-ci, où, dans une cinquantaine de petites boutiques, toutes espèces de marchandises sont offertes aux acheteurs. − Deux simples magasins, r. Cadet, 19 et au Palais-Royal, 223 se sont également donné le nom de Bazars). Empr. au persan bazar « marché public » (REW3, no1010; Lok., no278; EWFS2; FEW t. 19 s.v.); l'intermédiaire port. (Dauzat 1968; Bl.-W.5; DEI s.v.) est à exclure en raison de la localisation des 1resattest. fr. et du fait que le port. bazar n'est attesté que dep. 1544 (d'apr. Dalg. t. 1, et Mach. t. 1 s.v.).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 512. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 373, b) 1 174; xxes. : a) 918, b) 676.
BBG. − König (K.). Premières traces en fr. de qq. mots orientaux. Fr. mod. 1941, t. 9, p. 130. − Lammens 1890, pp. 46-47. − Sain. Lang. par. 1920, p. 150, 444.