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BATTRE2, verbe.
[L'idée dominante est celle d'un mouvement répété ou prolongé]
A.− [Avec une idée d'agitation]
1. Emploi trans.
a) Mettre en mouvement à l'aide de quelque chose qui tourne ou s'agite.
CHASSE. Battre l'eau. ,,Lorsque le cerf ou le chevreuil fatigué va dans l'eau pour se rafraîchir et ruser ... l'animal bat l'eau`` (Baudr. Chasses 1834). PÊCHE. Battre l'eau (avec un bâton). Frapper l'eau pour effrayer le poisson et le pousser dans les filets.
Au fig. Battre l'air. Faire des mouvements rapides et désordonnés :
1. Là-dedans, Coupeau dansait et gueulait. Un vrai chienlit de la courtille, avec sa blouse en lambeaux et ses membres qui battaient l'air; ... Zola, L'Assommoir,1877, p. 782.
b) [Avec une idée de transformation] Battre les œufs* (en neige, en omelette), battre la crème*.
JEUX. Battre les cartes*. Les mêler par des mouvements répétés de la main.
c) P. méton. ou p. brachylogie. [Le compl. désigne non la matière ou l'objet mais le résultat visé]
ÉCON. DOMESTIQUE. Battre (les œufs, la crème de manière à obtenir) l'omelette*, le beurre*.
MUS. Battre (l'air de manière à indiquer) la mesure*, le rythme*. CHORÉGR. Battre (la mesure de manière à rythmer) un entrechat* :
2. Il battit un entrechat, fit les castagnettes avec ses doigts, ... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Serre, 1883, p. 678.
d) Emploi factitif et ell., MAR. Battre pavillon* (britannique, français etc.).
Rem. Dans cette tournure, pavillon est à la fois objet (le navire arbore le pavillon) et sujet (le pavillon bat au vent).
2. Emploi abs. Produire, effectuer des mouvements vifs et répétés avec quelque chose. Battre des cils, du pied :
3. Je l'ai laissée [la truite] gigoter et battre de la queue jusqu'à ce qu'elle soit morte. Renard, Journal,1894, p. 243.
4. En quoi consiste sa danse? Elle bat des talons, éperdument, avançant à peine, presque immobile, ... Montherlant, La Petite Infante de Castille,1929, p. 654.
5. Je l'ai vue au bord de la rivière, Iphigénie aux cils battants. Elle était claire, claire, claire, Elle battait des paupières Comme je fais quand je mens. Montherlant, Encore un instant de bonheur,1934, p. 717.
Battre des mains. Frapper une main contre l'autre pour applaudir.
P. métaph. :
6. L'abolition de la peine de mort, cette haute leçon donnée par une république née hier aux vieilles monarchies séculaires, est un fait sublime. Je bats des mains et j'applaudis du fond du cœur. Hugo, Correspondance,1848, p. 635.
[En parlant d'un oiseau]
Battre des ailes. Remuer vivement les deux ailes :
7. La baignoire que j'ai donnée à mon oiseau est beaucoup trop étroite; il y peut tout juste entrer, mais une fois qu'il est là-dedans, il ne peut plus s'ébrouer et battre des ailes; ... Gide, Journal,1914, p. 426.
Battre de l'aile. Ne remuer qu'une seule aile avec des mouvements vifs et désordonnés. P. métaph. Être mal en point, perdre sa vigueur :
8. Est-ce que l'on ne peut pas entendre, quand on tend une fine oreille, tous les soupirs de la vie qui s'en va, de l'argent qui s'évanouit, de la pensée qui bat de l'aile et s'épuise. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 134.
Battre froid à qqn. Lui manifester de la froideur :
9. L'ambassadeur disgracié, le chef de bureau mis à la retraite, le mondain à qui on bat froid, l'amoureux éconduit examinent, parfois pendant des mois, l'événement qui a brisé leurs espérances; ils le tournent et le retournent comme un projectile tiré on ne sait d'où ni on ne sait par qui, presque un aérolithe. Proust, La Prisonnière,1922, p. 318.
B.− [Avec une idée de déplacement] Parcourir.
Battre la contrée, la campagne, les champs, les bois, les buissons. Les parcourir pour chasser. Le chien bat les buissons; il va, vient, sent, arrête, Et voilà le chevreuil (Florian, Fables,Le Vacher et le garde-chasse, 1792, p. 52).P. ext. Battre la contrée, la campagne, les champs, les bois, les buissons. Les explorer à la recherche d'une chose précise. Au fig. Battre la campagne. Divaguer.
Battre le pavé. Au fig., fam. Arpenter la rue sans but.
Loc. Chemin(s), sentier(s) battu(s).
PRONONC. ET ORTH. − Cf. battre1.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Mil. xies. « frapper qqc. à coups répétés » (Alexis, éd. G. Paris et L. Pannier, 85d dans T.-L. : Batant ses palmes, cridant, eschevelede); d'où emploi techn. a) ca 1100 a or batue (Roland, éd. Bédier, 1331); ca 1190 mounoie batue (A. de Bernay, Alexandre, éd. H. Michelant, 253, 16 dans T.-L.); 2emoitié du xiiies. batre le fer (Rutebeuf, Œuvres, éd. A. Jubinal, I, 399, ibid.); b) apr. 1260 batre le blé (Ph. de Novare, Quatre Ages, éd. M. de Fréville, 74, ibid.); c) 1160 vén. batre les buissons (Enéas, éd. Salverda de Grave, 6903, ibid.); 2. 1165-70 « frapper qqn à coups répétés dans une intention hostile » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 4392, ibid. : Et corgiees andui tenoient, De quoi si vilmant le batoient Que ja li avoient del dos La char ronpue jusqu'as os); d'où 1606 se battre « lutter » (Nicot); p. ext. 1606 battre qqn « infliger une défaite à qqn » (Ibid.); 3. ca 1165-70 « (d'une chose) heurter à coups répétés » (B. de Ste Maure, Troie, éd. L. Constans, 2481 dans T.-L. : Ot ... en sa lance grant enseigne; Les lengues l'en batent as poinz); 4. ca 1165 « (d'une chose) produire, éprouver des mouvements répétés, ici en parlant du cœur » (M. de France, Guigemar, éd. K. Warnke, 301, ibid. : le quer ... Qui suz les costes li bateit). Empr. au lat. battĕre forme pop. (dep. iies., Fronton dans Naber, t. 7, p. 55 dans TLL s.v., 1789, 47; fréq. ensuite, ibid., 1789, 13); de battuĕre, dep. Plaute, Casina, 496, ibid., 1789, 27, au sens de « frapper le visage de qqn » d'où 1 et 2; verbe peu fréq. jusqu'au vies., seulement techn.; 1 a, viie-viiies. (Compositiones Lucenses ad tingenda musiva, I, 14 dans Mittellat. W. s.v., 1395, 68); b mil. ives, (Donati Comment. Terenti in Eunuch., 381 dans TLL s.v., 1789. 20); 4 n'est pas attesté en lat.; s'est développé à partir de 3.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 8 903. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 8 740, b) 16 305; xxes. : a) 16 079, b) 12 001.
BBG. − Darm. Vie 1932, p. 111. − Duch. 1967, § 15. − Génolhac (P.). Encore battre à Niort. Vie Lang. 1956, pp. 168-171. − Gir. t. 2 Rem. 1834, pp. 102-103. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Goug. Lang. pop. 1929, p. 42, 186. − Guiraud (P.). Mél. d'étymol. argotiques. Cah. Lexicol. 1970, t. 16, no1, p. 64, 74. − Lyer (S.). Part. prés. actif avec le sens passif. Archivum romanicum. 1932, t. 16, p. 302. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 145. − Sain. Lang. par. 1920, pp. 250-251. − Tourmeville (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1953, p. 248. − Wexler (P. J.). Pour l'ét. du vocab. des vaudevilles. In : [Mél. Cohen (M.)]. The Hague-Paris, 1970, p. 212.