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* Dans l'article "BÂTIR2,, verbe trans."
BÂTIR2, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− [Le compl. désigne un inanimé concr.] Réaliser sur le sol en superposant, selon un plan établi, des matériaux appropriés.
1. [Le compl. désigne tout ou partie d'un édifice servant gén. à l'habitation] Construire, édifier. Faire bâtir une maison.
a) [Le compl. est exprimé] :
1. Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs Soufflant dans des clairons et frappant des tambours, Cria : « Je saurai bien construire une barrière. » Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière. Et Caïn dit : « Cet œil me regarde toujours! » Hénoch dit : « Il faut faire une enceinte de tours Si terrible, que rien ne puisse approcher d'elle. Bâtissons une ville avec sa citadelle, Bâtissons une ville, et nous la fermerons. » Alors Tubalcaïn, père des forgerons, Construisit une ville énorme et surhumaine. Hugo, La Légende des siècles,La conscience, t. 1, 1859, p. 49.
P. ext. [Le suj. désigne un animal] L'oiseau bâtit son nid.
Emploi factitif. Faire construire. Bâtir une maison, un hôtel. Anton. détruire, démolir, raser :
2. Léopold [le duc] a toujours voulu créer, éterniser son âme. Par la pierre, d'abord : il bâtissait des murs, murs d'églises et de couvents. Le jour où, faute d'argent, il dut cesser d'assembler des pierres, il ne renonça pas à construire : il assembla et tailla des pierres vivantes. Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 277.
[Avec un compl. indiquant le matériau utilisé] Bâtir une maison en (ou parfois de) bois, briques, pierre.
Rem. Cf. aussi infra ex. 8.
Loc. fig. Bâtir des châteaux en Espagne. ,,Faire des projets chimériques`` (DG). Commencer par bâtir la cuisine. ,,S'est dit des communautés qui songeaient à s'assurer un revenu avant de bâtir une église`` (Besch. 1845).
SYNT. Bâtir une cathédrale, une chapelle, un château de cartes (Renan, L'Avenir de la sc., 1890, p. 377), un collège, un édifice, une forteresse, une gare, un monastère, un mur, un palais, une pyramide, un quai, une rue (Balzac, Les Petits bourgeois, 1850), une salle, une villa, une ville. − PARAD. Le sens de bâtir marque une orientation vers la verticalité, d'où la relative fréq. d'oppos. du type bâtir une maison/faire des chemins (Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 2, 1801, p. 366), frayer (J. et J. Tharaud, L'An prochain à Jérusalem! 1924, p. 148), tracer, ouvrir (Van der Meersch, Invasion 14, 1935, p. 215 et 394). Noter cependant (l'accent étant alors mis sur l'accumulation méthodique de matériaux que représente l'établissement d'une route) : bâtir des voies romaines (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 492), des chemins (Guéhenno, Journal d'une « Révolution », 1937, p. 83).
b) Emploi abs. La manie de bâtir (Ac.), aimer à bâtir :
3. À droite, à gauche de la colonne, deux fontaines portent les armes de bourgmestres qui les ont faites. Ce droit de blasonner les monuments a fait détruire bien des édifices pour en bâtir de nouveaux; chaque magistrat démolit, bâtit. Michelet, Journal,1840, p. 348.
À bâtir (précédé d'un subst.)
Servant à bâtir. Pierre à bâtir.
Destiné à être couvert de bâtiments. Terrain à bâtir, quartiers à bâtir (Zola, La Curée,1872, p. 416):
4. Les sols, progressivement transformés en terrains à bâtir, sont au fur et à mesure cédés à des organismes constructeurs publics et privés, ce qui permet le remboursement des avances et le financement d'une partie des charges d'équipement. G. Belorgey, Le Gouvernement et l'adm. de la France,1967, p. 355.
Loc. Bâtir à chaux et à ciment, à chaux et à sable. Bâtir très solidement (cf. aussi infra ex. 8). Bâtir pour l'éternité. Bâtir très solidement; au fig. :
5. ... une des plus grandes illusions qu'on puisse avoir en politique, c'est de croire qu'on a bâti pour l'éternité. Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 164.
2. [P. anal. de techn., de forme, d'usage, etc.]
a) [Le compl. désigne un inanimé composé de parties assemblées et prenant le plus souvent appui sur le sol] Bâtir un meuble, un engin (Rob.) :
6. On le croira ou non, il vint à bout de changer la poutre sans déplacer une tuile. De quelques madriers, il bâtit un appareil, mit un ais au point juste pour former levier. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 107.
b) Techn. diverses
BATELLERIE, vx ou région. [Le compl. désigne un bateau, une embarcation] Bâtir un canot, un vaisseau (infra ex. 11).
CHAPELLERIE. Façonner le feutre d'un chapeau (cf. bâtir1) :
7. Elle se chargeait de faire la cuisine, de tenir l'appartement propre, de raccommoder son linge, de le blanchir; elle pourrait au besoin coudre ses robes et bâtir ses chapeaux elle-même. Huysmans, Marthe,1876, p. 60.
COIFFURE. Bâtir une coiffure.
IMPR. Bâtir le livre. ,,Mettre en pages, placer sur la forme`` (Chautard 1937, p. 52). Bâtir la deux. ,,Caser sur la forme les paquets qui constitueront la seconde page d'un journal`` (L. Rigaud, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 31).
3. Rare. [Le compl. désigne une pers.]
a) [Par emploi métaph. de A 1] :
8. Il faut croire que mon père, prévoyant les intempéries de mon existence, m'a bâti à chaux et à sable. E. Augier, Le Fils de Giboyer,1862, V, p. 40.
Arg. (p. ell. du compl.). Bâtir. Être enceinte; littéralement, être en train de bâtir un enfant (Larchey 1872, p. 43). Bâtir sur le devant. Id. (La Rue 1954).
b) Région. Bâtir qqn.Lui construire une maison, une grange, etc. C'est lui qui a bâti le notaire (Canada1930).
B.− Au fig. [Par emploi métaph. de A 1. Le compl. désigne un inanimé concr. ou abstr.]
1. Bâtir qqc. sur + compl. indiquant le fondement de ce qui est réalisé.Bâtir une nation sur l'héritage de ses pères (Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 228):
9. En vérité vous me surprenez, Villefort, vous, substitut du procureur du roi, de bâtir une accusation sur de si mauvaises preuves. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 132.
Rem. Cf. la phrase souvent citée (p. ex. dans Lamennais, De la Religion, t. 2, 1826, p. 159) de Jésus s'adressant à l'apôtre Pierre : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église (Matth., XVI, 18).
Spéc. [Le compl. désigne une œuvre musicale] Bâtir une pièce sur un motif de trois sous (G. Samuel, Panorama de l'art musical contemp.,1962, p. 187).
2. Emploi abs. :
10. Sa véracité était à toute épreuve, et sa moindre parole inspirait la même sécurité que le serment le plus solennel. On pouvait bâtir sur cette parole comme sur un rocher. Montalembert, Hist. de ste Élisabeth de Hongrie,1836, p. 38.
Loc. fig. Bâtir sur le sable. Fonder une entreprise sur une base insuffisante (p. réf. à l'Évangile selon st Matth., VII, 26-27) Bâtir en l'air. S'attacher à des projets ou à des entreprises chimériques. bâtir sur l'aile des vents Attacher ses pensées à des événements passagers, qui les emportent avec eux, c' est graver sur le sable, écrire sur les ondes, et bâtir sur l' aile des vents. (Joubert, Pensées,t. 1,1824, p. 371);bâtir sur les nuages Si j' ai poursuivi une impossible chimère, si j' ai bâti sur les nuages, vous fûtes, vous, l' infatigable destructeur de l' idéal et du respect. (Coppée, La Bonne souffrance,1898, p. 123).
II.− Emploi pronom.
A.− Emploi réfléchi
1. Région. Se bâtir.,,Se faire bâtir une maison, une grange, etc. Il a commencé à défricher son lot, mais il ne s'est pas encore bâti`` (Canada 1930).
2. Au fig. :
11. Vois ce pays qui s'est bâti lui-même, exprès dans son tumulte spontané, Ce long animal sur la mer dans le faisceau de ses muscles coordonnés. Claudel, Feuilles de Saints,1925, p. 677.
B.− Emploi passif. Paris ne s'est pas bâti en un jour (P. Lavedan, Qu'est-ce que l'urban.?1926, p. 677).
En constr. impers. :
12. Mais Birotteau l'adjoint, Birotteau le futur possesseur par moitié des terrains de La Madeleine, autour de laquelle tôt ou tard il se bâtirait un beau quartier, était un homme à ménager. Balzac, César Birotteau,1837, p. 97.
Prononc. : [bɑti:ʀ], (je) bâtis [bɑti]. Demi-longueur pour la voyelle de 1resyll. chez Passy 1914.
Étymol. ET HIST. − A.− Av. 1105 judéo-fr. bastir « coudre à grands points » (Gloses de Raschi, d'apr. D. S. Blondheim, Contribution à la lexicographie française dans Romania, t. 39, p. 137, note 5); ca 1250 a.fr. (Vers de la mort, éd. C. A. Windahl, 25, 11 dans T.-L. : Mal faire et boine fin atendre Me sanle bastirs sans reprendre Cousture qui ne puet tenir), seulement deux attest. au xiiies., ibid.; 1530 « assembler à grands points les pièces d'un vêtement avant de les coudre » (Palsgr., p. 442); 1680 bâtir (Rich.); 1751 part. passé substantivé (Encyclop. : [...] chez les Tailleurs; c'est le gros fil qui a servi à bâtir un habit. [...]. Ainsi ils disent, ôtez le bâti de cet habit, pour ôtez le fil avec lequel on en a assemblé les morceaux). B.− Mil. xiies. « composer, arranger, édifier qqc. [l'obj. est un inanimé abstr., ici : des honneurs, interprétation acceptée par FEW t. 15, 1, p. 79a, note 8; G. Paris dans Romania, t. 9, p. 45 propose ,,palais``] » (Pèlerinage Charlemagne, éd. E. Koschwitz-G. Thurau, 367 dans T.-L. : Seignor, dist Charlemaignes, molt gent palais at ci. Tel nen out Alixandre ne li vielz Costantins, Ne n'out Creissenz de Rome qui tanz honurs bastit [qui mit en œuvre tant de choses qui manifestaient son haut rang, donc : tant de choses magnifiques, prestigieuses]); fin xiies. (Chr. de Troyes, Chevalier charrette, éd. W. Foerster, 1780, ibid. : Mes je t'avrai mout tost basti Tel plet que malëoit gré tuen T'estovra feire tot mon buen); ca 1265 « construire [un édifice] » (Ph. de Novare, Quatre Age de l'homme, éd. M. de Fréville, 27, ibid.), un autre ex. du xiiies., trad. des Livres des Macchabées dans Littré [trad. du xiiies. d'apr. Lerch dans Mél. Roques, t. 2, p. 190], rare au propre av. le xviies. (Gdf. Compl.; T.-L.; Littré); 1680 mét. (Rich. : Bastir [...] Terme de Chapelier. Former un chapeau avec des capades), attesté sous les formes bâtir ou bassetir dans Encyclop. 1751; av. 1699 bâti part. passé substantivé (d'apr. Tolmer dans Fr. mod., t. 14, p. 295); 1701 menuis. (Fur.); 1752 horlog. (Trév.). De l'a.b.frq. *bastjan (dér. d'un *basta « fil de chanvre ») signifiant « traiter les fils de chanvre », d'où différentes accept. d'apr. le milieu : [couture] « faufiler », supra, cf. a.h.all. bestan « ravauder », Graff t. 3, col. 219, [tissage] « tisser », sens attesté en a. prov. : Boèce, 200 dans Mél. Roques, t. 2, 1953, p. 190; d'où p. anal. « construire une clôture constituée de pieux entrelacés de brindilles », procédé utilisé dans l'Europe de l'ouest à l'époque carol., spéc. dans les domaines prov. et cat. (FEW t. 15, 1, p. 78), puis « fortifier » cf. ca 1020, le dér. de lat. médiév. (domaine prov.) bastimentum « ouvrage fortifié, château fort » (Guérard, Cart. de S.-Victor de Marseille, I, no615, p. 611 dans Nierm.), de même 1054, domaine cat. (Arch. de la Couronne d'Aragon, Ramón Berenguer, I, no154 dans GMLC). L'hyp. selon laquelle le sens de « construire (une maison) » serait issu de celui de « tisser », par l'intermédiaire de « faire, composer » (Lerch dans Mél. Roques, t. 2, 1953, pp. 185-202) paraît moins vraisemblable. − L'hyp. d'un empr. au germ. (Brüch, pp. 59-60) est moins probable; le mot ne semble, en effet, autochtone ni en ital., ni en esp. (DEI; Cor.) et doit vraisemblablement son ext. dans la Romania à la diffusion de la civilisation carolingienne. − La dissociation des sens « faufiler » et « construire » pratiquée par Schuchardt dans Z. rom. Philol., t. 33, 1909, pp. 339-346 puis par EWFS2qui fait remonter le 1ersens au germ. *bastjan et le second au lat. vulg. *bastare « suffire » (baster)* ne semble pas à retenir, l'évolution sém. qu'elle suppose pour le second sens (« suffire » > « apprêter » > « bâtir ») étant peu satisfaisante.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 715. Fréq. rel. littér. xixes. : a) 2 944, b) 2 571; xxes. : a) 1 794, b) 2 322.
DÉR.
Bâtissable, adj.Qui peut être bâti, où l'on peut bâtir. Église bâtissable, emplacement bâtissable (Lar. 19e-20e), terrain bâtissable (Rob.). Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. 1reattest. 1866 (Lar. 19e); dér. de bâtir*, suff. -able*.
BBG. − Brüch (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 300. − Brüch (J.). Der Einfluß der germanischen Sprachen auf das Vulgärlatein. Heidelberg, 1913, pp. 107, 170. − Duch. Beauté 1960, p. 154. − Gottsch. Redens. 1930, pp. 214, 428. − Lerch (E.). L'Étymologie de bâtir. In : [Mél. Roques (M.)]. Paris, 1953, t. 2, pp. 185-202 [Cr. Roques (M.). Romania. 1953, t. 74, p. 517]. − Wartburg (W. von). Ursprung und Geschichte des Wortes bâtir. In : [Mél. Gamillscheg (E.)]. München, 1968, pp. 639-647.