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BAS1, adj., subst. masc. et adv.
I.− Emploi adj. Qui a peu de hauteur. Anton. haut.
A.− [La réf. est un espace comportant des niveaux différents]
1. [L'adj. désigne une dimension de la chose désignée] Dont les dimensions en hauteur sont petites, qui a peu de hauteur.
a) [En parlant de parties d'une construction] Bas-clocher; maison, salle, chambre (très) basse; mur (très) bas; porte (très) basse :
1. − Saint-Jean, grave façade du dixième siècle, composée d'une grosse tour carrée à flèche d'ardoise, des deux côtés de laquelle se pressent deux autres bas-clochers également carrés. Hugo, Le Rhin,1842, p. 60.
2. ... de droite et de gauche, coupant la ligne d'arbres, des maisons basses, aplaties, aux couvertures de tuiles rouges. Gide, Voyage au Congo,1927, p. 686.
P. métaph. :
3. le père de sales. − La fortune est une porte basse, Madame, après laquelle l'homme valeureux reprend sa taille. J. de La Varende, Monsieur le Duc de Saint-Simon et sa Comédie humaine,1955, p. 67.
P. anal. [En parlant du ciel, de la voûte céleste] :
4. Cette nuit encore, vers deux heures, une pluie diluvienne était tombée, sans avoir rafraîchi le ciel, qui restait nuageux, bas et jaune, d'une lourdeur de plomb. Zola, Vérité,1902, p. 2.
MAR. Côte, terre basse. ,,De peu de relief, peu visible, noyée`` (Barber. 1969).
b) [En parlant de pièces d'ameublement, d'objets d'usage courant] Table, chaise basse; coupé bas :
5. Deux heures sonnaient. Un coupé bas, traîné par un cheval bai brun, s'arrêta à la grille. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 2, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 470.
TECHNOL. Chaussure basse ou tige basse. ,,Dont la partie la plus haute reste au-dessous des malléoles de la cheville`` (Chauss. 1969).
c) [En parlant des eaux] Dont le niveau a peu de hauteur, peu profond.
Basses eaux :
6. Elle [Jane] pensait que Shelley voulait seulement flotter sur les basses eaux du rivage, mais lui, fier de montrer à cette charmante femme ses talents de rameur, appuya sur ses avirons et fut bientôt dans les eaux bleues et profondes. Maurois, Ariel ou la Vie de Shelley,1923, p. 330.
P. métaph. :
7. − ... nous causerons, mon fils, car j'ai de longues instructions à te donner. Mais, d'abord, où en sont tes finances? − Les miennes ou celles du club? − Les tiennes, parbleu! − Dame! fit Rocambole avec ingénuité, elles sont basses, mon oncle. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 2, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 470.
Loc. fig., fam. Les eaux sont basses chez qqn. ,,L'argent commence à lui manquer`` (Ac. 1798-1932) :
8. félix. − La robe de satin que je lui ai portée l'autre jour (à votre dame) ne m'a pas valu grand'chose. juliette. − Dame! mon garçon, les eaux étaient basses : c'était le 28. Fallait venir le 1erdu mois. Mérimée, Les Deux héritages,1853, p. 5.
Basse mer, marée basse :
9. Tous les matins, je vais sur la plage ou vers les rochers à fleur d'eau, quand la marée est basse. E. Delacroix, Journal,2, 1856, p. 243.
10. Aux basses mers, c'est à perte de vue que se découvrent souvent les débris émiettés qui prolongent les rivages. Vidal de La Blache, Tabl. de la géogr. de la France,1908, p. 333.
d) [En parlant du corps ou d'une partie du corps d'une pers. ou d'un animal] Bas de jambe. De petite taille, en raison de la faible longueur des jambes. Synon. arg. bas du cul :
11. Adossée à la table, une fille de salle, trapue et basse de jambe, frotte avec une serviette un pot à l'eau d'étain qui reluit entre ses grosses mains... E. et J. de Goncourt, Sœur Philomène,1861, p. 209.
12. Ronde de croupe, un peu basse de jambe, c'est ma foi une solide ponette, plus chaude que racée. Colette, L'Entrave,1913, p. 102.
MAN. (Cheval) bas de terre. [Même sens]
Péj. Front bas :
13. Au Louvre, dans la salle des Antonins (...) Il est là, Antinoüs, l'œil enfoncé sous un front bas, l'air méchant et boudeur. Green, Journal,1934, p. 241.
2. [L'adj. désigne une chose considérée dans sa partie inférieure = la partie inférieure de cette chose; bas est gén. antéposé]
a) [En parlant d'un lieu]
Basses terres :
14. Cette embouchure est encore très-difficile par les écueils et les basses terres de ces parages. Baudry des Lozières, Voyage à la Louisiane,1802, p. 13.
Basse ville, ville basse :
15. Nos démarches dans la basse ville causèrent beaucoup d'effroi, mais n'aboutirent à rien. Fromentin, Un Été dans le Sahara,1857, p. 213.
b) En partic. [En parlant dans la terminologie géogr.]
[Suivi d'un nom de chaîne de montagnes] La partie la moins élevée de ces montagnes. Les basses Alpes (département des Basses-Alpes), les basses Pyrénées (département des Basses-Pyrénées).
[Suivi d'un nom de fleuve] La partie la plus éloignée de la source, la plus proche de l'embouchure. Le bas Danube, la basse Loire, la basse Seine. Le département du Bas-Rhin.
P. anal. [Suivi du nom d'un pays, d'une région bordant la mer] La partie la plus voisine de la mer. La basse Égypte, la basse Bretagne, la basse Normandie. D'où les bas Bretons, le paysan bas normand :
16. ... tout cela change un homme, surtout lorsqu'il ajoute à ce costume un accent bas breton fortement prononcé. A. Dumas Père, Paul Jones,1838, I, 4, p. 130.
17. Sa force musculaire était grande, ménagée et dissimulée d'une manière féline, et sans doute entretenue par une frugalité qui déconcertait nos bas-bourguignons : du pain, du café, beaucoup de sucre, un demi-verre de vin, force tomates, des aubergines... Colette, Sido,1929, p. 82.
3. [L'adj. désigne la position d'une chose par rapport à une de ses positions possibles]
a) [La position est un résultat recherché]
ARCHIT. Fenêtre basse :
18. À chaque palier, au ras du sol, une fenêtre basse mettait un enfoncement carré de soupirail. Zola, Nana,1880, p. 1221.
COUT. Emmanchures basses. Emmanchures tombantes (sur l'épaule). Robe basse. Robe décolletée :
19. Je trouve qu'il n'y a pas beaucoup de choses plus agréables à voir qu'une jolie femme en robe basse qui mange de bon appétit de belles viandes saignantes. Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 141.
b) [La position est prise au cours ou au bout d'un mouvement de cette chose]
Soleil bas. Soleil à son déclin :
20. Sur le Pont-Neuf, où le soleil, déjà bas, allongeait du piédestal ... une foule d'hommes et de femmes du peuple écoutaient... A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 96.
Rayon bas. Rayon oblique qui s'incline vers le sol :
21. Les bruyères rouges recueillaient un rayon bas et fauchant... Colette, La Seconde,1929, p. 119.
En partic. [En parlant du corps humain] Salut bas :
22. Le cardinal continua sa marche pesante et oscillante parmi les révérences creusées des dames, et les saluts bas des diplomates. Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 393.
CHORÉGRAPHIE :
23. Pointe [des pieds] basse ou serrée. Faire ressortir le cou-de-pied, en allongeant et en serrant les doigts l'un contre l'autre. A. Meunier, La Danse classique,1931, p. 136.
24. On me mena au pavillon de Ceylan [à l'Exposition de 1900] où se montraient les « danseurs du diable ». Pour la première fois, je voyais se dérouler devant moi les figures sacrées; ces masques noirs ou verts, (...) la magie du rite (...) cette basse danse où les pieds ne quittaient pas la terre, tout cela me rendait présents ma mythologie grecque, les corybantes des mystères... Morand, L'Eau sous les ponts,1954, p. 21.
P. méton. Avoir la vue [= les yeux] basse. Être obligé de se baisser sur un objet pour le voir, avoir mauvaise vue :
25. papillon. − Je ne me bats pas à l'épée, moi... Ernest. − Le pistolet? ... papillon. − Encore moins, ... j'ai la vue basse, moi... A. Dumas Père, La Chasse et l'amour,1825, 14, p. 56.
(Marcher) les yeux bas. Paupières baissées :
26. Je marche, je marche, anxieuse et pressée, les yeux bas au long de la haie, comme si j'y cherchais l'herbe qui guérit... Colette, Claudine en ménage,1902, p. 276.
c) Loc. fig.
Synon. baissé.
(Marcher, avoir) les oreilles basses; la tête, la queue basse :
27. ... déconfiture morale de nos amis; ils ont l'oreille plus basse que jamais. Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,t. 1, 1870, p. 21.
Donner tête basse dans qqc. :
28. Le ton de Gallichet était devenu sarcastique. Auparavant, on aurait cru entendre parler un dossier : l'homme, maintenant, marquait combien, à vouloir se passer des conseils de notaire, on donne tête basse dans les bévues. Estaunié, Tels qu'ils furent,1927, p. 138.
Faire main basse sur qqc. ou qqn.
Prendre, s'emparer (de quelque chose), voler.
,,Il signifie, en termes de guerre, ne point faire de quartier, tuer, passer au fil de l'épée`` (Ac. 1932) :
29. Je ne suis pas un traître, répliqua Rotoli; le gouvernement français désire, par votre entremise, faire main basse sur tous vos complices; à ce prix, il vous accorde un pardon général... Stendhal, Nouvelles inédites,1842, p. 341.
P. anal., fam. Critiquer sans ménagements. Dans le monde, on épargne souvent les vices, mais on fait toujours main basse sur les ridicules (Ac.1798-1932).
4. [L'adj. indique la position d'une chose par rapport à la position de choses de même espèce situées à un autre niveau dans le même espace] Qui est situé à un niveau inférieur (avec parfois une nuance péj.). Les basses-rues, les bas-quartiers :
30. − Des chants très lointains, arrivant des basses rues de Brest. − Et, en bas, dans le poste de l'équipage, la voix des matelots de garde criant à intervalles réguliers les nombres du loto... Loti, Mon frère Yves,1883, p. 263.
31. Il existe près des écluses Un bas-quartier de bohémiens Dont la belle jeunesse s'use À démêler le tien du mien ... Aragon, Le Roman inachevé,1956, p. 150.
ARCHIT. Basse chapelle. Celle qui est située sous une église.
FORTIF. Basse-geôle. Un souterrain attenant à la basse-geôle (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 5, 1814, p. 79).
MAR. Basse vergue, basse voile :
32. Pour être plus promptement arrivé, il se laissa glisser dans le gréement et se mit à courir sur une basse vergue. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 450.
Loc. (souvent fig.). En ce bas monde. Sur cette terre (p. oppos. au ciel). Le bas bout de la table. Bout situé le plus près de la porte (p. oppos. au haut bout, autrefois placé sur une estrade) :
33. Assis au bas-bout de la table, près de la porte par laquelle on servait, le père Goriot leva la tête en flairant un morceau de pain qu'il avait sous sa serviette, par une vieille habitude commerciale qui reparaissait quelquefois. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 64.
P. métaph. :
34. ... il [Proudhon] nous abaisse, il nous classe, il nous met au bas bout du banquet socialiste. Zola, Mes haines,1866, p. 26.
B.− [La référence est le temps représenté implicitement comme un tableau chronologique où les dates les plus anciennes figurent en haut]
1. Qui est le plus proche de nous (p. oppos. au temps le plus reculé, le plus éloigné de nous, le plus ancien). Basse latinité, basse grécité, basse époque, Bas-Empire :
35. Il seroit impossible de calculer la quantité d'or et d'argent, soit monnoyés (sic), soit employés (sic) en objets d'arts, qui existoit dans les bas siècles. Chateaubriand, Ét. hist.,1831, p. 275.
36. L'histoire de l'Antiquité qu'il [A. France] rapporte, ce n'est pas cette histoire chargée d'expérience humaine qui chemine vers l'histoire sacrée; mais cette basse grécité, issue de la corruption asiatique et qui est l'annonce de la mort. Massis, Jugements,1923, p. 161.
LING. Bas-latin :
37. On applique parfois le même qualificatif [bas-] à une langue qu'on considère sous son aspect évolué après la période reconnue comme celle de son apogée; ainsi le bas-latin (...) par rapport au latin classique. Mar. Lex.1961, p. 38.
Rem. Ces expr. comportent souvent une idée de décadence, de dégénérescence.
2. Qui est petit. Le bas âge. La première enfance. Un enfant en bas âge. Un petit enfant, très jeune.
C.− Emplois métaph. ou fig. [La référence est une hiérarchie comportant des degrés]
1. [L'obj. qualifié est concr.]
a) [La hiérarchie est dans la quantité] Au bas mot. Au minimum :
38. Je n'exagère pas, trente pour cent au bas mot des suicides que je constate sont causés par le jeu. A. France, Histoire comique,1903, p. 123.
b) [La hiérarchie est dans les intensités]
[En parlant de sons] Grave. Son, ton bas; basse note, intonation basse :
39. Comme il était sur ces réflexions, Taupier, les oreilles pointées, commença de grogner en basse note, sans lâcher des yeux un coin tout de genêts et de framboisiers. Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 158.
À voix basse, d'une voix basse. D'une voix douce, à mi-voix. D'un ton bas. Sans élever le ton.
Messe basse (p. oppos. à grand-messe). Messe non chantée, où le prêtre ne fait que réciter les prières. Fig. et fam. Dire, faire des messes basses. Dire quelque chose en aparté, à voix basse à l'oreille de quelqu'un, en présence d'autres personnes.
[En parlant d'une chose susceptible de variations rythmiques, thermiques, etc., et mesurable]
Un pouls bas. Faible.
Vue basse. [vue] Courte. Avoir la vue basse. Ne pouvoir distinguer les objets que de très près. Au fig. Avoir la vue basse. Manquer de perspicacité, de largeur de vue.
Basse température, basse pression, (à) basse énergie. P. méton. Le baromètre est bas. Il indique le mauvais temps. Le thermomètre est bas. Il marque le froid.
TECHNOL. (brasserie). Fermentation basse, levure basse.
ÉLECTR. Basse tension. ,,Différence de potentiel d'assez faible valeur. (S'oppose en général à haute tension)`` (Lar. encyclop.). Basse fréquence. ,,Ce terme est employé depuis le début de la radiophonie pour désigner les fréquences du registre sonore (...) on emploie de plus en plus le terme anglais « Audiofrequences »`` (Électron. 1963-64).
c) [La hiérarchie concerne des qualités ou des valeurs] Qui est de moindre valeur, de moindre qualité.
[En parlant de choses considérées sur le plan de leur qualité, de leur valeur] Une chose de basse qualité.
Or bas, bas argent; or, argent de bas aloi (Ac. 1798-1932); monnaie de bas aloi.
Les basses cartes (du jeu). Celles qui ont la moindre valeur.
La basse littérature :
40. ... on trouve entre les mains [des Italiens], non seulement nos bons écrits, mais nos romans de second ordre, nos petits journaux, notre basse littérature. Taine, Voyage en Italie,t. 2, 1866, p. 42.
COMM., INDUSTR. Bas produit. Produit de qualité inférieure. Bas morceaux (de viande), bas billon, basse-viande :
41. Elle apportait comme un arriéré de faim amassée, elle se vengeait de sa jeunesse nécessiteuse chez ses parents, des basses viandes mangées sans beurre pour acheter des bottines, des toilettes pénibles retapées vingt fois. Zola, Pot-Bouille,1882, p. 239.
42. ... c'est quelque chose de se retrouver avec ses deux bras, le cœur joyeux et l'esprit clair! C'est magnifique, ces lapins que le marchand, un peu voleur pour les autres, a mis dans notre panier, et ces bas-morceaux chez le boucher, et ces salades rebondies et ces choux, quand on a trois cents petits enfants à la maison le bec ouvert qui attendent près de la marmite qui bout! Claudel, Feuilles de Saints,1925, p. 627.
[En parlant du prix de qqc., du degré de qqc., de l'évaluation qui est faite de qqc., etc.]
Acheter, vendre une marchandise à bas prix. À un prix modique, au-dessous de l'ordinaire. (Souvent péj.) une marchandise, une chose à bas prix. Le change est bas. Il est au-dessous du cours moyen, du cours ordinaire.
Au bas mot. En faisant l'évaluation la plus basse, la plus faible.
Être, tomber au plus bas degré de :
43. L'invasion de Xerxès en Grèce, jamais peuple n'offrit un plus étonnant spectacle; une révolution étrange et continuelle commença son cours, et ne finit qu'à la prise de la métropole par les Romains. Ce fut une chose commune que de voir les rois tombés du faîte des grandeurs au plus bas degré de fortune : monarques aujourd'hui, pédagogues demain. Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 1, 1797, p. 279.
2. [Ce qui est qualifié est abstr.]
a) [Il est situé dans une hiérarchie sociale] Une personne de basse extraction, de bas-lieu; les basses castes, la basse bourgeoisie, le bas clergé :
44. ... cette fois ce n'est pas à la noblesse qu'on s'adressait, mais au bas peuple, les muletiers, les portefaix de Raguse, les maraîchers du Breno... A. Daudet, Les Rois en exil,1879, p. 322.
45. De l'aveu général, il [M. Proguin-la-Hure] représentait la bourgeoisie. Mais on ne disait pas si c'était la haute, la moyenne ou la basse... Toulet, Les Demoiselles de la montagne,1920, p. 128.
SYNT. Personne de bas étage. Une personne d'un rang socialement inférieur. Chambre basse. La Chambre des Communes en Angleterre, p. oppos. à la Chambre haute, la Chambre des Lords. Bas commerce. Le petit commerce.
b) [Il est situé dans une hiérarchie morale]
[En parlant d'une pers., d'un être ou de choses en rapport avec la pers. humaine] Des âmes basses; de bas instincts; de basses besognes. Synon. vil, mesquin :
46. ... connaissant ce fin peuple, et sachant que c'est lui qui parle français, qu'il est la fine fleur du langage français, vous êtes résolu à prendre tous ses propos comme des propos d'amitié, d'hospitalité, de cordialité comme des propos cordiaux, comme des propos peuples. Sans un soupçon de cette odieuse, de cette basse, de cette grossière, de cette vulgaire, de cette populacière jovialité, que je hais. Péguy, Victor-Marie, comte Hugo,1910, p. 164.
47. Quand je m'examine bien, je me sens réellement vil et sot, et bas, et vilain jusqu'à la moelle des os... Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 145.
48. Qui a mené une vie médiocre, basse et laide, souffrira-t-il de vivre avec des souvenirs médiocres, bas, et laids? Maeterlinck, Avant le grand silence,1934, p. 161.
Spéc. [En parlant du lang., d'un mot, d'un genre, d'un style] Commun, vulgaire, trivial :
49. Ce roi [Louis XV] parle un très-bon français, en ce sens que ce français est de souche, mais c'est un français si familier qu'il en est trivial et bas. Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 10, 1863-69, p. 231.
50. « Aviser, pour dire découvrir de loin, est un mot bas et de la lie du peuple »; ... Gourmont, Esthétique de lang. fr.,1899, p. 131.
Bas-valet :
51. J. Deflers, vil intrigant. Girey, bas-valet de la faction brissotine. Marat, Les Pamphlets,Marat, l'ami du peuple, aux amis de la Patrie, 1792, p. 311.
L'exécuteur des basses œuvres. Le bourreau :
52. ... une échelle était dressée près du gibet permanent, et le maître des basses-œuvres s'occupait d'en rajuster les chaînes rouillées par la pluie. Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 385.
Rem. gén. A.− Place de l'adj. L'antéposition ou la postposition de l'adj. bas par rapp. au subst. qu'il détermine ne semble pas reposer sur des critères bien précis. Quelques tendances, communes à tous les adj., apparaissent mais ne peuvent être prises pour règles comme le prouvent les contradictions internes relevées. 1. L'adj. bas est, généralement, postposé quand il a une valeur distinctive et qu'il confère au subst. un caractère spécifique, une particularité physique, géographique, morale : chaise basse, marée basse, ciel bas; échine, queue, tête basse; lieux bas; messe, voix basse; branche basse, etc. Toutefois, bas dans ces emplois, est quelquefois antéposé : bas foyer, basse lisse, basses vertèbres ou bas-ventre, basses terres, basse branche, etc. 2. L'adj. bas est, généralement, antéposé quand il a une valeur qualitative ou qu'il est la survivance d'une syntaxe figée. a) Dans les dénominations géographiques, bas est presque constamment antéposé (exception faite pour Pays-Bas) et forme avec le subst. ce que A. Blinkenberg (L'Ordre des mots en fr. mod., København, t. 2, 1933, p. 41) appelle un « groupe figé » où l'unité est le plus souvent, matérialisée par un trait d'union : Basses-Alpes, Basse-Bourgogne, Basse-Bretagne, Basse-Normandie, Basses-Pyrénées, Bas-Rhin, etc. Adj. correspondants attestés dans notre docum. : bas-bourguignon, bas-breton, bas-normand. Dans ce cas, la règle est de laisser invariable en genre et en nombre l'adj. bas mais l'usage varie. ... n'y fait-elle pas [la bergère des Alpes] ses fromages tout comme une Basse-Normande? (Flaubert, La 1reÉducation sentimentale, 1845, p. 235) et ... un ravissant échantillon de la race « bas-normande » (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, La Fenêtre, 1883, p. 887). b) Dans les termes sc. ou d'art, où il était d'usage d'antéposer l'adj., usage qui continue de nos jours. . En phys. : basse fréquence, basse pression, basse température, etc. . En géophysique : basse altitude, basse atmosphère, basse latitude, etc. . En écon. : bas prix, bas salaires, etc. . En mus. : basse-contre*, basse-taille*, etc. c) Dans les catégories sociales ou professionnelles, où bas prend une teinte plus ou moins dépréciative : basse bourgeoisie, basse caste, bas clergé, basse justice, bas officier, bas peuple, etc. d) Dans les termes où il exprime un jugement, une réaction subjective, voire péjorative. . Avec des subst. concr. : bas morceaux, bas produits, bas quartiers, etc. . Avec des subst. abstr. : basse besogne, basse envie, basse manœuvre, basse querelle, etc. Toutefois, là encore il n'y a pas de règle fixe et bas peut être postposé (notamment pour exprimer une appréciation personnelle) : âme basse, besognes basses, choses basses, flatteries basses, passions basses, pensées basses, supplications basses, vexations basses, etc. 3. La place de l'adj. peut être due à des raisons prosodiques : bas (ou basse) étant monosyllabique a tendance à être antéposé devant un subst. polysyllabique : basse atmosphère, basse fréquence, bas hauban, bas quartiers, basse vengeance, etc. B.− Absence de l'article devant le syntagme adj. + subst. L'article est gén. présent devant le groupe formé par l'adj. antéposé ou postposé et le subst. Toutefois il peut être omis dans le cas où le groupe reste très lié au verbe : faire main basse ou à la prép. : à voix basse (ou encore lorsque le groupe subst. + adj. joue le rôle d'un épithète : une robe taille basse). Parfois l'article peut être présent ou omis sans différence de sens : marcher la tête basse et marcher tête basse. D'autre part l'art. défini paraît figé dans certaines expr. où son remplacement par l'art. indéfini est impossible ou change le sens : . Rentrer l'oreille basse/*rentrer une oreille basse et *rentrer oreille basse. . Avoir la vue basse/avoir une vue basse (sens différent) et *avoir la vue basse.
II.− Emploi subst. masc. à valeur neutre
A.− [La réf. est un espace comportant des niveaux différents]
1. Le bas de. La partie inférieure de quelque chose (immeuble, meuble, objets d'usage courant, partie du corps, eau). Le bas de l'armoire. Le bas de (la) page. ,,Partie inférieure d'une page imprimée, réservée aux notes`` (Rolland-Coul. 1969). Le bas d'une robe; le bas du visage :
53. Irai-je attacher quelques années qui me restent à une fortune nouvelle, comme ces bas de robes que les femmes traînent de cours en cours et sur lesquels tout le monde peut marcher? Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 18.
54. Battre est un terme de danse qui signifie que pendant un saut, on devra faire heurter ou croiser les deux bas de jambe... A. Meunier, La Danse classique,1931, p. 163.
Bas de porte. Le seuil, le pas de la porte :
55. Hélas! Balandran en était encore à la moitié de son histoire, que déjà Estève avait dégringolé l'escalier, et filait à grands pas dans la rue (...) prêtant à rire aux commères, qui, sur le bas des portes, (...) s'entretenaient de l'événement. P. Arène, Le Tor d'Entrays,1876, p. 171.
Vx. Le bas du pavé. La partie la plus rapprochée du ruisseau. Prendre le bas du pavé (A. Dumas Père, La Tour de Nesle,1832, p. 47).Au fig. La classe inférieure.
a) ASTROL. Le bas du ciel. ,,La troisième ou quatrième maison d'un horoscope, où est le nadir, c'est-à-dire la partie du ciel la plus basse à notre égard`` (Littré; également attesté dans Lar. et Rob.).
b) IMPRIMERIE
Bas de casse. ,,La partie inférieure de la casse d'imprimerie`` (Éd. 1913) où se trouvent les lettres minuscules.
P. métaph. Chercher des capitales en bas de casse. Perdre du temps, faire du travail inutile :
56. − Je ne sais pas de quoi il s'occupe, répondit-il prudemment en trouvant le bourgeois muet, mais ce n'est pas un homme à chercher des capitales dans son bas de casse! Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 561.
Les bas de casse. Les lettres minuscules :
57. Parfois je passe à la petite composition; je manie les bas de casse et je caresse le marbre. A. Arnoux, Paris-sur-Seine,1939, p. 41.
c) MAR. Le bas de l'eau. L'étale de basse mer (cf. Le Clère 1960).
d) PÊCHE. Bas de ligne. ,,Partie de la ligne située entre la plombée et l'hameçon`` (Pollet 1970).
Loc. prép. Au bas de, dans le bas de. Au pied de. Au bas de l'escalier (des marches, du perron); au bas de l'échelle; au bas de la rue; au bas de la côte (de la montagne, de la colline); au bas de la page.
2. Emploi abs., BÂT. Le rez-de-chaussée, l'étage inférieur (cf. Jossier 1881 et Dul. 1968).
Loc. Évacuer par le haut et par le bas. Évacuer par la bouche et par l'anus.
B.− [La réf. est le temps] Rare. Au bas de l'année (Valéry, Correspondance [avec Gide], 1890-1942, p. 158). À la fin de l'année.
C.− [La réf. est une hiérarchie comportant des degrés]
1. La classe inférieure :
58. Le jour où l'analyse cruelle que mon ami, M. Zola, et peut-être moi-même, avons apportée dans la peinture du bas de la société, sera reprise par un écrivain de talent, et employée à la reproduction des hommes et des femmes du monde (...), ce jour-là seulement, le classicisme et sa queue seront tués. E. de Goncourt, Les Frères Zemganno,1879, p. 9.
2. Emplois abs.
a) MUS. Le bas. Les notes graves. La voix de ce chanteur est belle dans le bas (Ac.1932).
b) LITT. Le bas. Ce qui est bas, vil, grossier, vulgaire :
59. Un ami m'envoie seulement aujourd'hui votre étude sur Le Naturalisme contemporain, et je veux vous dire avec quel intérêt je l'ai lue... Un seul reproche : vous nous voyez trop enfermés dans le bas, le grossier, le populaire. Zola, Correspondance,1902, p. 616.
c) Le Très bas (p. oppos. au Très-haut). Cf. Verlaine, Souvenirs et fantaisies, Le Diable, 1896, p. 200.
Les hauts et les bas. Les alternatives de bons et de mauvais moments :
60. Il [le singe] eut des hauts, des bas, de bons moments, suivis de mauvais, des réveils de vie (...) puis des tousseries... E. et J. de Goncourt, Manette Salomon,1867, p. 301.
III.− [Emploi comme mot inv.]
A.− Emploi adv.
1. [La réf. est un espace comportant des niveaux différents] À faible hauteur.
a) [Emploi non terminatif] Voler bas, boiter bas :
61. ... ses bœufs, vautrés et pantelants, refusent de quitter leur étable, et, si on les y force, s'en vont en boitant bas du pied gauche, eux, parfaitement d'aplomb la veille en gagnant leur litière. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 181.
Loc. fig. Infra 3.
b) [Emploi terminatif-résultatif] Placer qqc. (très) bas; des cheveux plantés bas.
c) Loc. verbales (suite de b).
Jeter bas (vx)
[jeter] Par terre. Les cavaliers jetaient bas leurs manteaux de route (Thierry, Récits des temps mérovingiens,t. 1, 1840, p. 351).
Démolir, abattre. Jeter bas les églises (Barrès, Mes cahiers,t. 9,1911-12, p. 116);Jeter bas les arbres (Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 90).
Mettre bas. Abaisser, enlever. Je mettrai bas le masque (G. Leroux, Le Parfum de la Dame en noir,1908, p. 155).Mettre chapeau bas (par respect); p. ell. chapeau bas! (appel au respect); fam. chapeau! (expression de l'admiration).
Au fig. :
62. L'homme se fait moins cruel et il oublie sa vanité. Quand la mort puante est en lui, ou dans la chair de sa chair, (...) L'homme alors met bas son orgueil, car il voit l'issue sauvage. Jouve, Tragiques,Livre de la grâce, 1922, p. 111.
Pop. Bas les pattes. Otez les mains! :
63. Il attira la belle fille contre lui; ses mains, agrippées au corsage, sentirent la rondeur ferme de la jeune poitrine. Elle résista, se débattit avec une douceur résolue : « Bas les pattes, ou je m'en vais ». Moselly, Terres lorraines,1907, p. 225.
P. euphém. Mettre culotte bas (pour évacuer les excréments).
Saluer qqn très bas, s'incliner (bien) bas devant qqn. En se penchant vers le sol.
MARINE
Couler bas. Faire sombrer un navire :
64. Mais on entend au loin le canon des corsaires; Le négrier va fuir, s'il peut prendre le vent. Alerte! Et coulez bas ces sombres adversaires! Vigny, Les Destinées,La Bouteille à la mer, 1863, p. 187.
Emploi abs., intrans., au fig. Sombrer. À la moindre défaillance on coule bas (Taine, Notes sur l'Angleterre,1872, p. 306).
Haler bas (en parlant d'un signal flottant, d'un pavillon en l'air, d'une drisse). ,,Faire descendre en tirant vers le bas`` (Le Clère 1960) :
65. Nous avons trop de voiles pour le vent qu'il va faire tout à l'heure... Holà, hé! Range à serrer les cacatois et à haler bas le plinfoc. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 353.
Vx. Mettre pavillon bas. Baisser pavillon. (Mettre) bas les feux. ,,Ordre d'éteindre les feux [en baissant la flamme jusqu'à extinction] des chaudières sur un navire à vapeur`` (Gruss 1952).
MÉTÉOR. Tomber bas.
ART. MILIT. Mettre bas les armes. déposer les armes, capituler; p. ell. bas les armes!
VÉN. Mettre bas (un gibier). Abattre, tuer :
66. Chasseur, un seul coup de ton arme Met bas le cerf sur le gazon. Béranger, Chansons,t. 1, La Double chasse, 1829, p. 193.
Emploi abs. [En parlant du cerf] Perdre les bois.
MÉD. VÉTÉR. [En parlant d'une femelle] Mettre ses petits au monde.
2. [La réf. est un espace comportant des degrés dans l'éloignement]
a) [En parlant d'un écrit, primitivement présenté sous la forme d'un tableau lu de haut en bas] Plus bas. Ci-dessous, plus loin. Nous le verrons (le dirons, l'indiquerons) plus bas; j'exposerai plus bas; on lira plus bas :
67. ... les maréchaux reviennent auprès de Napoléon avec ce qu'on a appelé le traité de Fontainebleau, qu'on va traiter quelques pages plus bas. Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 318.
b) [En parlant d'une table (supra I A 4)] Être placé bas à table. Près de la porte, loin de la place d'honneur :
68. Mais après qu'eut roulé ce tonnerre de voix, messire Corneille, qui se trouvait assez bas à la table, dit... A. France, Clio,1900, p. 147.
3. [La réf. est une hiérarchie comportant des degrés d'intensité]
a) MUS. [En parlant de sons] Chanter (trop) bas. Sur un ton (trop) grave.
b) Usuel. À voix basse. D'une voix faible. Dire (tout, si) bas, parler (tout) bas, répéter tout bas, prononcer (tout) bas, demander (tout) bas, sangloter tout bas :
69. Enfin, on est parvenu au « Pôle Nord » ... Un explorateur bien aimable expliquait les trucs aussi, mais en confidences, si bas, emmitouflé dans ses fourrures, qu'on entendait presque plus rien. Céline, Mort à crédit,1936, p. 95.
4. [La réf. est une hiérarchie morale ou sociale comportant des degrés de valeur, gén. loc. fig. correspondant à A 1] À un niveau, à un degré inférieur.
a) [Du point de vue de l'état physique, de la santé] Être bas, se sentir (très, bien, si) bas (cf. être mal en point) :
70. ... je suis bien fatigué, vraiment bas. Pas eu un moment de repos cette année. Les voyages à Vienne et à Berlin m'ont achevé. Paris me parachève. Valéry, Correspondance[avec G. Fourment], 1927, p. 192.
b) [Du point de vue social ou moral] Descendre si (bien, plus) bas, (re)tomber plus bas. Mettre plus bas que terre. Rabaisser :
71. Cette chère Josine, qu'il [Luc] était allé chercher si bas, qu'il avait sauvée d'une si atroce misère, elle était pour lui l'image même de son œuvre. Zola, Travail,t. 1, 1901, p. 244.
72. La crainte d'avoir perdu Phœbé faisait descendre Wilfred chaque jour plus bas dans le désespoir, comme dans un escalier obscur. Il était sans désirs et jamais encore la vie ne lui était apparue aussi morne ni aussi complètement inutile. Green, Chaque homme dans sa nuit,1960, p. 294.
Vivre bas, penser bas. D'une manière basse, vile. Quand on contraint une foule à vivre bas, ça ne la porte pas à penser haut (Malraux, L'Espoir,1937, p. 459).
B.− Loc. adv. et prép.
1. À bas.À terre, vers la terre.
a) Mettre, jeter à bas une pers. ou une chose. Abattre, renverser :
73. On fait cercle devant nos cabines. Le mouvement du bateau rend la marche impossible. Je suis, pour la troisième fois, jeté à bas et précipité de l'escalier dans le carré. Fromentin, Voyage en Égypte,1869, p. 157.
74. La maison de M. Paillot, (...) est contiguë à la maison de la reine Marguerite (...) M. Paillot père, (...) l'avait fait mettre à bas pour la rétablir dans le style moderne..., A. France, L'Orme du mail,1897, p. 123.
Être à bas :
75. m. dorval. − Les beaux chênes du coteau sont à bas. madame dorval. − Depuis quand? m. dorval. − Depuis tout à l'heure apparemment, car ils étaient encore sur pied ce matin quand je me suis levé. Leclercq, Proverbes dramatiques,L'Esprit de désordre ou Il ne faut pas enfermer le loup, 1835, p. 265.
76. Les six longues journées sont finies, l'œuvre de la moisson est faite. Toute l'orge et le blé sont à bas, la paille est par terre avec le grain, ... Claudel, Corona Benignitatis Anni Dei,1915, p. 389.
b) À bas de.Sauter à bas de son cheval, à bas du lit; se jeter à bas du lit, à bas de son cheval; tomber à bas de son cheval.
Rem. Selon Colin 1971, à bas de tend à disparaître, sauf après les verbes cités.
c) Interj. À bas! Cri d'hostilité envers quelqu'un ou quelque chose :
77. La France a parlé, vous dis-je, c'est la justice qui vient. Malheur aux criminels! À bas les lâches! Vive Picquart! Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 492.
2. En bas
a) Loc. adv.
Vers le bas, vers la terre :
78. L'édifice effrayant des nuages détruit S'écroule en ruines pressées; Il jonche au loin le ciel, et ses cônes vermeils Pendent, la pointe en bas, sur nos têtes, pareils À des montagnes renversées. Hugo, Les Feuilles d'automne,Soleils couchants, 1831, p. 786.
P. métaph. :
79. L'organisation politique est selon le chrétien toujours médiocre, souvent mauvaise, parce que l'esprit en chacun marche tête en bas. Il faut premièrement redresser l'individu,... Alain, Propos,1921, p. 335.
Dans le bas, dans la partie inférieure :
80. Dans l'echidna l'estomac est très-ample, de forme ovale, rétréci en bas, ... Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 3, 1805, p. 386.
Par en bas :
81. Figurez-vous une grande et spacieuse boutique (...), garnie de grilles treillissées en fil de fer renflées par en bas comme celles des anciens boulangers, ... Balzac, César Birotteau,1837, p. 175.
Spéc. Au-dessous, en-dessous, à l'étage inférieur, au rez-de-chaussée. La salle (d')en bas, attendre en bas; descendre en bas (pléonasme à éviter, selon Colin 1971 : ,,Il faut dire absolument : descendre, ou préciser à tel étage, à la cave, au sous-sol, etc.``).
Emplois fig. ou métaph. :
82. À tous les étages de la société, tout ce qui croupit par stagnation volontaire, tout ce qui ignore par paresse, tout ce qui fait le mal sciemment, c'est la populace. En haut : égoïsme et oisiveté; en bas : envie et fainéantise : voilà les vices de ce qui est populace. Et, je le répète, on est populace en haut aussi bien qu'en bas. Hugo, Correspondance,1841, p. 586.
83. Le vent de colère et de cruauté soufflait d'en bas, montait de la plèbe qui applaudissait aux supplices... A. France, Rabelais,1924, p. 99.
MAR. Tout le monde en bas, faire le quart en bas, descendre en bas... ,,signifie dans l'entrepont ou dans la machine`` (Le Clère 1960). En bas le monde! ,,Commandement pour faire descendre les matelots de la mâture sur le pont, ou du pont dans l'intérieur du bâtiment`` (Gruss 1952).
b) Loc. prép. En bas de
[Après un verbe de mouvement] Cf. à bas de.Sauter en bas de son cheval, de son lit; jeter (qqn) en bas d'une voiture, en bas des escaliers.
Au pied de. Être (s'arrêter) en bas d'une colline, d'une côte.
Rem. Au lieu de en bas de, on trouve également et plus usuellement, semble-t-il, la loc. au bas de.
c) De (du) haut en bas
Sur toute la hauteur. Boutonné, décoré de (du) haut en bas; secouer la tête de haut en bas; considérer, regarder, toiser de (du) haut en bas.
Au fig. Traiter qqn de haut en bas. Avec mépris :
84. Ils [les Scaramouches de la presse] ne se donnaient même pas la peine d'écrire leurs articles, ni leurs livres; ils avaient des secrétaires, de pauvres gueux affamés, (...). Et cependant, ils continuaient de trôner, ils traitaient de haut en bas les artistes. R. Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison, 1909, p. 1047.
Depuis les parties les plus hautes jusqu'aux plus basses. Jeter qqn, rouler du haut en bas des escaliers, des rochers.
Prononc. − 1. Forme phon. : [bɑ], [bɑ:s]. 2. Homon. : bât.
Étymol. ET HIST. I.− Adj. A. Par rapp. au niveau atteint dans l'espace : 1. au propre, dans l'espace réel : 1119 « peu élevé, qui a peu de hauteur » (Ph. de Thaon, Comput, 2542 dans T.-L.); 2. au fig., dans l'espace conçu abstraitement (pour exprimer le degré d'intensité, de valeur, etc.) : a) ca 1175 parole [voix] basse (Chr. de Troyes, Chevalier lion, 6233, ibid.); b) 1539 « peu élevé (en parlant d'un prix), de peu de valeur » (Est.); B. Par rapp. à la position occupée dans l'espace : 1. au propre, dans l'espace réel : a) ca 1170 « situé à peu (ou moins) de hauteur » la teste basse (Chr. de Troyes, Erec et Enide, 5724 dans T.-L.); b) 1548 géogr. « situé à peu d'altitude » basse Bretagne (N. du Fail, Œuvres facécieuses, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, Paris, 1874, t. 2, p. 122); d'où c) 1548 « qui est d'une région peu élevée » bas alemans (Id., op. cit., t. 2, p. 205); 2. au fig., dans l'espace conçu abstraitement : a) 1120-50 « de position peu élevée dans la hiérarchie sociale » (Gd mal fit Adam, I, 40 dans T.-L.); b) début xiiies. « peu élevé dans une échelle de valeurs, vil, méprisable » (Reclus de Molliens, Charité, 70, 11, ibid.); c) 1694 mus. « grave » (Ac.). C. Dans le temps : 1. a) ca 1130 « tardif, avancé » (Pélerinage de Charlemagne, éd. E. Koschwitz, 571) − 1611, Cotgr.; b) 1690 hist. bas-empire (Fur.); 2. 1548 « peu avancé, de l'enfance » bas aage d'abord au sens large de « jeunesse » (Amyot, Trad. de Diodore, XVII, 1 dans Hug., s.v. aage). II.− Adv. 1. a) Ca 1165 « à un niveau inférieur » ici dans la loc. en bas ([Chr. de Troyes], G. d'Angleterre, 2200 dans T.-L.); b) ca 1175 « dans un état inférieur » (Chronique Ducs de Normandie, 9837); 2. ca 1165 « à voix basse » (Roman de Troie, éd. L. Constans, 18469 : en parlast ne bas ne haut); 3. à bas av. 1544 « à terre » les robbes a bas (Cl. Marot, Epistre pour un gent. de la court, p. 168 dans Gdf. Compl.); 4. 1548 « à bas prix » (N. du Fail, Contes d'Eutrapel, XXXI, ibid. : revendu bien bas); 5. 1694 mus. « dans un ton grave » (Ac.). III.− Subst. a) Ca 1155 « partie basse, partie inférieure de qqc. » (Wace, Brut, 4208 dans Keller, p. 290a); b) ca 1155 au fig. « état inférieur, situation désespérée » (Id., op. cit., 1607, ibid., p. 201a). Du b. lat. bassus, adj. attesté vers le début du vies. au sens de « gras, obèse » (Martyrii de B et V, VII, 176, 14 dans TLL s.v., 1778, 10) et dep. le viiies. au sens de « bas, peu élevé », (CGL t. 4, p. 210, 17). Ce même lat. bassus est déjà attesté comme ,,cognomen`` en lat. class. (TLL s.v., 1778, 29 et sqq.).
STAT. − Voir stat. après basse2.
BBG. − Brüch (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 299. − Dub. Pol. 1962, p. 14. − Duch. 1967, pp. 49, 102, 103, 144, 201, 203. − Esnault (G.). Haut et bas. Vie Lang. 1964, pp. 583-585. − Foulet (L.). L'Effacement des adv. de lieu. Romania. 1946, t. 69, pp. 1-7. − Gottsch. Redens. 1930, p. 29, 156, 260, 324. − Goug. Lang. pop. 1929, p. XIII, 199. − Marshall (F. W.). Les Poésies de Blondel de Nesle. Une ét. du lex. d'après l'examen des mss, p. 44 (Thèse Univ. Paris. 1958).