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BASCULER, verbe.
I.− Emploi intrans.
A.− [Implique une idée de va-et-vient] Faire un mouvement de bascule, osciller :
1. Le tutu bascule à chaque battement (...) Ce qui émerge du flot d'étoffe blanche n'est plus rien : épaules étroites, bras minces... P. Morand, Rococo,1933, p. 10.
2. Et les branches du pommier qui basculaient de temps à autre et éparpillaient au vent leur charge impalpable, semblaient égrener les heures pour des âmes invisibles. J. de Lacretelle, Les Hauts ponts,1935, p. 153.
B.− [Implique un mouvement de renversement]
1. De haut en bas : s'abattre, s'incliner :
3. [Dans un parachute d'ascenseur] (...) un levier (...) bascule en cas de rupture du cable, et vient se gripper dans des crémaillères... R. Champly, Nouv. encyclop. pratique,t. 4, 1927, p. 173.
4. [Dans les machines à raboter] (...) l'outil bascule et prend une position inclinée dans la course de retour... R. Champly, Nouv. encyclop. pratique,t. 12, 1927, p. 14.
2. Sur le côté, en avant, en arrière : se renverser, chavirer, culbuter :
5. Le bonhomme de pierre ne branlait pas; ils durent recourir à la hallebarde, comme levier, − et arrivèrent enfin à l'étendre tout droit. Alors, ayant basculé, il piqua dans le vide, la tiare en avant, ... Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 2, 1880, p. 99.
6. Il se leva brusquement, courut à Chasseriau et le frappa en pleine poitrine avec la crosse de son fusil. Chasseriau oscilla et bascula par-dessus le parapet. Mathieu le vit tomber sans émotion : c'était juste le commencement de sa propre mort. Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 192.
Rem. En ce sens, basculer peut appeler une idée de « déversement », « décharge » dans une lang. aussi bien techn. que poétique :
7. Pour que l'urne des nuages Bascule au moment voulu, (...) Je crois peu qu'il [Dieu] étudie La machine de Marly! Hugo, Les Chansons des rues et des bois,1865, p. 254.
8. Les wagonnets de terrassement (...) sont construits de manière à pouvoir verser facilement leur contenu au dépôt terminus (...) la caisse est articulée de manière à basculer (...) en vue d'opérer le déversement. J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines,1905, p. 933.
Au fig. Sombrer, s'abîmer, s'anéantir :
9. Daniel eut une nausée d'angoisse et, pendant une seconde, tout bascula : l'enfant, minuscule et lointain, l'appelait du fond de l'abîme; la beauté l'appelait; ... Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 117.
10. (...) il m'était arrivé d'avoir peur de la mort jusqu'aux larmes, jusqu'aux cris; mais cette fois, c'était pire : déjà la vie avait basculé dans le néant; ... S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 206.
C.− P. ext. Passer d'une situation, d'une position données à la situation, à la position contraire :
11. Ça n'était pas comme le père Tancogne, flatteur du maître, mi-pésan, mi-bourgeois, et toujours prêt à basculer du bon côté. Genevoix, Raboliot,1925, p. 220.
12. La France et l'Italie furent très près de l'avènement de gouvernements de front populaire à direction communiste. La Chine immense, en trois ans, bascula d'un camp dans l'autre. P. Billotte, Considérations stratégiques,1957, p. 4012.
En partic., arg. ,,De malfaiteur devenir indicateur de police`` (Esn. 1966).
Spéc., ÉLECTRON. [En parlant d'un circuit électron.] Passer d'une position à l'autre (cf. bascule). TÉLÉV. ,,Passer, à l'antenne, d'une source d'image à une autre`` (Voyenne 1967).
II.− Emploi trans.
A.− [Le plus souvent le compl. d'obj. désigne une chose] Renverser, faire tomber en déséquilibrant :
13. Le grand porte-gerbes peut recevoir trois ou quatre gerbes à la fois, après quoi le conducteur le bascule pour déposer les gerbes en tas à terre. T. Ballu, Machines agricoles,1933, p. 437.
14. Le sel, après tirage, est jeté sur le manteau où il commence à s'égoutter. Il est ensuite chargé dans les wagonnets qui sont basculés dans des magasins appelés salorges placés en contre-bas. J. Stocker, Le Sel,1949, p. 56.
Au fig. :
15. « Ils comptent beaucoup sur l'affaire Cadaillac pour me basculer (...) C'est Rougeot qui parlera (...) Pas commode, ce Rougeot (...) Il a de l'estomac! ... » A. Daudet, Numa Roumestan,1881, p. 292.
Faire basculer :
16. On n'entendait rien que (...) ces rumeurs insaisissables de mouches qui volent ou de gros insectes noirs faisant basculer les feuilles mortes. Maupassant, Mont-Oriol,1887, p. 242.
17. Notre lutte finit à son avantage, et il [Max] me fait basculer complètement sur son bras, tête en bas et pieds en l'air, jusqu'à ce que je crie : « Au secours »! et qu'il me remette debout. Colette, La Vagabonde,1910, p. 188.
P. métaph. :
18. Ce n'est plus, jusqu'à la limite du ciel, qu'une seule et immense courbe jaune ou blanche sur laquelle rien n'existe, pas un mouvement, pas un bruit. Il semble qu'une mouche, tant la solitude est mortelle, suffirait en volant à faire basculer l'horizon. F. Jammes, Almaïde d'Etremont,1901, p. 189.
19. ... il [Solage] n'arrivait jamais à percevoir l'instant où il ferait basculer vers l'amour cette tendance familière... J. de La Varende, Amours,1944, p. 176.
Rem. On peut faire basculer un être ou une chose. Mais on ne bascule qu'une chose tandis qu'on fait basculer quelqu'un à moins que l'on considère la personne que l'on fait basculer déjà comme un inanimé : on est alors dans la lang. fam. et arg. (ex. 15).
B.− Arg. Basculer un godet. Vider, boire un verre en le renversant en direction de la bouche (G. Sandry, M. Carrère, Dict. de l'arg. mod., 1953, p. 24). Basculer qqn. Lui donner la bascule (cf. bascule B 2 b). ,,Secouer, par force, par brimade`` (Esn. 1966). Envoyer à la bascule. Guillotiner (A. Delvau, Dict. de la lang. verte, 1867, p. 32).
Prononc. : [baskyle], (je) bascule [baskyl].
Étymol. ET HIST. − 1. 1377 baculer « battre, frapper sur le derrière » (Lit. remiss. ann. 1377 in Reg. 112 Chartoph. reg. ch. 106 [A.N. JJ 112, pièce 106 d'apr. Gdf. Compl.] dans Du Cange, s.v. baculare : Jehan Pastor exposant, par esbattement avec plusieurs autres de la ville pristrent icellui Lambertet et en disant : Vous devez estre vannez ou baculez; car vous avez routé la feuille du til [...]) − 1611 basculer (Cotgr.); baculer, encore attesté dans Mén. 1750 au sens de « frapper à coups de bâton », est demeuré dans certains dial. (cf. p. ex. Zél. Baculer. Prendre qqn. d'un côté par les pieds, de l'autre par les bras et lui frapper le derrière contre la terre); 2. a) fin xvies. baculer « faire un mouvement de bascule » (d'Aubigné, Hist., III, 15, 1reéd. dans Gdf. Compl. : [...] lesquels, se jettans de plain jour sur le pont levis, l'empescherent de baculer [...]); b) 1801 au fig. basculer (Mercier, Néologie, t. 1, p. 70 : Basculer dans sa conduite, suivre toutes les alternatives de la chance des événements); c) 1845 trans. « faire faire un mouvement de bascule » (Besch. Suppl. : Basculer une planche, une charrette). Baculer composé de l'adv. bas* et de cul*, dés. -er; la signification primitive est « frapper le derrière contre terre »; le sens de « frapper avec un bâton » paraît dû à un rapprochement fautif avec le lat. class. baculum « bâton »; altération en basculer d'apr. le déverbal bascule* d'où sont dérivés les différents emplois du sens 2.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 169.
DÉR. 1.
Basculable, adj.,néol. d'aut. Qui peut basculer, que l'on peut faire basculer. « La maison pour soi » absolument démontable, basculable − transportable. (Céline, Mort à crédit,1936, p. 442). 1reattest. 1936 id.; dér. de basculer, suff. -able*. Fréq. abs. littér. : 1.
2.
Basculage, subst. masc.Action de basculer; résultat de cette action. Le basculage [des wagons] peut se faire en avant ou sur le côté (P. Bresson, Manuel du prospecteur,1923).En partic., impr. ,,Procédé mécanique ou non consistant à remettre sur la même machine un tirage déjà fait, en basculant le papier (en le retournant), de façon à imprimer une seconde fois au verso`` (Cham. 1969). 1reattest. 1912 (J. Escard, Les Lampes électriques, p. 351); dér. de basculer, suff. -age*.
BBG. − Duch. 1967, § 30.