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BASANE, subst. fém.
A.− PEAUSS. Peau de mouton servant à divers usages en maroquinerie, reliure, chaussure, selon la préparation qu'elle a reçue :
1. Ils passèrent par une galerie en encorbellement sur la cour, et entrèrent dans une grande salle éclairée par une girandole placée sur une torchère de bois doré. Les parois étaient couvertes de tentures en basane dorée, gauffrée et nervée comme le dos d'un livre. P. Borel, Champavert,Dina, la belle juive, 1833, p. 133.
2. La troisième espèce animale qui fournit le cuir est le mouton avec la peau duquel on prépare : La basane, peau blanche qui sert à différents usages et qu'on passe au tan, écorce de chêne broyée ou au redon, nom vulgaire du fustet. (...). En résumé, les cuirs qui nous intéressent sont les suivants dérivés : ... Du mouton et de l'agneau, qui donnent : basane, canepin. J. Closset, Le Travail artistique du cuir,1930, pp. 5-6.
Argot
a) Amadou.
Rem. Attesté dans Michel 1856, Larch. 1880, France 1907, La Rue 1954, Esn. 1966.
b) Peau humaine :
3. ... chacun rapportant sur son visage non pas, comme d'habitude les morts, une ressemblance avec quelque inconnu entrevu dans un orchestre ou une diligence, mais la ressemblance exacte avec le camarade d'à côté; et dix corps en basane et en muscles, (...) tous divers, ressemblant tous (...) à des chiens, à des chevaux, à des dogues, l'un à un chat, le midship à une femme, avec des poches toujours vides si ce n'est de tabac et de pipes, mais dont presque tous les corps portaient le nom et les aventures... Giraudoux, Suzanne et le Pacifique,1921, p. 156.
Rem. Attesté dans La Rue 1954, Lar. encyclop., Sandry-Carr. 1963, Esn. 1966; cf. également France 1907.
Tailler une basane. ,,Proposer par dérision un morceau de sa peau, en faisant le geste de se taper la cuisse vers l'aine, « le pouce servant de pivot et le petit doigt d'aile marchante » et, en disant : « Tiens! v'là pour ta sœur... » (cav., 1881)`` (Esn. 1966) :
4. « Je lui demandais mon argent. Un jour il me fait une basane, en me disant : Des mouchettes! voilà ce que tu auras. » (J. Moinaux, [18]81). L. Larchey, Dict. hist. d'arg.,2esuppl., 1883, p. 12.
Rem. Attesté dans France 1907, La Rue 1954 : ,,Faire une basane. Défier du geste``. Cf. également E. Titeux, Saint-Cyr et l'École spéc. milit. en France, 1898, p. 427; Ch. Virmaître, Dict. d'arg. fin-de-siècle, 1894, p. 29. L. Larchey, Dict. hist. d'arg., 2esuppl., 1883, p. 12, et Nouv. suppl., 1889, p. 18, le rattache à pantalons de cavalerie (cf. infra B).
c) Basane de tringlo. ,,Vieille prostituée`` (Esn. 1966); (cf. également Nouguier, Notes manuscrites interfoliées au Dict. de Delesalle, 1900, p. 29).
B.− Peau souple qui garnit en partie les pantalons des cavaliers :
5. ... il avait quelque part, en ville, chez un ami, une complète tenue de fantaisie pour les jours de grandes permissions : un dolman de sous-officier dont il avait fait changer les galons et rétrécir le collet, ainsi qu'un pantalon de cheval, retouché sur lui-même par le maître tailleur et dont les basanes ajustées singeaient la botte, à distance, avec quelque chance d'illusion. Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 1repart., 1, p. 11.
Au fig. :
6. J'ai des parents riches, oui, ma tante Arnoult, d'abord, mais solide à soixante ans comme un fond de basane, riche comme une pierre à fusil, une femme à m'enterrer... Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 78.
Arg. La basane. ,,La cavalerie`` (Esn. 1966); cf. également E. Titeux, Saint-Cyr et l'École spéc. milit. en France, 1898, p. 632; Lévy-Pinet 1894, p. 50).
Être dans la basane. Être dans la cavalerie. (Attesté dans Lar. 20e, Lar. encyclop.). Fine basane. ,,Cavalier de l'École Saint-Cyr. Allusion au pantalon basané...`` (L. Larchey, Dict. hist. d'arg., Nouv. suppl., 1889, p. 104). Sec de basane. ,,Refusé pour la cavalerie (Saint-Cyr 1903)`` (Esn. 1966).
SYNT. Basane noire, rouge, verte; chaises garnies de basane; fauteuil de basane; volumes reliés en basane.
Prononc. : [bazan]. Pour [ɑ] post. à la 1resyll., cf. basalte.
Étymol. ET HIST. − Ca 1150 bazan « peau de mouton tannée » (Charroi de Nîmes, éd. D. McMillan 1150 : Alun et graine et poivres et safran, Peleterie, bazan (var. bezanne ms. A3d'après l'éd. J.-L. Pérrier) et cordoan Et peaux de martre); 2emoitié xiiies. basane (Phelipot Paon, Dit des Marcheans dans A. de Montaiglon & G. Raynaud, Recueil gén. des Fabliaux des XIIIeet XIVes., t. 2, p. 126). Empr. à l'a. prov. besana, basana (G. Fagniez, Doc. rel. à l'hist. de l'industr. et du comm. en France, t. 1 dans Coll. textes pour servir à l'ét. et l'enseign. de l'hist., t. 22, p. 331, xiiies., Archives Narbonne), lui-même empr. à l'esp. badana (xves. dans Al.; une 1refois en 1050 sous la forme vatanna dans Cor. t. 1), de l'ar. baṭāna « doublure » (FEW t. 19, p. 29b), ar. class. biṭāna (Lok., p. 26). Le caractère tardif des attest. d'a. prov. et d'esp. s'explique par la qualité techn. du mot; la forme basane issue de badana ne peut s'expliquer que par un intermédiaire prov.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 52.
BBG. − Brüch (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 299. − Sain. Lang. par. 1920, p. 141.