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BARRER, verbe trans.
I.− [Correspond à barre I] . Munir d'une barre.
A.− Consolider au moyen d'une barre. Barrer une table, barrer le fonds d'un tonneau (Ac. 1835-1932).
B.− Fermer à l'aide d'une barre :
1. Il avait fallu barrer les portes, faire de nuit des rondes avec un fusil autour des bâtiments. Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 259.
1. P. ext.
a) Fermer un passage (en plaçant un obstacle en travers), obstruer. Deux pièces de canon et des fourgons barraient la porte (Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 1, 1870, p. 308):
2. Le postillon descendit et jeta un cri d'alarme en trouvant des cordes tendues d'un arbre à l'autre, ce qui barroit le chemin : ... Balzac, Annette et le criminel,1824, p. 111.
3. Un, deux... cinq miliciens quittèrent le camion renversé, coururent vers les arbres, tombèrent l'un après l'autre. Le camion barrant la route, ceux qui le suivaient s'étaient arrêtés. Malraux, L'Espoir,1937, p. 484.
Rem. Une personne peut aussi barrer un passage :
4. Armé du pistolet d'arçon du maréchal des logis, Fabrice avait repris fièrement sa faction lorsqu'il vit arriver à lui sept hussards montés : il s'était placé de façon à barrer le pont, ... Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 65.
5. Mais les gens de l'hôtel de la Tête noire n'étaient pas assez nombreux pour barrer entièrement la rue; ... Champfleury, Les Bourgeois de Molinchart,1855, p. 6.
VÉN. Barrer une enceinte. La parcourir avec un chien barreur*.
P. métaph. ou au fig.
Barrer qqc.S'y opposer. Avec une froide et infranchissable règle, elle barrait tous mes caprices (Baudelaire, Petits poèmes en prose,1867, p. 194).Barrer la route, le chemin (à qqn). Faire obstacle (à qqn) :
6. J'ai soutenu brillamment à Châlons-sur-Marne la candidature d'un radical modéré, pour barrer la route au conservateur. Bernanos, L'Imposture,1927, p. 420.
7. Tu prétendais non à l'amour mais à un culte. Tu as barré ma route. Tu t'es dressée sur mon chemin comme une idole. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 867.
Barrer qqn.L'empêcher d'agir à sa guise, entraver ses projets.
b) Spéc., MÉD. VÉTÉR. Barrer une veine. ,,Empêcher le sang d'y arriver au moyen d'une ligature`` (DG).
Au fig. Causer une sorte de contraction à. L'angoisse lui barrait l'estomac (Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 195):
8. ... à ce moment, la vue de la viande déposée sur la table, lui souleva le cœur; il prescrivit qu'on la fît disparaître, commanda des œufs à la coque, tenta d'avaler des mouillettes, mais elles lui barrèrent la gorge; ... Huysmans, À rebours,1884, p. 218.
2. P. anal. Être disposé en travers de :
9. Elle s'était laissée glisser, assise à demi contre le mur, muette de terreur, devant le poing dont le prêtre la menaçait. Ses cheveux se dénouaient, une grande mèche blanche lui barrait le front. Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 1176.
10. Les missels tremblaient dans leurs doigts. Angles verts, aurore et bleus, des rubans hiérarchiques barraient les pèlerines plates des pensionnaires que guidaient, mains jointes, des dominicaines entraînant de longs manteaux noirs ouverts sur la croix de Malte de leurs robes en bure jaune. Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 327.
Spéc., VÉN. ,,On dit d'un chien qu'il barre lorsqu'il balance sur la voie et la cherche à droite et à gauche`` (Baudr. Chasses 1834). Barrer une enceinte. ,,Passer à travers une enceinte avec un limier pour tâcher de mettre le cerf debout`` (Baudr. Chasses 1834).
Rem. Attesté dans les dict. du xixeet du xxesiècle.
II.− P. anal. [Correspond à barre II B]. Marquer d'une ou de plusieurs barres :
11. « ... vous ne barrez point vos t. Comment pouvez-vous ignorer à votre âge qu'un t doit être barré? C'est inexplicable! » A. France, Les Désirs de Jean Servien,1882, p. 155.
12. ... Issy-les-Moulineaux nous avait renvoyés, juste pour Noël, deux mois et demi après la commande. Ces bons étaient barrés d'un gros trait au crayon bleu, une main énergique avait écrit dans un coin : Bons retournés. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 297.
Spécialement
Rayer quelque chose d'un trait pour l'annuler :
13. Je crois qu'il faudra barrer deux ou trois phrases qui pourraient faire rire hors de saison. Valéry, Correspondance[avec Gide], 1898, p. 324.
DR. COMM. Barrer un chèque. Tracer en diagonale sur un chèque deux barres parallèles afin qu'il ne puisse être touché que par l'intermédiaire d'un institut bancaire ou un centre de chèques postaux.
Argot
Abandonner. Balanstique ta garce, barre-la sans secousse (A. Bruant, Dict. fr.-arg.,1905, p. 2).
Emploi pronom. S'en aller :
14. Si tu l'avais vu se barrer avec sa patte amochée, je te jure qu'il était marrant. Dorgelès, Les Croix de bois; 1919, p. 217.
III.− MAR. Tenir, manœuvrer la barre du gouvernail :
15. Le pilote (...), fit un geste amical au matelot de barre qui ne se départit pas pour cela de son flegme nordique, remercia pour l'excellent accueil qui lui avait été fait, enjamba le bordage et disparut le long de la coque. Le matelot, qui barrait son voilier, le reçut à bras ouverts, et bientôt de la passerelle de l'Étoile-des-mers, en route de nouveau, on aperçut le petit navire dansant comme un bouchon, à un mille, sur une houle grise, ... Peisson, Parti de Liverpool,1932, p. 9.
Absolument :
16. − Tu as déjà navigué? − Oui. − Où çà? − En Suisse, sur le lac de Neuchâtel. − Tu sais barrer? − Bien sûr. J'avais un petit lougre qui filait comme une flèche, remontant le vent au plus près. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 172.
Prononc. : [bɑ ʀe] ou [baʀe], (je) barre [bɑ:ʀ] ou [ba:ʀ].
Étymol. ET HIST. − 1. 1144 « consolider à l'aide d'une barre » (Charroi Nîmes, éd. Jonckbloet, 968 dans T.-L. : Chars et charretes cheviller et barrer); 1680 barrer un luth (Rich.); 1100-74 « fermer à l'aide d'une barre » (Wace, Rou, éd. H. Andresen, Heilbronn, 1877, II, 2100 : Les portes unt barrees e par dedanz tenues); 1429 fig. dr. « faire opposition à (qqc.) » (Affranch. d'Oiselay, Arch. H.-Saône E/143 dans Gdf.); xves. id. « faire obstacle à (qqn, qqc.) » (Littl., Instit., 82, Houard, ibid.); 2. mar. 1831 (Will. : Barrer [...] mettre trop la barre du gouvernail d'un bâtiment); d'où 1900 en gén. (DG : Barrer. Tenir, manœuvrer la barre du gouvernail); 3. a) fin xiiies. « marquer d'une barre » (Chastelain de Coucy, éd. Crapelet, 1231 dans T.-L. : Il portoit un escu barré, Bien sai, de geulles et de vair); b) 1690 (Fur. : Barrer, se dit encore des lignes et ratures qu'on fait sur un acte pour en annuler des clauses, ou même toute substance, quand on barre les signatures); 4. 1866 arg. (A. Delvau, Dict. de la lang. verte, p. 24 : Barrer. Abandonner son travail); l'éd. de 1867 précise ,,dans l'argot des marbriers de cimetière``; d'où 1866 pronom. se barrer « partir » (d'apr. Esn.); cf. 1867 (A. Delvau, loc. cit., p. 11). Dér. de barre*; dés. -er; 4 peut-être dér. de barre* dans l'expr. partir de barres « partir sur-le-champ », attestée dep. Ac. 1762.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 898. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 417, b) 1 365; xxes. : a) 2 056, b) 1 492.
BBG. − Carmignac (J.). Un Équivalent fr. de l'araméen gazir. R. de Qumran. 1963, t. 5, pp. 277-278. [Cr. Sindou (R.). R. intern. Onom. 1964, t. 16, pp. 76. -77]. − Pohl (J.). La Maison dans les fr. marginaux. Vie Lang. 1969, p. 82. − Sain. Lang. par. 1920, p. 386.