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BARQUE, subst. fém.
A.−
1. Petit bateau ponté ou non, avec ou sans mât(s) et de faible capacité. Barque à rames, à voiles; barque de pêche(ur), de sauvetage; barque frêle, rapide :
1. ... un passeur était assis sur la proue de sa bèche, espèce de barque abritée sous des toiles ou pavois, comme une gondole. Borel, Champavert,Dina la belle Juive, 1833, p. 149.
2. ... les canots, eux aussi, s'éloignaient vers les barques, un homme à l'arrière, qui godillait, un homme à l'avant... Queffélec, Un Recteur de l'île de Sein,1944, p. 125.
SYNT. Barque à eau. ,,Petit bâtiment non ponté dont on se sert pour le transport d'eau douce, ou d'eau de mer pour les salines`` (Besch. 1845). Barque à vivier. ,,Barque destinée au transport du poisson vivant`` (Guérin 1892). Barque d'avis ou aviso. ,,Barque destinée au transport d'ordres`` (Nouv. Lar. ill.). Barque de lamaneur, barque lamaneuse. ,,Celle qui, au Havre, sert pour toutes sortes de pêches`` (Ac. Compl. 1842). Barque latine. ,,Barque à voiles triangulaires`` (Lar. 20e) :
3. C'était un gonflement comme un réseau de mer que l'on a retiré de la vague marine. C'était un tremblement comme un filet amer que l'on a mis à sécher sur la barque latine. Péguy, La Tapisserie de Notre-Dame,1913, p. 819.
Arrimage en travers de barque. Arrimage dans le sens latéral au lieu du sens horizontal. P. ext., en parlant de poids lourds, camions, locomotives, etc. (d'apr. Le Clère 1960) :
4. − C'est Cléristin? dit la vieille [marchande de tabac] ... Je n'ai pas encore ton tabac sous la main. Tu m'as tout salopé en foutant mes trucs barque à travers. Ton tabac est là-dessous dans ces caisses. Giono, Le Hussard sur le toit,1951, p. 178.
Rem. 1. Le mot est empl. en poésie comme synon. de navire (cf. Péguy, La Tapisserie de Notre-Dame, 1913, p. 676 et Le Clère 1960). 2. Péj. ,,Le nom de barque se donne aussi par dérision à un bâtiment qui a de mauvaises qualités`` (Will. 1831).
P. méton. Ensemble de personnes installées dans une barque :
5. Mais on verra qui je suis... Le père! Le Bœuf! Le patron! ... Allez! Tout le monde en bas. (Il crie vers l'escalier.) Qu'elles dévalent toutes, toutes! La Parisienne, avec sa peinture! Les filles, les cousines, les pensionnaires, les employées! Toute la barque! Toute la barque! Audiberti, Les Femmes du Bœuf,1948, p. 124.
[P. anal. de fonction] Barque aérienne, barque-oiseau, barque volante (Guilb. Aviat. 1965).
2. P. métaph. ou au fig.
6. Il y a dans les traditions littéraires un double fleuve. Le premier coule à découvert; le second, occulte, fut jusqu'en ces dernières années insoupçonné. Ces deux littératures roulent sur le même fond de sable : l'homme et ses vieux malheurs; très souvent, ils s'en vont, parallèles, l'un à fleur de terre, l'autre dedans, − portant au même but, le définitif oubli, d'identiques barques. Gourmont, Esthétique de la lang. fr.,1899, p. 257.
7. Ce petit garçon qui, à sept ans, débarqua là, d'un bateau que l'opulence de son père avait affrété pour l'amener de Guadeloupe en France faire ses études, y était rapporté par les flots de la vie, dans la barque étroite et triste que l'on sait [son cercueil]. F. Jammes, Mémoires,1922, p. 76.
En partic.
a) MYTH. et POÉT. La barque de Caron (pop. la barque à Caron), la barque fatale, infernale, ou simplement la barque. ,,La nacelle dans laquelle les anciens poètes supposaient qu'après la mort les âmes traversaient le Styx pour entrer dans les enfers`` (Ac. 1932). P. ext., la mort. Passer dans la barque (de Caron). Mourir :
8. Ah! je voudrais par quelque pouvoir de conjuration que lui aussi [Allan] m'endorme avec lui pour toujours, me fasse mourir à ce monde de fantômes, et, couchés côte à côte dans la barque funèbre, glisser, enfin morts au monde, vers ce pays inconnu dont une malédiction l'exile et que tout lui rappelle. Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 131.
b) [La barque errante est le ,,symbole immémorial de la destinée humaine`` (Huyghe, Dialogue avec le visible, 1955, p. 336).] Entreprise, intérêts, affaires privées ou publiques. (Bien/mal) conduire, gouverner, mener la/sa barque. Commander; diriger bien ou mal ses propres affaires ou les affaires publiques :
9. Comprends donc une bonne fois que j'ai résolu de mener seul ma barque. Estaunié, L'Ascension de M. Baslèvre,1919, p. 224.
c) [La barque est le symbole de l'Église gouvernée par le pape, en tant que successeur de saint Pierre le pêcheur] La Barque de l'Apôtre, la barque du pêcheur :
10. Voilà ce que j'ai vu par le nocturne espace, en ce monde où l'Agneau divin bêle et trépasse pour l'âme et pour la chair d'Adam dur et têtu; où le Sang qui nous lave a perdu sa vertu; où la barque de Pierre, aux trois courants livrée, heurte les rocs aigus, et s'en va, démembrée, en haute mer, portant, sous les cieux assombris, la pauvre Chrétienté qui charge ses débris. Leconte de Lisle, Poèmes barbares,1878, p. 346.
Fam. Mener (qqn) en barque. (L')induire en erreur, (le) tromper, se moquer de (lui) :
11. ... quand je vous vois vous acharner à vous mener vous-même en barque, (...), quand je vous vois vous enfoncer dans le mensonge, (...), non que vous mentiez, (...)! mais parce que vous n'arrêtez pas de prendre le faux pour le vrai, de choisir le faux, de préférer le faux, j'ai envie de la prendre, votre tête, (...), et de la poser, crac, devant la vérité, la véritable vérité. Audiberti, Le Mal court,1947, III, p. 182.
B.− Emplois techn.
1. PÊCHE. ,,Sorte de viviers occupant toute la superficie d'une barque pour le transport du poisson vivant`` (Nouv. Lar. ill.).
2. TECHNOLOGIE :
12. ... la gemme [de pin] est conservée dans d'immenses réservoirs en bois auxquels on donne le nom de barques. Ch. Coffignier, Les Vernis,1921, p. 118.
a) ,,Cuve en bois utilisée dans l'industrie de la teinture et de l'apprêt des tissus, pour contenir certains bains dans lesquels on fera circuler l'étoffe à traiter`` (Duval 1959).
b) ,,Sorte de bassin ou grand baquet pour les brasseurs`` (Lar. 19e).
Prononc. : [baʀk]. Enq. : /baʀk/.
Étymol. ET HIST. − [1238, d'apr. son dérivé barquette*]; début xives. barque de cantier « le plus gros canot de bord, chaloupe d'un bateau de mer » (Philippe de Novare, Mémoires, éd. C. Kohler, Paris, 1913, p. 98 : Il et sa gent se recuillirent en la barque de cantier o grant avoir que il portoyent). Rem. Fin xiies. indiqué par Kluge20, s.v. Barke pour une forme pic. n'est pas confirmé par la documentation. Étant donné le caractère en partie italianisant du texte dont est tirée la 1reattest. fr. (l'aut. est Philippe de Novare, né en Italie), plus prob. empr. à l'ital. barca (Brunot t. 16, p. 209; Kohlm., p. 31; Wind, p. 134; Vidos, p. 236; Sar., p. 43), attesté dép. début xives. (Dante, Inf., 8-25 dans Batt.) qu'à l'a. prov. barca (REW3, no952; Cor. t. 1); barca, de même que l'a. prov. barca (dep. xives., Vie de St Honorat dans Rayn.), l'esp. barca (dep. ca 1140, Cid d'apr. Cor.) et le port. barca (dep. 911, texte de lat. médiév. d'apr. Mach.) est issu du lat. tardif hisp. barca (v. barge).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 245. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 338, b) 3 572; xxes. : a) 3 965, b) 2 399.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 168, 262, 264. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 214, 216. − Kemna 1901, p. 53, 55, 68; pp. 75-76, 114-115; p. 157, 221. − Lammens 1890, pp. 45-46. − Quem. 2es. t. 2 1971, p. 13. − Sar. 1920, p. 43.