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BARGUIGNER, verbe intrans.
A.− Vieilli. Marchander plus ou moins longuement :
1. phèdre (à Socrate). − ... Issu d'aventures étonnantes (...) ayant observé de ses propres yeux les météores qui ne se rencontrent presque jamais; rusé avec les poissons les plus subtils; séduit les marchands les plus durs, embobiné les plus infidèles; et barguigné çà et là, quant au salaire (...) avec bien des aigres prostituées, − cet homme [un Phénicien], le croirais-tu? quand il revenait des périls, allait (...) s'entretenir avec les savants hommes... Valéry, Eupalinos ou l'Architecte,1923, p. 125.
Rem. Attesté dans Besch. 1845, Guérin 1892, DG, Rob.
B.− Fam. [P. réf. à la longueur de certains marchandages] Hésiter, ne pas arriver à se décider, mettre du temps à agir. Il n'y a pas à barguigner :
2. ... il [d'Argenson] a gardé du seizième siècle des débris de locutions qui effaroucheraient même le plumitif du greffe et qu'il emploie sans hésiter, sans barguigner... Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 14, 1851-62, p. 242.
Rem. Attesté dans tous les dict. gén. du xixeet du xxes.; seul sans barguigner semble encore usuel (cf. ex. 2).
Prononc. ET ORTH. : [baʀgiɳe], (je) barguigne [baʀgiɳ]. On trouve également les formes barguiner (Dupin-Lab. 1846, Rheims 1969), braguigner (H. Coulabin, Dict. des loc. pop. du bon pays de Rennes en Bretagne, 1891).
Étymol. ET HIST. − 1. 1165-70 trans. bargaignier « marchander » (B. de Ste Maure, Troie, éd. L. Constans, 11. 420 dans T.-L. : De grant neient entre en barate, Qui ço bargaigne qu'il n'achate); ca 1165 barguignier (G. d'Arras, Eracle, éd. Loeseth, 1344, ibid.). − Trév. 1771; noté comme appartenant au ,,style familier`` dep. Ac. 1740 et comme ,,très ancien`` par Trév. 1752; 2. 1234 barguaignier de « hésiter au sujet de (qqc.) » (Huon de Mery, Torn. Antecr., 2049 dans Gdf. Compl. : Barguaignier de la departie De l'une et de l'autre partie); 1400-22 emploi abs. sans barguigner (Monstrelet, Chron., 1. I, ch. XXVII, ibid.). Barguigner, attesté en lat. médiév. sous la forme barcaniare « faire du commerce » (ixes., Capit. reg. Franc., 271 et 302, 10 dans Mittellat. W. s.v., 1374, 47), barganniare (Leg. I Eadweard, tit. 1, text. Quadripart., Liebermann, I, p. 139 dans Nierm.), (cf. aussi le dér. barganaticum « impôt sur les marchandises » attesté dès 752-68 : Dipl. Pipp., 19 dans Mittellat. W. s.v., 1374, 36) est, selon l'hyp. communément reçue (EWFS1; FEW t. 15,2, p. 190b; v. aussi Ulrich dans Z. rom. Philol., t. 3, pp. 265-266), empr. à un a.b.frq. *borganjan, issu du croisement d'un frq. *borgen (all. mod. borgen « prêter, emprunter ») avec l'a.b.frq. *waidanjan (gagner*); le passage de -or- à -ar- s'explique par l'infl. de *waidanjan ou par assimilation régressive. Le passage de bargaignier à barguigner s'est peut-être fait par attraction de engigner (engeigner*); au sens 2 cf. a.fr. bargaigne « hésitation » (déverbal de barguigner « hésiter ») dès ca 1195, J. Bodel, Saxons dans T.-L. Une nouvelle hyp. a été proposée par Gamillscheg, Rom. Germ.2, t. 1, p. 293 et EWFS2: les formes de lat. médiév. remonteraient à un *barwaniare, issu d'un frq. *warbanjan, dér. du subst. *warb. Ce subst. peut en effet se déduire du m.h.all. warb « action de tourner; affaire, métier » (Lexer30), a.dan. hvarv « industrie, métier », m.b.all. werf, warf « id. », subst. qui se rattachent eux-mêmes aux verbes a.h.all. hwerfan et hwerban « se tourner, s'en retourner, exercer (une profession) », all. mod. werben « rechercher » (Falk-Torp, s.v. Hverve-hverv). Cette hyp., suppose la métathèse (non attestée, mais phonét. rég.) *warbanjan > *barwanjan; il semble d'autre part que le sens de l'étymon orienterait plutôt vers l'activité propre au producteur que vers celle du client acheteur. L'étymon gr. π ρ α ̃ γ μ α « affaire, entreprise », par l'intermédiaire d'une forme *π ρ α ́ γ α μ α, véhiculée à travers le vénitien (Brüch dans Z. fr. Spr. Lit., t. 49, pp. 297-298), fait difficulté des points de vue phonét. et historique.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 25.
BBG. − Brüch (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 297. − Feugère (F.). La Volière de Marie de France. Déf. Lang. fr. 1970, no54, p. 10. − Kuhn 1931, p. 52.