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BARBOTER, BARBOTTER, verbe.
I.− Emploi intrans.
A.− Usuel
1. [Le suj. désigne gén. un animal aquatique] Remuer dans l'eau ou dans la boue :
1. Le naufragé se tenait sur la plate-forme, tandis que le poisson destiné à sa subsistance barbottait en dessous. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 268.
2. Spéc. [Le suj. désigne le plus souvent un volatile] Chercher sa nourriture dans l'eau, dans la vase, etc., en fouillant bruyamment avec le bec :
2. Il n'est aucun animal qui manque d'organes nécessaires à son genre de vie, ou qui en ait de superflus. Les oiseaux aquatiques qui barbotent dans les vases des rivières pour y chercher des racines ou des vers, ont le bec large et aplati, tels que les canards, les oies, les cygnes. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 90.
B.− P. anal.
Fam. [Le suj. désigne une pers.]
1. S'ébattre dans l'eau, en général sans y entrer complètement faire trempette ou faire un brin de toilette :
3. Le colonel, enfoncé jusqu'au menton dans l'eau tiède, barbotait avec volupté, lorsque, tout à coup, la lumière s'éteignit. R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 425.
2. Marcher péniblement dans l'eau sale ou dans la boue; patauger :
4. ... le captif avait toute liberté d'aller disputer sa pitance parmi les chiens, licence de barboter dans la boue en dehors des remparts, autour du camp volant, aux abords de l'aoul, sur la place du village, dans la cour de la caserne, ... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 383.
P. ext., péj. et arg. Faire le trottoir :
5. − Aucune des puissances femelles que tu nommes n'a barboté dans la rue, dit Finot, et ce joli rat a roulé dans la fange. Balzac, Spendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 21.
C.− Au fig., fam. [Le suj. désigne une pers.]
1. Parler d'une manière confuse ou inintelligible; s'embrouiller dans ses explications. Synon. bredouiller, marmonner :
6. Selon l'exemple fameux de ce philosophe, l'homme qui disait « ma cour s'est envolée dans la poule de mon voisin » exprimait encore une vérité sur la situation de ses organes parleurs, ou pour autrement dire, sur la disposition de son imagination qui lui faisait prononcer un mot pour un autre. Et n'est-il pas évident qu'un homme qui veut être parfaitement sincère doit barboter n'importe comment; ... Alain, Propos,1934, p. 1229.
2. Avoir peine à surmonter certains problèmes d'ordre matériel, intellectuel ou moral; se perdre dans une situation difficile ou dégradante :
7. Pourquoi, lorsque vous voyez MmePrudhomme coudoyer Nana, déclarer que la première est vertueuse? La vertu c'est de ne pas se noyer. La dame n'a jamais barboté dans la misère, vous ne savez pas si elle surnagerait. Frapié, La Maternelle,1904, p. 156.
3. Péj. Se livrer à des opérations financières malhonnêtes; trafiquer :
8. Pourtant, d'assez gros bénéfices s'annonçaient sur l'emprunt mexicain, (...) : un emprunt de gâchis et de primes folles, dans lequel Saccard regrettait mortellement de n'avoir pu barboter davantage, faute d'argent. Zola, L'Argent,1891, p. 176.
D.− Emplois techn.
1. CHIM. [Le suj. désigne un gaz] Passer à l'état de bulles dans un liquide en l'agitant. Faire barboter un gaz; l'air n'arrive (...) aux substances infusées qu'après avoir barboté dans l'acide (J. Rostand, La Genèse de la vie,1943, p. 76).
2. ÉLEV. Prendre du barbotage*. L'habitude de donner à barboter, une fois par semaine, aux chevaux échauffés et brûlés par l'avoine (L'Avranchin,3 déc. 1876dans Littré).
Rem. Attesté dans Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., Pt Lar. 1906.
3. MARINE
a) [En parlant d'un navire qui a vent contraire] Avancer difficilement en plongeant par l'avant.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
b) [En parlant d'une voile recevant mal le vent] Battre et onduler. Synon. barbeyer, ralinguer.
II.− Emploi trans.
A.− Rare, lang. gén. Tremper, plonger dans l'eau :
9. On entendait, du rez-de-chaussée au sixième, des bruits de vaisselle, des poêlons qu'on barbotait, des casseroles qu'on grattait avec des cuillers pour les récurer. Zola, L'Assommoir,1877, p. 422.
10. ... je nourris mes fourrages pour y accumuler les sucs, sachant que le cheval est avant tout herbivore, que le râtelier importe autant que la mangeoire avec ses grains, ses carottes ou fèves, et le son barboté; ... Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 203.
Rem. Pour l'ex. 10, cf. I D 2.
B.− Argot
1. Fouiller pour voler :
11. − Enfin, nous y voilà! ... cria le duc [à Eugène] (...) Avoue donc que tu lui as barboté les poches [au prince] pour reprendre des papiers que voulait le mari... A. Daudet, La Petite paroisse,1895, p. 303.
2. P. ext. Voler :
12. On m'a bien ramené jusqu'au cantonnement sur une civière, mais non sans profiter de l'occasion pour me barboter mes deux sacs en toile cachou. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 28.
Absol. On décroche la montre et on barbote dans les tiroirs (G. Grison, Paris horrible et Paris original,1882, p. 38).
Rem. On rencontre dans la docum. le subst. masc. barbotis, néol. d'aut. Bruit doux produit par le gazouillement des oiseaux. Le délicat barbotis, enamouré de fraîcheur, d'un bouvreuil (Proust, Le Temps retrouvé, 1922, p. 714).
PRONONC. ET ORTH. : [baʀbɔte]. Pour la graph. barbotter avec 2 t, supra ex. 1.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− Fin xiie-début xiiies. « parler entre ses dents, mal prononcer » (Job, 340, 25 dans T.-L. : Mais par ce ke nos par parfite parole nel pöons espresseir, si lo sonons, coment ke soit, solunc la maniere de nostre humaniteit, barbotant et encombreit d'enfantine floibeteit) − xviiies., les dict. postérieurs ne citant que des ex. du xviiies.; 1845 (Besch. : Barboter. Ne savoir ce que l'on dit, avoir perdu le fil du discours, la liaison de ses idées, déraisonner). II.− 1. Ca 1220 borbeter « s'agiter dans la boue » (Gautier Coinci, Miracles, éd. V.F. Koenig, t. 3, p. 190, v. 634 : Et bien borbete en ort borbier Qui tel borbier va borbetant); 1611 barboter (Cotgr.); 1798 (Ac. : Barboter ... Marcher dans la boue humide s'y crotter); 2. arg. a) 1561 barbetter « fouiller » (Rasse des Nœuds dans Esn. : Je embye a barbetter les tires), attest. isolée; repris début xixes. barboter (F. Vidocq, Les Voleurs, p. 294); b) 1843 « dérober, voler » (Chanson dans Esn. : Tous deux en braves nous barbottions); 1865 (L. L., Goualante de la Courtile, Loos dans Rossignol, Dict. d'arg., 120 : On l'saigne [a pantre], on l'frotte ... On lui barbote tout ce qu'il a); 3. emplois techn. 1831 mar. (Will.); 1865 chim. (Littré-Robin). Orig. incertaine, I dér. de barbe1* (cf. parler dans sa barbe), suff. -eter*, -oter*; II variante de bourbouter « patauger » (ca 1220 G. de Coinci, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, t. 3, p. 190, v. 642 : Plongiez et emborbez sera, Toz jors com boz borboutera), peut-être dér. de bourbe* (suff. -oter*) soit p. infl. de barba pour la forme, soit plutôt par dissimilation (Schuchardt dans Z. rom. Philol., t. 34, p. 217), les formes du type borboter étant encore attestées dans les dial. (FEW t. 1, p. 443a); mais il est certain que très tôt les deux mots se sont mutuellement influencés pour le sens et la forme. L'hyp. proposée pour I par E. Herzog dans Z. rom. Philol., t. 33, p. 476 d'une racine onomatopéique (cf. lat. ballus) avec infl. de barbe1* p. étymol. pop. n'est pas invraisemblable. Beaucoup moins plausible est l'hyp. proposée par le même auteur pour II qui serait issu de bourbe* avec infl. de barbote*, poisson, lui-même dér. de barbe1*. À l'hyp. de P. Marchot dans Rom. Forsch., t. 10, p. 579 selon laquelle I et II seraient issus des deux sens corresp. de l'a. fr. barbeter, le sens de « bredouiller » étant issu de celui de « fouiller dans la boue », s'oppose le fait que bourbeter « bredouiller » n'est attesté que tardivement (xives. Gloss. lat.-fr., Richel, 1. 4120, fo122 vodans Gdf. : Balbucio, bourbeteir).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 149.
BBG. − Bruant 1901. − Duch. 1967, § 31. − Duval 1959. − Esn. 1966. − France 1907. − Herzog (E.). Zur Wortgeschichte : frz. barbote, barboter. Z. rom. Philol. 1909, t. 33, pp. 475-477. − Lammens 1890, p. 43. − Lew. 1960, p. 336. − Littré-Robin 1865. − Rigaud (A.). Poisses d'avril. Déf. Lang. fr. 1971, no57, p. 20. − Sain. Lang. par. 1920, p. 192. − Will. 1831.