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BANDER, verbe trans.
A.− Couvrir, entourer, lier ou serrer avec une bande (cf. bande1) :
1. La cloche sonne, le signal est donné. Ils vont lier mes mains, bander mes yeux; je monterai sur l'échafaud sanglant, et le tranchant du fer tombera sur ma tête... Mmede Staël, De l'Allemagne,t. 3, 1810, p. 121.
2. Et, comme Jeanlin se décidait, il roula son mouchoir, en banda fortement le cou du soldat, sans retirer le couteau, qui empêchait le sang de couler. Zola, Germinal,1885, p. 1493.
SYNT. Bander le bras, les poignets; bander une plaie; bander un enfant de langes.
P. métaph. :
3. Mais puisque tu as bandé ton cœur et que tu es prêt, à l'œuvre, toi et ta fortune! Claudel, Les Choéphores,trad. d'Eschyle, 1920, p. 929.
4. ... elle avait l'air d'une panthère encagée; mais lui, assis, replié sur lui-même, courbé en avant (...), les yeux plissés, la bouche mauvaise, tout bandé par la méchanceté et la lâcheté, il évoquait irrésistiblement une hyène. Montherlant, Le Démon du bien,1937, p. 1351.
P. anal. :
5. ... le pantalon blanc collait à ses cuisses allègres [de Dubourg], bandait étroitement son ventre aux muscles durs, auxquels sa volonté ne permettait aucun relâchement. A. Arnoux, Roi d'un jour,1956, p. 189.
Absol., arg. des casernes. ,,Mettre ses bandes molletières`` (G. Esnault, Notes complétant et rectifiant « Le Poilu tel qu'il se parle », 1956).
B.− P. ext.
1. Tendre avec effort. Anton. débander, détendre qqc. :
6. C'était [Spendius] lui-même qui bandait les écheveaux des balistes. Pour qu'il y eût, dans leurs tensions jumelles, une parité complète, on serrait leurs cordes en frappant tour à tour de droite et de gauche, jusqu'au moment où les deux côtés rendaient un son égal. Flaubert, Salammbô,t. 2, 1863, p. 80.
7. Papadakis tournait et retournait ma badine dans ses grosses pattes et il la tortillait et il la bandait en arc et il la tenait comme un fusil, visant le soleil... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 175.
SYNT. Bander une arbalète, un arc, un câble, un ressort, les scorpions des balistes; bander qqc. de toutes ses forces.
P. métaph. :
8. La volonté de séduire, c'est-à-dire de dominer, les diverses manières de bander un souhait ou un ordre, de les darder vers leur but, je les sens encore élastiques,... Colette, La Naissance du jour,1929, p. 24.
Absol., vulg. Être en état d'érection :
9. Rien que de l'embrasser [MmeC.], aussitôt je bande... Léautaud, Journal,t. 4, 1922-24, p. 364.
Au fig., arg. ,,Éprouver le désir sexuel pour (...) ou avoir envie de quelque chose. `` (Ch.-L. Carabelli, [Lang. de la pègre]). ,,Ex. : il bande pour cette montre et cette bague`` (Ch.-L. Carabelli, [Lang. de la pègre]).
[En parlant de l'effort physique] Bander ses muscles; bander toutes ses forces contre qqn :
10. On nous conte à dîner que les truites et saumons, pour remonter des écluses, bandent leur corps de la tête à la queue et se lancent. Michelet, Journal,1835, p. 210.
11. Comme beaucoup d'hommes petits, il portait des chaussures à grands talons. Il se dressa, se roidit, bandant tous ses muscles pour ne pas perdre une ligne de sa taille. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Désert de Bièvres, 1937, p. 25.
P. métaph. ou au fig. Bander sa volonté :
12. Par contre, au cours de ces derniers pas, un raidissement intérieur bandait sa volonté contre le désespoir et lui enlevait la notion du présent. Estaunié, L'Ascension de M. Baslèvre,1919, p. 235.
13. Comme si le plus sage n'eût pas été de tendre la main au vaincu, de l'aider à se relever, au lieu de s'ingénier à le prosterner davantage, absurdement et sans se rendre compte que, ce faisant, l'on bandait sa rancœur et raidissait ses énergies. Gide, Journal,1940, p. 30.
Emploi pronom. :
14. Chaque muscle du ventre travaillait, se bandait sur les hanches, avec des raccourcissements et des allongements de ressorts;... Zola, La Joie de vivre,1884, p. 1089.
15. Je me contracte, je me bande, je me resserre et m'épaissis sur la neige, où je deviens d'un bleu presque noir... A. Arnoux, Royaume des ombres,1954, p. 52.
P. métaph. Se bander contre une envie, contre l'imprévu.
2. ARCHIT. Bander un arc, une plate-bande, une voûte. ,,Fermer un cintre, en posant le dernier claveau, c'est-à-dire celui du milieu qui est souvent plus saillant que tous les autres et porte le nom de clef de voûte`` (J. Adeline, Lex. des termes d'art, 1884).
PRONONC. : [bɑ ̃de].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Av. 1150 « recouvrir les plaies avec une bande » (Thèbes, éd. L. Constans, 2782 dans T.-L. : De cest cendal bendés mon cors, Car en tant lius sui deplaiés); 1165-70 « renforcer avec des bandes » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 2146, ibid. : Mainte [lance] bandee); fin xiies. « mettre un bandeau sur les yeux de qqn » (Id., Cligès, éd. W. Foerster, 6536, ibid. : Liier le comande et bander); fin xiies. hérald. « garnir de bandes » (Aiol, éd. W. Foerster, 9919, ibid. : un fort escu bendé); 2. fin xiies. bander un arc « tendre » (Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 4442, ibid. : Mes prié vos que cest arc tendez, Et verron com'il est bendez); 1580-92 fig. se bander « se raidir contre qqc. » (Montaigne, II, 2 dans Hug. : Lucrece, ce grand Poëte, a beau philosopher et se bander, le voyla rendu insensé par un breuvage amoureux); 1718 arg (Le Roux, p. 43 : Bander. Mot libre; c'est sentir la résurrection de la chair humaine, être en humeur d'en découdre avec une femme, sentir des demangeaisons amoureuses, appeter l'union). Dénominatif de bande1*; dés. -er; sens 2 p. ext. de la notion de « serrer, comprimer (en tirant bien sur la bande) » contenue dans 1.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 207. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 163, b) 412; xxes. : a) 310, b) 336.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 318.