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BALOURD, OURDE, subst. et adj.
A.− Substantif
1. Personne à l'esprit obtus. C'est un gros balourd; c'est une vraie balourde, une grande balourde (Ac. 1798-1932) :
1. Arnaud Timbalier, archiprince des ventrus et roi des balourds, s'écroula tout à coup avec fracas, entraînant avec lui son laborieux destructeur... L. Cladel, Ompdrailles,1879, p. 63.
2. Parce que vous savez tout. Vous allez lui éviter un horrible faux pas à ce balourd. Et il va accepter, bien sûr, l'hypocrite! trop heureux de jouer le petit jeu! Anouilh, La Répétition,1950, IV, p. 101.
2. Spéc., MÉCAN. ,,Déséquilibre constaté dans une pièce tournante dont le centre de gravité ne se trouve pas sur l'axe de rotation`` (Siz. 1968) :
3. Quelle que soit la machine à meuler, (...) la meule doit être bien centrée, son centre de gravité doit être sur l'axe de rotation : sinon la meule a du balourd, son travail est irrégulier et mal fini. P. Gorgeu, Machines-outils,1928, p. 233.
P. ext., emploi adj. :
4. Étroite de façade, la maison se présentait drôlement à la rue; de biais comme si elle eût voulu amortir tous les choses qui l'ébranlaient. Ses murs de côté s'écartaient en V. On eût dit un vaisseau balourd dont la proue immobile cherchait à fendre le bruit et les ténèbres. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 38.
B.− Emploi adj.
1. [En parlant d'une pers., de ses gestes, de ses attitudes, de ses propos, etc.] Qui manque de finesse, qui est maladroit, grossier :
5. Plus tard et surtout depuis quelques années, où je dînais de temps en temps avec lui chez les Sichel, j'avais découvert, sous l'enveloppe balourde et grossière de l'homme, un loyal garçon. E. et J. de Goncourt, Journal,1883, p. 230.
6. Elle reste là l'air gêné devant mon existence, comme devant un monstre. Elle, si délicate, se croit tenue de poser des questions balourdes, imbéciles, comme en poserait une bonne prise en faute. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 97.
2. Arg. ,,Tout ce qui est faux : papiers, tableaux, bijoux, etc.`` (Le Breton 1960). Même un Corot balourd jette du jus dans un gourbi (Le Breton1960).Sa carte d'identité était balourde (A. Le Breton, Du Rififi chez les hommes,1953, p. 217).
Emploi subst.
Marcher sous des balourds. ,,Circuler sous de faux papiers`` (Le Breton 1960).
Billet de banque faux. Les balourds (...) auraient décarré de l'imprimerie (A. Simonin, Le Cave se rebiffe,1954, p. 200).
PRONONC. : [balu:ʀ], fém. [-luʀd].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1482 subst. « homme maladroit et grossier » ([J. Molinet], Mystère de saint-Quentin, 11795 dans Sain. Sources t. 3, p. 113 : Le Fol : Mes dames et mes demoiselles, Venès danser à ce behourt. On va behorder un balourt − En pus on le rura en l'eau); 1597 adj. fém. « maladroit » (Grangier [Dante, Divine Comédie, trad.] dans DG : Les machoires balourdes Du Cerbere demon); d'où 1953 arg. « faux (d'un inanimé) » (A. Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 235); 2. 1909 subst. mécan. « (en parlant d'une pièce) fait de ne pas avoir son centre de gravité sur l'axe de rotation » (J. Paloque, L'Artillerie de campagne, p. 99 : Tout défaut de construction ayant décentré le projectile lui donne du balourd); 1920 (Lar. 20e: Balourd. Appareil permettant de déterminer l'excentricité d'un obus). Deux hyp. : 1. réfection du m.fr. bellourd « épais, informe (d'un inanimé) » (fin xiiie-début xives. (hapax?) Fabliaux [Guillot, Dit des rues de Paris] éd. Barbazan et Méon, t. II, p. 251, vers 204 dans T.-L.) beslourd « stupide, grossier (d'une pers.) » (dep. 1460, J. Meschinot, Ballade des princes dans Gdf.), formé de lourd* « épais, sans finesse » et du préf. péj. bes- (du lat. bis, Nyrop t 3, § 466) sous l'influence de l'ital. balordo « sot, stupide (d'une pers.) » (dep. xives., Franco Sacchetti dans Batt.), lui-même ou bien formé du préf. lat. bis et de luridus (DEI), ou bien empr. au m.fr. beslourd (Bugge dans Romania, t. 4, p. 355, DIEZ5, REW3, Cor. s.v. palurdo, EWFS2), hyp. que pourrait confirmer la localisation de balordo en Italie du Nord, et peut-être aussi la forme fr. balorde masc. et fém. dans Cotgr. 2. empr. à l'ital. balordo avec réfection d'apr. lourd (Wind, p. 56); dans ce cas m.fr. bellourd, beslourd seraient des formations indépendantes. L'hyp. selon laquelle balourd serait une forme dissimilée de bar- issu lui-même de bes-, ber- par aperture de la voyelle devant r (Cor. loc. cit.) fait difficulté, les formes *barlourd, *berlourd n'étant pas attestées. L'hyp. selon laquelle balourd serait issu de beslourd sous l'infl. de bas, balèvre (FEW t. 5, p. 470a) fait difficulté étant donné la disparité des sens. − v. aussi Sar., p. 51; Nyrop t. 1, § 43; Kohlm., p. 20.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 51.
BBG. − Kohlm. 1901, p. 20. − Lammens 1890, p. 40. − Sain. Sources t. 3 1930, p. 113; pp. 321-322. − Sar. 1920, p. 51. − Wind 1928, p. 56.