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BALAFRER, verbe trans.
A.− [Le suj. est un subst. désignant une pers.] Blesser en faisant une balafre généralement avec un instrument tranchant et spécialement au visage :
1. Ô chaos éternel! Prostituer l'enfance! Ne valait-il pas mieux, sur ce lit sans défense, Balafrer ce beau corps au tranchant d'une faux, Prendre ce cou de neige et lui tordre les os? Musset, Rolla,1833, p. 16.
2. Nu jusqu'à la ceinture et armé de son perpignan, il balafra la gueule de l'hôtesse d'une telle volée que le sang gicla. Elle lâcha tout pour se prendre convulsivement la face. Pourrat, Gaspard des montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 275.
Absolument :
3. Ce sont les mauvais barbiers qui balafrent. P. Borel., Champavert,Passereau, l'écolier, 1833, p. 210.
Emploi pronom. :
4. Pour encourager le peuple, les prêtres tirèrent de leurs ceintures des poinçons et ils se balafraient le visage. Flaubert, Salammbô,t. 2, 1863, p. 111.
P. métaph. :
5. Les Romains ont laissé à ce délicieux pays deux ou trois tours de guerre, des tombeaux, entre autres la sombre et touchante épitaphe de Julia Alpinula, des armes, des bornes milliaires, la grande voie militaire qui balafre ces admirables vallées depuis le Valais jusqu'à Avenches, par Vevey et Attalins, et dont on découvre encore çà et là quelques arrachements. Hugo, Le Rhin,1842, p. 406.
6. ... les moyeux des charrois balafrent les talus des ravins trop étroits. Hugo, La Légende des siècles,t. 2, Le Satyre, 1859, p. 606.
B.− [Le suj. est un subst. désignant l'espèce de blessure ou de cicatrice qui a été faite] Marquer à la manière d'une balafre :
7. Une large blessure sanglante, occasionnée par quelque pointe d'écueil caché, balafrait son visage intrépide et noble. Lautréamont, Les Chants de Maldoror,1869, p. 207.
8. Julioti avec le stigmate du coup de cravache qui lui balafrait le visage, attendait les ordres de son Altesse : ... J. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 35.
1. P. métaph. :
9. ... je le retrouve avec son teint boucané, sa longue mèche de cheveux lui balafrant la figure, ... E. et J. de Goncourt, Journal,1875, p. 1065.
Emploi pronom. :
10. ... ce fut le comble, lorsque le vétérinaire, ayant posé le veau devant lui, voulut essuyer d'un revers de main la sueur qui lui coulait du front. Il se balafra d'une large traînée de bouse, ... Zola, La Terre,1887, p. 265.
Au fig. S'avilir :
11. − Il ne devrait pas y avoir d'autre journal que le Moniteur et d'autre livre que l'Annuaire militaire. M. Gillenormand poursuivit : − c'est comme leur Sieyès! Un régicide aboutissant à un sénateur! car c'est toujours par là qu'ils finissent. On se balafre avec le tutoiement citoyen pour arriver à se faire dire monsieur le comte. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 830.
2. P. anal. [Le suj. est une pers.; le compl. d'obj. désigne une feuille de papier, un livre, etc.] Barrer, biffer
12. J'ai à vous remercier de votre volume que j'ai balafré de coups de crayon. Flaubert, Correspondance,1869, p. 214.
13. ... Cabassu, armé d'un crayon bleu, lisant... quelque élucubration dramatique qu'il biffait, balafrait sans pitié... A. Daudet, Le Nabab,1877, p. 13.
14. ... le docteur, comme à regret, balafra le papier timbré d'un parafe immense. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 894.
P. méton. :
15. Quand vous honorerez mon gîte de votre présence je vous montrerai les coups de crayon dont je vous ai balafrée. Flaubert, Correspondance,1878, p. 123.
PRONONC. : [balafʀe] ou [balɑfʀe].
ÉTYMOL. ET HIST. − Av. 1507 part. passé brelaffrez « ayant une balafre » (Molinet, p. 193 dans La Curne : Ont plusieurs membres coupez : Aucuns ont piedz et poingz griffez. Pour approcher les horions, Et les autres fort brelaffrez, Plaindans leurs grandes passions), graphie isolée; 1546 balafré « id. » (Rabelais, Tiers Livre dans Quem. : couillon balafré); 1580-92 se balaffrer le visage (Montaigne, II, 259 dans Littré). Dér. de balafre*; dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 29.