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BAISSER1, verbe.
I.− Emploi trans.
A.− Mettre à un niveau moins haut.
1. [L'obj. désigne une chose concr. qui, avant le début de l'action envisagée, a une certaine dimension (surtout en hauteur) ou est placée à une certaine hauteur] Mettre plus bas, diminuer la hauteur, faire descendre, faire aller de haut en bas. Baisser les stores. Synon. abaisser, rabattre, descendre :
1. ... une flotte ionienne baissoit ses voiles pour entrer au port de Coronée, comme une troupe de colombes passagères ploie ses ailes pour se reposer sur un rivage hospitalier... Chateaubriand, Les Martyrs',t. 1, 1810, p. 133.
2. Une fois, elle [sa mère] retroussa le bord de sa robe, baissa son bas sur son tibia, montrant une meurtrissure violette... Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 207.
SYNT. Baisser son voile; baisser la vitre (la glace), le rideau, l'abat-jour; baisser le pont-levis (la herse); baisser la visière (du casque).
Pop., fig. Baisser le pantalon, le/son froc. ,,Se soumettre (109eInf., 1917), faire des aveux (voy., 1925), avoir peur ``(ibid., 1950)`` (Esn. 1966).
En partic., MAR. Baisser le pavillon. Faire descendre le pavillon pour se rendre à l'ennemi, pour faire honneur à quelqu'un ou pour saluer un autre navire.
Rem. Cf. Le Clère : ,,Dans l'ancienne marine « baisser le pavillon » signifiait saluer du pavillon. Actuellement on dit « marquer » parce que « baisser » évoque « abaisser »; en fait, on ne descend pas complètement le pavillon : on marque seulement le mouvement.``
Au fig. Baisser pavillon devant qqn. Reconnaître sa supériorité, s'avouer vaincu, lui céder :
3. Si les Napolitains ne veulent pas céder à la demande de leur roi, voulez-vous donc reconnaître le principe de leur insurrection, et baisser pavillon devant la souveraineté du peuple? Chateaubriand, Correspondance gén.,t. 2, 1789-1824, p. 160.
Rem. Comme descendre, baisser peut, mais rarement, signifier un mouvement de la pers. qui se déplace sur une voie. Baisser une rivière, ,,descendre une rivière`` (Littré). Il s'agit d'un trans. seulement apparent, puisque l'obj. ne désigne pas l'aboutissement du processus verbal; sans doute ext. d'emploi de baisser intrans., constr. avec une sorte d'obj. interne.
2. P. ext. Diminuer.
a) [La diminution porte sur le volume, la dimension] FAUCONN. Baisser le corps du gerfaut. ,,Le faire maigrir`` (Nouv. Lar. ill.). VITIC. Baisser un cep de vigne. Couper la partie la plus haute pour fortifier la partie basse.
b) [La diminution porte sur l'intensité ou la valeur]
[L'obj. désigne un son, une voix] Diminuer la hauteur musicale, l'intensité, la puissance :
4. La Perrine baissait le ton d'une manière décente, ou le haussait, tout emportée. Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 42.
Ell. et fam. Baisser la radio. Diminuer la force des sons émis par un poste de radio.
MUS. Baisser une note, baisser un instrument. L'accorder à un diapason plus bas, plus grave.
Fig. Baisser le ton. Parler avec moins d'insolence, perdre de son insolence. (Faire) baisser le caquet. Rabaisser, rabattre le caquet :
5. C'était (...) en l'an 1590, le premier libertin de Venise, et il n'y avait pas dans les magnifiques tripots de cette ville un drôle si impudent qui ne baissât le caquet lorsque ser Michel Gritti entrait... O. Feuillet, Onesta,1848, p. 205.
Rem. 1. Baisser la voix, syntagme très fréq., se rencontre souvent en incise, sous la forme (en) baissant la voix après des verbes comme dire, ajouter, reprendre. 2. Absol. : ,,... les ténors du second chœur baissèrent de près d'un demi-ton`` (H. Berlioz, Souvenirs de voyages, 1869, p. 145).
[L'obj. désigne la lumière, le feu] Baisser le gaz, le feu, une lampe.
[L'obj. désigne le prix, une valeur commerciale, etc.] Baisser le/les prix, le taux, le (les) salaire(s), le change. Synon. diminuer, faire tomber :
6. Ainsi, il [l'oncle Bachelard] avait acheté des crins, tout un solde, s'imaginant que les crins hausseraient; pas du tout, les crins baissaient, il était obligé de les expédier à perte. Zola, Pot-Bouille,1882, p. 122.
B.− [L'obj. désigne une partie du corps] Incliner, diriger vers le bas, c'est-à-dire vers le sol. Baisser la tête (le menton), les yeux (le regard), le nez, le front :
7. Comme, après tout un jour de labourage, un buffle S'en retourne à pas lents, morne et baissant le mufle, Je vais ployant le cou. T. Gautier, La Comédie de la mort,1838, p. 45.
8. L'étudiant de tout à l'heure n'était plus là, mais sa place se trouvait prise par le petit John Stuart, le garçon timide qu'on avait fait boire et mené en ville. Lui et Joseph échangèrent un sourire, et Stuart baissa aussitôt le nez sur son livre. Green, Moïra,1950, p. 239.
ÉQUIT. Baisser la main à un cheval. ,,Pousser son cheval à toute bride`` (Ac. 1932) sans contenir son élan en tirant sur la bride la main levée.
Rem. 1. Baisser peut être suivi d'un compl. d'obj. second. introd. par sur (cf. ex. 8), désignant une chose placée plus bas que la partie du corps ou que l'objet (cf. ex. 9) qu'on incline :
9. Philippe-Auguste s'approcha de la tombe, baissa dessus la pointe de son épée... MmeCottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 33.
Rem. 2. Les syntagmes (cf. supra B et les ex.) traduisent souvent une réaction psychique variable suivant les situations : ainsi baisser les yeux peut exprimer une attitude embarrassée ou pudique; baisser la tête, le fait d'acquiescer, ou encore une attitude de résignation, de honte.
Au fig. Baisser la tête, le front. Se soumettre avec résignation. Baisser l'oreille. Être découragé, paraître mortifié, confus, etc. :
10. Sans demander son reste, Gaspard baissa le nez, fila piteusement le long du mur, ouvrit la grille et s'échappa sans bruit. Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 30.
11. Elle [Mlle de Varandeuil] attendait, racoquinée dans son fauteuil, que l'humeur de sa bonne se passât ou crevât. Elle baissait le dos sous l'orage... E. et J. de Goncourt, Germinie Lacerteux,1864, p. 137.
II.− Emploi pronom. Se baisser.
A.− [Le suj. désigne une pers.] Se mettre dans une position moins haute que la position naturelle, verticale; pencher, ployer son corps. Anton. se lever, se relever, se redresser :
12. Henry s'approcha d'elle et respira l'odeur qui s'échappait de tout son corps; il se baissa pour lui parler en se penchant sur son épaule... Flaubert, 1reÉducation sentimentale,1845, p. 84.
13. ... de sa bouche où il se marqua le premier, le sourire gagna ses joues, puis enfin ses yeux qui brillèrent. Ils continuaient de briller pendant qu'elle l'embrassait. Elle devait se hausser un peu, et lui de son côté se baisser et plier les jambes, mais de ses deux bras elle le serrait. Ramuz, Aimé Pache, peintre vaudois,1911, p. 79.
Rem. Se baisser et ramasser constitue un syntagme fréquent.
Proverbe. Il n'y a qu'à se baisser pour en (var. : et à) prendre. La chose est aisée, facile :
14. Souhaitez-vous de l'or, des perles, des diamants? Les chemins en sont pavés; il n'y a qu'à se baisser pour en prendre. A. France, Les Opinions de M. Jérôme Coignard,1893, p. 153.
P. méton. [Le suj. désigne une partie du corps] :
15. ... tout à coup les bras se baissaient vers la terre et tous les yeux suivaient ce mouvement. Mérimée, Arsène Guillot,1847, p. 90.
16. ... sa voix tremblait un peu plus dans son gosier, et son regard se baissait un peu plus sur ses pieds nus. Lamartine, Le Tailleur de pierre de Saint-Point,1851, p. 455.
B.− Rare [Le suj. désigne une chose]
1. Se courber, ployer :
17. J'aime la musique, toutes les musiques, la plus simple et la plus compliquée, celle qui nous permet si généreusement de penser à autre chose. Elle me rappelle le balancement des peupliers de mon village, moins les feuilles, et le canal où, au gré d'un vent pas prétentieux, les roseaux se baissent et se redressent comme les archets d'un orchestre, avec moins de bruit. Renard, Journal,1907, p. 1107.
2. Diminuer de hauteur, de niveau :
18. Un sale bassin, ce bassin : il noie les chiens de chasse. Il se baisse au fort de l'été. Les chiens ont soif, viennent, essayent de boire, balancent au bord, et tombent. Et c'est trop haut pour remonter. Ils nagent jusqu'à la mort. Je les trouve là-dessus, sages comme des îles. Giono, L'Eau vive,1943, p. 25.
III.− Emploi intrans. Diminuer de hauteur.
A.− [Le suj. désigne une chose placée, avant le début de l'action envisagée, à une certaine hauteur : le soleil, un astre] :
19. Le soleil baissait dans un prodigieux entassement de nuages. La lumière volait à ras de terre; elle frappait et jaillissait dans l'entrechoquement des collines, elle allongeait l'ombre des arbres. Giono, L'Eau vive,1943p. 260.
P. ext. [Le suj. désigne une rivière, la mer, etc.] La marée baisse :
20. On dit que la mer baisse pour dire qu'elle opère son mouvement de reflux, qu'elle descend. Le Clère1960.
P. anal. [En parlant d'un mouvement seulement apparent] Être progressivement moins haut :
21. Il [Durtal] était arrivé, en devisant, près de Sainte-Anne; alors la rue s'aéra, et les maisons baissèrent, elles n'eurent plus qu'un, que deux étages... Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 88.
B.− [Le suj. désigne une chose située à une certaine hauteur sur l'échelle des degrés d'intensité, de puissance, de force ou sur l'échelle des valeurs]
1. [Le suj. désigne une source de lumière ou de chaleur] Diminuer d'intensité lumineuse ou thermique; en partic. le jour baisse (parce que le soleil s'abaisse sur l'horizon) :
22. ... et elle défit ses bottines, faisant mine de se chauffer fort au foyer qui baissait. Verlaine, Œuvres posthumes,t. 1, Deux mots d'une fille, 1896, p. 314.
23. Comme le jour baissait à la fenêtre et s'obscurcissait d'une tempête de neige, madame de Fontenay s'assoupit, s'endormit dans la pièce toute silencieuse... A. de Noailles, La Nouvelle espérance,1903, p. 25.
Rem. 1. Cet emploi est une ext. méton. de l'emploi A. 2. P. anal. avec le jour baisse, cf. le syntagme le soir baisse :
24. Le soir baissait, je ne suis entré qu'un instant dans la cathédrale [de Sienne]. Taine, Voyage en Italie,t. 2, 1866, p. 50.
2. [En parlant du vent, de la pression atmosphérique, de la chaleur du corps, etc.] Diminuer de force, d'intensité. La température baisse; le vent qui tourne, monte ou baisse (Lamartine, Voyage en Orient,t. 2, 1835, p. 354).
Rem. En parlant du vent, cf. Littré : ,,Terme de marine. (...) se dit du vent quand il passe de l'amont à l'aval.``
P. méton. Le baromètre baisse.
3. [Le suj. désigne la voix, un chant, etc.] Diminuer d'intensité :
25. ... elle ne criait pas, sa voix semblait attendrie, et baissait parfois jusqu'à n'être plus qu'un chuchotement. Arland, L'Ordre,1929, p. 460.
4. [Le suj. désigne une faculté ou une qualité humaine, comme la vue, l'intelligence, la santé, la beauté, etc.] Diminuer d'intensité, décliner :
26. Elle [Eugénie] fut sublime de soins et d'attentions pour son vieux père, dont les facultés commençaient à baisser, mais dont l'avarice se soutenait instinctivement. Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 222.
27. ... sitôt que dans son travail [de l'homme] la sériation est suspendue, on voit son esprit baisser et son intelligence s'éteindre. Proudhon, La Création de l'ordre dans l'humanité,1843, p. 401.
28. ... Jean-Michel F... s'est tué vendredi dernier. (...) Il y a un tel poids de tristesse sur nous tous, et le pauvre F... a fléchi. (...) Pourquoi ne pas avoir essayé de tenir encore quelques mois? Mais il arrive parfois une heure mauvaise où les forces baissent, où manque tout à coup l'énergie qu'il faut pour imaginer des temps meilleurs. Green, Journal,1941, p. 76.
P. méton. [Le suj. désigne une pers., le verbe peut être suivi d'un compl. introd. par de ou en qui précise la qualité en déclin] Baisser dans l'estime de qqn. Décliner :
29. Vieillir sans faire mieux, décliner spirituellement sans se sanctifier, baisser de force sans s'élever de volonté, user sa vie sans réaliser un seul des rêves de sa jeunesse, c'est triste. Perdre ses illusions, sans augmenter ses œuvres, décroître en vertu comme en capacité, c'est affligeant. Amiel, Journal intime,1866, p. 427.
30. − Tiens! c'est vrai. Je l'avais oublié (...) Ah! décidément, Sigismond Planus se fait vieux (...) Je baisse, mes enfants, je baisse... A. Daudet, Fromont jeune et Risler aîné,1874, p. 293.
31. Il [Sturel] craignit qu'à resserrer son humanité un peu flottante en un nationalisme positif, lui-même ne baissât en générosité. Barrès, L'Appel au soldat,1900, p. 319.
VÉN. Baisser de pied [en parlant du chien courant]. Faiblir. Les chiens qui baisseront de pied, on ne les ramènera pas (Genevoix, La Dernière harde,1938, p. 205).P. ext., SP. Baisser de pied Même sens : Faiblir. Menzel (...) paraît voué à la défaite lorsque, soudain, l'Australien baisse de pied (Tennis et golf. 1eraoût 1934 dans A. O. Grubb, French sports neologisms,1937, p. 17).
5. [Le suj. désigne une marchandise, une valeur bancaire, etc.] Diminuer (de prix, de valeur). Baisser de prix; les actions baissent à la Bourse :
32. Hors Paris, les fonds publics ne baissent pas à la nouvelle d'une guerre ou à la menace d'une insurrection civile; mais, à la moindre oscillation de l'État, on cloue la porte du grenier; on creuse un trou dans les champs, et l'argent disparaît de la circulation. Gozlan, Le Notaire de Chantilly,1836, p. 247.
33. Chez Walewski, l'autre jour, Calvet-Rogniat lui demandant pourquoi la rente avait baissé la veille : « Est-ce que je sais pourquoi il y a de la hausse ou de la baisse? Si je le savais, j'aurais fait ma fortune! » E. et J. de Goncourt, Journal,1863, p. 1255.
Au fig., fam. Les actions d'une personne baissent. Son crédit, son influence diminuent.
[En parlant des profits] Diminuer (de grosseur), devenir moins abondants.
PRONONC. : [bεse], (je) baisse [bεs], également [bese]. Passy 1914 admet pour la voyelle rad. une demi-longueur en syll. non finale, une longueur en syll. finale. Indications analogues dans Barbeau-Rodhe 1930. Enq. : /bes, (D)/ (il) baisse.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Trans. a) ca 1100 « pencher, diriger vers le sol » (Roland, éd. Bédier, 138 : Li empereres tent ses mains vers Deu, Baisset sun chef, si cumencet a penser); b) mil. xiies. « descendre, mettre plus bas » (Prise d'Orange, éd. Jonckbloet, 1268 dans T.-L. : Gietent lor ancre, s'ont lor voile beissie); c) ca 1170 au fig. « rendre moins fort, diminuer » (B. de Ste Maure, Ducs Normandie, II, 9504 dans Gdf. Compl. : Encui baisserai lor orgoil); d) 1172-75 « diminuer d'intensité ou de hauteur (un son) » (Chr. de Troyes, Chevalier charrette, éd. W. Foerster, 2980, p. 106 : Quant li vavasors ot leissiée Sa parole et sa voiz beissiée); e) 1835 (Ac. : Baisser le prix d'une marchandise, La vendre à meilleur marché); 2. intrans. a) 1180-1200 au propre « diminuer de hauteur, décliner » (Aliscans, 922 dans Gdf. Compl. : Li soleuz besse, si prist a anuitier); b) xiies. au fig. « diminuer d'intensité, décroître » (Mémoires Antiq. Normandie, X, 534 : Encor le tienent ... Si cum il fut lors establi, Fors del mangier que ont guerpi : Tant est lor amor plus baissiez); c) xviies. « diminuer de vigueur physique ou intellectuelle » (Scarron dans Rich. 1680 : son esprit baisse); d) 1695 comm. « diminuer (en parlant d'un prix ou d'une valeur) » ([Bois-Guillebert], Le détail de la France, 185 dans Kuhn, p. 75 : de ne laisser pas baisser le prix); e) xviies. « prendre un ton moins élevé » (La Fontaine, Fables, II, 1 dans Littré : Eh bien baissons d'un ton); 3. 1432 pronom. « se rendre moins haut » (Fortunes et adversitez de Jean Regnier, p. 54, v. 1446 : Haulser ne me puis ne baisser). Du lat. vulg. *bassiare (FEW t. 1, p. 272); dér. de bassus (bas*).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 3 626. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 941, b) 6 239; xxes. : a) 5 972, b) 5 126.