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BAILLER, verbe trans.
A.− Arch. et région. Donner, remettre, livrer, présenter :
1. le père alexandre, piqué au vif. − Le notaire? Pour quoi donc faire? Son œil aigu fouille le visage de la servante qui recule un peu. la torine. − ... Des fois, il vous baillerait peut-être un bon conseil... le père alexandre. − Je me conseille bien tout seul, à cette heure! R. Martin du Gard, Le Testament du Père Leleu,1920, I, p. 1140.
2. ruffin. − Il était tout à l'heure près d'ici et voulait me donner un rubis. séverin. − Dis-tu Frontin, serviteur de Fortuné? ruffin. − Oui, celui-là même. séverin. − Et quel rubis voulait-il te bailler? ruffin. − Un gros rubis en cabochon, un peu écorné d'un côté, mais enchâssé à la vieille mode. Il dit que c'est une antiquité de votre maison. Camus, Les Esprits,adapté de P. de Larivey, 1953, II, 5, p. 491.
Rem. Empl. comme synon. de donner (bailler un coup de main, Balzac, Les Paysans, 1844, p. 129; bailler Dieu sans confession, Balzac, Sur Catherine de Médicis, Le Martyr calviniste, 1841, p. 85) parfois même avec le sens de « faire don » (cf. ex. 2).
Bailler des fonds. Cf. bailleur* de fonds :
3. − Anselme, j'ai jeté les yeux sur toi pour fonder une maison de commerce de haute droguerie, rue des Lombards, dit Birotteau. Je serai ton associé secret, je te baillerai les premiers fonds. Balzac, César Birotteau,1837, p. 92.
4. Mais il n'est pas impossible que ce capital, réalisé sous forme de l'outillage et du fonds de roulement d'une filature ou d'une usine de construction mécanique, soit fourni aux coopérateurs par une société de capitalistes qui le leur baillerait en location, à charge pour eux d'assurer la fabrication et même l'achat et la vente. J. Wilbois, Comment fonctionne une entr.,1941, p. 61.
Pop. et fam.
Bailler (à qqn) le lièvre par l'oreille. Duper (qqn) au moyen de vaines promesses :
5. Robespierre, Barras et le grand Napoléon, depuis plus de vingt ans, m'avaient appris à me taire, Bonaparte surtout; ce héros ne trompait pas. Il ne nous baillait pas le lièvre par l'oreille : jamais ne nous leurra de la liberté de la presse ni d'aucune liberté. Courier, Pamphlets pol.,Réponses aux anonymes, 1822, p. 150.
En bailler à garder. ,,Duper, tromper adroitement`` (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.).
P. ell. Vous m'en baillez d'une belle, vous me la baillez belle, vous me la baillez bonne. ,,Vous voulez m'en faire accroire`` (Ac. 1835-1932).
Arg. Bailler une cotte rouge à une fille. ,,Lui prendre sa virginité`` (France 1907).
B.− DR., vx. Donner à bail. Bailler à ferme; bailler par contrat, par testament; bailler et délaisser (Ac. 1798-1932).
Rem. Concurrencé, sauf en matière de fourniture de capitaux (cf. ex. 3, 4), par donner à bail ou faire bail.
C.− PÊCHE. ,,C'est l'action de jeter avec une petite sébile, à tour de bras, de la rogue de maquereaux, etc., détrempée dans de l'eau de mer, sur des filets traînés par des bateaux (...) pour prendre de la sardine`` (Will. 1831).
Rem. Attesté également ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., DG.
PRONONC. − 1. Forme phon. : [baje]. 2. Homon. : baillée, bail (p. rapp. aux formes conjuguées à rad. nu), de même baille.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1130-60 baillier « porter » (Couronnement Louis, 88, ds Gdf. : Esbahi fu de ce qu'il entendié, N'osa aler la courone baillier) − xiiies., Enf. Ogier, ibid.; 1130-60 « recevoir, accepter » (Couronnement Louis, 1350, ibid. : Une fille ai, n'a si gente soz ciel, Ge la vos doing de gré et volentiers, Se la volez ne prendre ne baillier) d'où 1130-60 « saisir » (Ibid., éd. E. Langlois, 410 ds T.-L. : L'en li ameine le balcent en la place; Li cuens i monte que il estrier n'i baille); en a. fr. seulement; 2. 1144 « gouverner » (Charroi Nîmes, éd. Jonckbloet, 395, ibid. : De tot l'empire que ge ai a baillier) − xiiies., ibid.; 3. a) 1130-60 bailler « donner » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 252, ibid. : D'or et d'argent trente somiers li baille); 1534 « id. (des coups) » (Rabelais, Garg., éd. Marty-Laveaux, t. 1, ch. 35 : Il luy bailla de son fouet à travers les iambes si rudement que les noudz y apparoissoient); Rich. 1680 signale qu'il n'est pas du bel usage, hormis comme terme de pratique; déclaré ,,vieilli`` par Vaugelas, Remarques sur la langue fr., éd. Chassang II, 35 et empl. au xviies. par les burlesques (Brunot t. 3, p. 106 et t. 4, p. 244); loc. fam. : 1545 en bailler « jouer un tour à qqn » (Le Maçon, trad. de Boccace, Décaméron, VIII, 9 ds Hug.); 1594 la bailler belle à qqn « se jouer de qqn » (Godard, Les Desguisez, acte V, sc. 2 ds Anc. Théâtre françois, Paris, 1856, t. VII, p. 435); b) 1373 dr. « donner à bail » (Etat des biens de la commanderie de Beauvoir en Ponthieu, Arch. S 5543 ds Gdf.); 1404 bailler a rente (A.N. P 308, fo94 rods Gdf. Compl.); Ac. 1835 signale qu'il vieillit comme terme de pratique. Du lat. bajulare « porter » dep. Plaute (Asin., 660 ds TLL s.v., 1685, 77); en lat. médiév. « exercer, se charger de (une fonction) » viie-viiies. (Formulae Marculfi, 1, 1, p. 39, 20 ds Mittellat. W. s.v., 1315, 26) d'où bailler « gouverner »; en a. fr. aussi baillir « id. » (xies. Alexis ds Gdf.) dér. de bail*; le sens de « donner », qui ne semble pas se rencontrer en lat., s'est seulement développé dans l'aire gallo-romane (a. prov. bailar ca 1185 Dénombrement des possessions en Périgord de la famille Clarol ds Brunel 1926, p. 214) à partir du sens primitif de « porter »; en raison de la vitalité de donner et de ses nombreux dérivés, il a été à partir du xviies. concurrencé, puis évincé par ce mot.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 86.
BBG. − Guiraud (P.). Le Jargon de la Coquille. Cah. Lexicol. 1967, t. 11, no2, p. 47.