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BADERNE, subst. fém.
A.− MAR. Tresse épaisse à plusieurs torons, faite avec des fils provenant de vieux cordages, dont on recouvre les mâts, les vergues et le cabestan pour les protéger de l'usure et de l'humidité ou que l'on cloue sur le pont des bâtiments qui transportent des animaux pour les empêcher de glisser sous l'effet du roulis :
1. ... à sept heures le vent ayant augmenté, je fis amener un peu des huniers, et j'ordonnai de passer une baderne en croix en avant de la misaine pour la soutenir... Kerguelen, Voyage dans les mers australes,1782, p. 46.
Rem. ,,Ce terme est vieux, on dit maintenant plutôt un paillet`` (Soé-Dup. 1906); Le Clère 1960 observe que ,,ce mot n'est plus employé actuellement, sauf en argot, où il a le sens de bon à rien, d'abruti en parlant d'un individu`` (cf. infra B).
B.− P. ext., fam.
1. Vieille chose incapable de servir.
2. Personne que son âge ou sa santé mettent hors d'état de rendre des services. Vieille baderne :
2. Dans ce moment-ci séjourne avec moi à Jean-D'Heurs une famille toute militaire, les Morlaincourt, famille représentée par un vieux colonel de cavalerie, une antique baderne bon enfant et dont la fille est mariée en second mariage à un M. de Saint-Laurent, capitaine d'artillerie, qui a le silence et le dédain particuliers aux officiers de cette arme. E. et J. de Goncourt, Journal,1889, p. 1032.
3. Tu me prends déjà pour un vieillard? ... pour une baderne? ... Queneau, Loin de Rueil,1944, p. 80.
4. La Chambre dite bleu horizon, malgré sa majorité conservatrice et les efforts de trente royalistes, se laisse imposer les badernes politiciennes de l'Avant-Guerre, un Millerand, un Briand, un Poincaré. L. Daudet, La Police politique,1934, p. 13.
Rem. S'emploie surtout en parlant de vieux militaires. Éd. 1967 observe que ,,vieille baderne semble toutefois être devenu une sorte de titre honoraire − sinon honorifique − conféré à tout officier sur le point de prendre (ou ayant déjà pris) sa retraite``.
Arg. étudiant. ,,Président de la cagne (tout bizuth présume son président hors d'âge)`` (Esn. 1966).
PRONONC. : [badε ʀn].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1773 mar. badernes (Bourdé, Manuel des marins, Lorient, I, 43, d'apr. R. Arveiller, Fr. mod., t. 25, p. 306 : Badernes. On appelle ainsi une grosse Tresse faite de mauvais fil de Caret); d'où 2. 1845 fig. (Besch. : Les marins donnent le nom de baderne à toute chose ou à tout individu hors d'état de servir); av. 1857 adj. « considéré comme inutile » (E. Sue ds Lar. 19e: baderne comme un épicier); 1889 subst. « homme usé, gâteux », supra ex. 2. Orig. incert. Peut-être empr. au prov. baderno « grosse tresse faite avec de vieilles cordes » (Mistral t. 1), lui-même d'orig. obsc., mais plutôt empr. au gr. π τ ε ́ ρ ν α « pied d'un mât » (Bailly) que dér. de badar « être ouvert » qui ne convient ni du point de vue sém. ni du point de vue phonét. en raison du suff. inexplicable (EWFS2et Cor. t. 1 s.v. baderna). L'ital. baderna, proposé comme étymon par Dauzat68, est également, selon DEI, empr. au prov. Il en est de même pour le cat. baderna (cf. Alc.-Moll) proposé comme étymon par FEW t. 1 s.v. batare, et pour l'esp. baderna, proposé par Dauzat68.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 11.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bouillet 1859. − Éd. 1967. − Esn. 1966. − France 1907. − Gruss 1952. − Jal. 1848. − Larch. 1880. − La Rue 1954. − Le Clère 1960. − Mots rares 1965. − Sain. Lang. par. 1920, p. 172. − Soé-Dup. 1906. − Will. 1831.