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BÂCLER, verbe trans.
I.− Vieux
A.− Fermer une porte ou une fenêtre en l'assujettissant par derrière au moyen d'une bâcle*.
Arg. Bâcler la lourde. Fermer la porte (Esn. 1966).
B.− P. anal., NAV.
1. Bâcler un port, un fleuve, une rivière. En faire le bâclage, les barrer notamment contre une attaque ennemie (d'apr. Will. 1831).
P. ext. Arrêter la navigation. Les glaces bâclent la rivière (DG).
2. Bâcler un bateau. ,,Le mettre dans un lieu commode du port, pour la charge et la décharge des marchandises`` (Ac. 1798-1932).
II.− Familier
A.− Vieilli. Faire, conclure rapidement quelque chose :
1. ... faisons vite, s'il vous plaît, et tâchons de bâcler l'affaire ce matin. Je fais atteler en dix minutes, nous allons à deux lieues de Paris; je corrige mon turc en un tour de main et je rentre à l'étude, avant que les petits journaux de scandale aient eu vent de notre histoire! About, Le Nez d'un notaire,1862, p. 46.
2. Ce dernier [Saccard] recevait, de neuf heures à onze heures, le plus étrange monde qu'on pût voir : sénateurs et clercs d'huissier, duchesses et marchandes à la toilette, toute l'écume que les tempêtes de Paris jetaient le matin à sa porte, robes de soie, jupes sales, blouses, habits noirs, qu'il accueillait du même ton pressé, des mêmes gestes impatients et nerveux. Il bâclait les affaires en deux paroles, résolvait vingt difficultés à la fois et donnait les solutions en courant. On eût dit que ce petit homme remuant, dont la voix était très forte, se battait dans son cabinet avec les gens, avec les meubles, culbutait, se frappait la tête au plafond, pour en faire jaillir les idées, et retombait toujours victorieux sur ses pieds. Zola, La Curée,1872, p. 414.
Bâcler de la besogne. Cf. l'expr. abattre de la besogne, en faire beaucoup.
Se bâcler une image de qqc. Se donner, se faire une image peu approfondie; connaître superficiellement quelqu'un ou quelque chose :
3. Beaucoup de parents emprisonnent simplement leurs enfants dans le besoin qu'ils ont de se les définir et leur imposent par suggestion l'image sommaire qu'ils s'en sont bâclée sur quelques impressions, qu'ils désirent ou redoutent secrètement leur voir accepter. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 100.
P. ext. Synon. de faire :
4. ... pour le moment, elle continuait à s'occuper de couture, elle bâclait une robe par-ci par-là. Zola, L'Assommoir,1877, p. 542.
B.− Péj., cour. Faire quelque chose à la hâte et sans soin. Anton. fam. fignoler :
5. Qui donc avait bâclé sa chambre? La grosse Marie, sans doute : un lit recouvert à la hâte; l'eau des brocs et cuvettes jaillie, en marécage, mal essuyée sur le plancher. Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 226.
6. ... c'était toujours le même refrain : il aurait fallu du temps pour lire avec soin les manuscrits, pour écrire aux auteurs, pour causer avec eux. Pas question; il devait se borner à feuilleter hâtivement des écrits anonymes. « Je bâcle tout », pensa-t-il en s'installant au volant de la petite auto noire. Cette belle journée aussi, il la bâclait. De jour en jour, on finit par bâcler sa vie. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 147.
SYNT. Bâcler une affaire, un article, la besogne, un mariage.
Absolument :
7. Je m'applique parfois de toutes mes forces à un thème : on y découvre cependant beaucoup de solécismes et de barbarismes. Quand je prépare la traduction d'un texte avec soin, je commets autant de contresens que si je bâcle... Alors je ne sais plus... Je me décourage... Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 214.
C.− Emploi pronom. à sens passif. Se faire à la hâte et sans soin :
8. − Et vos articles? dit Lucien en roulant vers le Palais-Royal. − Bah! Vous ne savez pas comment cela se bâcle. Quant au voyage en Égypte, j'ai ouvert le livre et lu des endroits çà et là sans le couper, j'y ai découvert onze fautes de français. Je ferai une colonne en disant que si l'auteur a appris le langage des canards gravés sur les cailloux égyptiens appelés des obélisques, il ne connaît pas sa langue, et je le lui prouverai. Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 286.
[En parlant d'une affaire] Se conduire rapidement :
9. Enfin, une semaine après cette tentative avortée, Saccard eut la joie de voir l'affaire, si empêtrée d'obstacles, se bâcler brusquement, en quelques jours. Zola, L'Argent,1891, p. 117.
PRONONC. : [bɑkle], je bâcle [bɑ:kl̥]. Barbeau-Rodhe 1930 note une durée mi-longue sur la 1resyll. de l'infinitif.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1292 « fermer une porte ou une fenêtre au moyen d'une traverse de bois » (Taille de Paris pour 1292 ds Gdf. Compl. : Renost qui bacle), attest. isolée; av. 1596 « fermer » (Vigenère cité ds DG : Ils baclent et estoupent sa bouche); [1416 indirectement attesté par son antonyme desbacler mar. « dégager un port en faisant sortir les bâtiments déchargés pour faire place aux bâtiments chargés qui arrivent » (Isambert, Rec. gén. des anc. lois fr., VIII, 562 ds Barb. Misc. t. 1, no3)]; 1690 en partic. (Fur. : Bacler [...] Il s'est dit originairement des ports, et ensuite de toutes sortes de passages et d'ouvertures, comme de portes de boutiques, de fenêtres. En temps de guerre on bacle les ports); 2. 1680 fig. (Rich. : Bâclé [...] Fait, réglé, arrété. Cela est bâclé). Orig. incertaine. L'étymon le plus vraisemblable paraît être un lat. vulg. *bacculare dér. de *bacculum, var. de baculum « bâton » (FEW t. 1, p. 201a; Bl.-W.5; Dauzat 1968), bien que l'attest. relativement tardive du mot fr. (la valeur de l'ex. isolé de 1292 est mise en doute par A. Pruvot ds Fr. mod., t. 22, p. 129) ne vienne pas confirmer cette hyp.; l'intermédiaire du prov. baclar « fermer » (A. Thomas ds Romania, t. 26, p. 427) non attesté av. 1535 (Rayn.) est possible mais incertain. L'hyp. proposée par Barb. Misc., t. 1, no3; Valkh., p. 51, d'un empr. au néerl. bakkelen « geler superficiellement » (Woordenboek der Nederlandsche taal, II, 886 cité par Valkh.) fréquentatif de bakken, backen, attesté en m. néerl. au sens de « coller fortement, attacher » (Verdam, s.v. backen) convient bien du point de vue sém. (l'évolution « coller » > « fermer » n'étant pas invraisemblable) mais fait difficulté étant donné que bakkelen n'est pas attesté en m. néerl. mais en néerl. mod. et seulement au sens de « geler superficiellement » et non au sens du mot de base bakken.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 74.
BBG. − Ac. Can.-Fr. 1968. − Barb. Misc. 1 1925-28, p. 16. − Esn. 1966. − France 1907. − Jal 1848. − Larch. 1880. − Le Roux 1752. − Michel 1856. − Mots rares 1965. − Prév. 1755. − Quem. t. 2 1960. − Sandry-Carr. Peintres 1963. − Will. 1831.