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AVOUER, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− [Le suj. désigne une pers.; l'obj. désigne une chose] Reconnaître quelque chose comme vrai. Avouer qqc., avouer que, avouer + inf., ou absol. avouer.
1. Révéler (qqc.).
a) [L'obj. est extérieur au suj.] Révéler quelque chose d'inconnu, de secret, le faire connaître, l'expliquer :
1. Les triplets sont d'un degré de raffinement plus élevé : ils servent surtout à imiter l'inimitable émeraude en interposant un verre de couleur verte entre deux pièces en béryl médiocres (...). Ces procédés ne sont pas prohibés quand ils sont avoués par le vendeur, mais ils ont été mis fréquemment au service d'une imposture. A. et N. Metta, Les Pierres précieuses,1960, p. 110.
b) [L'objet désigne un acte, une action, blâmables ou non, accomplis par le suj.] Reconnaître quelque chose; reconnaître, déclarer qu'on est l'auteur de quelque chose. Avouer qqc. (à qqn) :
2. Quand tu lèveras les bras au ciel! Révéler, avouer, et encore avouer, et exhiber tout ce qu'on fait de mal! ... le taire, s'en punir au fond de soi, voilà qui est mieux. Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 180.
Emploi réciproque :
3. ... les prêtres et plusieurs personnages corrompus qui sont mis en scène y tiennent un langage qui n'est point naturel. Les méchants et les hypocrites, loin de s'avouer mutuellement leurs défauts, ne se les disent pas à eux-mêmes. Delécluze, Journal,1825, p. 258.
Absol. Faire des aveux :
4. − Dans votre intérêt, il serait peut-être préférable d'avouer. Pour ma part j'estime que votre système de dénégations absolues est d'une insigne maladresse. Et dès lors Crainquebille eût fait des aveux s'il avait su ce qu'il fallait avouer. A. France, Crainquebille,1904, p. 22.
Faire avouer (de force). Obliger à avouer :
5. Ne fais pas l'ignorante, ne m'oblige pas à te faire avouer de force la vérité. Zola, Thérèse Raquin,1867, p. 193.
c) Proverbe, avec une coloration relig. Péché (var. faute) avoué(e) est à moitié pardonné(e)
Rem. Attesté ds Ac. 1932, Quillet 1965 et cf. G. Sand, Histoire de ma vie, 1855, t. 4, p. 214.
2. Admettre (qqc.).
a) [L'obj. est un subst. abstr. interne au suj., une composante de sa personnalité] Admettre ce que l'on est, admettre ses imperfections et parfois, les révéler; révéler un sentiment que l'on éprouve. Avouer son amour :
6. Il m'avoua qu'il était juif, bâtard, et sexuellement maniaque... S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 300.
b) Reconnaître à quelque chose certaines qualités :
7. ... je me défie d'une esthétique qui distingue si résolument la beauté de la perfection. Mais ces caractères dont l'absence empêche M. Brunetière de reconnaître belle une œuvre moderne qu'il avoue parfaite, ne sont-ce point précisément ceux qui sont communs aux œuvres les plus admirées du xviiesiècle? Lemaitre, Les Contemporains,1885, p. 237.
c) [L'obj. est abstr. et désigne un point de doctrine, de morale] Donner son adhésion à (qqc.) :
8. En examinant la distribution générale des animaux telle que je l'ai présentée dans l'article précédent, et dont l'ensemble est unanimement avoué des zoologistes, qui ne contestent que sur les limites de certaines classes, je remarque un fait bien évident, et qui, seul, seroit déjà décisif pour mon objet; le voici... Lamarck, Philos. zool.,t. 1, 1809, p. 137.
d) Sens affaibli. [Formules conventionnelles, en incise ou parenthèse de style] Je l'avoue, avouons-le, il faut l'avouer, il faut avouer que. Concéder quelque chose; donner son opinion :
9. Aujourd'hui, dans le plus modeste foyer, on peut tenir captifs tous les génies musicaux des siècles passés et de la période présente. Les plus grands orchestres du monde, les virtuoses les plus célèbres, les chanteurs les plus émouvants sont là, enfermés dans un meuble et prêts à livrer, à toute réquisition, le meilleur d'eux-mêmes. Au point de vue de la culture musicale universelle, c'est, on l'avouera, un progrès dont il est inutile de souligner l'importance. Arts et litt. dans la société contemp.,t. 1, 1935, p. 8807.
3. Au fig.
a) [Le suj. désigne une chose concr. : l'objet désigne une chose; et absol.] Qqc. avoue (qqc.).Révéler, être l'indice de :
10. Son attitude vaincue [de la chatte], les coins tirés et pâlis de sa lèvre gris-pervenche avouaient une nuit de veille misérable. Colette, La Chatte,1933, p. 65.
b) [Le suj. est abstr.; l'obj. souvent abstr. désigne un point de doctrine, de morale] Être conforme à :
11. La bastonnade, en général, étoit, chez les romains, une peine avouée par la loi; mais nul homme non militaire ne pouvoit être frappé avec la vigne, et nul autre bois que celui de la vigne ne pouvoit servir pour frapper un militaire. J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg,1821, p. 11.
B.− [Le suj. désigne une pers.] Reconnaître comme sien
1. [L'obj. désigne une pers.] Qqn avoue qqn.
a) Convenir des liens ou des relations que l'on a avec quelqu'un. Avouer un enfant, avouer pour fils, pour sœur :
12. ... le maître classique qui enseigna l'équitation française à Louis XIII n'aurait jamais avoué pour son élève ce chevaucheur furieux... A. France, La Vie littéraire,t. 1, 1888, p. 135.
b) DR. FÉOD. Reconnaître pour seigneur, pour protecteur.
Rem. Attesté ds Lar. 19e, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., DG, Rob.
P. ext. Reconnaître quelqu'un (ou qqc.) comme supérieur; reconnaître la supériorité ou la suprématie de quelqu'un (ou de qqc.) : Dieu, l'argent considérés comme êtres supérieurs :
13. ... moi-même ai-je toujours volontiers reconnu les bienfaits reçus, et avoué mes bienfaiteurs? Il déplaît à l'homme d'être inférieur, et toute obligation nous met dans cet état subalterne... Amiel, Journal intime,1866, p. 101.
c) Vieilli. Qqn avoue qqn, qqn avoue qqn de qqc. Approuver, ratifier les actes de quelqu'un; prendre la responsabilité de ce qui a été fait par quelqu'un :
14. ... le roi, sur le conseil du cardinal de Richelieu, le croit [Rohan] très-propre à ses affaires en ces contrées [les Grisons], à cause des qualités mixtes et variées qu'il possède, négociateur, capitaine, très en renom à l'étranger, pouvant agir comme de lui-même et n'être avoué que lorsqu'il en serait temps. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 12, 1851-62, p. 343.
2. [L'obj. désigne une chose] Qqn avoue qqc.
a) Reconnaître être l'auteur de quelque chose. Avouer un écrit, un ouvrage :
15. Pendant que Beyle disait à Duvergier qu'il avait eu raison, et que le baron de Stendhal n'avouait ni ne désavouait formellement l'écrit, les rires devinrent universels... Delécluze, Journal,1824, p. 30.
Proverbial et fig. Avouer la dette. Reconnaître qu'on a tort
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixesiècle.
b) Autoriser quelque chose, le confirmer, le ratifier :
16. Dévotions populaires. Nous quittons les harmonies physiques des monumens religieux et des scènes de la nature, pour entrer dans les harmonies morales du christianisme. Il faut placer au premier rang ces dévotions populaires, qui consistent en de certaines croyances et de certains rites pratiqués par la foule, sans être ni avoués, ni absolument proscrits par l'église. Ce ne sont, en effet, que des harmonies de la religion et de la nature. Chateaubriand, Génie du christianisme,t. 2, 1803, p. 163.
SYNT. Avouer un besoin, un (des) crime (s), (son) un embarras, une (des) faiblesse(s), une (des) faute(s), la (sa) (avec) honte, (son) l'ignorance, (son) l'impuissance, un (des) manque(s), un sentiment, des torts, la vérité; courage, honte d'avouer; avouer franchement, hautement, humblement, ingénument, naïvement, nettement, publiquement, sincèrement, volontiers; avouer comprendre, savoir, contraint, forcé, obligé d'avouer; consentir, forcer, hésiter, obliger à avouer; craindre, refuser, rougir d'avouer; devoir, falloir (il faut), oser avouer.
II.− Emploi pronom.
A.− Pronom. passif [Le suj. désigne une chose] Être avoué, admis, reconnu (par qqn); être révélé (par qqn). Qqc. s'avoue (cf. I A 1, 2) :
17. edmond. − Ah! n'outragez pas un pareil nom! L'amitié s'avoue et se proclame, elle ne se cache pas, elle ne conspire pas! Elle ne rougit pas de se montrer! Car la véritable amitié n'existe que pour de louables actions! Scribe, La Camaraderie,1837, II, 7, p. 281.
Se révéler, être révélé (cf. I A 3; à l'actif, le suj. désigne un inanimé) :
18. C'est la sortie des bureaux : des civils de tous les genres et de tous les âges, et des militaires vieux et jeunes qui, de loin, sont habillés à peu près comme nous... Mais, de près, s'avoue leur identité de cachés et de déserteurs de la guerre à travers leurs déguisements de soldats et leurs brisques. Barbusse, Le Feu,1916, p. 328.
B.− Pronom. réfl. S'avouer qqc.
1. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé personnifié] S'avouer + adj., s'avouer + subst., s'avouer que. Avouer quelque chose à soi-même, admettre quelque chose :
19. ... tant qu'elles voltigeaient autour de mes oreilles, mes belles anglaises lui [à ma mère] avaient permis de refuser l'évidence de ma laideur. Déjà, pourtant, mon œil droit entrait dans le crépuscule. Il fallut qu'elle s'avouât la vérité. Sartre, Les Mots,1964, p. 85.
2. [Le suj. désigne une pers.] S'avouer + adj., s'avouer + subst. S'avouer qqc. Se reconnaître tel vis à vis des autres, s'accuser de quelque chose :
20. Il s'agissait d'un nommé Jean Prost, assassiné. Sa mère, ayant pris soupçon du maître du logis où il demeurait, ... l'avait dénoncé, et il s'en était suivi pour l'accusé la question ordinaire et extraordinaire; mais, quelque temps après, deux voleurs, arrêtés pour d'autres crimes, s'étaient avoués les assassins de Prost. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 69.
C.− Rare. S'avouer de qqn. S'autoriser de quelqu'un, se réclamer de lui, en appeler à son témoignage.
Rem. Attesté ds les dict. gén. du xixes. ainsi que ds Quillet 1965.
PRONONC. : [avwe], j'avoue [ʒavu]. Enq. : /avu/ (il) avoue.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1160-74 dr. féod. avoer « reconnaître pour seigneur celui dont on tient un fief » (Wace, Rou II, 3731 ds Keller, p. 240 : Tu es sis liges hom si nel vols avoer; Ne pur ceo s'il est juefne nel deis mie aviler); b) 1204 « reconnaître pour sien » (Reclus de Molliens, Charité, éd. Van Hamel, 218, 4 ds T.-L.); c) 1363 pronom. « déclarer, reconnaître » (Arch. Nord., B 11265, fol. 4 vods IGLF Techn.); d) 1387 « reconnaître comme valable, approuver (une chose) » (Froissart, Chron., I, II, c. 143 ds Dict. hist. Ac. fr., t. 4, p. 762); (une pers.) (Id., 61, ibid., p. 760); 2. 1580-92 « confesser, reconnaître qu'une chose est ou n'est pas » (Montaigne, Essais, III, 5, ibid., p. 758 : La pire de mes actions et conditions ne me semble pas si laide, comme je trouve laid et lasche de ne l'oser advouer); 1738 absol. (Piron, La Métromanie, V, II, ibid., p. 763). Empr. au lat. advŏcare « convoquer » (Plaute, Amph. 1128 ds TLL s.v., 893, 8); à l'époque impériale, « avoir recours à qqn comme avocat, comme défenseur » (Sénèque, Dial., 10, 7, 7, ibid., 894, 24); d'où lat. médiév., sens 1 a (1164, Const. Clarend. c. 9, Stubbs, Sel. ch., p. 166 ds Nierm.), 1 c « reconnaître » (1296, Guillaume de Nangis, Chron. ds Du Cange, t. 1, 103a, s.v. advocare 3), 1 d « approuver, cautionner (qqn) » (1374, Reconnaissance de Vedastus Raquestor, Cartulaire de St Bertin [Pas-de-Calais], ibid., 103c). Le vocalisme des formes médiév. fait difficulté, les textes ayant, au lieu des formes attendues advocat, *avuee etc. des formes comme avoe, avoue, aveue, qui supposent des formes latines avec o accentué fermé (cf. l'évolution normale pour le verbe (jur.) lo(u)er (lieu, luee) < lŏcare) le fait que les formes non diphtonguées l'emportent nettement sur les formes diphtonguées laisse supposer une influence précoce du lat. médiév. jur., et prob. du subst. avo(u)é. (Cf. O. Bloch, Notes étymol. et lexicales ds R. Ling. rom., t. 11, pp. 321-23).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 8 142. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 11 227, b) 10 669; xxes. : a) 11 916, b) 12 162.
BBG. − Bloch (O.). Notes étymol. et lexicol. R. Ling. rom. 1935, t. 11, pp. 321-323. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Dupin-Lab. 1846. − Le Roux 1752. − Pierreh. Suppl. 1926.