Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
AVISER, verbe trans.
I.− [L'accent est mis sur l'activité de l'esprit réfléchissant sur une action précise à venir]
A.− Trans. dir., vieilli. [L'idée dominante est celle d'une prise de connaissance accompagnée de conseils, etc.] Aviser qqn.Donner des avis, conseiller, persuader.
1. [Dans des expr. proverbiales] Un fou avise bien un sage. Un verre de vin avise bien un homme.
Rem. Attesté ds les dict. gén. du xixes. de Ac. 1798 à Nouv. Lar. ill.
2. Aviser qqn de faire qqc. :
1. Elle lui dit les attentions du comte Franz, ses présents de galanterie, comment elle l'avait traité pour mieux l'enflammer, et que, découragé un moment, il venait de se repiquer, et hasardait de nouveau des bouquets. Arcangeli daignait parfois secouer la tête et approuver; puis, le récit terminé, il avisa Émilia de le laisser conduire l'intrigue. Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, p. 58.
B.− Trans. indir. [Le compl. d'obj. indir. désigne un inanimé concr. ou abstr.] Aviser à qqc.Réfléchir aux meilleurs moyens d'atteindre un but, de pourvoir à quelque chose, et prendre une décision en conséquence. Synon. songer à, parer à, veiller à.
1. Aviser à + subst.; aviser à ce qui peut (résoudre un problème, etc); aviser au plus pressé :
2. Tous les jockeys de la basoche sont en campagne, et font leur chemin à travers une nuée d'employés, de commis, qui se rendent lentement à leurs bureaux, avisant au moyen d'en sortir le plus tôt possible. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 3, 1813, p. 135.
2. Aviser à + inf. :
3. En lui donnant par testament l'héritage de tout ceci, nous n'avons fait que lui rendre ce qui lui appartient; mais nous serions ingrats envers cet enfant si nous n'avisions à lui procurer un rang plus convenable dans le monde que celui de marchand de fèves. Nodier, Trésor des fèves et Fleur des pois,1833, p. 34.
Rem. Dans la lang. fam. on trouve parfois, pour l'expr. de la défense, aviser de ne pas + inf. :
4. Pars donc, mon petit Trésor, puisque tu as fini ton brouet, et avise de ne pas t'attarder en courant après les papillons... Nodier, Trésor des fèves et Fleur des pois,1833p. 37.
3. Aviser à ce que :
5. charlotte, continuant de lire. − Mais comme vous tenez à cette maison, que vous avez habitée avec votre frère, à partir d'aujourd'hui, cette maison est la vôtre; et j'avise à ce que le nouveau curé soit logé dans un autre presbytère. A. Dumas Père, La Jeunesse des Mousquetaires,1849, prol. 1.
4. Absol. Il faut aviser, il est temps d'aviser. Il est temps de prendre une décision.
II.− [L'accent est mis sur une information reçue ou donnée et intéressant le(s) destinataire(s)]
A.− Emploi trans.
1. Vieilli et littér. [L'obj. peut désigner une pers., un inanimé concr.] Prendre conscience de la présence d'une personne, d'une chose, en portant par hasard les yeux sur elle. Synon. apercevoir, découvrir, distinguer, remarquer :
6. Elle me salua d'une révérence quasi monacale, puis entr'ouvrant son grand châle, en sortit une gerbe de tubéreuses qu'elle me présenta. Après quoi elle s'en fut, sur une deuxième révérence. Le tout, sans avoir ouvert la bouche. Je demeurais, les fleurs en main, un peu ahuri, quand j'avisai une lettre, très cachetée, qu'on avait insinuée parmi les tiges. Farrère, L'Homme qui assassina,1907, p. 213.
Spéc., VÉN. Aviser le gibier. L'apercevoir.
Rem. Attesté ds Besch. 1845, Lar, 19e, Littré, Nouv. Lar. ill.
Au fig. [L'obj. désigne une chose, une action] Aviser qqc., aviser que. Découvrir :
7. Comme un soir Stephen, avec quelques-uns de ses compagnons, rentrait fort avant dans la nuit, ils avisèrent qu'ils n'avaient pas soupé et se mirent en quête d'une hôtellerie... Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 175.
8. Hors le singulier et doux embarras dans lequel nos premiers regards et nos premiers mots se trouvent empêchés, qu'avez-vous avisé en moi qui trahît du trouble ou de l'orage? M. de Guérin, Correspondance,1837, p. 287.
9. Ils revinrent aux leçons et les boules à facettes, les rayures, le bureau typographique, tout avait échoué, quand ils avisèrent un stratagème. Comme Victor était enclin à la gourmandise, on lui présentait le nom d'un plat... Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 2, 1880, p. 154.
Emploi conatif, rare. Chercher à découvrir :
10. Et, pendant un quart d'heure, toutes les deux [Emma et Félicité], elles avisèrent les différentes personnes d'Yonville disposées peut-être à la secourir [Emma]. Flaubert, Madame Bovary,t. 2, 1857, p. 158.
2. Emploi factitif, usuel, lang. admin. [L'obj. désigne toujours une pers.] Faire connaître à quelqu'un, lui donner avis de quelque chose. Aviser qqn de qqc.; aviser qqn que, de ce que; aviser qqn par la voie hiérarchique. Synon. avertir, informer, prévenir :
11. − J'y compte, répondit Léon avec un dédain qui, au milieu de mon désespoir, me fit plaisir; car il devait humilier Félix : j'y compte, mon bon ami, comme vous dites; mais en attendant, je vous avise, mon très-bon ami, que vous êtes un sot. Toute la résolution du capitaine céda à cette injure. Soulié, Les Mémoires du diable,t. 1, 1837, p. 314.
12. Je suis toujours au 23e. On ne m'avise de rien. Je suis dans l'attente et l'angoisse. Après cet espoir que m'ont donné mes parents, j'ai peur de rester là! Alain-Fournier, Correspondance[avec Rivière], 1907, p. 305.
13. Il doit notifier au ministre les dates de départ et de retour; il doit aussi l'aviser de ce qu'un congé accordé n'a pas été utilisé. J. Baradat, L'Organ. d'une préfecture,1907, p. 57.
Rem. 1. La gramm. normative enseigne qu'on doit employer aviser que de préférence à aviser de ce que (cf. Hanse 1949, Thomas 1956, Colin 1971). 2. Dans le style épistolaire admin. un supérieur avise un inférieur de qqc., mais un subordonné porte qqc. à la connaissance de son supérieur.
B.− Emploi pronom. (cf. supra A 1). S'aviser de, s'aviser que.
1. [L'obj. désigne un inanimé] Prendre conscience par les sens ou par l'esprit, d'une chose, d'un fait réel auquel on n'avait pas prêté attention auparavant. Synon. s'apercevoir de, constater, remarquer.
a) S'aviser de + subst.; s'aviser de ce qui; s'aviser d'une ressemblance :
14. Je réveillai ma mère par mes cris. Ma sœur, qui dormait près de moi, s'avisa de ce qui me tourmentait et porta le polichinelle dans la cuisine, en disant que c'était une vilaine poupée pour un enfant de mon âge. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 163.
15. Je m'étais voulue sans bornes : j'étais informe comme l'infini. Le paradoxe, c'est que je m'avisai de cette déficience au moment même où je découvris mon individualité... S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 114.
b) S'aviser que, de ce que + ind. :
16. Ensuite, il s'avisa que, du côté de la route, à gauche, une autre porte ouvrait sur la cour, de plain-pied. Zola, La Terre,1887, p. 108.
Rem. La constr. s'aviser de ce que est critiquée par la gramm. normative (cf. Colin 1971 et II A 2 rem.).
2. Au fig. [L'obj. désigne une production de l'esprit conçue en vue de l'action] Concevoir, imaginer. S'aviser de moyens, d'expédients :
17. Elle traita Conrad comme un ennemi; elle le déchira à plaisir, et lui fit tout le mal dont elle put s'aviser, et, comme elle le tenait terrassé dans ses serres, elle eut satisfaction entière de son procédé! Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 322.
3. Péj. Se mettre dans l'esprit une idée inattendue ou étrange et la mettre à exécution. S'aviser de faire un caprice. Synon. s'aventurer à, se hasarder à, se permettre de :
18. ... cette idée fixe, touchant le côté voluptueux des choses, ne me quitta pas; mais, en devenant plus profonde, elle se matérialisa pour moi sous une forme bizarre, chimérique, tout à fait malicieuse, qui ne saurait s'exprimer en détail dans sa singularité. Qu'il me suffise de vous dire que je m'avisai un jour de me soupçonner atteint d'une espèce de laideur qui devait rapidement s'accroître et me défigurer. Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 19.
19. − Pas un mot de plus sur la comtesse de Sérisy, jeunes gens! s'écria le comte. Je suis l'ami de son frère (...) et qui s'aviserait de mettre en doute l'honneur de la comtesse aurait à me répondre de ses paroles. Balzac, Un Début dans la vie,1842, p. 386.
Emploi fam. (pour marquer une défense). Ne t'avise pas de. Ne va pas te mettre en tête l'idée de, te hasarder à :
20. − Tu vas peut-être me dire ce que tu es venu foutre chez eux, comme ça, derrière mon dos, sans m'avertir. − C'est bien simple, tu vas comprendre. − Je ne veux pas de ça du tout. Ne t'avise pas de recommencer. − Écoute. Ce matin, j'ai reçu une lettre... une lettre de qui tu sais... Aymé, La Jument verte,1933, p. 192.
Fam. et iron. [Le compl. d'obj. désigne un fait inattendu mais indépendant de la volonté hum.] S'aviser de mourir, de tomber malade. Synon. fam. avoir la bonne ou la mauvaise idée de :
21. Voyez, cher ami, si ce n'est pas une fatalité! Ma femme, qui se porte bien toute l'année, s'avise d'être incommodée aujourd'hui, et incommodée de la seule incommodité peut-être qui puisse altérer un profil. Elle a horriblement mal aux dents et, en outre, les lèvres enflées et cuisantes. Hugo, Correspondance,1828, p. 453.
PRONONC. : [avize], j'avise [ʒavi:z]. Demi-longueur chez Passy 1914 pour le [i] de [avize]. Fér. Crit. t. 1 1787 indique la différence de durée du [i] en notant : ,,la 2eest brève devant la syll. masculine : nous avisons, j'avisai, avisant, etc. Elle est longue devant l'e muet : j'avîse, j'avîserai, etc.``
ÉTYMOL. ET HIST. I.− Trans. 1. a) ca 1040 « reconnaître » (Alexis, éd. G. Paris et L. Pannier, 48c ds T.-L. : Sovent le virent..., Par nule guise onques ne l'aviserent) − fin xives. (J. Lefebvre, Resp. de la mort, Richel. 994, fo22ads Gdf.) b) ca 1160 « regarder, examiner » (Énéas, 123 ds Gdf. Compl. : Chascune d'eles esguarda Et longuement les avisa); c) 3equart xiiies. au fig. (avec ind. ou subj.) « faire attention à, veiller à » (Robert de Blois, Beaudous, éd. J. Ulrich, 38 ds T.-L. : Qui c'onkes vuet autrui blamer, Bien ce doit en soi aviser Que il si nès et si purs soit, C'om ne puist lui blasmer par droit) − 1466 (Reg. des Consaux, A. Tournai ds Gdf. Compl. : Adviser a qui on baillera la garde des clefs de noquetz nouvellement mises aux portes de la ville); 2. 2emoitié xiiies. aviser de « donner avis de, informer, avertir » (Gaufrey, éd. F. Guessard et P. Chabaille, 301 ds T.-L. : Des journeez qu'il font ne sui pas avisé). II.− Pronom. av. 1577 s'aviser de « se permettre de, se décider à » (Montluc, Commentaires, liv. VI ds Dict. hist. Ac. fr. : A la fin il s'advisa la nuict d'envoyer tous les petits batteaux, qu'il avoit mené, avecques luy chargez de soldats). I dér. de viser*; préf. a-1*. II dér. de avis*, dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 475. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 226, b) 1 873; xxes. : a) 1 653, b) 2 373.
BBG. − Baudr. Chasses 1834. − Canada 1930. − Jal 1848. − Le Roux 1752. − Pierreh. Suppl. 1926.