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AUTONOME, adj.
A.− [En parlant d'un pays, d'une province, d'une collectivité fortement structurée, gén. p. oppos. à des collectivités intégrantes ou intégrées]
1. Qui se gouverne totalement ou partiellement par ses propres lois :
1. La condition primaire de l'action politique ouvrière s'est réalisée. Cette condition primordiale, c'était la constitution, dans toute l'Europe, de grandes nations autonomes, affranchies de l'oppression moscovite, et ayant abouti ou tendant énergiquement à la démocratie et au suffrage universel. Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. 42.
2. Les syndicats F.O., autonome, indépendant et C.F.T.C. (employés) de la métallurgie parisienne ont exposé hier jeudi aux représentants patronaux leurs revendications de salaires. Métallurgie parisienne, Le Monde,19 janv. 1952, p. 10, col. 4.
2. P. ext. Qui assure (en outre, ou seulement) son administration de façon indépendante. Province, région autonome.
3. P. méton. Qui est établi par une collectivité autonome. Budget autonome.
SYNT. a) Pouvoir, province, ville autonome; l'Europe unie autonome. b) Caisse, port autonome; régie autonome des transports; syndicat autonome.
B.− P. anal.
1. [En parlant d'une pers.] Qui est moralement, intellectuellement indépendant, qui mène une existence indépendante. Créature, existence, vie autonome :
3. Peut-être, d'ailleurs, trop d'hommes d'aujourd'hui, hantés par la notion de durée, ont-ils perdu conscience de leur moi fondamental, de cette part d'eux-mêmes où, en dépit de leur ondoiement et de leur diversité, se fonde l'unité de leur être, − et qui fait d'eux une personne autonome, différente de toutes les autres. Mauriac, Journal 1,1934, p. 70.
4. Toute grande œuvre nous atteint en tant que démiurgie; un grand artiste n'est pas autonome parce qu'original, il est original parce qu'autonome : d'où sa part de solitude. Malraux, Les Voix du silence,1951, p. 459.
PHILOS. Conscience, réalité, volonté autonome.
Rem. En morale, on nomme ainsi, depuis Kant, l'âme qui, soustraite à l'empire des passions, n'obéit qu'à la raison (cf. Bouillet 1859).
Emploi subst. :
5. Il suffit de se rappeler l'épisode de la chemise, juste avant la cérémonie du mariage et tous les rapports avec Kitty. Desjardins qui appartient à une génération où l'on éprouvait vis-à-vis de Dostoïevski des sentiments encore très partagés, et que rendait impatient à ce moment-là son concept de l'autonome, a proposé que l'on examinât le lendemain le cas de Nietzsche. Du Bos, Journal,1922, p. 170.
2. [En parlant de choses] Qui est construit ou qui fonctionne comme un tout indépendant :
a) Un mécanisme, un trouble organiques. Affection, maladie autonome :
6. Les éléments que l'analyse anatomique nous a fait découvrir dans les êtres vivants sont autonomes, c'est-à-dire qu'ils ont chacun leurs propriétés distinctes et caractéristiques, leurs poisons spéciaux. C. Bernard, Principes de méd. exp.,1878, p. 292.
b) Une réalisation technique. Un torpilleur autonome.
P. métaph. :
7. Vous déclarez abusives celles [les dispositions] qui vous concernent. Or, sans ces dispositions, pensez-vous que la moindre vie sociale serait possible sur ces continents autonomes que sont les navires, coupés du reste des hommes, lâchés en pleine immensité? Audiberti, Quoat-quoat,1946, p. 17.
c) Une œuvre d'art :
8. Par là, ainsi que l'a montré la « psychologie de la forme » en ces dernières années, elle en fait un ensemble, un tout, ayant force d'unité et qui se défend par sa constitution même contre tout ce qui, en la modifiant, attenterait désormais à sa nature, à son existence même. L'œuvre d'art répond bien à cette définition qu'Édouard Claparède donne de la forme : « une unité autonome, manifestant une solidarité interne et ayant des lois propres ». Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 389.
Rem. On rencontre dans la docum. les dér. a) Autonomiser, verbe trans. (Journ. de Genève, 4 juill. 1877 ds Littré; suff. -iser*). Donner l'autonomie. b) Autonomique, adj., hapax d'aut. (1936, R. Martin du Gard, Les Thibault, L'Été 1914, p. 90; suff. -ique*). Qui jouit de l'autonomie politique. Territoire autonomique.
PRONONC. : [otɔnɔm] ou [ɔtɔ-]. Également [oˑtɔ-] (Passy 1914) et [oto-] (Dub.). Enq. : /otonom, (D)/. Autonomiser. Seule transcr. ds Littré : ô-to-no-mi-zé.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1751 hist. anc. (Abbé Mallet ds Encyclop. : Autonome, titre que prenoient certaines villes de Grece qui avoient le privilége de se gouverner par leurs propres lois. Il est conservé sur plusieurs médailles antiques); devenu terme gén. av. 1866 « (d'une communauté, d'une institution) qui se gouverne selon ses propres lois » (Cuvil.-Fleury ds Lar. 19e: Sous les Romains, quelques villes grecques, conquises cependant par eux, étaient restées autonomes. Faites des principautés des puissances libres et autonomes qui servent de barrière morale à l'Occident contre les envahissements de la Russie); 2. p. ext. av. 1815 « (d'une personne) qui se fait sa règle à soi-même » (Villers, Kant, p. 140 ds Littré : Quelques penseurs autonomes, La Bruyère, Fénelon et d'autres, entraînés par la tendance que les Cartésiens avaient donnée à l'esprit de leurs contemporains, se frayèrent des routes nouvelles). Empr. au gr. α υ ̓ τ ο ́ ν ο μ ο ς « qui se régit par ses propres lois, indépendant (en parlant d'États et de personnes) » (Hérodote, 1, 96 ds Bailly) et « qui agit de soi-même, volontairement ou spontanément » (Sophocle, Antigone, 821, ibid.).
STAT. − Fréq. abs. littér. : Autonome. 308. Autonomique. 2. Fréq. rel. littér. : Autonome. xixes. : a) 4, b) 111; xxes. : a) 204, b) 1 123.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bouillet 1859. − Foulq.-St-Jean. _ Guilh. 1969. − Lal. 1968. − Littré-Robin 1865. − Marcel 1938. − Mar. Lex. 1933. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Mucch. Sc. soc. 1969. − Piéron 1963. − Piguet 1960. − Romeuf t. 1 1956. − Springh. 1962. − Suavet 1963.