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AUSCULTATION, subst. fém.
A.− MÉD. Action d'ausculter*. (Quasi-) synon. exploration :
1. Laennec, et il avait raison sur ce point, avait considéré d'ailleurs que la merveilleuse découverte de l'auscultation ne pouvait permettre de reconnaître des lésions tuberculeuses jeunes et discrètes. Ses successeurs avaient été moins sages, Andral, Fournets, Woillez avaient pensé qu'une analyse minutieuse des caractères du murmure respiratoire, que la recherche des « respirations anomales » selon le terme proposé par Woillez pouvait permettre le diagnostic précoce de la tuberculose pulmonaire. (...), toute une génération, dont j'ai fait partie au début de mon internat, n'avait comme préoccupation principale que de « bien ausculter », pour pouvoir percevoir avec certitude ces respirations anomales, fixes et permanentes localisées au sommet. Il n'y avait là en réalité qu'un beau rêve... Ce que la France a apporté à la méd. dep. le début du XXes.,1946, p. 101.
2. ... il [Laennec] avait apporté à l'analyse sémiologique l'incomparable méthode de l'auscultation, qu'il pratiquait en interposant un cylindre entre la poitrine du patient et l'oreille du médecin. Un hasard de clientèle, qui dénote son respect de la pudeur des malades et qu'il sut judicieusement utiliser par la suite, l'avait conduit à imaginer ce premier type de stéthoscope : il devait lui permettre d'exploiter dans leurs moindres finesses les ressources de la perception auditive. (...). Pour reconnaître, identifier, dénommer, interpréter tous les bruits normaux et pathologiques dont le thorax est le siège, Laennec n'avait devant lui aucun précurseur dans les pas duquel il pût mettre les siens. (...). Explorateur d'une terre inconnue, Laennec, définissant les signes d'auscultation ou de palpation, les a baptisés de ces termes dont le sens et la valeur n'ont guère changé : bronchophonie, pectoriloquie, égophonie, respiration puérile, râles sibilants, ... M. Bariéty, Ch. Coury, Hist. de la méd.,1963, p. 602.
Auscultation immédiate (ou directe, simple). Auscultation effectuée sans intermédiaire, par application directe de l'oreille sur le malade :
3. (...) Hippocrate est tombé dans la même erreur. Le passage suivant du traité de Morbis prouve qu'il avait cru entendre, par l'application immédiate de l'oreille, un bruit propre à faire distinguer l'hydrothorax des épanchemens purulens. « Vous connaîtrez par là que la poitrine contient de l'eau et non du pus; et si, en appliquant l'oreille pendant un certain temps sur les côtés, vous entendez intérieurement un bruit semblable au frémissement du vinaigre (...) bouillant. » Cette assertion est erronée. L'absence de la respiration et l'égophonie sont les seuls signes que l'auscultation puisse donner de l'existence d'un épanchement quelconque dans la poitrine, et je ne sais trop même si l'auscultation immédiate donnerait le dernier, en supposant qu'on pût placer la tête au point convenable. R.-T.-H. Laennec, De l'Auscultation médiate ou Traité du diagnostic des maladies des poumons et du cœur, fondé principalement sur ce nouveau moyen d'exploration,Paris, J.-A. Brosson et J.-S. Chaudé, t. 2,1819, p. 117-118.
Auscultation médiate. Auscultation effectuée par l'intermédiaire d'un instrument, généralement d'un stéthoscope − méthode inventée par Laennec :
4. L'auscultation médiate, d'ailleurs, ne doit pas faire oublier la méthode d'Avenbrugger; elle lui donne, au contraire, une importance toute nouvelle, et en étend l'usage à beaucoup de maladies dans lesquelles la percussion seule n'indique rien, ou peut même devenir une source d'erreurs. (...) ce n'est guère que dans les hôpitaux que l'on peut acquérir d'une manière sûre et complète l'habitude de l'auscultation médiate, d'autant qu'il est nécessaire d'avoir vérifié, au moins quelquefois, par l'autopsie, les diagnostics établis à l'aide du cylindre, pour être sûr de soi-même et de l'instrument, prendre confiance en son observation propre, et se convaincre par ses yeux de la certitude des signes donnés par l'ouïe. R.-T.-H. Laennec, De l'Auscultation médiate ou Traité du diagnostic des maladies des poumons et du cœur, fondé principalement sur ce nouveau moyen d'exploration,t. 1,1819, p. 13-14.
Auscultation obstétricale. Auscultation ayant pour objet le rythme cardiaque du fœtus (cf. Littré-Robin 1865, Méd. Biol. t. 1 1970).
Auscultation plessimétrique. ,,Auscultation des fosses sus- et sous- épineuses combinée avec la percussion des clavicules, ou auscultation du creux sous-claviculaire combinée avec la percussion des apophyses épineuses`` (Garnier-Del. 1961; cf. également Méd. Biol. t. 1 1970).
B.− Au fig. Action d'examiner attentivement.
1. [L'obj. désigne une chose concr.] :
5. Le cerf-volant repose à l'inverse sur l'exploitation d'une situation atmosphérique concrète. Grâce à lui le joueur effectue à distance une sorte d'auscultation du ciel. Il projette sa présence au-delà des limites de son corps. Jeux et sp.,1968, p. 175.
2. [L'obj. désigne une chose abstr.] Auscultation de la pensée :
6. Là où elle a mal, nous sondons; et, une fois la souffrance constatée, l'étude de la cause mène à la découverte du remède. Notre civilisation, œuvre de vingt siècles, en est à la fois le monstre et le prodige; elle vaut la peine d'être sauvée. Elle le sera. La soulager, c'est déjà beaucoup; l'éclairer, c'est encore quelque chose. Tous les travaux de la philosophie sociale moderne doivent converger vers ce but. Le penseur aujourd'hui a un grand devoir, ausculter la civilisation. Nous le répétons, cette auscultation encourage; ... Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 212.
PARAD. (Quasi-) synon. inspection, interrogation, observation, pénétration, sondage, tâtonnement.
PRONONC. : [ɔskyltasjɔ ̃] ou [o-]. Cf. ausculter.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1570 « action d'écouter » (Gentian Hervet, Cité de Dieu, I, 221 d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 128 : Ce que montre Aucunement Aristote au livre de l'auscultation naturelle), attest. isolée; 2. 1819 méd., supra ex. 3. Empr. au lat. auscultatio « action d'écouter (au sens fort action d'espionner) » (Sénèque, Dial., 9, 12, 7 ds TLL s.v., 1534, 16); 2 p. ext. du sens dans le domaine de la méd., mot peut-être introduit par Buisson (cf. Nysten 1814-20) mais dont l'emploi a été généralisé par Laennec après ses découvertes sur l'auscultation médiate (cf. Lar. 19eet Nysten 1814-20 Suppl.).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 31.
BBG. − Bouillet 1859. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Lar. méd. 1970. − Littré-Robin 1865. − Méd. 1966. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Nysten 1824. − Privat-Foc. 1870.