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AUCUN, UNE, adj., pron. et nom. indéf.
I.− Adj. indéf.
A.− Vieilli ou littér. [En « situation forclusive » (situation syntaxique telle qu'elle présente à la fois un aspect négatif et un aspect positif, aucun étant motivé par l'aspect négatif)] Marque l'indéfinition du substantif qu'il précède. Synon. quelque, un (... quelconque).
1. [En prop. hypothétique ou interr.] :
1. dona isabel. − Croyez-vous qu'il ait aucun souci de vous et de moi? Claudel, Le Soulier de satin,1929, 3ejournée, 6, p. 794.
2. Je me suis demandé s'il existait en aucun endroit du monde un paysage qui me fût plus cher que cette longue pelouse bordée de colonnes blanches et d'arbres noirs. Green, Journal,1937, p. 92.
2. [Après une prop. princ. négative ou l'adv. de négation non] :
3. Je ne peux pas dire qu'aucun fait prouvait aucune connivence avec le dehors. Proust, La Fugitive,1922, p. 427.
4. Pourvu qu'elle ne se remariât pas et qu'elle élevât les enfants de Michel, il ne se posait guère de questions à son sujet. Voilà ce que Blanche ne lui pardonnait pas. Non qu'elle ressentît aucun regret : à peine veuve, elle avait mesuré son sacrifice et l'avait accepté; ... Mauriac, Le Mystère Frontenac,1933, p. 16.
5. L'idée m'est venue tout à coup, je ne pense pas qu'il y ait là aucun mal. Bernanos, Dialogues des Carmélites,1948, p. 1594.
Rem. Dans l'ex. ci-dessous, on peut interpréter le compl. comme équivalant à une sub. complétive et expliquer ainsi la présence de l'adj. indéf. aucun précédant le compl. de nom (l'approbation d'aucunes mœurs → que j'approuve aucunes mœurs) :
6. Et ne voyez point dans cette phrase une approbation d'aucunes mœurs, ni même d'aucuns désirs; mais l'hypocrisie m'est odieuse et je sais qu'il en est certains qu'elle tue. Gide, Correspondance[avec Claudel], 1914, p. 218.
3. [Après un verbe, un subst., un adj. de sens négatif (nier, la négation, indéniable, etc.) ou contenant une idée de négation (défendre, le doute, incertain, etc.)] :
7. Elle [la consigne] défendait qu'aucun homme de troupe, officier ou non, entrât dans Smolensk avant la garde impériale. Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 84.
8. ... la république radicale avait reçu dans cet affront une marque cruelle de son inaptitude à exécuter aucun mouvement à long terme. Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 183.
9. Il est douteux qu'aucun ornithologue décrive, à la Michelet, la construction d'un nid. Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 101.
4. [Après le tour trop... pour + inf. (ou trop... pour que)] :
10. Mais il était trop sage pour tolérer aucun excès intolérable... A. France, L'Orme du mail,1897, p. 92.
5. [Après avant de + inf. (ou avant que...), loin de + inf. (ou loin que...)] :
11. ... sans doute, elle est loin d'éprouver aucun repentir, elle n'éprouve pas même de crainte; ... MmeCottin, Mathilde,t. 1, 1805, p. 259.
12. Je quittai mon lit avant qu'aucun bruit se fît entendre dans la maison. Lamartine, Les Confidences,Graziella, 1849, p. 239.
Rem. 1. Dans tous ces emplois, le verbe de la sub. complétive, lorsqu'il est conjugué, l'est toujours au subj. qui permet de présenter le procès comme l'obj. d'un sentiment, d'un jugement et non comme un simple fait que l'on énonce en l'actualisant.
Rem. 2. Aucun conserve qqf. la valeur positive qu'il avait à l'origine.
a) Région. (Canada) :
13. − Ils doivent être partis; peut-être bien qu'en passant à la Pipe ils s'arrêteront pour parler à M. le Curé. Ou bien encore il sera venu de suite dès qu'il aura su, sans les attendre. Il peut arriver dans aucun temps. Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 209.
b) Rare, par affectation d'arch. :
14. Aucuns passants seraient indignés de voir comme on nous traite. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 643.
15. ... L'ombre de quelque page éparse d'aucun livre Tremble, reflet de voile vagabonde sur La poudreuse peau de la rivière verte Parmi le long regard de la Seine entr'ouverte. Valéry, Album de vers anciens,Valvins, 1900, p. 85.
B.− Usuel. [Constr. avec ne ou sans] Marque la négation portant sur le substantif.
1. [Ne est exprimé, éventuellement renforcé par jamais..., plus..., que...]
a) (Prép.) aucune... ne, ne... (prép.) aucun :
16. Évidemment c'était une guerre qui n'était dictée par aucune considération politique; ... Guizot, Hist. gén. de la civilisation en Europe,1828, p. 18.
17. Le médecin ne nous avait laissé, dès le début, aucun espoir, et le grand âge de notre mère ne permettait de se faire aucune illusion. A. France, La Vie en fleur,1922, p. 336.
18. Aucun coup de feu ne vint troubler leur solitude fleurie; ... Maurois, Ariel ou la Vie de Shelley,1923, p. 99.
19. Il n'aspire à aucune gloire, à aucun bonheur. Malraux, La Condition humaine,1933, p. 223.
b) [Ne est renforcé par jamais..., plus..., que... (que pouvant être remplacé par sauf, hormis, excepté, sinon, etc.)] :
20. Aucun rayon ne scintillait plus aux vitraux du vieux manoir; aucun hôte n'y reposa ses membres fatigués. G. Sand, Lélia,1839, p. 422.
21. Je veux qu'aucun cœur ne souffre, excepté le mien. Hugo, Correspondance,1867, p. 86.
22. ... jusqu'à présent, je n'ai reçu aucun numéro du Moniteur (sauf trois articles de l'ami Claudin). Flaubert, Correspondance,1877, p. 341.
23. Aucun Européen, jamais, n'avait exploré ce territoire. Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 175.
Rem. Pour ne... aucun que (cf. ex. 24, 28).
2. [Ne n'est pas exprimé (omission, suppression ou impossibilité d'emploi)]
a) [En phrases compar., exclam. et nom. ou dans les questions et les réponses] :
24. Aucun bruit dans la forêt que le frémissement léger de la neige tombant sur les arbres. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Les Prisonniers, 1884, p. 276.
25. Mais à la longue, elle subit cet art de parler, cette haute grâce que Léopold possédait comme aucun prêtre qu'elle eût jamais entendu. Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 258.
26. Mais qui se chargera de cette commission? − Toi! − À aucun prix. Bernstein, Le Voleur,1906, I (Sandf. t. 1 1965, § 247).
27. Faites fermer les volets et les rideaux pour que la lumière ne vous gêne pas. Défendez qu'on vous parle. Aucune alimentation solide pendant une semaine. Romains, Knock,1923, p. 12.
28. Là tout est laid, mesquin, figé. Aucun jardin public, aucun lieu, que le cabaret, pour se réunir le dimanche; aucun chant, aucun jeu, spectacle ou musique; aucune invite à se distraire un instant de sa peine et de ses plus égoïstes intérêts. Gide, Journal,1930, p. 1000.
b) [En prop. coordonnée] :
29. ... leur bassesse lui causa du dégoût et aucun plaisir. Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 208.
30. ... il y a mille moyens d'encourager les fausses vocations, aucun moyen de décourager les vraies. E. et J. de Goncourt, Journal,1866, p. 305.
31. Cormenin, qui avait de la verve et aucun sens littéraire, écrivait ainsi : ... Gourmont, Esthétique de la lang. fr.,1899, p. 314.
3. Sans... aucun
a) Sans aucun + subst. :
32. Ce sont comme des exemplaires de famille, des doubles du même cœur, qui se sont conservés sans aucune tache au sein du foyer, ou dans l'intérieur du sanctuaire. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 291.
33. La voyez-vous, les ailes étendues, la petite croix véhémente, comme les séraphins qui ne sont qu'ailes sans aucuns pieds et une voix perçante devant le trône de Dieu? Claudel, L'Annonce faite à Marie,prol., 1948, p. 141.
Dans cet emploi, aucun peut suivre le subst. au lieu de le précéder :
34. ... elle [Clotilde] osa lui dire son inquiétude pour lui [Pascal], pour elle, pour la maison entière. Qu'allaient-ils devenir, sans ressources aucunes? Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 233.
35. C'est pourquoi nous vous prions d'excuser notre question (...) et d'y répondre sans réserve ni réticence aucune. Monsieur le curé, êtes-vous heureux? ... − Mon existence est une torture (...). Je ne crois pas. A. France, Les Sept femmes de la Barbe Bleue,La Chemise, 1909, p. 302.
b) Sans + inf. (ou sans que)... aucun + subst. :
36. Vous vous attardez à produire des saintes et des saints, (...), et pendant ce temps-là, (...), sans que nos pères et nos grands-pères en ce pays-ci aient reçu aucun avertissement, (...), un petit bourg est venu, qui avait déjà tout emporté. Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne-d'Arc,1910, p. 40.
37. Il vit alors une grande femme en robe bleue qui se plaça à côté de lui sans faire aucun bruit en marchant. Jouve, La Scène capitale,1935, p. 30.
Rem. 1. Dans le lang. pop., la négation est souvent omise. 2. Aucun devant un subst. au plur. prend lui aussi la marque du plur. : ,,Cet emploi est correct mais un peu insolite. Toutefois on mettra aucun au pluriel devant des noms qui ne s'emploient qu'au pluriel ou qui changent de sens au pluriel`` (Hanse 1949). Cet emploi légitime, selon Littré, est cependant assez peu répandu (cf. ex. 33, 34). 3. Arch., pas aucun + subst. « pas le moindre » :
38. Et pas aucun événement dans sa vie depuis ce François qu'elle a rencontré, ... Claudel, Visages radieux,1947, p. 765.
II.− Pron. indéf. [Au sing., en relation avec un compl. partitif] Aucun de..., dont aucun..., en... aucun.
A.− Vieilli, littér. [En « situation forclusive » (cf. supra I A)] Synon. quelqu'un, quelque chose :
39. Que de problèmes on préjuge en évitant d'en résoudre ou d'en poser aucun! M. Blondel, L'Action,1893, p. 15.
40. ... c'eût été une grande pitié si les idées d'aucun d'eux avaient dû passer sous les fourches caudines! Barrès, Mes cahiers,t. 12, 1919-20, p. 180.
B.− Usuel. [Constr. avec ne ou sans]
1. [Ne est exprimé] :
41. ... mais comment enfin se fait-il que, de tous ces miracles, aucuns ne soient parvenus jusqu'à nous, et que les quatre évangélistes se renferment à peu près dans le cercle des mêmes faits? Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 399.
42. ... bien qu'il fût connu pour ses prodigalités envers les femmes, il n'avait encore fait avec aucune un si égal partage de ses biens. A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 193.
43. Visité les nouveaux bâtiments dont aucun n'est beau. Green, Journal,1937, p. 89.
2. [Ne n'est pas exprimé (cf. supra I B 2)] :
44. − Madame, m'écriai-je, j'ai entendu bien des sottises dans ma vie, mais aucune qui soit comparable à celle que vous venez de dire! A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard,1881, p. 459.
45. Châteaubedeau n'avait pas fait trois pas hors de la chambre de Ninon qu'il était résolu à aller jouer à Mademoiselle de Quinconas un tour plus fameux qu'aucun de ceux qu'il avait perpétrés jusqu'alors. Boylesve, La Leçon d'amour dans un parc,1902, p. 220.
46. − Avez-vous une recommandation? − Aucune, Monsieur. Je pensais qu'il suffisait d'être gascon... Pesquidoux, Le Livre de raison,1932, p. 101.
3. Sans ... aucun :
47. [Il feuilletait] tous les livres sans faire emplette d'aucun. A. France, La Rôtisserie de la Reine Pédauque,1893, p. 33 (Sandf. t. 1 1965, § 248).
Rem. 1. Il peut y avoir ell. du compl. partitif lorsque celui-ci est exprimé dans l'antécédence immédiate et peut facilement être restitué :
48. Plus un groupe est étendu et dense, plus l'attention collective, dispersée sur une large surface, est incapable de suivre les mouvements de chaque individu; car elle ne devient pas plus forte alors qu'ils deviennent plus nombreux. Elle porte sur trop de points à la fois pour pouvoir se concentrer sur aucun. Durkheim, De la Division du travail soc.,1893, p. 284.
Rem. 2. Dans la lang. pop., ne peut être omis :
49. Elle me cherchait les mots exacts... Il en venait aucun... Ah! oui! ... Il avait confiance Ferdinand! ... J'ai confiance... Céline, Mort à crédit,1936, p. 663.
Rem. 3. Except., aucun est empl. au plur. (cf. ex. 41).
III.− Nominal indéf. de l'animé.
A.− Vx ou littér., rare. Aucun.
1. [En « situation forclusive »] Personne d'autre, quelqu'un d'autre :
50. ... en écrivant Les Frères Zemganno et La Faustin, cherchant, moi, l'inventeur de ce naturalisme, à le dématérialiser avant qu'aucun y songeât. E. et J. de Goncourt, Journal,1891, p. 97.
51. Je me bornai à exposer la façon dont je conçois la vérité de cette heure, et ma définition, loin que je puisse l'imposer à aucun, ne saurait être appréciée que de qui partage mon sentiment. Barrès, L'Ennemi des lois,1893, p. 16.
2. [Accompagné de ne] :
52. J'aurais voulu dire : « Ce n'est pas pour vous, monsieur, que j'écris. Je ne les ai écrits [mes livres] pour aucun. » Barrès, Mes cahiers,t. 4, 1904-06, p. 153.
B.− Arch., littér. Aucuns. [En phrase positive] Quelques-uns, certains.
1. [Empl. comme suj.] :
53. À plus forte raison si, comme aucuns le prétendent, les rois sont des fonctionnaires publics, l'amour qui leur est dû se mesure sur leur amabilité personnelle; ... Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?1840, p. 315.
54. Aucuns t'appelleront une caricature, Qui ne comprennent pas, amants ivres de chair, L'élégance sans nom de l'humaine armature. Tu réponds grand squelette, à mon goût le plus cher! Baudelaire, Les Fleurs du mal,Danse macabre, 1857-61, p. 169.
2. [Empl. comme régime prép.] :
55. À Madame Juste Olivier. (...). Mes amis m'en veulent de ce que je n'y vais pas. Je me brouille avec aucuns. Le plus simple sera peut-être, à un certain moment où je n'y pourrai plus tenir de chaleur, d'ennui, de travail et de brouilleries, d'aller passer là-bas quinze jours sans livres. Vous voyez que je bats la campagne et suis moins maître que jamais... Sainte-Beuve, Correspondance gén.,t. 3, 1818-69, p. 290.
C.− Fréq., dans la lang. écrite, légèrement archaïsante et empl. p. plaisant., voire ironiquement. D'aucuns.[En phrase positive] Quelques-uns, certains, plusieurs.
1. [Empl. comme suj.] :
56. − Celle-là, disait-il, c'est l'effraie. D'aucuns disent la chouette religieuse. Mais c'est l'effraie, ... Genevoix, Raboliot,1925, p. 123.
57. Pourtant voilà les rarissimes exemples, où nos gardiens n'étaient pour rien, qui faisaient s'extasier d'aucuns sur le libéralisme allemand et les beautés de la collaboration. Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 131.
2. Rare. [Empl. comme régime prép.] :
58. Mais la bosse des affaires est si prononcée chez d'aucuns qu'il y en eut pour imaginer d'autres ressources. Ambrière, Les Grandes vacances,1946p. 319.
Rem. 1. L'emploi de aucuns, d'aucuns pour « certains, plusieurs » est attesté comme vieilli et peu usité ds la plupart des dict. gén. qui mentionnent l'emploi de ce tour en style de palais (pour les plus anciens) ou en style marotique, badin ou familier. Cependant, notre docum. fournit de nombreux ex. de ce tour, en partic. pour la période la plus récente. 2. Except., on trouve aucun empl. substantivement (peut-être avec une nuance iron., p. anal. avec ces quelques-uns et sous la forme d'aucuns) :
59. Laisse dire la calomnie ... Mais toi, méprise ces menées, Plus haute que tes destinées, Grand cœur, glorieuse martyre, Plane au-dessus de tes rancunes Contre ces d'aucuns et d'aucunes; Bah! laisse faire et laisse dire! Verlaine, Odes en son honneur,1893, p. 12.
PRONONC. : [okœ ̃], fém. [-kyn]. Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930 notent une durée mi-longue pour la 1resyll. Fouché Prononc. 1959, p. 436, souligne que le n se lie : okœ ̃nɔm. Pour Littré également n se lie, mais il recommande de prononcer aucun ami : ô-ku-n ami (= oky-n) tout en constatant que ,,plusieurs prononcent ô-kun-n ami, (okœ ̃n) liant, mais conservant la nasalité``. Il ajoute que ,,aucun conserve sa nasalité même devant une voyelle, s'il n'est pas suivi immédiatement d'un mot auquel il se rapporte : je n'en veux aucun à ma suite, dites : ô-kun, et non ô-ku-n à ma suite``. Enfin, pour Littré, ,,au pluriel, l's se lie : aucuns amis, dites : ô-kun-zamis``.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− Pron. a) 950-1000 alcun (dans une phrase hypothétique affirmative) « quelqu'un » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 461, 2 : Si alcuns d'els beven veren, Non aura mal, zo sab per ver); 1209 aucun « id. » (Reclus de Molliens, Miserere, CXVIII, 1 ds Gdf. Compl.); bien en usage dans la lang. class.; cf. 1690 (phrase interr. à valeur négative); (Fur. : Y-a-t'il aucun qui réclame contre une Ordonnance si juste?); 1532 les aucuns (Rabelais, II, 2 ds Hug.); 1534 aulcuns plur. (Id., I, 36, ibid.); 1560 plur. d'aucuns (Calvin, Instit., IV, I, 22, ibid.); b) 1580 (dans une phrase négative) « pas un » (Montaigne, Essais, II, 31 ds Dict. hist. Ac. fr.). II.− Adj. a) 1100-50 (dans une phrase négative) « pas un » (Voy. de Charlem., 122 ds Gdf. Compl. : Ainz n'i sist alcuns hoem, ne unkes puis uncore); très rare en a. fr. qui emploie normalement nul; fréq. à partir du xvies. 1569 (Martin du Bellay, Mémoires ds Dict. hist. Ac. fr.); b) 1152 un alcun « quelque » (Dialogue Grégoire, p. 24, 19 éd. W. Foerster : Mais mult est ke la pense d'un alcun eveske deguastet la spessece des cures [Unius cujusque praesulis]); 1152 « id. » (op. cit., 10, 18 ds T.-L.); ca 1170 alcune feiz « une certaine fois, un certain jour » (Rois, I, II, 3 ds Dict. hist. Ac. fr.). Prob. empr. à un lat. vulg. *al(i)cunu < lat. class. aliquem unum « un certain » (Varron, Ling. 7, 31 ds TLL s.v. aliquis, 1612, 49).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 37 063. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 60 536, b) 41 700; xxes. : a) 47 226, b) 55 219.
BBG. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Cohen 1946, pp. 55-56. − Darm. Vie 1932, p. 124. − Dem. 1802. − Dul. 1968. − Dupin-Lab. 1846. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 111, 120. − Gramm. t. 1 1789. − Martin (E.). Courrier (Le) de Vaugelas. 1872, t. 3, p. 50; 1876, t. 7, p. 43; 1880, t. 10, p. 27. − Pierreh. Suppl. 1926. − Pope 1961 [1952], § 536, 1153, 1263. − Spitzer (L.). Rem. sur personne, aucun, rien, jamais. Fr. mod. 1938, t. 6, pp. 51-55. − Spr. 1967. − Valentin. Aucun. Intermédiaire des chercheurs et des curieux. 1891, t. 24, no545, col. 33-34; 186-187. − Wey (F.). Rem. sur la lang. fr. au dix-neuvième s. sur le style et la compos. littér. 1. Paris, 1845, pp. 262-266.