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ATTRAPER, verbe trans.
I.− Arriver à prendre (littéralement dans une trappe ou comme dans une trappe), saisir rapidement, d'un mouvement brusque.
A.− [Le compl. d'obj. désigne un être animé, homme ou animal]
1. Prendre (un animal) à une trappe, à un piège :
1. Celui qui a inventé le nœud du mariage a trouvé un bel et spécieux expédient, pour se venger des humains, une chausse-trappe ou un filet pour attraper les bêtes; et puis les faire languir à petit feu. P. Borel, Champavert,Dina, la belle juive, 1833, p. 116.
Emploi pronom. passif. Se laisser prendre, être pris à un piège :
2. Voilà, elle s'était arrêtée à cette place, la Marie, et n'en bougeait plus. Au milieu de cette immensité de choses fluides, qui, par ces temps mous, semblaient n'avoir même pas de consistance, elle avait été saisie par je ne sais quoi de résistant et d'immuable qui était dissimulé sous ces eaux; elle y était bien prise, et risquait peut-être d'y mourir. Qui n'a vu un pauvre oiseau, une pauvre mouche, s'attraper par les pattes à de la glu? Loti, Pêcheur d'Islande,1886, p. 133.
P. métaph. :
3. Plutarque déjà disait, avant Machiavel, que l'occasion s'attrape par les cheveux (arpazein). La conscience à l'affût court à la rencontre des occasions, ou fait le guet sur leur passage, ou se place dans les conditions les plus favorables pour les saisir. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 119.
2. Prendre, arriver à prendre une personne, un animal, qui cherche à s'échapper et que l'on poursuit :
4. − Attends seulement que je l'attrape, tu vas voir si je vais te le caloter. C'était le seul moment de la journée où l'Adélaïde prît le temps de jouer avec ses enfants. Elle courait après Gustave, lui barrait la porte en donnant la main à Clotilde. Quand il était pris, on faisait semblant de le fesser ou de lui tirer les oreilles. Aymé, La Jument verte,1933, p. 229.
Proverbe. On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre (mais avec du miel). Pour obtenir quelque chose de quelqu'un, il faut utiliser des moyens doux.
P. métaph. :
5. J'ai voulu que les moments de ma vie se suivent et s'ordonnent comme ceux d'une vie qu'on se rappelle. Autant vaudrait tenter d'attraper le temps par la queue. Sartre, La Nausée,1938, p. 60.
3. Fam. Attraper qqn à faire qqc.Surprendre quelqu'un en train de faire quelque chose. Je vous y attrape!
4. Emploi pronom. S'attraper à, dans.
a) S'accrocher à, s'agripper à, adhérer à. S'attraper à un clou :
6. Car les vertus salutaires de la terre consolatrice, Pour l'homme alors on prononce qu'elles se changent en un trésor de poisons. C'est un assaut de mâchoires féroces qui s'attrapent à la chair, Un ulcère qui dévore l'ancienne nature, Et le malade apparaît avec sa tête toute blanche! Claudel, Les Choéphores,trad. d'Eschyle, 1920, p. 923.
b) Se heurter à (contre) :
7. ... ils [les curieux] donnaient dans une rame de papier trempé chargée de ses pavés, ou s'attrapaient la hanche dans l'angle d'un banc... Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 11.
Absol., MAN. Ce cheval s'attrape. ,,Il se donne des atteintes en marchant`` (Ac. 1932).
c) Emploi réciproque. S'attraper aux cheveux, à la gorge, etc. Se prendre, se saisir, s'empoigner.
B.− [Le compl. désigne une chose]
1. [Une chose concr.] La prendre d'un mouvement rapide, brusque et de telle sorte qu'elle ne peut plus s'échapper.
a) [Se dit surtout quand l'obj. se déplace, en partic. quand il vole] Arriver à prendre en l'arrêtant brusquement dans sa course. Attraper une balle, un ballon (avec les mains, une raquette, etc.). Attraper au vol, au hasard.
b) P. ext. Se saisir de, empoigner :
8. Mais je ne me sens pas uniquement dévouée aux bambins, mon attendrissement trop féminin et pas assez maternel, s'envole au delà de l'école. J'attrape alors mes torchons, je cherche mes cuivres à frotter, les taches à enlever aux parquets du préau, des classes, de l'escalier. Ah! quand la poésie vous lancine, quand votre substance voudrait s'éparpiller en amour et recevoir le baiser de la nature entière, du soleil, des arbres − le bon remède : frotter par terre, à genoux, brosser avec rage, les bras nus! Va, rêve donc, sale bête! Frapié, La Maternelle,1904, p. 244.
Attraper le train, l'autobus, etc. Arriver juste à temps pour le prendre.
Prendre résolument (une rue, une voie, etc.) :
9. Après la place, j'avais le choix entre deux rues également attirantes. J'ai pris celle de droite, qu'illustrent deux épiceries exubérantes, l'une en face de l'autre. Puis j'ai attrapé ce que j'appelle la grand'rue, et j'ai continué avec ravissement jusqu'à la place Saint-François. Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 42.
Attraper une somme d'argent. La prendre (pour soi), l'obtenir, l'acquérir.
Vieilli. Attraper l'argent de qqn, attraper de l'argent à qqn. Prendre par des moyens peu délicats ou que l'on réprouve de l'argent à quelqu'un. Synon. soutirer.
2. Au fig.
a) Saisir quelque chose qui s'échappe vite, saisir au vol. Attraper quelques mots d'une conversation; attraper qqc. du coin de l'œil :
10. Je m'accuse, enfin, non-seulement d'avoir couru après la gloire, mais d'avoir cru l'attraper. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 5, 1814, p. 305.
b) Rare. Saisir (par l'esprit) certains caractères, certaines qualités :
11. Bien sincèrement, je n'attendais pas et je ne croyais pas mériter autant de louanges [pour Rarahu]. Mais comme ils les donnent de travers (...). À part M. Paul de Saint-Victor, ils n'ont guère compris. Chacun d'eux [des critiques littéraires] a attrapé, par-ci par-là, les quelques bribes que son genre d'intelligence lui permettait de s'assimiler. En général, le charme polynésien leur a échappé, et il n'y avait que cela dans le livre... Loti, Journal intime,t. 1, 1878-81, p. 162.
c) P. ext.
[En parlant d'une manière d'écrire ou de peindre] Saisir, s'assimiler le caractère d'une œuvre afin de le reproduire, de l'imiter :
12. ... les murs tapissés de soie rouge ou jaune ont toute leur ampleur, et leur grand air n'est point déparé par les tableaux modernes, si tourmentés, si minutieux, d'une sentimentalité ou d'un pittoresque si cherché et attrapé avec tant de peine. Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de M. F.-T. Graindorge, 1867, p. 125.
En partic., B.-A. Attraper la ressemblance. Reproduire fidèlement. P. ext. méton. (Bien) attraper qqn, la figure de qqn. (Bien) saisir le caractère particulier d'un visage, d'une physionomie, et le traduire avec exactitude; reproduire (très) fidèlement :
13. ... Mmede Vernon (dans Delphine), l'idéal de la femme des sociétés perfectionnées, la figure la plus fine qui ait jamais été tracée de main de femme ou d'homme, et qui était autrement difficile à attraper qu'une physionomie passionnée, primitive, forte, saisissable en gros et surtout par le mouvement. Barbey d'Aurevilly, 1erMemorandum,1836, p. 48.
[En parlant d'une manière d'agir] Expr. Attraper le chic pour faire qqc.
[En parlant d'une manière de parler] Attraper un accent, attraper une certaine voix.
C.− [Le compl. d'obj. désigne un but, un moment pris comme terme, etc.]
1. Fam. Parvenir à toucher, atteindre :
14. [Antoine à Courteline] Seulement, voilà : (...) nous finirions à onze heures, c'est-à-dire beaucoup trop tôt. Tout le monde me blaguerait (...). Tandis qu'avec Lidoire (...), nous attrapons minuit moins cinq et alors la route est belle. Courteline, La Conversion d'Alceste,Les Joyeuses commères de Paris, 1892, p. 99.
[Le suj. est un subst. désignant une arme, un projectile, la mort; le compl. d'obj. désigne une pers.] :
15. La mort l'attrapa sur l'arrondissement d'une période, et l'an climactérique l'avoit surpris délibérant si erreur et doute étoient masculins ou féminins. Sainte-Beuve, Tabl. hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIes.,1828, p. 152.
2. Vieilli. [Le suj. est une lettre] Parvenir à joindre, rattraper :
16. À M. de Staël. 18 janvier 1794, Nyon. J'ai eu la fièvre depuis huit jours, mon cher ami, ce qui m'a fait manquer un courrier pour t'écrire. Je n'avais d'ailleurs jamais calculé qu'une lettre de moi t'attrapât dans ta route. Mmede Staël, Lettres diverses,1794, p. 550.
3. MAR. Attraper le mouillage. L'atteindre, y arriver.
Pop. Attraper à + inf.Se porter à, agir pour.
II.− Au fig. [Avec une idée de surprise ou de violence]
A.− [Avec une idée de surprise]
1. [La surprise s'exerce sur l'obj.] Attraper qqn.Tromper, duper :
17. Je ne suis cependant pas de ces capacités supérieures, enfants et génies à la fois : bon homme sans bonhomie, je vois qu'on m'attrape et je me laisse attraper : il est plus commode d'être dupe que de s'évertuer à ne pas l'être. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 240.
Rare. Attraper qqn à (une farce) :
18. ... on me dit : Poisson d'avril. Or, imaginez que la veille j'expliquais à ces bonnes gens, à ceux mêmes qui m'ont joué ce tour-là, ce que c'est chez nous que poisson d'avril; et ils ne comprenaient pas qu'on y pût être attrapé, sachant d'avance le jour. Courier, Lettres de France et d'Italie,1811, p. 844.
Emploi pronom. (réciproque). Se tromper, s'abuser l'un l'autre.
2. [La surprise s'exerce sur le suj., en bonne ou en mauvaise part] Attraper qqc.
Fam. Gagner, obtenir, recevoir (une chose bonne ou mauvaise).
[En parlant d'une chose heureuse : une prime, un bon numéro, le gros lot, etc.] :
19. ... cette fois, au lieu d'attraper la prime de cinquante livres, le gueux reçut une fameuse semonce... Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 2, 1870, p. 152.
[En parlant de choses fâcheuses : coup, maladie, etc.] Recevoir, subir; être atteint (de), contracter :
20. ... il y a des gens qui, au milieu des galeux, n'attrapent pas la gale. Il y a des gens qui, au milieu des risques de mort, n'attrapent pas la mort. Moi je n'attrape pas la mort. Montherlant, Malatesta,1946, IV, 7, p. 525.
SYNT. Attraper mal; attraper un coup, une maladie, un rhume. Attraper une cuite. S'enivrer, se soûler. Pop. Attraper un enfant, − le ballon. Être enceinte.
Attrape! ,,Exclamation familière que l'on adresse à une personne qui vient d'être l'objet d'une plaisanterie, qui vient d'éprouver un mécompte, ou à un enfant que l'on vient de châtier`` (Quillet 1965).
Rem. Ac. 1835 et 1878, Besch. 1845 et Littré : ,,Fig. et fam. Attrape-toi cela, se dit à une personne à laquelle il est arrivé quelque accident par sa faute. On ne l'emploie guère qu'en parlant aux enfants``. Expr. attestée aussi ds Rob. qui cite Littré.
Emploi pronom. [Le suj. désigne gén. une chose fâcheuse, un coup, une maladie, etc.]
[En parlant d'un coup] Être reçu, arriver :
21. Mais cette année-là on commençait de penser qu'outre les revenants, les démons, il devait y avoir du mauvais monde dans le pays. On ne disait cela qu'à voix de confesse. C'est que sous ces sapins un coup de fusil s'attrape aisément. La balle arrive, et cherchez l'homme. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 25.
[En parlant d'une maladie ou d'une chose considérée comme telle] Être contracté :
22. Les habitudes s'attrapent plus vite que le courage et surtout l'habitude de bouffer. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 349.
Absol. Être contracté par contagion, être contagieux. Cette maladie s'attrape.
B.− [Avec une idée de violence] Attraper qqn.S'en prendre à quelqu'un.
Fam. Faire des reproches, réprimander, gronder. Se faire attraper. Synon. fam. enguirlander, vulg. engueuler :
23. − Ça doit être terriblement émouvant, mon cher maître l'attente des résultats? dit Inès Sandoval, la poétesse. − Moi, chère madame, le jour de mon élection, j'étais comme un fou, dit l'historien qui s'empifrait de gâteaux secs. J'attrapais ma femme, j'attrapais mes enfants, j'étais hors de moi. Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 31.
Spéc., dans le milieu du journ. ,,Éreinter quelqu'un`` (A. Delvau, Dict. de la lang. verte, 1866, p. 15).
Dans le milieu du théâtre. Siffler, huer un acteur (cf. Ch. de Bussy, L'Art dramatique, dict. à l'usage des gens du monde, 1866, p. 20).
Emploi pronom. (réciproque), fam. En venir aux injures ou aux mains.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [atʀape], j'attrape [ʒatʀap]. Enq. : /atʀap/ (il) attrape. 2. Forme graph. Ortho-vert 1966, p. 97, fait, s.v. attrape, la rem. suiv. : ,,Trappe et trappeur prennent deux p, les autres mots de la famille n'en prennent qu'un : attrape et ses composés, attraper, attrapeur, rattraper (et chausse-trape qui n'appartient pas à la même famille).``
ÉTYMOL. ET HIST. I.− 1165-70 atraper « prendre (qqn) à une trappe, à un piège » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. W. Foerster, Halle 1909, vers 5099-5100 : Comant il dut estre antraper [var. atrapez] Et comant il est eschapez); xives. attraper « se saisir de (qqn) » (J. Froissart, Chron., liv. I, 1repart., c. 135 ds Dict. hist. Ac. fr.); apr. 1350 « id. (qqc.) » (Le Loyal serviteur, c. 40, ibid.). II.− Fig. 1. 1465 « attirer, allécher » (Pathelin, p. 31, Jacob ds Gdf. : Or vrayement j'en suis attrapé; Car je n'avoye intention D'avoir drap, par la passion De Nostre Seigneur! quand je vins); 1592 « surprendre artificieusement, tromper » (Montluc, Commentaires, IV ds Dict. hist. Ac. fr.); 1656 « occasionner une surprise désagréable » (Pascal, Provinciales, V, ibid.); 2. 1666 « arriver à saisir par l'esprit » (Fur., Rom. Bourg., I, 18 ds Brunot t. 4, p. 613 : les gens du commun ne peuvent jamais attraper ce bel air); 3. « arriver à prendre, à saisir (qqc.) » 1669 attraper son but (Racine, II, 142, 143, Plaid., au lect., ibid. : jamais comédie n'a mieux attrapé son but); 1690 attraper des coups (Fur.); 1694 attraper un rhume, une fièvre (Ac.); 4. 1866 fam. « faire des reproches très vifs » (Lar. 19e: son chef de bureau l'a attrapé d'importance); 1866 crit. fam. (A. Delvau, Dict. de la lang. verte, p. 15 : attraper quelqu'un, éreinter quelqu'un dans l'argot des gazetiers). Dér. de trappe*; préf. a-1*; dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 964. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 811, b) 1 595; xxes. : a) 1 752, b) 1 496.
BBG. − Aubert de La Rue (E.). Le Fr. parlé aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon. Vie Lang. 1969, p. 248. − Bruant 1901. − Duch. 1967. § 17, 29, 62, 71. − Éd. 1967. − Esn. 1966. − France 1907. − Guiraud (P.). Le Ch. morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, no1, p. 100. − Jal 1848. − Larch. 1880. − Larch. Suppl. 1880. − Le Roux 1752. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 104. − Michel 1856. − Pierreh. Suppl. 1926. − Soé-Dup. 1906. − Spr. 1967. − Will. 1831.