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ATTISER, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− Animer un feu en rapprochant les tisons, en avivant la flamme. Attiser le feu, l'incendie; attiser le bûcher :
1. − Il a fallu que j'attise le feu avec un soufflet pendant qu'ils jetaient leurs papiers dedans. Je recevais toute la fumée dans la gueule. Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 65.
P. ext. [L'obj. désigne le foyer, le lieu où se trouve le feu] Attiser un poêle, un réchaud, un trépied.
B.− P. métaph. et au fig.
1. Attiser le feu de... Aigrir les esprits, envenimer les discordes, exciter les passions (en partic. charnelles). Attiser le feu des discussions politiques, le feu de la guerre civile, le feu de la haine et de la discorde :
2. Vous savez bien qu'en 1914 nous marchions à la guerre civile. Tout le long de la guerre, nous avons vu des agents de l'étranger et, à côté de ces traîtres avérés, des traîtres inconscients, souffler sur nos vieilles querelles, les attiser. Ce n'est pas tout de mettre la main au collet de ces ennemis de la paix publique, il faut mettre le pied sur ces vieux tisons d'incendie. C'est cette conciliation qu'il faut chercher. Barrès, Mes cahiers,t. 12, 1919-20, p. 199.
3. ... l'exaltation folle de ma nature a besoin d'attiser, de réchauffer sans cesse, de faire entrer en combustion et en quelque sorte de consumer au bénéfice du ciel jusqu'aux besoins moraux eux-mêmes. Du Bos, Journal,1927, p. 343.
4. Les hommes devraient donc chasser tous ces mauvais bergers, [les méchants et pêcheurs en eau trouble] ces fauteurs de guerre intestine : les sophistes qui brouillent les cartes, les avocats qui fomentent les procès et jettent de l'huile sur le feu de peur que les plaideurs ne se réconcilient, les belles-mères qui attisent instinctivement la désunion conjugale. − Il est facile d'imputer aux autres sa propre mauvaise volonté, et plus difficile, hélas! de liquider la mésentente en dénonçant les parasites ou la lune. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 184.
Attiser (une passion). Même sens. Attiser le désir, la haine, une passion.
P. ell. Attiser qqn. Exciter les convoitises, les désirs, les passions (gén. d'ordre charnel) de quelqu'un :
5. Je pourrais donc parfaitement, en somme, si je le voulais bien, demeurer chaste; mais il faudrait ordonner à ma misérable cervelle de se taire et je n'en ai pas la force! − C'est effrayant tout de même, dire que je suis plus attisé que dans ma jeunesse, car maintenant mes désirs voyagent et, las de l'abri coutumier, ils partent à la recherche du mauvais gîte! Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 68.
Arg. Attiser la cabane pour attiger (cf. A. Dauzat, L'Arg. de la guerre, 1918, p. 242).
2. P. ext. Rendre plus aigu, plus vif :
6. ... soudain tout l'Orient éclata en musique. C'était plein d'incandescences et de laves qui de seconde en seconde allaient chacune attisant sa couleur, brillant en brillant, sombre en sombre, ... Montherlant, Le Songe,1922, p. 102.
II.− Emploi pronom.
A.− Le feu, la flamme s'attise (cf. ex. 7).
B.− P. métaph. et au fig.
1. Emploi réfl. :
7. Quand vous me parliez, tout à l'heure, c'était déjà autre chose : je m'attisais sous vos coups comme cette flamme sous le vent. Montherlant, Les Olympiques,1924, p. 372.
2. Emploi réciproque :
8. Ils chantent le mot, se provoquent l'un l'autre à le chanter davantage, comme les chiens s'attisent l'un l'autre en aboyant. Montherlant, La Petite Infante de Castille,1929, p. 589.
PRONONC. : [atize], j'attise [ʒati:z]. Barbeau-Rodhe 1930 note une durée mi-longue pour la 2esyll. de l'infinitif.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1140 atisier fig. « exciter, irriter, envenimer » (Hist. Joseph, éd. E. Sass, 192 ds T.-L. : Et encore i ot al, Qui atisa le mal); ca 1175 au propre « aviver, ranimer (un feu) » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. W. Foerster, 1780, ibid. : Ausi con la busche qui fume Tant que la flame s'i est mise. Que nus ne sofle ne atise). Empr. au lat. pop. *attītiare formé sur titio « tison » (iers., Celse, 2, 17 ds Forc.).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 199.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Gottsch. Redens. 1930, p. 221. − Plais. 1969.