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ATTIRER, verbe trans.
A.− Emploi trans. [Avec souvent un compl. indir., prép. à, plus rarement vers, chez, sur]
1. [Le compl. désigne une chose]
a) [Le suj. désigne lui-même une chose] Exercer une force sur un objet en le faisant venir vers un lieu déterminé :
1. Tout le monde sait que la fonction propre du poumon est de respirer l'air atmosphérique, c'est-à-dire, d'attirer et de rejeter alternativement des portions de ce fluide dans lequel nous sommes toujours plongés. Cabanis, Rapports du physique et du moral,t. 1, 1808, p. 368.
En partic. [En parlant de phénomènes atmosphériques, météor., etc.] :
2. Un petit soleil arrivant dans la nébuleuse attire à lui les météorites déjà formées et accroît ainsi sa masse. H. Poincaré, Leçons sur les hypothèses cosmogoniques,1911, p. 250.
Absolument :
3. ... la plupart des corps électriques attirent quand ils sont échauffés, et repoussent quand ils perdent leur chaleur. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 343.
b) Plus rarement. [Le suj. désigne une pers.] Tirer à soi, faire venir à soi :
4. (D'un mouvement brusque, elle attire la nappe. La vaisselle tombe et se brise...) H.-R. Lenormand, Le Simoun,1921, p. 44.
[Gén. suivi de à et d'un pron. réfl.] :
5. Simon était déjà assis à table, et, affamé par la dépense physique du jour et de la nuit précédents, il attirait à lui les plats de hors d'œuvre fort copieux. Peisson, Parti de Liverpool,1932, p. 85.
2. [Le compl. désigne un être animé, pers. ou animal] Faire venir, entraîner vers un lieu (par quelque appât, en faisant attendre un bien, un avantage, etc.) :
a) [Le suj. lui-même désigne une pers.] :
6. D'abord, madame de Bassigny, très désireuse d'attirer chez elle ce célibataire bien tourné, porteur d'un grand nom, s'était montrée infiniment aimable pour lui. Gyp, Le Mariage de Chiffon,1894, p. 47.
b) [Le suj. désigne une chose conçue comme recelant une certaine force] :
7. Ce genre de spectacle attire la foule, mais éloigne l'amateur de cinéma. Morand, New-York,1930, p. 179.
[Le compl. est un nom d'animal] La lumière attire les moustiques :
8. Soirée de juillet. L'éclat de Vénus qui se couche après le soleil attire les chauves-souris. Renard, Journal,1903, p. 830.
B.− Au fig.
1. [Le compl. désigne une pers., son regard, son attention]
a) [Le suj. désigne une chose concr. ou abstr. conçue comme recelant une force morale, intellectuelle] Exercer un attrait, une séduction sur quelqu'un, lui plaire, le fasciner :
9. J'aborde enfin le sujet qui m'attire, me fascine et m'épouvante. C'est l'obsédé qui se jette dans l'abîme qu'il redoute. Green, Journal,1932, p. 119.
b) [Le suj. désigne une pers.] Séduire, charmer :
10. Elle me trouble, me séduit et m'inquiète, m'attire et m'effraye. Je me méfie d'elle comme d'un piège, et j'ai envie d'elle comme on a envie d'un sorbet quand on a soif. Je subis son charme et je ne l'approche qu'avec l'appréhension qu'on aurait d'un homme soupçonné d'être un adroit voleur. Près d'elle j'éprouve un entraînement irraisonné vers sa candeur possible et une méfiance très raisonnable contre sa rouerie non moins probable. Je me sens en contact avec un être anormal, en dehors des règles naturelles, exquis ou détestable. Je ne sais pas. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Yvette, 1884, p. 485.
Rem. Souvent en emploi abs. :
11. Le cœur est un aimant qui a, comme nous l'avons dit, deux pôles opposés, l'un qui attire, et l'autre qui repousse, l'amour et l'ambition. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 313.
SYNT. Attirer qqn; attirer le regard, les yeux, l'attention, la sympathie de qqn.
2. [Le compl. du verbe est un nom de chose] Qqn ou qqc. attire qqc. à/sur qqn. [Le compl. indir. est souvent à la forme pronom. : lui attirer (des ennuis, un malheur)] Appeler sur quelqu'un un événement, susciter à son propos les sentiments, le jugement (favorable ou défavorable) d'une personne, d'un groupe :
12. Sa bénédiction attirait sur ses amis généreux la faveur du ciel et la chance, et sur les autres l'infortune. Tharaud, La Fête arabe,1912, p. 198.
13. Nicolas a quinze ans de plus que son jeune parent; il est fort avancé dans le monde, très prisé chez les Luynes, et d'une dévotion modérée qui lui attire de la considération, sans nuire à son avancement. Mauriac, La Vie de Jean Racine,1928, p. 26.
[Avec valeur réfl. du compl. indir.] S'attirer la colère de qqn :
14. Un chroniqueur écrivait un jour : « il me faut un certain courage pour louer ce jeune homme : c'est le plus sûr moyen de m'attirer son hostilité. » Arland, L'Ordre,1929, p. 192.
15. ... tous les élèves de la rue d'Ulm passent l'agrégation et font des carrières plus ou moins brillantes, mais pas un dont l'œuvre, en quelque genre que ce soit, éveille cet intérêt passionné, cet amour, que seules les belles œuvres, et durables s'attirent, − pas un n'arrive à être aimé pour lui-même! Un seul est refusé à l'agrégation, n'arrive pas à la passer, − et c'est Jean Giraudoux! Larbaud, Journal,1934, p. 342.
SYNT. Attirer des ennuis à qqn, attirer sur lui un malheur, la bénédiction de, l'approbation de, le mépris, la fureur, les reproches, la sympathie, la confiance, le respect.
C.− Emploi pronom. réciproque. Être attiré l'un vers l'autre; exercer l'un sur l'autre une action telle que tous deux ont tendance à se rapprocher :
16. Ces astres infiniment petits, ce sont les atomes. Comme les astres proprement dits, ils s'attirent ou se repoussent, et cette attraction ou cette répulsion, dirigée suivant la droite qui les joint, ne dépend que de la distance. H. Poincaré, La Valeur de la sc.,1905, p. 172.
Au fig. :
17. Dans la mentalité pré-logique, dans la notion confuse d'une « participation mystique », l'homme confond le comportement de ses images mentales avec le comportement des réalités extérieures. Ce mot même de participation est très expressif et très juste. Il évoque bien le mode de causalité des images qui s'associent, s'attirent en se déformant mutuellement, s'impliquent l'une l'autre. Ruyer, Esquisse d'une philos. de la struct.,1930, p. 185.
PRONONC. : [atiʀe], j'attire [ʒati:ʀ]. Enq. : /atiʀ/ (il) attire.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1275-80 fig. « attirer à soi » (cf. cependant le glossaire de l'éd. citée) (J. de Meung, Rose, éd. F. Lecoy, 4604 : Car Amor, qui forment m'atyre, Qui par trestouz mes pensers chace Con cil qui par tout a sa chace); 1534 id. « tirer vers soi, entraîner vers soi (qqc.) » (Rabelais, Gargantua, éd. La Pléiade, XL); d'où 1580 « (d'un inan.) entraîner par voie de conséquence, causer » (Mont., ch. XXIII, p. 69 ds Gdf. Compl.); 1541 « (d'une pers.) entraîner vers soi » (Calvin, Instit. chrét. II, c. 3, § 10 ds Dict. hist. Ac. fr.); 2. 1580 au propre « faire venir à soi (qqc.) » (Mont., liv. II, p. 137 ds Gdf. Compl. : L'aymant attire une aiguille); xvies. « id. (qqn) » (Amyot, Pyrrh, 45 ds Littré). Dér. de tirer*; préf. a-1* sur l'a. fr. atir(i)er, cf. attirance.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 5 418. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 967, b) 7 604; xxes. : a) 7 491, b) 7 661.
BBG. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Darm. Vie 1932, p. 143. − Gottsch. Redens. 1930, p. 109. − Henry (A.). A. fr. atirer. Romania. 1958, t. 79, p. 507, 508, 510. − Spr. 1967.