Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ATTIÉDIR, verbe.
I.− Emploi trans.
A.− Attiédir qqc.Rendre quelque chose tiède.
1. Rendre quelque chose moins chaud :
1. Ô vents qui avez passé par Bethléem, qui vous êtes reposés au Pont sur la riante solitude de Basile, qui vous êtes embrasés en Syrie, dans la Thébaïde, à Oxyrinthe, à l'île de Tabenne, qui avez un peu attiédi ensuite votre souffle africain à Lérins et aux îles de la Méditerranée, vous aviez réuni encore une fois vos antiques parfums en cette vallée, proche Chevreuse et Vaumurier; ... Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 182.
Rem. Cf. aussi ex. 1 sous attiédi.
2. Rendre quelque chose moins froid :
2. ... mais lorsqu'elle [la mer] flue de la zone torride vers notre pôle pendant notre hiver, non seulement elle en adoucit la rigueur sur nos côtes, en attiédissant leur atmosphère par sa chaleur, mais elle est peut-être, par ses émanations phosphoriques et ses ondulations, la cause de ces aurores boréales ondoyantes qui, l'hiver, éclairent les nuits des contrées septentrionales, ... Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 273.
P. compar., poét. :
3. Lieu charmant! Trop heureux qui dans ta belle plaine, Où l'hiver indulgent attiédit son haleine, Au sein d'un doux abri peut, sous ton ciel vermeil, Avec tes orangers partager ton soleil, Respirer leurs parfums, et, comme leur verdure, Même au sein des frimats défier la froidure! Delille, L'Homme des champs,1800, p. 80.
SYNT. Attiédir l'atmosphère, brises marines qui attiédissent les hivers, chaleur qui attiédit les pièces, poêle qui attiédit le vestibule, le soleil attiédit l'air.
B.− P. anal., rare. [En parlant des sensations autres que le chaud et le froid] Rendre moins vif :
4. Il continuait à boire, entre chaque phrase, une petite gorgée de thé, dont le parfum attiédissait ces odeurs plus âpres, où il y avait une pointe de fauve. Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 464.
C.− Au fig.
1. (Correspond plutôt à A 1). [Le compl. désigne les pers., leurs sentiments, leur sensibilité...]
a) Rendre moins passionné, moins chaud, parfois jusqu'à l'indifférence :
5. Voilà un bien grand nombre d'exemples d'habitudes : j'en pourrais citer mille autres; mais je n'ai pas réuni ceux-ci sans choix et au hasard : il y en a à-peu-près de toutes les espèces, ils sont tous différens, et plusieurs même paraissent diamétralement opposés. Vous y voyez tous les genres de la sensibilité attiédis ou exaltés; la mémoire engourdie ou rendue très-vive; les mouvemens devenus toujours très-faciles, mais tantôt dépendans de la volonté à un point extrême, tantôt absolument involontaires; des jugemens d'une finesse singulière, mais si peu distincts qu'on n'en a pas même la conscience; la volonté prendre tantôt une direction, ... Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Idéologie, 1801, p. 290.
b) Rendre moins vif, moins intense et violent :
6. L'Évangile a dit : Cherchez, et vous trouverez; je te dirai : Cherche, et tu trouveras; ne nie pas ce que tu n'as pu apprécier; ne te lasse pas, recommence vingt fois s'il le faut ton travail de conquête; ce n'est pas du premier coup que le mineur trouve le filon d'or; sois-en certain, tu la rencontreras, celle qui doit calmer tes colères, attiédir ton cœur, dissiper tes tristesses et chanter avec toi l'Hosanna des jours heureux. Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 260.
2. (Correspond plutôt à A 2). Rendre agréable, emplir d'une chaleur douce, accueillante :
7. Si, devant l'apprentie, il ne la baisait pas même sur les cheveux, il n'entrait dans leur chambre, après vingt années de ménage que troublé d'une émotion de jeune mari, au soir des noces. Elle était discrète, cette chambre, avec sa peinture blanche et grise, son papier à bouquets bleus, son meuble de noyer, recouvert de cretonne. Jamais il n'en sortait un bruit, mais elle sentait bon la tendresse, elle attiédissait la maison entière. Et c'était pour Angélique un bain d'affection, où elle grandissait très passionnée et très pure. Zola, Le Rêve,1888, p. 24.
II.− Emploi pronom.
A.− [Le suj. est une chose] Qqc. s'attiédit.Devenir tiède (supra I A 1).
1. Devenir moins chaud :
8. Et de même que, de semaine en semaine lors de notre premier voyage, je marchais vers la guérison, de semaine en semaine à mesure que nous avancions vers le Sud, l'état de Marceline empirait. Par quelle aberration, quel aveuglement obstiné, quelle volontaire folie, me persuadai-je, et surtout tâchai-je de lui persuader qu'il lui fallait plus de lumière encore et de chaleur, invoquai-je le souvenir de ma convalescence à Biskra... L'air s'était attiédi pourtant; la baie de Palerme est clémente et Marceline s'y plaisait. Gide, L'Immoraliste,1902, p. 462.
2. Devenir moins froid :
9. J'avais froid aussi; le préau et les classes ne s'attiédissent à dix degrés que vers neuf heures et les seize degrés réglementaires, on ne les obtient que le soir, parce qu'il faut aérer à chaque sortie des classes, quelle que soit la température. Frapié, La Maternelle,1904, p. 124.
B.− Au fig. [Se dit partic. en matière de dévotion] Qqn ou qqc. s'attiédit.Devenir tiède, devenir moins ardent, diminuer d'intensité :
10. Aujourd'hui que mon sang s'attiédit, que mes artères se ralentissent et s'apaisent, je puis redescendre en moi-même. Les sourires invitants et les douces paroles ne troublent plus ma rêverie. Je ne crois plus, comme autrefois, que les soupirs voluptueux et les baisers brûlants soient le seul bonheur et la seule sagesse. G. Sand, Lélia,1833, p. 290.
11. La sensibilité et le talent suivent, chose remarquable, une marche presque inverse : la sensibilité s'émousse, s'attiédit, se désabuse (...) le talent s'affermit... Sainte-Beuve, Portraits contemp.,t. 2, 1869, p. 158.
SYNT. L'ardeur s'attiédit, le désir s'attiédit, les sentiments s'attiédissent, la sympathie s'attiédit, la vertu politique s'attiédit.
Rem. Un emploi adj. rare du part. prés. attiédissant, ante. Qui attiédit : ,,Cette faculté électrique [de M. de Chateaubriand] (...) ne l'a pas abandonné encore (...) Elle ne l'a pas trompé particulièrement dans sa relation de guerre et de dégoût contre un état de choses venu le dernier et déjà le plus attiédissant.`` (Sainte-Beuve, Portraits contemp., t. 1, 1869, p. 15).
PRONONC. : [atjedi:ʀ], j'attiédis [ʒatjedi]. Passy 1914 est le seul dict. à noter [ε] ouvert à la 2esyllabe du verbe.
ÉTYMOL. ET HIST. − Fin xiies. atevir au fig. « rendre tiède, moins ardent » (Sermons St Bernard, 141, 8 ds Gdf. Compl. : S'il per aventure at esteiz ateviz en altre tens); xiiies. atiedir (G. de Lorris et J. de Meung, Rose, Corsini, fo130c, ibid.); xives. id. au propre « rendre plus tiède » (Ph. de Vitry, Métamorphoses Ovide, éd. Tarbé, 110 ds T.-L. : Elle [la fontenelle] est chaude endroit mïenuit Et endroit midi refroidist, Au soir et au main atiedist); 1559 pronom. au fig. « se rendre moins ardent » (Amyot, Alc., 33 ds Gdf. Compl. : Ses ennemis s'attiedirent un peu); peu usité au propre d'apr. Rich. 1680. Dér. de tiédir* (a. fr. tieve, teve); préf. a-1*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 49.
BBG. − Duval 1959.