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ATTÉNUER, verbe trans.
A.− Sens concr.
1. Vx. Affaiblir, diminuer les forces du corps; spéc., diminuer l'embonpoint, amaigrir. Les jeûnes atténuent le corps (Besch.1845) :
1. Elle est charmante, votre fille! Si vous pouviez atténuer son ventre au commencement, vous me feriez plaisir. Flaubert, Correspondance,1880, p. 365.
Emploi pronom. :
2. Aucun médecin ne sait jamais comment je m'atténue et me remets si vite... G. Sand, Correspondance,t. 5, 1812-76, p. 185.
Rem. Ce sens est encore le seul attesté ds Ac. 1798 (avec le sens méd., cf. infra 2). Qq. dict. du xixes. sont ainsi amenés à traiter de la synon. de atténuer et de exténuer, p. ex. Lar. 19e: ,,Atténuer, diminuer les forces, l'embonpoint; exténuer, causer un grand affaiblissement``; ou bien Sardou 1877 : ,,Atténuer, c'est littéralement porter à la ténuité (...). Exténuer exprime une diminution plus grande, un affaiblissement plus considérable... .``
2. Spéc. Rendre plus mince, plus ténu, moins dense. BRASSERIE. ,,Augmenter la proportion de l'extrait fermenté sous l'action de la levure`` (Duval 1959). CHIM. Atténuer un fluide. En diminuer la densité. MÉD. ANC. Atténuer les humeurs. Les rendre moins épaisses. PHYS., rare. Rendre ténu, diviser en très petites parties, mettre en poudre. Atténuer un corps.
B.− Au fig.
1. Rendre moins fort, moins vif (ce qui touche les sens, qui produit une sensation).
SYNT. Atténuer le bruit, les sanglots, le son de la voix, la voix; atténuer un accent, une odeur, les vibrations.
Emploi pronom. :
3. ... l'horrible puanteur, loin de s'atténuer, s'intensifia d'une façon telle qu'un beau jour elle mena directement à la chambre d'Éléna d'où, sans doute possible, elle infectait la maison. Cendras, Bourlinguer,1948, p. 134.
2. Diminuer la force, la violence (de ce que l'on ressent). Synon. apaiser, soulager :
4. ... je sais si bien que ce n'est pas le bonheur que je cherche, que je ne songe même plus à diminuer mes souffrances par cette idée. La conscience que mon objet est autre que la joie s'est faite si profonde, si intime, si mêlée à ma substance, que je n'ai pas l'idée de restreindre ma douleur, de l'atténuer par des considérations stoïques. J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1906, p. 348.
5. François reprenait ses esprits. Il ne pouvait supposer que Mahaut, fût complice : « Elle n'a pas vu ma mère, grâce à cette piqûre. » Mais son soulagement, loin de les atténuer, augmenta ses remords. Il imaginait ce qui aurait pu arriver... Radiguet, Le Bal du comte d'Orgel,1923, p. 126.
SYNT. Atténuer une douleur, une souffrance; − une impression, un phénomène, une sensation, un sentiment (pénible); − l'effet (désagréable) de.
Emploi pronom. :
6. Sous l'influence débilitante du monde, les énergies s'émoussent, les caractères originaux s'atténuent et s'effacent, avec une rapidité effrayante. R. Rolland, Jean-Christophe,Les Amies, 1910, p. 1101.
3. Diminuer la force d'un mot, d'une expression, d'une description, de ce que l'on dit ou pense; rendre moins prononcé le caractère, l'originalité, le relief, le réalisme d'une chose :
7. Du sein des déserts arrosés de leur sueur et de leur sang, ils [les prêtres] voloient à Madrid et à Rome pour y demander des édits et des bulles contre l'impitoyable avidité qui vouloit asservir les Indiens. Le prêtre miséricordieux les exaltoit pour les rendre précieux; il atténuoit le mal, il exagéroit le bien, il promettoit tout ce qu'il désiroit; enfin Robertson, qui n'est pas suspect, nous avertit, dans son histoire d'Amérique, qu'il faut se défier à ce sujet de tous les écrivains qui ont appartenu au clergé, vu qu'ils sont en général trop favorables aux indigènes. J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 111.
8. Nerval n'exagère pas l'étrangeté qui l'environne. Il l'atténuerait plutôt. M.-J. Durry, Gérard de Nerval et le mythe,1956, p. 87.
4. Diminuer la gravité (de ce que l'on fait ou commet) :
9. ... une réelle bonne foi et bonne volonté humaine et une croyance sincère au vrai Dieu, et un dévouement mal éclairé pour la religion, peuvent se composer dans le concret avec le principe « totalitaire ». Nous savons que celui-ci se réalise, sous des modalités diverses, et qui en atténuent ou aggravent plus ou moins la malice. Maritain, Humanisme intégral,1936, p. 301.
En partic., dans le domaine jur.
[En parlant d'une pers.] :
10. ... les délits dont les ministres peuvent se rendre coupables, ne se composent ni d'un seul acte, ni d'une série d'actes positifs dont chacun puisse motiver une loi précise; des nuances que la parole ne peut désigner, et qu'à plus forte raison la loi ne peut saisir, les aggravent ou les atténuent. Constant, Principes de pol.,1815, p. 79.
11. J'ai vu comparaître enfin les experts du procès Esterhazy, qui nous ont déclaré que le huis clos ne leur permettait pas de s'expliquer, alors que des savants ont fait pour nous la pleine lumière sur la valeur de l'expertise officielle. J'ai vu l'effort inutilement fait pour atténuer la grave présomption résultant des lettres à Mmede Boulancy. Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 197.
[En parlant de circonstances, de causes, etc.] :
12. J'ai établi le motif passionnel, la cause qui, à un certain degré, atténue sa responsabilité morale. A. Arnoux, Rêverie d'un policier amateur,1945, p. 232.
DÉR.
Atténuissement, subst. masc.,néol. Synon. de atténuation au sens de « réduction, division ».(1846, Sainte-Beuve, Portraits contemp., t. 1, p. 444; suff. -issement /-ment1*, sans doute p. anal. avec amenuissement).
PRONONC. ET ORTH. : [atenɥe], j'atténue [ʒateny]. Enq. : /ateny/ (il) atténue. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. aténuer avec un seul t, mais Besch. 1845 transcrit le verbe avec [tt] géminées.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1120 trans. « affaiblir (qqn) » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, 78, 8, Paris, 1876 : ignelement purpriennent nus les tes misericordes, kar atenüed sumes trop); xiies.-1ertiers xiiies. « diminuer (qqc.) » (Moralités sur Job, 466 ds Littré : Li bien ki poissent estre attenueit, se il fuissent acomplit), rare av. le xvies. : 1525 « affaiblir, exténuer » part. passé adj. (Cretin, L'Apparition de Jaques de Chabanes, p. 116 ds Hug. : C'estoit celluy qui soubz tantes et bannes Coucher au champ avoit continué, Dont se trouvoit trés fort attenué); 1771 s'atténuer « s'affaiblir » (Trév.); spéc. a) av. 1590 méd. atténuer les humeurs « les rendre plus fluides » (Paré, 5, 23 ds Littré : Telle suffumigation incise, attenue, resoult l'humeur) ,,anc.`` ds Lar. 19e; 1701 part. prés. substantivé, méd. (Fur. : atténuant remède qui augmente la fluidité du sang et des humeurs) − 1718, Ac.; b) 1721 phys. (Trév. : Atténuer ... c'est mettre en poudre, réduire en poudre) ,,peu usité`` d'apr. Lar. 19e; c) 1811 part. passé adjectivé bot. « aminci » (Mozin-Biber : un pétiole atténué); 2. ca 1120 dr. « diminuer la portée de qqc. » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, 88, 40 : tu atenuias le covenant de tun serf), attest. isolée; repris au xvies. : 1530 « (l'objet est un inanimé) affaiblir, rendre moindre » (Palsgr. p. 440 : [...] Il ma attenué mon pouvoyr). Empr. au lat. attenuare au sens 1 « affaiblir » (César, Civ., 3, 89, 1 ds TLL s.v., 1125, 30); b phys. (Itala, IV reg. 23, 15 − Lucif. de non parc. 7, p. 224, 15 − ds TLL s.v., 1126, 67); c bot (Pline, Nat., 21, 30 ibid., 1126, 63); 2 fig. (Ovide, Trist., 4, 1, 16, ibid., 1125, 72).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 432. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 259, b) 468; xxes. : a) 904, b) 821.
BBG. − Duval 1959. − Gramm. t. 1 1789. − Nysten 1814.