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ATTARDER, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− Mettre en retard, faire prendre plus de temps qu'il est habituel ou normal. Attarder qqn :
1. Je reviens à Hérodiade, je la rêve si parfaite que je ne sais seulement si elle existera jamais. Et puis, il faut dire que ce commencement qui m'attarde est le plus difficile de l'œuvre. Mallarmé, Correspondance,1866, p. 213.
2. Les trois corps de la deuxième armée étaient là, on racontait que le rendez-vous, donné à l'armée de la Loire, était pour le lendemain, à Fontainebleau. Puis, tout de suite, ce furent les malechances, les fautes habituelles, une crue subite qui empêcha de jeter les ponts de bateaux, des ordres fâcheux qui attardèrent les mouvements. Zola, La Débâcle,1892, p. 574.
B.− Au fig. Retarder quelqu'un, en particulier un enfant, dans son évolution et les progrès de son intelligence :
3. Il y a, chez beaucoup de parents, un besoin de maintenir l'enfant dans une longue enfance, de l'attarder en l'amusant. Colette, La Jumelle noire,1938, p. 142.
II.− Emploi pronom.
A.− Au propre. [En parlant d'une pers. ou d'un animal] S'attarder,emploi abs. Se mettre en retard, prendre son temps au-delà du délai prévu ou du délai normal, de l'heure habituelle :
4. Il était trois ou quatre heures du matin. Nous nous étions comme oubliés dans un petit salon, où quelques joueurs obstinés s'attardaient encore. Fromentin, Dominique,1863, p. 178.
5. Mon compagnon avait dû s'attarder en chemin. Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes,1913, p. 33.
P. anal. [En parlant d'un phénomène naturel] :
6. Le crépuscule s'attardait, ce crépuscule interminable des jours d'été, mystérieuse lueur qu'on dirait sortie de la terre. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 175.
Rem. S'attarder est parfois synon. de flâner (ex. 7), de (fam.) ,,lambiner`` (Dub.) :
7. ... le cerf, revenant du gagnage, emprunte la même et longue coulée, où il s'attarde et flâne avec un plaisir certain avant de prendre son repos habituel. F. Vidron, La Chasse en plaine et au bois,1945, p. 95.
Spéc. Se trouver hors de chez soi à une heure avancée du jour, où à la tombée de la nuit :
8. On s'attarda, la nuit tombait, quand on reconduisit Mahoudeau, qui, décidément, voulait se mettre au lit. Zola, L'Œuvre,1886, p. 247.
9. L'heure venait pour la cousine de regagner Marsac, et la mère voulut lui faire un bout de conduite. « Ne t'attarde point trop, dit Grange, la nuit sera bientôt là. » Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 95.
B.− Au fig.
1. S'attarder dans, s'attarder sur.Prendre du retard, généralement avec complaisance, dans une entreprise :
10. L'ingénuité ne peut s'attarder dans l'âge mûr [de l'art]; si elle se prolonge trop, elle semble être de la débilité intellectuelle. L. Hourticq, Hist. gén. de l'Art,La France, 1914, p. 131.
11. Sa situation vis-à-vis d'Édouard lui paraissait de jour en jour plus fausse. Ce dont elle souffrait surtout et qui, pour peu que s'y attardât sa pensée, lui devenait insupportable, c'était de vivre aux dépens de ce protecteur, ou mieux : de ne lui donner rien en échange; ... Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1076.
2. S'attarder à.[Suivi d'un subst. ou d'un inf.]
a) Se consacrer momentanément à une chose de préférence à d'autres, prendre son temps pour faire quelque chose :
12. ... il était rare que M. de La Hourmerie ne s'attardât pas à la besogne jusqu'à six et sept heures du soir. Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir,1893, p. 89.
13. Toute l'après-midi, ils s'attardèrent au ménage, balayèrent, firent le lit. Lui-même avait voulu l'aider. C'était un jeu, ils s'amusaient comme des enfants rieurs. Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 173.
14. Elle s'attardait aux souvenirs d'enfance parce qu'elle ne pouvait souffler mot de souvenirs moins lointains qui l'obsédaient. R. Martin du Gard, Les Thibault,La Mort du père, 1929, p. 1319.
15. Le conteur ne dirige pas la suite des événements vers la conclusion, mais se perd en détails amusants. Un Indien des prairies s'attardera à décrire comment on abat un bison; un indigène de l'Afrique du Sud se plaira à des détails culinaires. R.-H. Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, p. 224.
b) Péj. Perdre, gaspiller son temps à..., s'arrêter trop longuement sur... S'attarder à des futilités, à de vains regrets (Rob.). Il s'attarde à des détails insignifiants (Dub.) :
16. Ce travail, aidé par une érudition que le P. Rapin lui-même jugeait prodigieuse, porte la marque de son esprit, élevé, puissant, mais chaotique, inégal, d'une justesse plus que douteuse, porté aux ingéniosités puériles. Du plus haut sublime il tombe dans la platitude. Ou bien il s'attarde à des subtilités compliquées, presque inintelligibles et que l'on devine ou très peu sûres ou tout à fait vaines. Bremond, Hist. littér. du sentiment relig.,t. 4, 1920, p. 157.
17. Le charme de Massenet (1842-1912) durera longtemps parce qu'il y a d'abord dans sa musique une sensualité qui lui appartient en propre; mais autre chose, et plus rare : une concision qui la retient de s'attarder au détail inutile et qui est la qualité essentielle au théâtre. R. Dumesnil, Hist. illustrée du théâtre lyrique,1953, p. 157.
18. Il s'asseyait, croisait les jambes sous la table, découvrant des fixe-chaussettes mauves : elle critiquait ce laisser-aller. Je ne comprenais pas qu'elle s'attardât à ces vétilles, ... S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 182.
PRONONC. : (s')attarder [ataʀde], j(e m)'attarde [ʒataʀd].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Fin xiies. intrans. « tarder » (La Prise d'Orange, éd. C. Régnier, 1436 : (Si me diras le palasin Bertran Qu'il me secore, ne voist ja atardant), seulement en a. fr.; 2. 1170-71 pronom. « se mettre en retard » (Chr. de Troyes, Cligès, éd. Förster, 4685 : Et cil leissent chevaus aler, Que plus ne se vont atardant, Car mout sont angrés et ardant De l'asanbler et de la joste), seulement en a. fr.); signalé dans La Fontaine par Boiste 1829 au sens de « se mettre tard en route », fam.; repris au xixes. : 1801 (Mercier, Néologie ds Dict. hist. Ac. fr. : Se livrer trop aux plaisirs dans la jeunesse, c'est S'attarder dans le chemin de la gloire); 3. xiiies. trans. « retarder » (Lais et descorts XIIIes., éd. A. Jeanroy, Brandin et Aubry, XXI, 19 ds T.-L. : Doce amie, car te preng garde Kex la cose est ki tant m'atarde), attest. isolée; repris au xixes. : 1829, Boiste. Dér. de tard* (préf. a-1*; dés. -er) ou de tarder*, qui a éliminé le plus ancien atargier (ca 1100 Chanson de Roland).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 945. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 74, b) 523; xxes. : a) 2 339, b) 2 084.