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ATROCE, adj.
D'une cruauté qui suscite l'horreur ou la réprobation.
A.− Sens actif. [L'accent est mis sur l'action exercée par le comportement habituel ou occasionnel d'une pers. ou d'une collectivité] Qui est d'une cruauté affreuse. Caractère atroce. C'est un homme atroce (Ac. 1835, 1878). Loi, tyran atroce :
1. Quel tribunal enfin, quel juge, et quel arrêt pour toute une famille coupable et accablée de remords, que les funérailles de Clarisse! Tout est simple dans ce roman, hormis le caractère atroce et monstrueux, mais malheureusement encore trop naturel, de Lovelace : ... Marmontel, Essai sur les romans,1799, p. 338.
2. Un général, un héros, un grand homme, jusque-là respecté de la fortune autant que des hommes, fixant en ce moment les regards des trois parties du monde, imposant l'admiration à ses ennemis mêmes, est tout à coup accusé d'un crime réputé inouï, sans exemple, d'un acte dit inhumain, atroce, cruel, et ce qui est surtout bien remarquable, tout à fait inutile. Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 125.
3. Elle me dit encor son pauvre cœur de femme, Déçu depuis longtemps par l'homme atroce, infâme. Ponchon, La Muse au cabaret,Collignonne, 1920, p. 182.
Âme atroce. ,,Une âme méchante et féroce`` (Ac. 1798).
B.− Sens passif. [L'accent est mis sur ce que fait subir à un être une chose susceptible d'agir sur la sensibilité physique ou morale] Très pénible à supporter en raison de sa violence. Supplice, mort, douleur atroce. Synon. abominable, affreux, effroyable :
4. Après leur départ, Julien n'était plus le même homme. Toute sa colère contre lui-même avait disparu. La douleur atroce, envenimée par la pusillanimité à laquelle il était en proie depuis le départ de Mmede Rênal, s'était tournée en mélancolie. Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 498.
5. ... et que nous vient-il pourtant de là-bas, de cette région volcanique où se fait notre bonheur, à ce que vous dites, que nous vient-il, sinon des nouvelles de blessures et de morts, c'est-à-dire le pire malheur pour celles qui sont frappées, et l'angoisse la plus atroce, le plus barbare supplice pour toutes, l'attente? Alain, Propos,1924, p. 637.
C.− Familier
1. P. hyperb. [En parlant d'une chose ou plus rarement d'une pers.] Pénible à supporter, insupportable. Un temps atroce (Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Nouv. Lar. ill., Ac. 1932). Un livre d'une atroce bêtise (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.). Un atroce bavard (Rob.) :
6. Voilà Yvette avec un coup de soleil. Elle est partie se coucher. Elle était comme un coquelicot, la pauvre enfant, elle a une migraine atroce. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Yvette, 1884, p. 518.
2. P. plaisant. ou par antiphrase :
7. On lance parfois : − Atroce! ... d'une voix mourante, avec des trémolos admiratifs devant un gadget up to date, une babiole, des fanfreluches portant la griffe d'un grand couturier, ou le dernier livre d'un maître du « nouveau roman ». Peut s'employer, sur le même ton, pour saluer l'apparition d'une personne dont on veut se payer la tête tout en feignant le plus grand respect à son endroit. Murmuré d'une voix funèbre, donnera à une douairière un peu fofolle l'illusion d'être reportée au temps de la belle Otéro... Ou quelques inquiétudes au maître d'hôtel qui nous présente une addition salée. Éd., 1967.
Rem. ,,Cet adjectif peut, même en prose, se mettre avant son subst., mais il faut pour cela qu'il y ait une analogie étroite entre les deux mots. On ne dira pas un atroce homme, une atroce femme; mais on dira une atroce lâcheté, une atroce perfidie. Il est naturel qu'il y ait quelque chose d'atroce dans la lâcheté et la perfidie`` (Lav. Diffic., 1846). Cf. encore d'atroces représailles. Cette règle n'a cependant rien d'absolu, notamment dans l'emploi hyperbolique, cf. supra et cette atroce certitude que l'âme sera demain ce qu'elle est aujourd'hui (Milosz, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 117), parler de « Dieu éducateur » au sujet de ce peuple [Israël] est une atroce plaisanterie (S. Weil, La Pesanteur et la grâce, 1943, p. 167).
PRONONC. : [atʀ ɔs].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1392 atroxe « (d'un inanimé, non matériel) qui est d'une cruauté affreuse » (Ord., VII, 696 ds Gdf. Compl. : Grosses et atroxes injures); av. 1755 fam. et p. exagér. (Saint-Simon, Mémoires, 1709 ds Dict. hist. Ac. fr. : M. de la Rochefoucauld, retiré du chenil, y reçut un billet anonyme atroce contre le roi); rare en parlant de pers. : 1764, 1ermars (Voltaire, Lettres, ibid. : Je vous prouve, mes chers Velches, que tout abominable qu'était ce peuple [les Juifs] tout atroce, tout sot qu'il était, il a cependant donné cent exemples de la tolérance la plus grande); 2. 1532 « (d'un inanimé, non matériel) qui cause d'affreuses souffrances », (Rabelais, Pantagruel, III, 44, ibid. : Qui eust décidé le cas au sort des dez, il n'eust erré, advint ce qui pourroit. Si contre la femme, elle meritoit punition. Si pour la femme, elle sembloit avoir eu cause de douleur atroce). Empr. au lat. atrox, au sens 1, Accius, Trag., 46 ds TLL s.v., 1110, 51a.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 032. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 526, b) 2 873; xxes. : a) 3 541, b) 2 816.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Éd. 1967.