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ASTREINDRE, verbe trans.
A.− Emploi trans. Astreindre qqn à qqc., à faire qqc.Assujettir quelqu'un à quelque chose, lui imposer une règle, une discipline ou bien un acte, qui revêtent un caractère d'obligation rigoureuse. Synon. contraindre.
1. [Le suj. est une pers.] :
1. Si le même esprit de prudence et de prévoyance, qui a fait borner à un petit nombre d'années déterminé la mission du dépositaire du pouvoir exécutif, a fait aussi qu'on l'a assujetti à des règles dans l'exercice de ce pouvoir; si on l'a astreint à suivre certaines formes, à s'adjoindre certaines personnes, à ne point agir contre leur avis; et si des mesures réellement efficaces ont été prises pour qu'il ne puisse s'affranchir de ces entraves, alors sans doute ce principal agent de la nation sera sans inconvénient. Destutt de Tracy, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu,1807, p. 190.
2. Il s'agit donc, pour obtenir des attitudes ou des mouvements très développés et très variés, d'astreindre les muscles à travailler dans les limites extrêmes de leurs possibilités. M. Bourgat, Techn. de la danse,1959, p. 15.
Au passif :
3. Dans le parc proprement dit, les diverses actions de l'homme sont soumises à un régime spécial plus ou moins restrictif suivant les cas : si les activités pastorales et forestières ne peuvent y être totalement interdites, elles y sont réglementées; de même le tourisme est astreint au respect de la nature, de manière à sauvegarder un champ d'observation incomparable. G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France,1967, p. 386.
Rem. En poésie, rare, part. passé employé comme adj. Imposé :
4. Quand on avait la foi dans ces premiers moments On ne demandait pas des formules astreintes. Quand on avait la loi sous ces premiers serments On ne demandait pas des règles de contraintes. Péguy, Ève,1913, p. 723.
2. [Le suj. est une chose] :
5. ... elle s'est endormie sur votre épaule [Cécile] et vous la caressiez, vous lui donniez de petits baisers sur ses cheveux noirs qui se décoiffaient peu à peu, s'échappaient de l'ordre auquel les astreignaient leurs épingles, ... M. Butor, La Modification,1957, p. 189.
Rem. Emploi styl. dans l'ex. suiv. avec retour au sens étymol. du verbe « resserrer, lier » :
6. Ah, ce n'est point le bonheur que je t'apporte, mais ta mort, et la mienne avec elle, Mais qu'est-ce que cela me fait à moi que je te fasse mourir, Et moi, et tout, et tant pis! pourvu qu'à ce prix qui est toi et moi, Donnés, jetés, arrachés, lacérés, consumés, Je sente ton âme, un moment qui est toute l'éternité, toucher, Prendre La mienne comme la chaux astreint le sable en brûlant et en sifflant! Claudel, Partage de Midi,1reversion, 1906, II, p. 1030.
B.− Emploi pronom. réfl. (plus fréq.) S'astreindre à qqc., à faire qqc.S'astreindre à (un travail, une tâche, un exercice, une discipline, etc.) Exiger de soi-même un effort physique ou moral :
7. C'était cela sa résolution, cette volonté subitement arrêtée de ne rien lui dire. Et lui, le pauvre enfant, qui n'était venu chercher cette certitude que pour avoir le droit de lui parler! Dans le moment même qu'il savait, il s'astreignait à oublier; il se condamnait au silence. Petite grande âme héroïque, qui avait compris que la dame en noir qui avait besoin de son secours ne voudrait pas d'un salut acheté au prix de la lutte du fils contre le père! G. Leroux, Le Parfum de la Dame en noir,1908, p. 26.
8. La discipline que je me suis imposée durant trois ans n'aura pas été sans profit; mais je trouve aujourd'hui profit plus grand à m'en dégager qu'à continuer de m'y astreindre. Gide, Journal,Feuillets, 1937, p. 1290.
PRONONC. ET ORTH. : [astʀ ε ̃:dʀ ̥], j'astreins [ʒastʀ ε ̃]. Enq. : /astʀ ε ̃/ (il) astreint. Fér. Crit. t. 1 1787 mentionne et condamne, au nom de l'étymol., une orth. astraindre.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Fin xiies. « lier, attacher étroitement » (S. Bern., Serm., Richel. 24768, fo110 rods Gdf. : Quant li dedantriene uniteiz des cuers assamblet la deforaine multipliciteit et astrent par lo glus de chariteit et par lo liien de paix); 1611, Cotgr.; 2. fin xiies. « s'obliger par un effort » (Moralités sur Job, éd. W. Fœrster, 311, 17 ds T.-L. : Maintes foiz turnons nos mimes les visces el usage de vertuz, se nos nos astraindons encontre eaz par fort estude); 1355 astreindre « obliger strictement à qqc. » (Bersuire, B.N. 20312 ter, fo27 rods Gdf. Compl. : Si l'amour et la charité du commun proufit ne l'i astreinsist). Du lat. astringere « lier, attacher (hommes ou choses) » sens propre (Plaute, Bacch., 823 ds TLL s.v., 959, 72); d'où au fig. (Plaute, Trin., 699, ibid., 962, 14), « lier, engager (sa parole) » (Cicéron, Off. 3, 111, ibid., 963, 27) et « obliger à (qqc.) » (Cicéron, Leg., 2, 48, ibid., 964, 14). Influence des verbes en -aindre pour certaines formes de l'a. fr.; prononc. du s- par influence du lat. écrit.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 285. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 313, b) 261; xxes. : a) 564, b) 462.
BBG. − Pierreh. Suppl. 1926. − Suavet 1963. − Timm. 1892.