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ASSUMER, verbe trans.
I.− Prendre sur soi, à son compte, avec toutes les implications de ce qu'on assume.
A.− [Le suj. désigne une pers. physique ou morale]
1. [L'obj. désigne un inanimé abstr.]
a) [L'obj. désigne une activité du suj.] Assumer une tâche, un risque :
1. C'est la nation qui se constitue de plus en plus dans son unité et dans sa souveraineté et qui est obligée d'assumer de plus en plus des fonctions économiques, prélude grossier de la propriété sociale. Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. 147.
Vieilli. Assumer qqc. sur soi, sur sa tête :
2. « J'ai appris, Monsieur, dit-il, que vous étiez l'auteur des paroles que mes élèves doivent chanter, et je vous en fais mes sincères compliments; mais, Monsieur, je n'oserai assumer sur ma tête l'autorisation de permettre à mes élèves de jouer le rôle de buveurs; ... » Champfleury, Les Souffrances du professeur Delteil,1855, p. 200.
SYNT. Assumer une charge, une fonction, une initiative, un rôle; assumer le salut du peuple.
Région. (Canada). Assumer une obligation hypothécaire. ,,Se charger du paiement de la dette`` (Canada 1930).
b) [L'obj. désigne un acte moral dont on se juge responsable] Assumer une forfaiture.
SYNT. Assumer un méfait, les contradictions, un remords, l'odieux d'un acte.
− Domaine relig.Assumer les péchés du monde. S'engager à les expier :
3. Elle ne fut vraiment l'amante magnifique qu'avec l'Homme-dieu. Sa capacité de souffrance dépassait ce qu'elle avait connu. Elle rampa vers lui, en cette nuit effrayante où, seul, abandonné dans une grotte, il assumait les péchés du monde, et elle s'exhaussa, dès qu'elle l'eut enlacé et devint grandiose. Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 157.
Loc. (commune aux sens 1 a, b). Assumer la responsabilité de qqc. (tâche ou acte moral) :
4. ... sa peinture est assez osée pour bien porter les affronts, et elle promet un homme qui sait assumer la responsabilité de ses œuvres; il n'a donc qu'à faire un nouveau tableau. Baudelaire, Salon,1845, p. 18.
c) [L'obj. désigne une valeur dont on revendique l'héritage] Assumer l'héritage de Rome, la force de l'Église.
En partic., dans la philos. contemp. [L'obj. désigne une situation] Consentir lucidement à ce que l'on est du point de vue psychique, moral, social, etc.; accepter les données d'une situation de fait. Assumer son caractère, sa part de la fatalité, sa condition :
5. C'est bien moi qui ai l'expérience du paysage, mais j'ai conscience dans cette expérience d'assumer une situation de fait, de rassembler un sens épars dans les phénomènes et de dire ce qu'ils veulent dire d'eux-mêmes. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 305.
2. [L'obj. désigne une pers.]
a) [Une pers. morale] Prendre sur soi les valeurs qu'elle représente :
6. Devant le vide effrayant du renoncement général, ma mission m'apparut, d'un seul coup, claire et terrible. En ce moment, le pire de son histoire, c'était à moi d'assumer la France. De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 74.
b) [Une pers. physique] Emploi pronom. S'assumer. Se prendre en charge :
7. La méthode réflexive nous montre qu'il n'y a rien d'humain, dans l'individu ou la société, sans un retour sur soi pour s'assumer en quelque sorte et se prendre en charge : sans attention et réflexion l'homme est comme en dehors de lui, il n'est pas présent à ce qu'il pense, il n'est pas présent à ce qu'il fait, il n'est même pas présent à ce qu'il est. J. Lacroix, Marxisme, existentialisme, personnalisme,1949, p. 93.
Rem. ,,Les existentialistes ont fait un emploi fréquent de ce mot puisqu'il faut, à leurs yeux, assumer un choix dans une existence sans nécessité et, en un sens, toute « condamnée à la liberté »`` (Miq. 1967).
B.− P. méton. [Le suj. désigne un inanimé lié à la pers. hum.]
1. [Un organe, un sens] :
8. La vue assume en quelque sorte la fonction de la simultanéité, c'est-à-dire de l'unité telle quelle. Valéry, Variété 1,1924, p. 142.
2. [Une organ., une collectivité publique] :
9. ... sans revenir sur le fait de la séparation, en prenant les choses au point où elles sont, je ne vois aucune impossibilité à ce que l'établissement communal qui recevra la fondation puisse en assumer les charges. Barrès, Mes cahiers,t. 6, 1907-08, p. 106.
3. [Un sentiment, une idée, une action] :
10. L'action la plus modeste assume des risques, et la nature psychologique du risque, c'est d'être une improbabilité beaucoup plus qu'une probabilité. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 426.
11. Si j'éprouve dans Bach, non seulement la musique, mais la musique comme un microcosme, un fragment du monde, une sphère intérieure et aussi bien extérieure à l'homme, c'est parce que la construction de Bach assume tant de contradictions et de contreparties, des tensions internes si flagrantes en même temps qu'une telle sérénité dans la lutte, que je puis m'y reposer et m'y réconforter tout ensemble, ... P. Schaeffer, À la recherche d'une mus. concr.,1952, p. 165.
II.− PHILOS. ,,Prendre ou accepter, mais sans le faire sien, c'est-à-dire se donner ou recevoir à titre d'hypothèse comme base d'une recherche d'un raisonnement`` (Foulq.-St-Jean 1962) :
12. Ce qui empêche l'enfant de raisonner sur une donnée qu'il n'admet pas et qu'on lui demande d'« assumer » simplement, c'est (...) qu'il ignore l'art d'entrer dans le point de vue des autres. Il n'y a pour lui qu'un seul point de vue compréhensible : le sien. J. Piaget, J. de psychol.,XXI (1924), 97 (Foulq.-St-Jean1962).
PRONONC. : [asyme], j'assume [ʒasym]. Barbeau-Rodhe 1930 donne également la possibilité d'une prononc. avec [ss] géminées : as/s/-.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. xves. « prendre, recevoir » (Nef. de santé, fo41 vods Gdf. Compl. : Que le vin prins et assumé modereement, n'y a de viande ne bruvaige si bon) − fin xves. (J. Molinet, Chron., ch. xlv, ibid.); 2. a) 1452-58 relig. « prendre, se charger de » (A. Greban, Passion, 3231 ds Gdf. Compl. : Et sur ce point Nous baillons nostre appointement : Que le filz de Dieu proprement Assumera sa creature); 1530 gén. « id. » (Palsgr., p. 439 : mays pour assumer une si grant charge sur toy, je nay pas ton faict aduoué); b) 1924 « supposer » (supra ex. 12). Empr. au lat. assumere attesté au sens 1 (Lucrèce, 4, 1091 ds OLD, p. 190); au sens 2 a (Cicéron, Planc., 3, ibid., 190), dans l'emploi relig. en lat. chrét. (Prudence, Apoth., 779 ds TLL s.v., 933, 56) et au sens 2 b (Cicéron, Inv., I, 59 ds OLD, p. 191); rem. : ce dernier sens est peut-être empr. à l'angl. où il est attesté dep. 1598 (Barckley, Felic. Man., 680 ds NED t. 1).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 574. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 68, b) 54; xxes. : a) 613, b) 1 981.
BBG. − Bél. 1957. − Canada 1930. − Dul. 1968. − Foi t. 1 1968. − Foulq.-St-Jean 1962. − Miq. 1967. − Mots (les) qui surprennent. Vie Lang. 1963, p. 263. − Plowert 1968 [1888].