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ASSOMMER, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− Tuer ou laisser comme morte une personne ou un animal, à l'aide d'un objet pesant ou par un coup violent :
1. A-t-on songé qu'avec ces nouvelles troupes, les zouaves, − une machine de guerre que rien n'arrête, − il n'y a plus de stratégie, plus de génie militaire, plus de capitaines? Une bataille devient une immense lutte à main plate. Et la guerre s'en retourne droit à la barbarie, avec ces soldats qui n'abordent plus même à la baïonnette, qui assomment avec la crosse du fusil : c'est le tomahawk. E. et J. de Goncourt, Journal,1859, p. 610.
2. Son lourd pistolet tenu à deux mains, elle lâcha le coup à bout touchant dans le flanc de l'homme. L'autre fit un écart, ricana, puis, dégageant le bras, il asséna un si rude coup sur le crâne de Grange qu'il l'assomma comme un bœuf. Pourrat, Gaspard des montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 54.
SYNT. Assommer un bœuf avec un maillet (Ac. 1798-1932, Besch. 1845, Quillet 1965). Assommer à coups de bâton (Ac. 1798-1932). Assommer d'un coup de massue.
P. ext. Anéantir, détruire :
3. À Leipsick, une armée de cent cinquante mille hommes fut assommée par une armée de trois cent mille... Stendhal, Napoléon,t. 2, 1842, p. 307.
P. exagér. Accabler de coups :
4. ... le bruit se répandait qu'il se passait d'étranges choses chez les Mouret. On racontait que le mari assommait la femme, toutes les nuits, à coups de trique. Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 1112.
B.− Au fig.
1. [Le suj. ou le compl. d'agent appartient au domaine phys.] Assommer par, assommer de.Abattre, accabler :
5. Les peintres, assommés de soleil, eussent cédé à une torpeur enfantine, mais leurs femmes, reposées l'après-midi dans une paix de harem, tournaient de grands yeux vers le golfe et fredonnaient tout bas. Colette, La Naissance du jour,1929, p. 58.
2. [Dans le domaine de la vie morale]
a) Étourdir, accabler :
6. ... il se mettait au piano, et il devait jouer pour ces imbéciles : − il les jugeait tels. − À des moments, l'indifférence environnante l'oppressait tellement qu'il était sur le point de s'arrêter au milieu du morceau. L'air manquait autour de lui, il était comme asphyxié. Quand il avait fini, on l'assommait de compliments, on le présentait de l'un à l'autre. R. Rolland, Jean-Christophe,Le Matin, 1904, p. 115.
SYNT. Assommer qqn de questions, avec ses questions.
b) Affliger profondément, frapper de stupeur. La perte de ce procès l'a assommé (Ac.1798-1932) :
7. ... il tomba devant le lit, sanglotant, assommé et sans force, sous le réveil de cette affreuse pensée qu'il avait tué son ami. Zola, La Débâcle,1892, p. 618.
3. [Dans un domaine de la vie intellectuelle] Accabler sous le poids des arguments, des connaissances.
Fam. Provoquer l'ennui, l'agacement, la contrariété :
8. Je suis peu curieux des nouvelles; la politique m'assomme; le feuilleton m'empeste; tout cela m'abrutit ou m'irrite. Flaubert, Correspondance,1846, p. 269.
II.− Emploi pronom.
A.−
1. Vx, emploi réfl. Se tuer volontairement ou involontairement en heurtant quelque chose de dur, de pesant. Il s'est assommé dans sa chute, il s'est assommé contre les murs de sa prison (Lar. 19e).
2. Emploi réciproque. S'assommer (à coups de). S'entretuer :
9. ... en deux secondes nos baïonnettes se croisèrent par milliers : on se poussait, on reculait, on se lâchait des coups de fusil à bout portant, on s'assommait à coups de crosse, tous les rangs se confondaient... Erckmann-Chatrian, Le Conscrit de 1813,1864, p. 197.
P. ext., fam. Se battre :
10. En Angleterre, la boxe est un passe-temps; on s'y assomme honorablement, sans rancune, ni fureur, ni honte. Taine(Lar. 19e).
B.− Au fig., rare. S'ennuyer, s'irriter :
11. Dans un musée je m'assomme dès que la vie se fige. Ce qui me touche le plus ce sont les grandes portes du Palais-Royal, où, vers le bas, les reliefs sont effacés par le frottement du passage des ânes. J'imagine immédiatement la rue et les figures. Le décor joue. Cocteau, Maalesh,1949, p. 55.
PRONONC. ET ORTH. : [asɔme], j'assomme [ʒasɔm]. Fér. 1768 souligne que ,,le mot se prononce avec une seule m``; comme Ac. 1798 il propose la graph. assomer.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) Ca 1175 trans. « abattre (moralement) » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 2282-83 : s'an est Kex de honte essomez [var. ms. xiiies. assomez], Et maz, et muz, et desconfiz); b) xves. « causer un profond sommeil, assoupir » (Apol. mul. ms. Barberini, fo1 rods Gdf. : Le dieu qui s'appelle du somme A plomb mes esperis assomme); c) d'où 1501 « accabler, fatiguer » (Epitaphe de deffunt maistre Jehan Trotier ds Anc. poés. fr., t. 8, p. 10, vers 1 : Ung soir bien tart, de travail assommé); 1663 fig. « accabler sur le poids d'arguments, d'où ennuyer » (Molière, Crit., 6 ds Rob.); d) 1899 arg. « en faire accroire par des mensonges » (Nouguier ds Esn.); 2. 1180-1200 « abattre, tuer par la chute de qqc. » (Aliscans, 5499 ds Gdf. Compl. : E li ceval dessous aus asomé); av. 1205 « tuer avec une arme pesante » (Renart, éd. Méon, 16012 ds T.-L. : Ne sembler mie coart home, De la coignie tost l'asome.) Dér. de somme* (lat. somnus), préf. a-1*; dés. -er. L'hyp. d'une identification avec l'a. fr. assommer « mener à bien, achever » (T.-L. s.v. assommer, REW4, 8454, v. aussi EWFS2), dér. de somme (lat. summa), « achever » d'où « tuer » est peu satisfaisante vu, d'une part, l'ancienneté et le nombre des attest. du sens de « étourdir, accabler » par rapport à celles du sens « tuer »; d'autre part et surtout les formes jurassiennes (fr. et suisses) de type asonner (le groupe lat. -mn- intervocalique se réduisant régulièrement à -n- dans ce domaine contrairement à l'aire fr. du Nord où il se réduit à -m-), v. Pat. Suisse rom., s.v. assommer. Cependant il reste que assom(m)er ne signifie que tardivement « assoupir » et seulement au fig. et que cet emploi peut fort bien s'expliquer à partir du sens « accabler »; que som(m)e est une forme tardive (ca 1175 Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, v. 2760) tirée de l'usuel sommeil; que dès les premiers emplois, l'idée qui domine est celle d'une masse qui s'abat de haut en bas et écrase sans rémission ce qui est placé en dessous; il n'est donc pas impossible de voir dans assommer un dér. de l'a. fr. som(n)e « charge, trait sur le dos d'un animal » (début xiies., Voy. Charl. ds A.-J. Greimas, Dict. de l'a. fr., Paris, Larousse, 1969); assommer signifie alors « charger complètement une bête » d'où « l'accabler, l'écraser » et s'impose dans ce sens à mesure que chargier et enchargier ont pris sa place pour son sens premier.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 636. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 478, b) 1 333; xxes. : a) 1 413, b) 731.
BBG. − Bél. 1957. − Bruant 1901. − Dauzat Ling. fr. 1946, pp. 196-197. − Esn. 1966. − Le Roux 1752. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 252. − Pierreh. 1926. − Pierreh. Suppl. 1926. − St-Edmé t. 1 1824. − Stimm (H.). Fränkische Lehnprägungen in französischen Wortschatz In : [Mél. Gamillscheg (E.)]. München, 1968, p. 611.