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ARÈNE, subst. fém.
A.− Littér., poét. Sable; en partic. sable qui recouvre les plages, les déserts, etc. Arène argentée, blanche, fine :
1. C'est sur la grève de la pleine mer, entre le château et le Fort Royal, que se rassemblent les enfants : c'est là que j'ai été élevé, compagnon des flots et des vents. Un des premiers plaisirs que j'aie goûtés était de lutter contre les orages, (...). Un autre divertissement était de construire, avec l'arène de la plage, des monuments que mes camarades appelaient des fours. Depuis cette époque, j'ai souvent cru bâtir pour l'éternité des châteaux plus vite écroulés que mes palais de sable. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 45.
Spécialement
1. CONSTR. ,,Espèce de sable argileux ayant la propriété de former, par son mélange avec la chaux, un mortier hydraulique`` (Plais.-Caill. 1958).
2. GÉOL. Terrain détritique, très meuble, formé de grains de sable grossier, résultant généralement de la décomposition de roches siliceuses. Arène fluviatile, marine.
B.− Lang. cour.
1. Partie centrale sablée d'un amphithéâtre romain où se déroulaient les jeux du cirque :
2. ... il feuilleta, dans la biographie, l'histoire des martyrs les plus illustres. Quelle clameur du peuple, quand ils entraient dans l'arène! Et si les lions et les jaguars étaient trop doux, du geste et de la voix ils les excitaient à s'avancer. On les voyait tout couverts de sang, sourire debout, le regard au ciel; ... Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 2, 1880, p. 137.
SYNT. a) Arène romaine; arènes antiques; gladiateurs, rétiaires, fauves dans l'arène; les combats, les jeux sanglants de l'arène. b) Descendre dans l'arène; s'avancer, s'élancer, se jeter, triompher dans l'arène; lutter, tomber, être traîné, s'entre-tuer sur l'arène.
P. métaph. :
3. Bonaparte avait pour promenoir une arène de douze milles; des sentinelles entouraient cet espace, et des vigies étaient placées sur les plus hauts pitons. Le lion pouvait étendre ses courses au delà, mais il fallait alors qu'il consentît à se laisser garder par un bestiaire anglais. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 658.
P. méton., gén. au plur. Amphithéâtre.
P. ext., gén. au plur. Lieu généralement elliptique ou circulaire où se déroulent les courses de taureaux. Aller aux arènes :
4. Les clarines sonnèrent, et le premier taureau d'Alban − le noir − jaillit dans l'arène, au milieu d'un « Ah! » de contentement. En un instant, il eut parcouru tout le rond comme un écervelé. Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 537.
Argotique :
5. Arène. Baraque de luttes. (En 1900, on disait : arène athlétique, arène foraine, arène de luttes), argot des lutteurs forains. G. Sandry, M. Carrère, Dict. de l'arg. mod.,1953, p. 224.
2. Au fig. Lieu de discussions, de disputes, de heurts ou de contradictions. Arène littéraire, politique.
Descendre dans l'arène. S'engager dans une dispute, dans une lutte :
6. ... j'éprouvai jusqu'aux larmes ce tiraillement en deux sens opposés qui est mon partage depuis le début de toute cette histoire : d'une part, et par anticipation, une immense nostalgie de Versailles, et de ce que ma vie là-bas peut représenter de changement de mode d'existence sur toute la ligne : ce désir (...) de couper, ou du moins de rallonger à tel point que cela devienne pratiquement une coupure, les dernières attaches que je puis garder avec ce monde des lettres, avec lequel, décidément, par la différence d'échelle des valeurs, je n'ai rien de commun, − et de l'autre le besoin au contraire de descendre dans l'arène, de préciser, sans qu'il puisse subsister à cet égard le moindre doute, ma position, de sortir dès cet automne, dès les tâches antérieures immédiates liquidées, le fond de ma pensée, et quant à ma foi personnelle, et quant à la situation spirituelle générale. Du Bos, Journal,1928, p. 164.
PRONONC. : [aʀ εn]. Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930 attribuent à [ε] une longueur. Enq. : /aʀen/.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1155 « sable » (Wace, Brut, 7670 ds H.-E. Keller, Le Vocab. de Wace, 32 b : Nes peüst pas nuls huem numbrer Plus que l'areine de la mer); xviies. emploi réservé à la lang. poét. (cf. Boileau, Art Poétique, Chant I, éd. A. Adam, 1966, Gallimard, p. 161 : J'aime mieux un ruisseau, qui sur la molle arene, [...] qu'un torrent débordé qui d'un cours orageux Roule plein de gravier sur un terrain fangeux); qualifié de ,,mot poëtique`` ds Rich. 1680; b) 1751 géol. (Encyclop. t. 1); 2. a) av. 1595 fém. plur. « amphithéâtre romain » (Montaigne, I, 49 ds Gdf. Compl. : Ils se pourmenoyent sus le theatre aux arenes); b) xiiies. sing. « espace garni de sable où se faisaient les jeux du cirque » (Vie de St Eustache en prose, éd. J. Murray, XXXV, 22). Empr. au lat. (h)arena attesté au sens 1 dep. Caton (Agr. 14, 3 ds TLL s.v. harena, 2528, 21), attesté pour désigner l'aire de sable où se déroulaient les courses dep. Virgile (Georg. 3, 195, ibid., 2530, 30) mais déjà employé par Cicéron pour désigner tout l'amphithéâtre et le spectacle (Tusc. 2, 46, ibid., 2530, 44).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 571. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 981, b) 1 190; xxes. : a) 190, b) 838.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Baulig 1956. − Beer 1939. − Bouillet 1859. − Chabat 1881. − Dainv. 1964. − George 1970. − Marcel 1938. − Noël 1968. − Noter-Léc. 1912. − Pierreh. 1926. − Pierreh. Suppl. 1926. − Plais.-Caill. 1958. − Rog. 1965, p. 116, 193. − Sandry-Carr. Lutte 1963. − St-Edme t. 1 1824.