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ARRIMER, verbe trans.
MAR. [L'obj. désigne la cargaison d'un navire] Disposer méthodiquement, en répartissant le poids du chargement dans le sens longitudinal, transversal et vertical, et fixer solidement. Arrimer les marchandises, la cargaison.
1. P. méton. Arrimer un vaisseau. En fixer solidement la cargaison avant d'appareiller :
1. Un mois après ses essais dans le golfe de la Clyde, le Duncan, arrimé, approvisionné, aménagé, pouvait prendre la mer. Le départ fut fixé au 25 août, ce qui permettait au yacht d'arriver vers le commencement du printemps des latitudes australes. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 1, 1868, p. 42.
Rem. Except. péj., le compl. peut désigner des personnes :
2. Deux heures après, tous les noirs étaient dûment embarqués, arrimés, encaqués dans le faux pont de la Catherine, les nègres à bâbord et les négresses à tribord; ... Sue, Atar Gull,1831, p. 7.
2. P. ext.
a) Arrimer le matériel. Le fixer solidement pour résister à la tempête, au transport, aux secousses. Arrimer avec des cordes une malle sur le toit de la voiture (Dub.) :
3. Chaque fois qu'il s'arrêtait pour arrimer mieux un bagage, pour souffler et essuyer l'eau grasse de sa transpiration, il examinait furtivement tous les coins de l'horizon et scrutait la lisière du bois. Barbusse, Le Feu,1916, p. 66.
4. Dans tout le port c'était l'agitation qui précède la tempête; on amenait des voiles et des mâts, on arrimait des câbles, des ancres grinçaient. Maurois, Ariel ou la Vie de Shelley,1923, p. 340.
b) [Le compl. désigne des objets de toutes sortes] Ranger en fixant solidement.
3. P. métaph. [En parlant de pers.] Solidement arrimé à. Solidement attaché à :
5. Par chance, ceux qui l'observent sont dénués d'imagination et solidement arrimés à leur science. Colette, En pays connu,1949, p. 189.
4. Région. (Canada).
a) ,,Disposer, placer, ranger, installer, mettre en ordre.`` (Canada 1930). Arrimer les marchandises dans un magasin.
b) Arranger une chose (le feu, le dîner), une personne (accoutrer; malmener).
PRONONC. ET ORTH. : [aʀime], j'arrime [ʒaʀim]. Gattel 1841 précise que [r] se prononce ,,forte``. Fér. Crit. t. 1 1787 rappelle que ,,Richelet met Arrimer ou Arrumer, en disant que le 1erest le meilleur, [que] l'Acad. ne met que celui-là`` (cf. Ac. 1798 qui consacre encore une entrée aux anc. formes arrumage, arrumer et arrumeur; cf. aussi Ac. Compl. 1842 et Lar. 19e.).
ÉTYMOL. ET HIST. − [1361-62 Bordeaux comm. mar. « disposer (des marchandises) de manière convenable » (Arch. Gironde, XXI, 687 cité par Baldinger ds Mélanges Flasdieck, 37 : solvi pro alia de convers ad arrimandum vina II s. sterl; glosé ibid., XXII « placer les barriques sur les tins »)]; 1398, nov. « ranger (des marchandises) dans la cale d'un navire » (Ordon., VIII, 303 ds Gdf. Compl. : Mestier de arrimer vins en l'eau de Sayne). Empr. directement comme terme de comm. mar. au m. angl. rimen « débarrasser, faire place » (vieil angl. ryman dep. Beowulf ds NED), au temps de la domination angl. en Guyenne, v. supra attest. de 1361; de même 1459, Bordeaux : arrimarii navium 1484, Bayonne ds Baldinger, ibid. Terme solidement implanté dès la 2emoitié du xives. (arrimage et arrimeur 1398), nettement localisé dans les dial. de l'Ouest (FEW t. 16, p. 721a); le m. angl. rimen se rattache à l'a. nord. ryma (de Vries, Anord.), a. sax. rūmian, a. fris. rēma, m. b. all., m. néerl. rumen (Verdam), a. h. all., m. h. all. rumen (Lexer30) « id. », formes qui postulent un germ. *rumian (got. rūms ds Feist; i.-e. *rū- « ouvrir »; cf. lat. rus « campagne », IEW, I, 874). L'aire géogr. gallo-rom. du mot est difficilement conciliable avec l'hyp. d'un empr. à l'a. nord. (De Gorog, § 3). L'hyp. d'un empr. à l'a. h. all. rīm « nombre » (Diez5) fait difficulté du point de vue sémantique. À bon droit, Valkh. 48 écarte l'hyp. d'un empr. à un néerl. aanrumen, nulle part attesté, mais, de même que EWFS2, il mêle à tort les formes arrimer, arinner, aruner, parvenues en fr. par des voies différentes : 1. le pic. arinner « disposer (une armée) » (1190 Guy de Cambrai, Veng. Alex.; début xiiies. Guill. de Palerme ds Gdf.) est empr. au m. néerl. rinen « toucher » (Verdam), hyp. que confirme l'aire géogr. du mot; 2. a) arruner 1379 « ranger, mettre en ordre (des animaux) », (J. de Brie, Bon Berger ds T.-L.) est dér. du m. fr. run « place, rang (d'une personne) » 1415 ds Gdf.; b) arrumer « ranger la cargaison dans une cale de navire » (1386 mar. Zeller, Das Seerecht von Oléron nach Handschrift Paris Arsenal, 2750, Berlin, 1911 : arrumer, die Schiffsladung ordnen; [1399 Bordeaux : ad arrumandum vina ds Baldinger, loc. cit.]), est dér. du m. fr. run « espace dans la cale d'un vaisseau » (1386 mar. Zeller, op. cit. : run, Platz, Schiffsraum); le m. fr. rūn terme gén. et terme de mar. est à rattacher au germ. rum « place » (got. rūms, supra; a. nord. rum ds De Vries, op. cit.; v. angl. m. angl. rūm ds NED, s.v. room subst. 1; a. h. all., m. h. all. rūm ds Lexer30) par un intermédiaire difficile à préciser : soit par le m. angl., Behrens ds Z. f. Spr. Lit. t. 32, p. 147 (bien que NED ne connaisse d'accept. mar. qu'au xixes.; mais cependant le mot run connaît une grande extension comme terme gén. en Normandie, prob. à la faveur de la Guerre de Cent Ans) soit par l'a. nord. rūm, tout au moins pour run terme mar. (cf. lapon [< nord.] rumme « pièce dans un bateau », De Vries, op. cit.), qui dans ce cas devait exister antérieurement à sa 1reattest. L'hyp. d'un empr. au frq. *raum, de run terme mar. (EWFS2) fait difficulté en raison de l'apparition tardive du mot.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 37.
BBG. − Aubert De La Rue (E.). Le Fr. parlé aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon. Vie Lang. 1969, no206, p. 245. − Barber 1969. − Bél. 1957. − Canada 1930. − De Gorog 1958, § 3. − Esn. 1966. − Jal 1848. − Kuhn 1931, p. 200. − Le Clère 1960. − Soé-Dup. 1906. − Timm. 1892. − Will. 1831. − Zastrow 1963, p. 402, 430, 432.