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ARGUER1, verbe.
I.− Emploi trans.
A.− Emploi trans. dir.
1. Latinisme, inus. [Suivi d'un subst. compl. d'obj.] Prouver, mettre en avant :
1. Cet acte royal entraînerait-il une responsabilité, ou a-t-on craint que je ne m'en fisse un titre d'honneur? Et en effet, en pourrait-il être autrement, si, n'arguant aucun grief, il ne semble punir qu'un des plus rares dévouements, celui d'un serviteur s'immolant avec son maître qu'avait abandonné la fortune. Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 560.
2. Son repos et sa prospérité [de l'Angleterre] font sa honte et arguent sa nullité. Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 372.
DR. Arguer une pièce de faux. L'accuser d'être fausse :
3. Si on fût venu lui lire un récit matériellement exact de son dernier entretien avec le prince de Burbach, récit attesté par quatre témoins et paraphé de deux notaires, elle l'aurait immédiatement argué de faux. Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 184.
2. Argumenter, donner comme argument, conclure.
a) [Suivi d'une prop. introd. par que] :
4. Pendant toute l'année 1943, Churchill s'efforça de faire revenir le gouvernement américain sur sa décision, en arguant que la collaboration devait exister dans la recherche atomique comme dans tous les autres domaines de l'effort commun,... Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 52.
b) [En incise ou présentant le discours dir.] :
5. − Zèphe est trop rusé pour perdre d'un coup le bénéfice de la lettre, arguait le vétérinaire. Aymé, La Jument verte,1933, p. 290.
En emploi abs., rare. Argumenter :
6. Il arguë, comme si je n'avais été l'auteur que de ce seul Journal; ce qui lui permet de parler d'un « perpétuel échec », et de mon vain et constant effort pour dissimuler celui-ci. Gide, Journal,1947, p. 307.
B.− Emploi trans. indir. [Dans une intention déterminée, qui, si elle est précisée, s'exprime par un compl. introd. par la prép. pour] Arguer de... Prendre prétexte de, tirer argument de, mettre en avant :
7. Il y retrouvait les mêmes détails sur l'attentat, avec cette différence que les uns indiquaient l'hypothèse d'un crime politique, tandis que d'autres arguaient de la solitude du lieu pour conclure à quelque agression d'un rôdeur, ... P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 127.
8. L'idée seule le transporta; pourtant il hésita d'abord, arguant de sa vieillesse, de sa fatigue, de sa mauvaise santé, de son ignorance du pays. Guéhenno, Jean-Jacques,Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. 151.
II.− Emploi intrans., rare. Plaider, constituer un argument en faveur de :
9. Pourtant, en la copiant ici, non seulement je ne la trouve plus si remarquable, mais de plus il me paraît que l'évidente vérité qu'elle constate arguait en faveur du rattachement au dogme − dans l'esprit de Franck tout au moins. Gide, Journal,1931, p. 1094.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aʀgɥe], j'arguë [ʒaʀgy]. Fouché, Prononc. 1959, p. 343 note que ,,le groupe gu suivi de voyelle se prononce (...) [gɥ] devant e, i, dans arguer, « accuser, conclure », argueux. (...) [g] dans arguer « passer par les trous de l'argue, l'or et l'argent »`` (cf. aussi Nyrop Phonét. 1951, p. 167, § 219, Grammont Prononc. 1958, p. 86 et 198 et Kamm. 1964, p. 156). Tous les dict. mod. de prononc. transcrivent [gɥ] sauf Pt Rob. qui transcrit [aʀge]. 2. Homogr. : arguer (orfévr., dér. de argue; cf. supra 1). 3. Forme graph. − Ac. 1932 écrit le verbe sans tréma. Rob. fait la rem. suiv. ,,Selon Littré, Larousse et quelques grammairiens, il convient de mettre un tréma sur l'e muet et sur l'i qui suivent le radical : j'arguë, nous arguïons. À l'infinitif, on trouve argüer dans Larousse Universel (à côté de Argueur dans Larousse xxesiècle et autres dictionnaires). L'Académie (8eéd.) se contente de noter que l'u se prononce dans Argueur et l'usage des écrivains modernes est d'écrire arguer sans tréma quelle que soit la forme du verbe`` (cf. aussi Lar. encyclop. et Lar. Lang. fr.). Pour Quillet 1965 : ,,Le e précédé de u prend le tréma`` et pour Dub. : ,,l'e muet et l'i qui suivent le radical peuvent prendre un tréma``. On lit ds Grév. 1964, § 629 bis : ,,Cette opinion [nécessité d'écrire le mot avec tréma] est fondée; cependant les auteurs se dispensent le plus souvent de mettre ce tréma (ou parfois le mettent sur l'u)`` (cf. aussi Ortho-vert 1966). 4. Hist. : Ac. 1798-1878 indique la prononc. de l'u mais ne met pas de tréma sur le verbe. Dans tous les autres dict. indication de la prononc. de u et pour la rappeler, utilisation du tréma. Ex. Fér. 1768 : ,,Il est [le mot] de trois syllabes, l'u et l'e sont détachés; et c'est pourquoi on met deux points sur l'ë``. Pour Besch. 1845 le tréma est aussi nécessaire sur ce verbe que sur aiguë afin d'éviter la confusion entre le terme d'accusation et le terme d'orfèvr. Pour le tréma, cf. enfin Lab. 1881, p. 61 et Mart. Comment prononce 1913, p. 241, pour qui l'orth. avec le tréma ,,épargnerait beaucoup d'erreurs [et] devrait être la seule correcte``.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1100 « se presser » (Roland, éd. Bédier, 992 : Itels. C. millie Sarrazins od els meinent Ki de bataille s'arguent e hasteent), seulement a. fr.; 2. 1140 « harceler, presser de paroles » (Hist. Joseph, éd. E. Sass, 672 ds T.-L. : A la dame respont, Qui l'argue et semont : Dame, lessiez m'ester), seulement a. fr.; 3. 1170 « accuser, blâmer » (Rois, éd. Curtius, Dresde 1911, p. 214 : Pur çó fái ta úreisun á Deu, se li pleüst a prendre cunréi des paróles Rapsacis que le rei des Assiriens ád envéied pur lui mesdire é árguer si cume il le ad oïd), considéré comme vieux ou peu usité dep. Fur. 1690; dep. Trév. 1771 spécialisé au domaine jur. dans l'expr. arguer un acte de faux; 4. xiiies. « argumenter » (Gouvernement des rois, éd. S. P. Molenaer, 199, 39 ds T.-L. : La .II. science franche et liberaus si est logique qui enseigne la maniere d'argüer et de respondre). Empr., de même que l'ital. arguire et l'esp. argüir, au lat. arguere « montrer, dévoiler, prouver » (dep. Plaute, Menaechmi, 651 ds TLL s.v., 551, 23) aussi « dévoiler (avec idée de reproche), accuser, blâmer » (dep. Plaute, Amphitruo, 882 ds TLL s.v., 552, 32) d'où 3; « argumenter, discuter » en lat. médiév. (Albert Le Grand, Anal. pr., 1, 5, 6, p. 624a, 10 ds Mittellat. W. s.v., 944, 20) d'où 4; également en lat. médiév. « pousser, presser » fig. (839-49, Altfridus, Vita Liutgeri, 2, 8 ds Mittellat. W. s.v., 944, 10) d'où 1 et 2. Le changement de conjugaison et le maintien du u seraient dus à l'influence de argutari, -are « bavarder, ». Ce dernier verbe ne peut être à l'orig. d'arguer (hyp. de REW5no643, EWFS2, FEW t. 1 s.v. argutare, Foerster ds Z. rom. Philol. t. 2, pp. 87-88) en raison de son sens par trop différent. L'explication donnée à ce sujet par REW5et BL.-W.5(l'a.fr. arguer « presser » serait issu du lat. argutari « piétiner en parlant du foulon ») est à rejeter, car ce sens d'argutari n'est attesté que dans une comédie latine du ives. où il s'agit prob. d'une métaphore hardie et isolée (v. Väänänen, B. Soc. Néophilol. Helsinki, 1946, pp. 97-104).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 80.
BBG. − Canada 1930. − Foulq.-St-Jean 1962. − Dul 1968. − Le Roux 1752. − Pierreh. Suppl. 1926. − Rat (M.) Les Deux verbes arguer. Déf. Lang. fr. 1968, no42, pp. 10-12.