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ARBORER, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− Dresser comme un arbre que l'on plante.
1. [L'obj. désigne une chose considérée comme un emblême, et que l'on ne porte pas sur soi] Élever de manière à rendre visible. Arborer un drapeau, un mât :
1. Cyrus Smith n'avait pas vu sans une profonde anxiété le bâtiment suspect arborer le pavillon noir. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 427.
Au fig. :
2. ... la bourgeoisie actuelle, terrifiée par les progrès de la classe adverse et n'ayant d'autre souci que de maintenir ce qui lui reste de privilèges, n'a plus que de l'aversion pour les dogmes libéraux, et l'homme de lettres qui veut ses faveurs est formellement tenu, s'il arbore un drapeau politique, d'arborer celui qui défend l'« ordre ». Benda, La Trahison des clercs,1927, p. 203.
2. MARINE
a) Vx. Dresser le mât.
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e.
b) Hisser, déployer la voile. Arborer le grand pavois, un pavillon :
3. La pièce [le Panégyrique] ne fut imprimée qu'après sa mort. M. de Harlay sentait que le moment n'était pas venu : il ne faut pas arborer toutes ses voiles contre le vent en plein orage. Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 6, 1869, p. 183.
B.− P. ext. [L'obj. désigne un insigne que l'on porte sur soi] Porter de façon apparente (cf. A 1) :
4. Ils étaient dans Zermatt plus de cent guides diplômés du Club Alpin Suisse, dont ils arboraient l'insigne, croix blanche sur champ rouge, à leur revers. Peyré, Matterhorn,1939, p. 15.
C.− Au fig. Porter ou prendre avec plus ou moins d'ostentation. Arborer l'étendard de la révolte (Ac. 1835-1932).
1. [Le suj. est une pers., le compl. désigne un vêtement] Arborer un chapeau, une toilette :
5. Ce monsieur, qui arbore en notre honneur des cravates enivrantes, c'est notre bon professeur de chant ... Colette, Claudine à l'école,1900, p. 94.
P. anal., fam. [En parlant d'une particularité phys., d'un trait de physionomie, etc.] :
6. Les invités arrivèrent en foule. Vieillards cérémonieux, arborant sur des lèvres sans dents un sourire folâtre... Huysmans, Marthe,1876, p. 104.
Arg. Arborer le genou. Être chauve.
Rem. Attesté ds Larch. 1872, p. 210.
2. [Le suj. est une pers., le compl. désigne une opinion, un jugement] Afficher.
[En parlant d'une conviction] Se déclarer ouvertement pour une doctrine, un parti (cf. A 1) :
7. ... le vieux, en politique, arborait des opinions écarlates ... R. Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent, 1911, p. 1294.
[L'obj. désigne une attitude ou un trait de caractère] :
8. ... l'homme de génie tait son orgueil, l'intrigant arbore le sien ... Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 99.
Rem. ,,Au fig. Arborer a le même sens qu'Afficher, mais il est d'un style plus relevé, plus noble.`` (Besch. 1845); v. aussi afficher rem. p. 864.
3. [Le suj. est un inanimé] Montrer comme de manière ostentatoire :
9. Sur la façade du kiosque à journaux, les éditions spéciales arboraient des manchettes menaçantes : Toute l'Europe en armes ... La situation s'aggrave d'heure en heure ... R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 556.
II.− Emploi pronom. réfl. S'arborer.S'afficher :
10. Le préfet, c'est le tsar du pauvre député. On le racole, on s'arbore deux heures à ses côtés, et l'on est sacré aux yeux des populations. De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 227.
Rem. Lar. 19eet Nouv. Lar. ill. signalent également un emploi pronom. à valeur passive : ,,Le drapeau rouge, le drapeau noir s'arbore en temps de révolution.`` (Nouv. Lar. ill.).
PRONONC. : [aʀbɔ ʀe], j'arbore [ʒaʀbɔ:ʀ].
ÉTYMOL. ET HIST. − a) Ca 1320 mar. « munir de mâts » (Gestes des Chiprois p. 225 ds Gdf. Compl. : Sire Beneit Sacarie fist arbourer. II. de ses gualees); b) 1495 mar. « élever (droit comme un arbre), hisser (un pavillon) » (G. de Villen., Mém., ds Gdf. Compl. : Et arborerent grant quantité de bannieres et estendars d'un cousté et d'autre); cf. 1560 (Pasquier, Recherches, VIII, 3 ds Hug. : Je n'avois jamais leu Arborer une enseigne, pour la planter, sinon aux ordonnances que fit l'Amiral de Chastillon, exerçant lors la charge de Colonel de l'infanterie, mot dont Viginelle a usé en l'histoire de Villehardouin); 1116-20 « id. (en parlant de différents objets) » (Agr. d'Aubigné, Hist. Univ., I, liv. IV, c. 19 ds Dict. hist. Ac. fr.). Empr. à l'ital. arborare (Wind, 49; Brunot t. 1, 510; Schmidt, 16; Vidos Parole 195; Ruppert, 36, 2ehyp.) attesté seulement dep. fin xvies.-déb. xviies. aux sens b) « hisser, dresser des antennes, des enseignes » (Pantera [1568-1625], L'armata navale, Rome, 1614 ds Batt.) et au sens a) « munir de mâts » (Id., ibid.). Arborare est dérivé du lat. arbor (arbre*). Alberare, dér. de albero « arbre » est attesté au sens b) mar. dep. la 2emoitié du xves. (Luigi Pulci [1432-1484], Il Morgante, 20, 34 ds Tomm.-Bell.); au sens a) seulement mentionné sans attest. par Tomm.-Bell. et Batt.; Alberare est seul en usage en ital. mod. Malgré le manque d'attest. anc. de l'ital. arborare, le caractère italianisant des premières attest. (Geste des Chiprois; G. de Villeneuve, compagnon d'armes de Charles VIII dans la campagne d'Italie, prisonnier dans ce pays lorsqu'il rédigea ses mémoires), donne un maximum de vraisemblance à l'hyp. d'une orig. ital. et fait rejeter celle d'une orig. esp. (Ruppert, 36, 1rehyp., Spitzer ds Z. fr. Spr. Litt. XLIV-215-16).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 244. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 243, b) 261; xxes. : a) 536, b) 365.
BBG. − Barber. 1969. − Gottsch. Redens. 1930, p. 319, 322. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Le Clère 1960. − Millepierres (F.). Promenade philol. parmi les arbres. Vie Lang. 1969, p. 124. − Will. 1831.