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ARÊTE2, subst. fém.
I.− ICHTYOL. et lang. cour. Partie osseuse des poissons et des petites épines qui soutiennent les nageoires :
1. Lorsqu'on a enlevé les écailles et la peau, on trouve au-dessous une masse charnue, composée (...) de fibres réunies en petits trousseaux, parallèles et longitudinaux, disposés en arcs, dont la convexité regarde la tête. Tous ces arcs sont reçus les uns dans les autres, et la ligne d'intersection qui les distingue paroît produite par une aponévrose, dans l'épaisseur de laquelle on trouve souvent une arête ou petite portion osseuse flexible. C'est ce qu'on observe très-facilement dans la carpe, le brochet, le merlan, ... Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 1, 1805, p. 196.
2. ... il existe chez beaucoup de Téléostéens des pièces de soutien de la musculature (...) ce sont les arêtes. E. Perrier, Traité de zool.,t. 3, 1893, p. 2418.
SYNT. Arête piquante; petite arête; grosse arête; avaler une arête; s'étrangler avec une arête.
P. ext. Charpente entière ou squelette du poisson. On dit os de seiche, os de baleine, ces deux animaux n'étant pas des poissons.
II.− P. anal. Ligne d'intersection de deux plans, saillie anguleuse :
3. Quand le bas dormait, quand les lèvres se pinçaient dans les moments de réflexion ou de colère, on ne voyait que le front dur, l'arête nerveuse du nez, les yeux mats, le masque solide et énergique. Zola, Madeleine Férat,1868, p. 9.
4. M. l'Eglantin le jugea pédantesque [Castelchanette], et, dans l'escalier graisseux, étroit, escarpé, l'entendit non sans plaisir, qui manquait pied, tombait avec force, et sans doute, en rebondissant, se râclait le dos contre l'arête des marches. Toulet, Comme une fantaisie,1918, p. 112.
Arête rocheuse. Saillie rocheuse.
P. métaph. :
5. « Ainsi, vous le voyez, il n'est pas une situation dans cette belle vie (...) qui ne m'ouvre des précipices où je roule déchirée par des arêtes impitoyables. [Honorine à Maurice]. Balzac, Honorine,1843, p. 382.
A.− Spécialement
1. ARCHIT. (et CHARPENT.). ,,Ligne d'angles formée par l'intersection de deux surfaces`` (J. Adeline, Lex. des termes d'art, 1884) :
6. Il n'y a plus rien que le sommet des arbres, il n'y a plus rien que l'arête d'un toit de maison, il n'y a plus rien qu'une fesse malade, plaidant le faux pour savoir le vrai et qui a raison. Jacob, Le Cornet à dés,1923, p. 54.
Arête d'une voûte. Angle formé avec un mur ou une autre voûte.
P. compar. :
7. Ce trait merveilleux était produit par la profondeur de l'arcade sous laquelle l'œil roulait comme dégagé de son cadre, et dont la courbe ressemblait par sa netteté à l'arête d'une voûte. Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 51.
Voûte d'arête. ,,Voûte produite par l'intersection de deux voûtes en berceau qui se pénètrent.`` (Barb.-Cad. 1963) :
8. La porte de cet hôtel était grande ouverte, et laissait voir un vaste porche à voûte d'arête, à clef pendante, au pied d'un grand escalier de pierre, ... Borel, Champavert,Don Andréa Vésalius, l'anatomiste, 1833, p. 61.
Arête de lunette (cf. arêtier).
Loc. [En parlant d'une pièce] Taillé à vive arête. Bien équarri.
Au fig. Tailler à vive arête :
9. ... du moins pourra-t-on désormais leur enseigner que les « tropes » sont une branche de la psychologie générale et qu'il faut réfléchir très longtemps avant que d'oser couper en deux morceaux et tailler à arêtes vives un bloc verbal que l'esprit humain laisse volontairement informe. Gourmont, Esthétique de la lang. fr.,1899, p. 210.
2. GÉOGR., GÉOL. Ligne qui sépare deux versants principaux d'une montagne :
10. De même qu'il arrive que l'arbre cache la forêt, on peut dire du non-géologue que le rocher lui cache la montagne, son œil s'arrête à un détail : escarpement, surplomb, arête... Il faudra qu'il acquière une vision synthétique du « terrain ». Ch. Combaluzier, Introd. à la géol.,1961, p. 118.
3. GÉOM. ,,Ligne d'intersection des deux plans qui forment un angle dièdre`` (Lar. 19e) :
11. On nomme angle dièdre la figure formée par deux demi-plans limités par une droite commune. Cette droite est l'arête du dièdre; ... J. Hadamard, Géom. dans l'espace,1921, p. 26.
4. MAR., vx. Areste de la poupe. ,,Étambot`` (Jal 1848).
5. MARQUETERIE et TISSUS. Arête de poisson. ,,Ce terme appliqué à la tige en marqueterie d'une potence désigne une suite de petits chevrons superposés. Lorsqu'il s'agit d'une étoffe c'est le même dessin rendu par le façonné ou armure du fond du tissu`` (Gay 1887) :
12. On appelle bandeau la surface latérale du cylindre, et arête, la ligne formée par la rencontre du bandeau et du fond (90o) [dans le type carré]. J. Coulon, Technol. gén. pour la modiste,1951, p. 4.
6. MÉD. BIOL. ,,Ligne de relief osseux particulièrement saillante telle la saillie sous-cutanée du bord antérieur du tibia`` (Méd. Biol. t. 1 1970).
7. TECHNOL. Chacun des angles que forment les faces d'un diamant (cf. Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Littré) :
13. Caderousse prit la bague et la regarda de près pour examiner si les arêtes de la coupe étaient bien vives. A. Dumas (Lar. 19e1866).
Extrémité du bord d'un plat, d'une assiette, du côté du fond (cf. Ac. Compl. 1842, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., DG).
8. TRAV. PUBL. Pavage en arête de poisson ou en arête de hareng. Disposition de pavage selon laquelle les pavés, posés en diagonale, se croisent à angle droit.
9. URBAN. Arête dorsale. Disposition d'une artère centrale qui diverge de part et d'autre en rues moins importantes (cf. supra Trav. publ.) :
14. La ville ne se compose donc que d'une longue rue sur laquelle débouchent, à droite et à gauche, des voies moins importantes. Cette disposition rappelle une arête de poisson; c'est celle que les urbanistes allemands appellent Rückgrat ou Rippentypus. La partie ancienne de Cahors en offre un exemple : une seule artère centrale, arête dorsale, marquée par la rue Nationale, les places du Marché et de la Cathédrale, la rue de la Préfecture, la rue du Château, etc., de part et d'autre divergent des rues beaucoup plus courtes et moins larges... P. Lavedan, Qu'est-ce que l'urban.?1926, p. 37.
B.− P. compar. (avec le caractère tranchant, anguleux de l'arête). Difficulté, obstacle :
15. Le nationalisme de Maurras n'a jamais été exclusif, ni roide, ni agressif. Pas plus qu'il ne s'embarrasse d'aucun pédantisme, ni d'aucune cuistrerie, il n'utilise ces arêtes dures, ces discussions anguleuses et blessantes qui caractérisent le pangermanisme et lui donnent une architecture non seulement cubique mais cubiste. L. Daudet, Ch. Maurras et son temps,1928, p. 75.
16. À tout moment, la même réalité, présente, future ou passée, hante l'esprit de deux personnages endormis, sans que jamais un acte, un geste, restitue quelque stabilité dans cet univers sans arêtes, où flottent, désemparés, les pressentiments, les images, les pensées criminelles et les hantises coupables. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 266.
Adoucir les arêtes (Rob.). Adoucir les angles :
17. Dès que j'ouvrais la bouche, je donnais barre sur moi, et on m'enfermait à nouveau dans ce monde dont j'avais mis des années à m'évader, où chaque chose a sans équivoque son nom, sa place, sa fonction, où la haine et l'amour, le mal et le bien sont aussi tranchés que le noir et le blanc, où d'avance tout est classé, catalogué, connu, compris et irrémédiablement jugé, ce monde aux arêtes coupantes, baigné d'une implacable lumière, que n'effleure jamais l'ombre d'un doute. S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 192.
PRONONC. − 1. Forme phon. : [aʀ εt]. Passy 1914 note une durée mi-longue pour [ε] ouvert, Barbeau-Rodhe 1930 une durée longue (cf. aussi les dict. hist. sauf Gattel 1841). Enq. : /aʀet, (D)/; [aʀ εt] ou [aʀ ε:t]. 2. Homon. : arrête(s)(nt) [je, tu, il(s)] du verbe arrêter.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1180-90. « barbe d'épi » A. de Bernay, Alexandre, éd. H. Michelant, 359, 8 ds T.-L. : Le poil ot gros et dur et poignant com areste − 1611, Cotgr.; 2. xiiies. « os mince et pointu, épine osseuse qui se trouve dans la chair de certains poissons » (H. Piaucele, De sire Hain et de Dame Anieuse, 48 ds Fabl. et Contes, éd. Barbazan-Méon, t. 3, p. 381 : [Mon mari] Demande poisson à areste); 3. « saillie anguleuse » a) 1260 archit. (d'une construction) (Villard de Honnecourt, Album, éd. Darcel et Willis, XVIII ds T.-L. : a cest esligement est li tors tornee a huit arestes); 1680 charp. (Rich. : Arête [...] Angle de quelque corps. Une poutre à vives arêtes; c'est à dire, bien équarie); b) mil. xiiies. (d'un talus) (Du Prestre et des .II. Ribaus ds Rec. des Fabl., éd. Montaiglon-Raynaud, t. 3, p. 65 : Et li chevaus contre l'areste D'un fossé vint de tele esclate, que li ribaus à terre flate); d'où 1838 géogr. (Ac. Compl. 1842 : Arête [...] Ligne courbe ou brisée qui sépare ordinairement les deux versants principaux d'une chaîne de montagnes, sur laquelle se trouvent les pics les plus élevés, et d'où partent les chaînes secondaires); 1845 géol. (Besch. : Arête [...] Ligne formée par la réunion de deux surfaces inclinées l'une sur l'autre); c) 1393 bot. « nervure d'une feuille » (Ménagier, éd. Société bibliophiles fr., II, 50, Genève : il n'y a point de fueille fors les arrestes); 1393 « côte d'une plume d'oiseau » (Id., II, 287 : se vostre esprevier avoit aucune faim, les bons espreveteurs l'appercevroient à l'arestre des plumes où il avroit raies de travers); d) 1866 géom. (Lar. 19e: Arête. Ligne d'intersection des deux plans qui forment un angle dièdre); e) 1611 areste d'un espee (Cotgr.); 1838 arête d'une baïonnette (Ac. Compl. 1842 : se dit Des carres d'une lame de baïonnette); 1680 aréte de cuilier (Rich. : Partie de la cuilier, qui est élevée sur le cuileron); f) 1680 technol. (Rich. : Arête d'enclume. C'est le bord de l'enclume [...] Arête d'assiete, aréte de plat. C'est l'extremité du bord du plat, ou de l'assiette qui est du côté du fond); 1752 (Trév. : Arête. Terme de Chapelier. C'est l'extrémité par où l'on arrondit un chapeau, & où l'on coud ce qu'on appelle un bord de chapeau); g) 1690 vétér. (Fur. : Arestes [...] ce sont des galles & tumeurs qui viennent sur les nerfs des jambes de derriere d'un cheval entre le jarret & le paturon. On appelle aussi Arestes les queuës des chevaux degarnies de poil, qu'on appelle, queuës de rat). Du lat. arista, au sens 1, Varron, Rust. 1, 48, 1 ds TLL s.v. 579, 65; au sens 2, Ausone, 334, 86, ibid., 580, 50; au sens 3 a Chartul. 1158 Charta Ludov. junior ds S. Joan. Laudun. ds Du Cange; également aresta, 1285 ds Chartul. Guill. abb. S. Germ. Prat. fol. 122, rocol. 1 ds Du Cange s.v. aresta 3. Les autres sens p. anal. avec 3 a.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 517. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 622, b) 817; xxes. : a) 551, b) 897.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barb.-Cad. 1963. − Baudr. Pêches 1827. − Baulig 1956. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Brüch (J.). Bemerkungen zum Französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 293. − Chabat t. 1 1875. − Chauss. 1969. − Chesn. 1857. − Fromh.-King 1968. − Gautrat 1970. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Guilb. Aviat. 1965. − Jal 1848. − Jossier 1881. − Lar. méd. 1970. − Lar. mén. 1926. − Littré-Robin 1865. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Mont. 1967. − Noël 1968. − Noter-Léc. 1912. − Nysten 1824. − Pollet 1970. − Pomm. 1969. − Privat-Foc. 1870. − Quem. 2es. t. 1 1970, p. 5. − Sc. 1962. − Spr. 1967. − Uv.-Chapman 1956. − Viollet 1875. − Will. 1831.