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APPRÉHENDER2, verbe trans.
Envisager avec une inquiétude mêlée de crainte quelque chose d'imminent et encore mal défini.
A.− [L'obj. du verbe désigne un inanimé subst. abstr. : événement, moment où un événement se produira, moment où l'on apprendra une nouvelle concernant un événement récent] Appréhender le froid, le jugement du public; c'est une affaire dont on appréhende les suites (Ac.1835-1932) :
1. Tu as bien raison d'appréhender les ennuis du retour. Il y a plus d'un pays à qui le proverbe castillan puisse être appliqué : « Qui ne l'a pas vu est aveugle; qui l'a vu est ébloui. » Flaubert, Correspondance,1842, p. 117.
2. L'enfant qui appréhende l'instant où la lumière va s'éteindre persuade à sa mère que c'est par tendresse qu'il attend un baiser : ... Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 58.
3. Il fixait très intentionnellement l'horizon à l'avant du navire, la voix rapide, pressé de meubler le silence. Il ressemblait à une jeune fille qui appréhende et espère une déclaration, et je me sentais soudain plus à l'aise. Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 221.
Rem. Appréhender marque une inquiétude moins vive que craindre; redouter enchérit encore sur ce dernier; craindre peut se rapporter à un fut. proche ou à un fut. éloigné; craindre peut enfin se constr. avec un obj. désignant un animé : craindre qqn.
Emploi abs. :
4. Un jour nous serons interrogées non par M. le Lieutenant civil, mais par Jésus-Christ : c'est à cela qu'il faut nous préparer. − Mais quoi! Puisque vous appréhendez si fort, voulez-vous que nous interrogions la Sainte-Écriture? Montherlant, Port-Royal,1954, p. 1007.
B.− [Suivi de la constr. de + inf. ou que + subj.]
1. [Le suj. du verbe sub. est le même que celui du verbe princ.] Appréhender de + inf.Il appréhende de se présenter devant vous (Ac.1835-1932) :
5. Sa résolution néanmoins était prise, et il sentait qu'elle ne faiblirait plus, quoiqu'il appréhendât avec une angoisse horrible de se retrouver en face de son père, qui était là, par delà ces gens dont il apercevait les têtes penchées, les nuques immobiles, les épaules voûtées. P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 235.
2. [Le suj. du verbe sub. est différent de celui du verbe princ.] Appréhender que + subj. :
6. Quant aux biens d'Espagne, je ne doute pas qu'une réclamation de toi en fût parfaitement accueillie, et je la présenterai moi-même au ministre des Affaires étrangères; seulement j'appréhende que la décision de cette affaire ne dépende moins de mon illustre ami que de M. de Martignac qui est l'homme de M. de Villèle. Hugo, Correspondance,1823, p. 371.
7. Je serai très heureux de connaître plus particulièrement M. Danery, et d'autant plus aise qu'il vous accompagne, et je n'aurai pas, dès lors, à appréhender qu'il regrette les moments qu'il voudra bien m'accorder. Lamennais, Lettres inédites... à la baronne Cottu,1819, p. 36.
8. Omer appréhenda qu'elle ne voulût en venir aux actes de luxure : le sang fut plus sonore dans ses oreilles; puis il s'estima fou de songer à de pareilles choses. Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 234.
Rem. Pour le verbe sub., les règles d'emploi de la négation sont les mêmes que pour le verbe craindre. Si le verbe princ. est négatif, pas de négation avec le verbe sub. (ex. 7). Si le verbe princ. est affirmatif, deux cas peuvent se rencontrer. 1. On appréhende la survenance de qqc. : le verbe sub. se construit gén. avec ne (ex. 6 et 8); l'omission de ne est plus rare qu'avec craindre : Omer appréhenda que Denise l'eût calomnié (Adam, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 413). 2. On appréhende la non-survenance de qqc. : le verbe sub. se construit avec ne... pas. Cet emploi, très rare, n'est représenté par aucun ex. dans la documentation.
PRONONC. : [apʀeɑ ̃de], j'appréhende [ʒapʀeɑ ̃:d]. Demi longueur ds Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930 à l'avant-dernière syllabe de l'infinitif.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. xiiie« saisir, comprendre » (Statuts des vignerons Blésois, 4, A. Dupré ds R. hist. Litt. fr. t. 2, p. 257 : Li communs de Blésois, veans et sentans et apprehendans sensiblement que cestes acoustumances leurs estoient greveurs et moult dommaigeurs) − 1611, Cotgr.; mais repris de nos jours dans la langue philosophique, Bergson, Le Rire ds Rob.; 2. a) 1399 propre gén. « saisir, prendre » (Arrentement, A. Tournai ds Gdf. Compl. : Il est venu a nostre cognissanche que pluiseurs personnes, de leurs volentés desraisonnables, se sont avanchies et advanchent de prendre, aprehender et appliquier a leur prouffit pluseurs des dictes places); ne subsiste que ds des emplois spéc.; b) 1460 dr. « saisir au corps » Reg. journ. des prévots et jurés, sér. A, A. Tournai, ibid.; 3. 1587 « craindre » (Lanoue, Disc. polit., 22, ibid. : J'apprehende un tel inconvenient). Empr. au lat. apprehendere; 2 « prendre, saisir (une personne) » (Plaute, Poen., 1226 ds TLL s.v., 306, 45); 1 « comprendre, saisir » (Cicéron, de orat. 3, 22, ibid., 307, 26); d'où après évolution « prévoir, considérer comme étant à craindre; craindre » (sens 3).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 312. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 128, b) 245; xxes. : a) 367, b) 863.
BBG. − Foulq.-St-Jean 1962. − Le Breton Suppl. 1960. − Lep. 1948. − Le Roux 1752. − Noter-Léc. 1912. − Rigaud (A.). Pop'French. Vie Lang. 1970, no223, p. 596. − Timm. 1892. − Vinc. 1910.