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APLANIR, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− [L'obj. désigne une aspérité de la surface terrestre] Rendre plan, uni, en faisant disparaître les inégalités, les aspérités. Synon. niveler, égaliser, aplatir :
1. Elle [la neige] tomba deux jours et deux nuits sans discontinuer, nivelant les hauteurs, comblant les vallons, aplanissant tout sous son enveloppe friable que rien ne soulevait. L. Pergaud, De Goupil à Margot,1910, p. 60.
GÉOGRAPHIE :
2. ... d'autres parties de surfaces continentales offrent des facilités naturelles à la circulation. Ce sont principalement les contrées où, l'accumulation l'emportant sur l'érosion, la surface est couverte d'un manteau de terres qui aplanit les accidents du relief. Vidal de La Blache, Principes de géogr. humaine,1921, p. 224.
P. ext. [L'obj. désigne une surface quelconque] :
3. Mais, soudain, elle redéplia le papier, passa sa main dessus pour l'aplanir, ... Gide, Geneviève,1936, p. 1354.
B.− P. métaph. et au fig.
1. [Ce qui est enlevé est une inégalité] Aplanir les inégalités :
4. Le plaisir réunissait toutes les classes, aplanissait toutes les susceptibilités hautaines, nivelait tous les rangs. G. Sand(Lar. 19e1866).
Péjoratif :
5. La Politesse, quoique fille de la cour, fut et sera toujours niveleuse, elle efface et aplanit tout; ni trop haut ni trop bas est sa devise. Elle n'entend pas la Nature qui crie de toutes parts au génie comme Macbeth : Viens haut ou bas. Vigny, Lettre à Lord ...,1829, p. 271.
6. Je ferai face, disais-je. Face à quoi? Surmonter la vie! Pourtant, ils l'ont bien aplanie. Rasée comme un terrain de manœuvre, la vie! Rasée comme une cour de caserne. Rasée comme un ponton. Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, p. 963.
2. [Ce qui est enlevé est un obstacle; emploi gén. mélioratif]
a) Aplanir la route, les voies, le chemin à qqn (pour qqn, devant qqn, sous les pas de qqn); à qqc.; de qqc. à qqn. Lui rendre plus facile quelque chose :
7. ... plusieurs [des peintres de mœurs] ont arrondi volontairement des angles, aplani les rudesses de la vie, amorti ces fulgurants éclats. Baudelaire, Curiosités esthétiques,1867, p. 363.
8. D'où venait donc cet intérêt subit? Une invisible main semblait veiller sur lui, écarter les obstacles, lui aplanir la route. R. Rolland, Jean-Christophe,Les Amies, 1910, p. 1196.
b) Aplanir les obstacles, les difficultés, plus rarement les traverses. Les atténuer, les supprimer :
9. Le pays eut, à ce moment, l'heureuse fortune de trouver en M. Millerand un ministre de la guerre qui sut faire front avec une volonté puissante et une belle énergie au problème qui se posait à nous. Placé entre mes incessantes et croissantes demandes et les industriels démunis de main-d'œuvre, de matières premières et de machines, il sut vaincre toutes les résistances et aplanir tous les obstacles. Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 49.
II.− Emploi pronom.
A.− [Le suj. désigne une chose concr.] Devenir plan (le plus souvent, en s'abaissant, pour s'aligner sur le niveau inférieur); apparaître comme plan :
10. ... le terrain allait en s'abaissant et en s'aplanissant de la droite des armées alliées à leur gauche, des rives accidentées de la Meuse aux grandes plaines des Flandres d'un parcours relativement plus facile. Foch, Mémoires,t. 2, 1929, p. 237.
P. compar. :
11. Quand j'arrivai chez Anne, la nuit tombait. Le ciel, vers le soir, s'était aplani, tous ses gouffres comblés d'or. Giraudoux, Simon le Pathétique,1926, p. 217.
B.− P. métaph. et au fig. :
1. Souvent mélioratif. S'atténuer, disparaître (progressivement). Les difficultés, les obstacles s'aplanissent :
12. Tout se calme, les souvenirs s'effacent, les déchirements du passé, les rêves perdus aussi, tout s'oublie, s'aplanit, s'apaise... Loti, Journal intime,t. 1, 1882-85, p. 154.
2. Rare, péj. [Le sujet désigne une pers.] S'uniformiser :
13. Si Bossuet fait jamais une Logique (...) il est à croire qu'il saura moins uniment s'aplanir, et qu'il ne se tiendra pas de tout point dans cette médiocrité lumineuse. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 476.
PRONONC. ET ORTH. : [aplani:ʀ], j'aplanis [ʒaplani]. Enq. : /aplani, aplanis/. Fér. 1768 : ,,on pourrait demander pourquoi l'Ac. écrit aplanir, aplanissement et les suivans, avec un seul p et applaudir, applaudissement, application, appliquer et tant d'autres avec 2 p`` (cf. apaiser).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) xies. aplanir « nettoyer en frottant » (Les Gloses françaises de Gershom de Metz; mss Biblioteca Angelica, loaz Houllin 25a, éd. L. Frandin, Paris, 1902, p. 38); b) 1155 aplanier « niveler, rendre plat et égal » (Wace, Brut., ms., fo48d, ap. Ste-Pal. ds Gdf. : Apres ont tout aplanié, Fossé et mur egaillié); 1223-1230 aplaigner « id. » (Rom. de Thèbes, éd. Constans, Paris 1890, 7322 ds T.-L. : La terre i est bien guaaigniee Et coltivee et aplaigniee); env. 1274 aplaner (Grand. Chron. de Fr., Loys, fils de Charles le Simple, II, P. Paris ds Gdf.), nombreuses attest. de cette forme encore au xvies. (Hug.); 1326 aplenir (Richel Mor. CCXXV, fo73 ds Gdf.); ca. 1550 aplanir (Louise Labé, Debat de Folie et d'Amor, p. 63 ds Gdf. Compl.); 2. 1644 au fig. « réduire (une difficulté), faciliter » (Corneille, Rodogune, éd. Grands écr. de Fr., t. 4, III, 1, vers 775-776 : Mais ce n'est pas assez de m'avoir avertie : Il faut de ces périls m'aplanir la sortie). Forme aplaigner, dér. de l'a. fr. plaigne « plaine », 1100, Roland, éd. Bédier, 3305, issu du b. lat. *plania formé sur le rad. de l'adj. planus, suff. -ĭa. par anal. avec champagne, montagne (Meyer-L.), doublet de plana, neutre plur. substantivé qui a donné plaine; aplanier, aplaner et aplanir dér. du lat. planus, voir plan et plain; dés. -er, -ir; préf. a-1*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 144.
BBG. − Chauss. 1969. − Forest. 1946. − Gottsch. Redens. 1930, p. 17. − Jossier 1881. − Noël 1968. − Noter-Léc. 1912.