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APITOYER, verbe trans.
A.− Emploi trans. [Le compl. est un animé] Susciter la pitié de quelqu'un :
1. Mais ce qui apitoyait le plus la femme Teston, ce qui rendait l'histoire plus horrible et plus intéressante, c'était moins le cou dépecé de l'enfant et l'outrage qu'elle avait subi, c'était ce pantalon qu'une main brutale avait arraché et qui laissait voir son pauvre petit ventre à nu. Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 45.
2. Le duel constant qu'il y a chez le mâle, entre sa générosité et son égoïsme, entre son sang et son sperme, crée en lui une atmosphère de désarroi qui épouvante, apitoie et fascine la femme. Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1398.
P. exagér. [Le compl. désigne une chose] :
3. − Aïou! geignit-il d'un ton si douloureux qu'il eût apitoyé des pierres, ... L. Cladel, Ompdrailles,1879, p. 297.
Emploi abs. :
4. La figure du gamin était sérieuse; le regard franc; aucun désir d'apitoyer ni même d'intriguer; ... R. Martin du Gard, Les Thibault,La Consultation, 1928, p. 1052.
B.− Emploi pronom. Être touché de pitié :
5. Laurent connut vite le public de l'endroit, public mêlé et disparate qui s'apitoyait et ricanait en commun. Zola, Thérèse Raquin,1867, p. 84.
S'apitoyer sur.
1. [Le compl. introd. par sur est une pers. ou un animal] :
6. ... ils s'enthousiasment à toutes les bonnes actions communes; ils s'apitoient sur chaque innocent qu'on tue, sur chaque chien qu'on écrase, comme s'ils étaient venus pour cela au monde. Flaubert, Correspondance,1846, p. 323.
[ou une périphrase désignant une pers.] :
7. Aujourd'hui, à la suite d'un torticolis, − pris dans une promenade en voiture découverte, que sa femme lui a fait faire au clair de la lune, le long d'une plage de l'océan, − avec ses gestes comiques, ankylosés, ses grandes mains semblant renforcer sur sa tête un serre-tête funambulesque, il me faisait sourire et à la fois m'apitoyer sur son compte. E. et J. de Goncourt, Journal,1880, p. 86.
2. [Le compl. introd. par sur est une chose abstr. ou concr. en rapport étroit avec une pers.] S'apitoyer sur les misères du peuple :
8. Comment ne pas s'apitoyer sur la destinée de générations florissantes conduites par l'ignorance, l'amnésie et l'aveuglement de l'état aux « cavernes de mort » de la plus sombre et la plus cruelle des boucheries? Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. XLIV.
PRONONC. : (s') [apitwaje], (je m') apitoie [apitwa] (pour la prononc. du groupe oy, cf. aboyer).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1224-1231 intrans. apitier « être empli de pitié, éprouver de la pitié » (G. de Coinci, Mir. Vierge, ms. Brux. 9229, fo150dds Gdf. : En cel respons si doz chant a Et tant est biaus et bien ditiez Li cuers m'en est tot apitiez) − 1611 apitoyer (Cotgr.); b) 1224-1231 emploi pronom. s'apitier « éprouver de la pitié envers qqn, prendre pitié de » (Id., Ibid., ms. Soiss., fo5dds Gdf. : Oies ma complainte, Et envers moi t'apite); 2. fin xiiies.-début xives. trans. apitoier « emplir de pitié, émouvoir, attendrir » (Marco Polo, C. CCXXV ds Gdf. Compl. : Car il li mururent tant que de male ore fo comences ceste bataille qe apitoe). Rem. Le verbe a subsisté aux xviieet xviiies. dans la lang. pop. (cf. mil. xviiies., témoignage de La Curne de Sainte Palaye ds La Curne, s.v. apiter : Ce verbe, dont la signification intéresse l'humanité, est encore usité parmi le peuple en province), repris à l'époque révolutionnaire (cf. apitoyer, cité parmi les néologismes introduits par la Révolution ds Brunot t. 10, 2epart., 1943, p. 597, La Quotidienne, 11 mai 1795 et 1797, Lettre de Casanova à Léonard Snetlage, Paris, 1903, ibid., 1repart., p. 104 : ... appitoyer [mot pitoyable]); 1798 attesté dans les emplois trans. et pronom. (Ac. où le mot est qualifié de ,,familier`` : [...] S'apitoyer sur les malheurs de quelqu'un). Dér. de pitié*; préf. a-1*, dés. -er, forme -oyer, du lat. -idiare, p. anal. avec les verbes de cette forme (EWFS2).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 318. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 123, b) 483; xxes. : a) 897, b) 445.
BBG. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 121.