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ANTIPATRIOTE, adj. et subst.
A.− Adj. [Gén. en parlant d'une pers.] Qui manifeste ou professe des opinions contraires au patriotisme; qui nuit à l'intérêt de la patrie :
1. Alors [au temps de Tite-Live], être irréligieux, c'était être antipatriote, c'est-à-dire un homme exécrable tramant la ruine de sa patrie. Stendhal, Promenades dans Rome,t. 1, 1829, p. 227.
− Rare [En parlant d'une chose] Synon. antipatriotique :
2. Les journaux officieux des ministres Combes, André, Delcassé, organisaient les fêtes publiques où les artistes des théâtres subventionnés déclamaient des poésies antipatriotes : Déchirez ces drapeaux! Une autre voix vous crie : L'esclavage et la haine ont seuls une patrie. La fraternité n'en a pas. Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 158.
B.− Subst., plus rare. Personne qui manifeste ou professe des opinions opposées à celles d'un patriote, qui agit à l'encontre des intérêts de la patrie :
3. Burdeau, lui-même, l'homme moderne, le représentant des pensées audacieuses, quand il pénétra au milieu de nous, un de ses prestiges fut qu'il parla d'une manière saisissante de la patrie et qu'il se donna en exemple vivant, lui et son ruban rouge. Il est le premier que j'ai entendu se préoccuper de démontrer la légitimité et la nécessité du patriotisme. Par là, il est mon premier contact avec les antipatriotes. Mais je crois qu'il n'arriva pour aucun de nous ce qui arrive souvent dans ces discussions polémiques; il ne nous donna aucun goût des thèses qu'il combattait. Barrès, Mes cahiers,t. 14, 1923, p. 279.
Rem. Marqué, à sa création (cf. étymol.), par la polémique des révolutionnaires contre les monarchistes émigrés (les premiers se disant les patriotes et traitant les seconds, p. oppos., d'antipatriotes) a gardé cette connotation, quoique gén. le rapport polémique soit inversé (ce sont des conservateurs, monarchistes ou non, qui se disent patriotes, et leurs adversaires de « gauche » qui sont dits antipatriotes).
PRONONC. : [ɑ ̃tipatʀiɔt].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1789 subst. « celui qui a des sentiments contraires à ceux d'un vrai patriote » (Revol. de Paris, no19, 14-21 nov. 1789, p. 3 ds Brunot t. 9, p. 665 : Cette troupe si formidable d' « antipatriotes »). Dér. de patriote*; préf. anti-*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 15.