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ANTAGONISME, subst. masc.
Caractère, action antagoniste de forces diverses.
A.− SCIENCES
1. MÉDECINE
a) ANAT., PHYSIOL. Caractère, action antagoniste de deux muscles, groupes de muscles pouvant produire des mouvements opposés à partir du même point d'appui :
1. ... c'est un antagonisme comme il s'en rencontre entre deux groupes de muscles dans le corps humain. Taine, De l'Intelligence,t. 1, 1870, p. 108.
Rem. Moins usité que antagoniste dans le même emploi, quoique mentionné par la plupart des dict. généraux.
b) PHYSIOL. GÉN. Caractère, action antagoniste de deux organes, groupes d'organes, systèmes biologiques, substances organiques, etc., ayant des fonctions inverses. L'antagonisme hormonal ovarien. Anton. synergie :
2. Peut-on comparer l'action du vague sur le cœur à l'action du sympathique sur les vaisseaux du cœur? Non, car le cœur s'arrête en diastole, tandis que les vaisseaux sont en systole et se contractent, à moins qu'on admette qu'il y a antagonisme entre l'action des nerfs sur le cœur et celle sur les capillaires. Il y a partout des actions antagonistes. Chaud-froid; sec-humide; nerf sympathique-nerf cérébro-spinal; sécrétion-excrétion. C. Bernard, Cahier de notes,1860, p. 88.
c) THÉRAPEUTIQUE. Caractère, action antagoniste de certains germes pathogènes, agents thérapeutiques, etc., qui, opérant en sens contraire sur le même point de l'organisme, peuvent se neutraliser en s'opposant l'un à l'autre. Synon. neutralisation :
3. Ces premières constatations ne portaient que sur un cas particulier de l'antagonisme réciproque qui caractérise certains micro-organismes : cette véritable rivalité de famille ne s'observe pas seulement parmi les bactéries, mais aussi chez les virus et les champignons. (...) En décembre 1897, sous la direction de G. Roux, un jeune médecin militaire de Lyon, Ernest Duchesne, soutient une thèse sur l'antagonisme du penicillium glaucum et de divers germes : « On peut espérer qu'en poursuivant l'étude des faits de concurrence biologique entre moisissures et microbes, conclut-il alors, étude seulement ébauchée par nous, ... on arrivera peut-être à la découverte d'autres faits directement utiles et applicables à l'hygiène prophylactique et à la thérapeutique. » M. Bariéty, Ch. Coury, Hist. de la méd.,1963, p. 720.
2. P. ext., CHIM. Caractère, action antagoniste de certains corps ou éléments possédant des propriétés contraires. Antagonisme des ions (cf. Plais.-Caill. 1958 et Hist. gén. des sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 757).
B.− Domaine des rapports humains.
1. JEUX. Action antagoniste d'individus opposés dans un combat d'athlètes, un jeu compétitif :
4. ... c'étaient [les Romains] de rudes athlètes, et plus faits que nous à un antagonisme violent ... Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littér. sous l'Empire,t. 1, 1860, p. 50.
2. Domaine écon., idéol., politol.Caractère, action antagoniste d'individus opposés, notamment dans la lutte des classes. L'antagonisme de la bourgeoisie et du prolétariat :
5. L'antagonisme du travail et du capital est un autre exemple, plus frappant, du même phénomène. À mesure que les fonctions industrielles se spécialisent davantage, la lutte devient plus vive, bien loin que la solidarité augmente. Au moyen âge, l'ouvrier vit partout à côté de son maître, partageant ses travaux « dans la même boutique, sur le même établi ». Tous deux faisaient partie de la même corporation et menaient la même existence. (...) Aussi les conflits étaient-ils tout à fait exceptionnels. À partir du xvesiècle, les choses commencèrent à changer. « Le corps de métier n'est plus un asile commun; c'est la possession exclusive des maîtres qui y décident seuls de toutes choses ... Dès lors, une démarcation profonde s'établit entre les maîtres et les compagnons. Ceux-ci formèrent, pour ainsi dire, un ordre à part; ils eurent leurs habitudes, leurs règles, leurs associations indépendantes. » Une fois que cette séparation fut effectuée, les querelles devinrent nombreuses. Durkheim, De la Division du travail social,1893, p. 345.
PARAD. a) (Quasi-) synon. agressivité, antipathie, diversité, émulation, inimitié, résistance, révolte; b) (Quasi-) anton. affinité, coopération, tolérance.
C.− Au fig., domaine abstr. Caractère, action antagoniste de sentiments, d'idées, etc., en contradiction. L'antagonisme de deux tempéraments, réduire les antagonismes :
6. ... les évolutions de mon intelligence me semblaient aussi infatigables que les cieux, et cependant toutes les inquiétudes étaient aplanies par un calme alcyonien; c'était une tranquillité qui semblait le résultat, non pas de l'inertie, mais de l'antagonisme majestueux de forces égales et puissantes ... Baudelaire, Paradis artificiels,Un Mangeur d'opium, 1860, p. 417.
7. ... par l'attrait des divers motifs conscients, les forces diffuses de la vie intérieure se groupent, sous une loi de finalité, en synthèses antagonistes. Or, comment entre ces groupes hétérogènes y a-t-il opposition? Comment de cette lutte intestine ressort-il une connaissance plus distincte, et une puissance nouvelle d'attention? (...) Si les systèmes antagonistes s'opposent dans la conscience, c'est que, malgré cet antagonisme même, ils sont compris dans l'unité complexe d'un seul organisme; c'est qu'ils dépendent également d'une puissance supérieure des contraires; c'est qu'au lieu d'être des fragments isolés ils sont les parties d'un tout. Blondel, L'Action,1893, p. 112.
8. ... quand l'esprit de quelque œuvre illustre nous a vivement touchés, nous découvrons un jour ou l'autre entre elle et ses origines un contraste qui va parfois jusqu'à l'antagonisme radical. Chez l'artiste où sonne l'accent le plus accusé de l'époque, chez celui qui marque et qui dure, l'expression est comme une corde tendue entre les deux extrémités d'un arc. L'une de ces extrémités, à coup sûr, c'est l'action du milieu social et historique. L'autre, la réaction d'un cœur. De l'une à l'autre s'établit un système d'équilibre suspendu entre les erreurs ou les excès sentimentaux qui caractérisent l'époque, et la protestation secrète qu'ils éveillent dans ce cœur. É. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 104.
PARAD. a) (Quasi-) synon. bataille, combat, distinction, dualisme, dualité, hostilité, opposition, rébellion; b) (Quasi-) anton. accord, collaboration, conciliation, concordance, harmonie.
PRONONC. : [ɑ ̃tagɔnism̥]. Passy 1914 note la 1resyllabe mi-longue [ɑ ̃ ˑ]. Enq. : /ãtagonism/.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. [1593 antagonie « lutte » (Jeh. du Bec ds Gdf. Compl. : Disc. de l'antagonie du chien et du lievre)]. 1751 anat. antagonisme (Encyclop. t. 1 : Antagonisme, dans l'œconomie animale, c'est l'action d'un muscle dans un sens opposé à celle d'un autre muscle son antagoniste); 2. 1826 sociol. « état de lutte entre deux systèmes » (A. Comte, Le Producteur, 3, 367 ds Quem. : Les intérêts absolument abandonnés à eux-mêmes, sans aucune autre discipline que celle qui résulte de leur propre antagonisme). Empr. au gr. α ̓ ν τ α γ ω ́ ν ι σ μ α « émulation » (Heliodore, 7, 7 ds Bailly). [La forme antagonie est composée du gr. α ́ ν τ α « face à face, contre (idée d'hostilité) » et α ̓ γ ω ν ι ́ α « lutte » (Hérodote, 2, 91, ibid.)].
STAT. − Fréq. abs. littér. : 228. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 99, b) 309; xxes. : a) 530, b) 399.
BBG. − Dub. Pol. 1962, p. 26, 27, 48, 171. − Goblot 1920. − Littré-Robin 1865. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 38, 41. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Nysten 1824. − Piéron 1963. − Plais.-Caill. 1958. − Privat-Foc. 1870. − Romeuf. t. 1 1956. − Vieill. 1970.