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AN, subst. masc.
Temps de la révolution de la terre autour du soleil, servant d'unité de temps.
A.− [Sert de repère chronologique]
1. [Avec l'art. déf.] Espace de temps d'une année considéré comme un tout et indépendamment de son déroulement interne; spéc., pour l'expression d'une date, celui de l'année civile, du 1erjanvier au 31 décembre :
1. Je me suis occupé dans les montagnes de l'origine ou du don du langage d'après les idées de M. de B. que j'ai été conduit encore à combattre; occupation d'esprit qui est revenue périodiquement cette année à la même époque que l'an dernier. Maine de Biran, Journal,1819, p. 236.
2. − Ou d'aller encore une fois, ô forêt pleine de mystère, − jusqu'à ce lieu que je connais, où, dans une eau morte et brunie, trempent et s'amollissent encore les feuilles des ans passés, les feuilles des printemps adorables. A. Gide, Paludes,1895, p. 148.
Le jour de l'an, le nouvel an, le premier de l'an. Le premier jour de l'année civile, le 1erjanvier :
3. On ne sait plus ce que c'est que ces solennités de religion et de famille où la patrie entière et le Dieu de cette patrie avaient l'air de se réjouir; Noël, le premier de l'an, les Rois, Pâques, la Pentecôte, la Saint-Jean étaient pour moi-même des jours de prospérité. F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 48.
4. Minuit, 1erjanvier. Nous nous embrassons dans le jardin de notre maison, au clair de lune d'une année nouvelle. Dans la journée, porter notre manuscrit chez Lacroix, nous inscrire chez la princesse, ç'a été tout notre premier jour de l'an. E. et J. de Goncourt, Journal,1869, p. 479.
Rem. Autres syntagmes cadeau de nouvel an (A. Gide, Si le grain ne meurt, 1924, p. 412), cartes et souhaits de nouvel an (V. Larbaud, Journal, févr. 1934, p. 280), fêter le nouvel an (P. Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 259), visites du premier de l'an (J. Rivière, Alain-Fournier, Correspondance, lettre de J. R. à A.-F., janv. 1906, p. 230).
Service du bout de l'an ou bout de l'an. Service religieux célébré pour un défunt au jour anniversaire de sa mort :
5. ... c'était reposer en terre plus sainte, et comme en une terre plus voisine de la suprême vallée de Josaphat; c'était attendre en lieu plus sûr l'heure redoutable de la résurrection. Aussi les jours ne suffisaient plus aux messes des morts, aux bouts de l'an, aux trentains et aux libera; l'enceinte du monastère ne suffisait plus aux enterrements. Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 98.
2. [Avec ou sans adj. numéral cardinal, avec ou sans article] Un an s'était écoulé depuis le jour où... (M. Arland, L'Ordre, 1929, p. 334), à six ans de distance (F. Ambrière, Les Grandes vacances, 1946, p. 37), au bout d'un an (J. Sandeau, Mademoiselle de la Seiglière, 1848, p. 91), dans le délai d'un an (G. Vedel, Manuel élémentaire de droit constitutionnel, 1949, p. 385), sur un espace de dix ans (L'Industrie française des engrais chimiques, Engrais potassiques et engrais composés, 1956, p. 14), période de trente ans (Chauve-Bertrand, La Question du calendrier, 1920, p. 59), programme de 350 000 logements par an (Les Grands ensembles d'habitation, 1963, p. 5), consommation de 400 millions de tonnes par an [de pétrole] (V. Romanovsky, La Mer, source d'énergie, 1950, p. 5), plusieurs fois par an (J.-B. Say, Traité d'économie politique, 1832, p. 107), il y a deux ans et demi (B. Constant, Journaux intimes, déc. 1804, p. 178), un an jour pour jour (V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, 1814, p. 222) :
6. « ... enfin, après avoir passé sept jours dans les bois, pour la première fois de ma vie, muni d'observations que j'avois soin de rédiger tous les soirs, je revins à New-York, où, par l'entremise du même ami, j'achetai 1850 acres, à raison de quatre shellings sterling l'acre, dont la moitié étoit payable au terme d'un an, et l'autre à la fin de la troisième année ». J. de Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 1, 1801, p. 182.
7. On appelle débit d'étiage le débit au-dessous duquel la rivière ne descend pas pendant plus de dix jours par an dans une année moyenne, c'est donc le débit de trois cent cinquante-cinq jours. G. Thaller, La Houille blanche,1952, p. 30.
Loc., DR. An et jour. Une année révolue et un jour de plus. ,,Prescription de l'an et jour.`` (Ac.1835-1932).
Bon an, mal an. En établissant la moyenne entre les bonnes et les mauvaises années :
8. Soit une famille de paysans composée de six personnes, le père, la mère et quatre enfants, vivant à la campagne d'un petit patrimoine qu'ils exploitent. Je suppose qu'en travaillant bien, ils parviennent à nouer, comme on dit, les deux bouts; qu'eux logés, chauffés, vêtus et nourris, ils ne fassent point de dettes, mais aussi point d'économies. Bon an, mal an, ils vivent : si l'année est heureuse, le père boit un peu plus de vin, les filles s'achètent une robe, les garçons un chapeau... P.-J. Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?,1840, p. 263.
Pop., proverbialement. Bonjour et bon an. Souhait de nouvel an. ,,Bonjour, bon an, va-t-en à Rouen.`` (G. Flaubert, Correspondance, 1831, p. 2).
Fam. ,,Il y a cent ans qu'on ne vous a vu.`` (Nouv. Lar. ill.) ,,Il y a très longtemps.`` (Nouv. Lar. ill.).
3. [L'adj. numéral cardinal est placé après, avec ou sans art. déf.] Espace de temps d'une année numéroté suivant le comput d'un calendrier donné.
Expr. figées
a) Dans le calendrier grégorien : l'an du Christ 1732 (A. de Vigny, Lettre à Lord *** sur la soirée du 24 octobre 1829, 1829, p. 275), l'an de grâce 1823 (Stendhal, Racine et Shakespeare, t. 1, 1823, p. 3), l'an de Notre Seigneur, l'an du Salut, l'an de l'Incarnation (Ac. 1835).
b) Dans le calendrier républicain, en parlant des années de l'ère commencée le 22 septembre 1792 : an premier, an deux, an trois, etc. 29 floréal an X (J. Baradat, L'Organisation d'une préfecture, 1907, p. 98), l'armée de l'an II (G. Lefebvre, La Révolution française, 1963, p. 393).
9. La date de la mort de Madame de Chateaubriand est du 12 prairial an 6 de la république, c'est-à-dire du 31 mai 1798. F.-R. de Chateaubriand, Essai sur les Révolutions, Préface, t. 1, 1826, p. XXVII.
Spéc., proverbial et fam. S'en soucier, s'en moquer comme de l'an quarante. Se dit d'une chose à laquelle on n'attache pas la moindre importance, d'une personne à laquelle on ne tient nullement.
Rem. ,,On suppose que cette expression vient des craintes superstitieuses généralement répandues dans le commencement du xiesiècle. On prétendait que Jésus-Christ n'avait assigné à son Église et au monde qu'une durée de mille ans et plus. Une opinion accréditée voulait que ce terme expirât en l'an 40 du xiesiècle. Mais lorsque l'époque redoutable fut passée, on ne fit plus que rire de ces craintes puériles.`` (Lar. 19e). Le DG propose une seconde explication ,,an quarante semble une altération de Alcoran`` (cf. FEW t. 1 1948, s.v. alcoran) :
10. ... je voudrais écrire pour plaire à un homme, user de l'écriture comme d'un moyen de séduction. Il faut que je me dépêche d'écrire, tant que cela me dit encore quelque chose, je veux dire tant que cet homme me dit encore quelque chose, car tout à fait entre nous, je m'en soucie comme de l'an quarante, comme d'une guigne. Pas en tant qu'ami, bien sûr, c'est un ami très cher ... E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, pp. 245-246.
Le grand an. ,,Révolution de trente-six mille ans, après laquelle les platoniciens ont prétendu que les astres recommencent leur cours.`` (Lar. 19e); p. ext., fig. et proverbialement. ,,Vivre le grand an, vivre très longtemps.`` (Lar. 19e).
B.− [Exprime la mesure du temps] L'âge d'une personne, l'évaluation du temps que dure une chose, une activité. Un enfant de moins d'un an, un abonnement d'un an, un fonctionnaire nommé pour quatre ans.
1. [Sans art. et avec l'adj. numéral cardinal, rarement avec le poss.] Avoir cinquante ans à peine (P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 38), l'âge de vingt-cinq ans accomplis (Code civil, 1804, p. 30), avoir cinquante ans sonnés (G. de Maupassant, Contes et nouvelles, t. 2, La Rouille, 1882, p. 790), avoir quinze ans révolus (M. Barrès, Mes cahiers, cahier pascal, 1896-1923, p. 178), la gaieté, la fraîcheur de ses vingt ans (É. Zola, La Bête humaine, 1890, p. 138), ses jambes de vingt ans (É. Zola, Le Docteur Pascal, 1893, p. 41) :
11. Alors, mon Adèle, tu seras à moi, et je veux que ce soit avant peu; je ne travaille, je ne vis que pour cela. Tu ne conçois pas avec quelle ivresse j'écris ces mots tu seras à moi, moi qui donnerais toute ma vie pour un an, pour un mois de bonheur passé avec ma femme. V. Hugo, Lettres à la fiancée,1822, p. 31.
12. Une dernière lettre restait. Elle était de moi et dictée de cinquante ans auparavant par mon professeur d'écriture. La voici : « Ma petite maman chérie, j'ai aujourd'hui sept ans. C'est l'âge de raison, j'en profite pour te remercier de m'avoir donné le jour. » G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Suicides, 1883, p. 828.
13. Et Magnus reconnaît cette pâle figure; Il entend cette voix qui, jadis, supplia, Par la Vierge et les saints, son âme altière et dure. C'est elle! c'est l'abbesse Alix! ciel! il y a Bien des jours, bien des ans, un siècle, qu'elle est morte. Ch.-M. Lecomte de Lisle, Poèmes tragiques,Le Lévrier de Magnus, 1886, p. 139.
14. ... « Oui, peut-être le mouvement littéraire baptisé naturalisme est à sa fin. Il a à peu près ses cinquante ans d'existence et c'est la durée d'un mouvement littéraire en ces temps, et il fera sans doute place à un mouvement plus idéaliste... » E. et J. de Goncourt, Journal,mars 1889, p. 949.
2. Au plur. exclusivement, littér. et poét. L'âge d'une personne, la vieillesse d'une personne ou d'une chose. Leurs jeunes ans (J.-P.-C. de Florian, Fables, 1792, p. 149), mes premiers ans (J. Delille, L'Homme des champs, 1800, p. 140) :
15. On rit quand, opprimé sous le fardeau des ans, Vieux amant, vieux chanteur, un poète ose peindre Des douceurs qu'il n'a plus et qu'il ne peut que feindre, Et d'une voix fardée et d'un vers doucereux Nous conte en cheveux blancs ses exploits amoureux. A. Chénier, Élégies,Les Amours, 1794, pp. 78-79.
Prononc. − 1. Forme phon. : [ɑ ̃]. Enq. : /ã/. 2. Homon. : en (prép., adv. et pron. pers.), han (cf. Zlat. 1862).
Étymol. ET HIST. − 1. a) Mil. xies. « unité de mesure du temps, année » (Alexis, éd. G. Paris et L. Pannier, 33a ds T.-L. : Dis e set anz... Penat son cors); d'où loc. − 1144 mal an « malheur » (Li Charrois de Nymes, éd. Jonckbloet, 634, ibid. : entré sont en mal an; Il en morront a milliers et a cent); d'où 1656 bon an mal an « compensation faite des bonnes et mauvaises années » (Scarron, Rom. com., ch. VIII, 2epart. ds Littré : Et l'on m'a assuré qu'elle portait d'ordinaire sur elle, bon an mal an, trente quintaux de chair); − 1681 bon jour bon an « salutations des premiers jours de l'année » (Sévigné, Lettre du 2 janv. 1681, éd. Monmerqué, t. 7, p. 132 : bon jour et bon an, mon cher cousin); − 1273 par an « annuellement » (Berte, CXXXI ds Littré : Cinq cens livres par an à chascune [i] donra); b) ca 1100 « mesure de l'âge » (Rol., éd. Bédier, 538-39 : Carlemagne, Ki est canuz e vielz! Men escientre dous cenz anz ad e mielz); 1636 plur. « temps vécu » (Corneille, Cid, III, 5 ds DG : Ce peu que mes vieux ans m'ont laissé de vigueur); d'où 1668 « vieillesse » (La Fontaine, Fables, éd. Gohin, I, 16; [...] Sous le faix du fagot aussi bien que des ans); 2. a) 1260 « année en tant que point du temps » (Étienne Boileau, Liv. des mét., 360 ds Littré : Ceste addition fu fete en l'an de grace mil ...); b) xives. « jour de l'an » (Froissart, LI, 326, ibid. : Si fut cette chose si approchée que, droitement la nuit de l'an, la chose fut arrestée d'estre faite, et devoit le dit Aimery delivrer le chasteau de Calais en icelle nuit); c) 1680 bout de l'an « anniversaire » (Sévigné, Lettre du 25 août 1680, éd. Monmerqué, t. 7, p. 39 : Le loisir de la campagne fait des almanachs perpétuels et des bouts de l'an de tous les jours considérables); en partic. 1690 (Fur. : le bout de l'an se dit proprement d'un service qu'on fait dire pour un mort à pareil jour qu'il est décédé après l'année revolue). Du lat. annus, au sens 1 a dep. Naevius, Ep., 44 ds TLL s.v., 115, 35 : septimum decimum annum ilico sedent; 1 b dep. Plaute, Cist., 755, ibid., 118, 51 : annos nata dicitur septendecim; 2 a dep. Gracchus, Orat., 46 ds Oxford Lat. dict., s.v., 136, 2ecol. : his annis paucis ex Asia missus est.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 39 353. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 55 569, b) 59 999; xxes. : a) 58 099, b) 52 855.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bible 1912. − Boiss.8. − Bonnaire 1835. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Chass. 1970. − Colin 1971. − Daire 1759. − Dubois (J.). Représentation de systèmes paradigmatiques formalisés dans un dictionnaire structural. Cah. Lexicol. 1964, t. 2, no5, pp. 13-14. − Dupin-Lab. 1846. − Esn. 1966. − Fér. 1768. − Gottsch. Redens. 1930, p. 63, 244, 398, 442. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 276. − Goug. Mots t. 2 1966, pp. 90-91. − Guizot 1864. − Guyot 1953. − Hanse 1949. − Kold. 1902. − Lacr. 1963. − Laf. 1878. − La Rue 1954. − Lav. Diffic. 1846. − Marcel 1938. − Pierreh. Suppl. 1926. − Pol. 1868. − Pope 1961 [1952], § 39, 41, 365, 429, 432, 436, 442, 680, 686, 796, 803. − Prév. 1755. − Remig. 1963. − Rog. 1965, p. 127. − Sardou 1877. − Sommer 1882. − Sommer Suppl. 1882. − Spr. 1967. − Synon. 1818. − Thomas 1956. − Uv.-Chapman 1956.