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ANORMAL, ALE, AUX, adj. et subst.
A.− Gén. péj. [En parlant d'un inanimé concr. ou abstr.] Qui est contraire à la norme et de ce fait provoque la surprise, l'inquiétude ou la réprobation. Un acte anormal (Ac. 1878); marche anormale d'une maladie, suivre un régime anormal (Ac. t. 1 1932) :
1. ... si nous abandonnons un instant les considérations purement abstraites, pour jeter un coup d'œil sur l'ordre du monde et sur l'économie de la nature, nous sommes frappés à la fois de l'harmonie admirable qui généralement y règne, et de faits anormaux qui dérogent à l'harmonie générale. Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 601.
2. ... le tribunat était aux yeux du patricien quelque chose d'impie, d'anormal, de contraire à tous les principes ... Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 386.
3. Cette peinture est si épouvantablement anormale, si prodigieusement en dehors des traditions ou des procédés connus, si résolument séquestrée dans ses concepts. Bloy, Journal,1895, p. 17.
4. Quand une telle existence n'est pas soutenue par un sentiment religieux ou moral exceptionnel, − (je dirai même, anormal, maladif : car il n'est pas naturel de se sacrifier totalement), − c'est une mort vivante ... R. Rolland, Jean-Christophe,Les Amies, 1910, p. 1227.
5. ... il est conforme à nos habitudes d'esprit de considérer comme anormal ce qui est relativement rare et exceptionnel, la maladie par exemple. Bergson, Les Deux sources de la mor. et de la relig.,1932, p. 26.
Emploi subst. masc. (à valeur neutre). L'anormal. Ce qui est anormal (cf. anormalité, ex. 2) :
6. Ils étaient ainsi amenés à retrouver dans le passé de l'individu, au-delà du début manifeste de la psychose, les traits caractéristiques de la psychose. Ce n'était pas pour déplaire au désir d'unité qui tourmente la science : on abaissait ainsi la barrière qui sépare le normal de l'anormal, on tendait à établir l'identité du conséquent, et de l'antécédent. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 31.
B.− [En parlant d'une pers.]
1. Emploi adj. Non conforme au modèle courant, et inquiétant pour cette raison :
7. Près d'elle j'éprouve un entraînement irraisonné vers sa candeur possible et une méfiance très raisonnable contre sa rouerie non moins probable. Je me sens en contact avec un être anormal, en dehors des règles naturelles, exquis ou détestable. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Yvette, 1884, p. 485.
Rem. Plur. irrégulier, arg. anormals :
8. Les quelques hommes (...) que l'on pourrait me citer, sont des êtres anormals qui ne doivent pas plus prouver contre ce que j'avance, que les boiteux (...) ne prouvent que la nature de l'homme est d'être boiteux. F. Vidocq, Les Voleurs,1836, p. 161.
MÉD., PSYCHOL. Enfants anormaux (Piéron 1963) ,,On préfère actuellement parler d'enfants inadaptés.`` (Psychol. 1969).
2. Emploi subst., MÉD., PSYCHOL., etc. Personne atteinte d'une anomalie physique ou mentale :
9. ... allant chercher, comme un médecin l'appendicite, l'inversion jusque dans l'histoire, ayant plaisir à rappeler que Socrate était l'un d'eux, comme les Israélites disent de Jésus qu'il était Juif, sans songer qu'il n'y avait pas d'anormaux quand l'homosexualité était la norme, pas d'antichrétiens avant le Christ, que l'opprobre seul fait le crime, ... Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, pp. 616-617.
10. ... entre tous les héros du romancier russe, les seuls à qui Gide s'adresse, ce sont ces intellectuels pervertis, humiliés, dont les infirmités ou les tares servent de justification à leur révolte religieuse et morale; ce sont les anormaux, les « monstres », ceux-là, que Dostoïevsky lui-même appelle des « possédés »; un Raskolnikoff, un Stavroguine, un Versiloff, un Ivan Karamazoff, qui, consciemment ou inconsciemment, donnent prise à l'articulation de ses pensées. H. Massis, Jugements,t. 2, 1924, p. 36.
11. Oui, il était répugnant comme le mal lui-même. Un petit homme brun, une sorte de blatte, mince et noire, méchante. Mais c'était aussi un déséquilibré. Un anormal, sexuellement impuissant. A. Camus, Requiem pour une nonne,adapté de W. Faulkner, 1956, p. 870.
Rem. 1. Le mot n'est reçu ds Ac. qu'à partir de l'éd. de 1842 : ,,V. lang. (...) Anormal est un mot hybride du 16esiècle. Voy. anomal.`` 2. Anormal, anomal, anomalie, anormalité. ,,Anormal semble avoir été confondu souvent avec anomal (voir anomalie) et ce dernier mot lui-même sert fréquemment de substantif correspondant à anormal, le mot anormalité n'étant pas en usage. Il semble, d'ailleurs, qu'on se soit souvent mépris sur le sens exact d'anomalie, en le rapprochant non d'ο ̔ μ α λ ο ́ ς, mais de ν ο ́ μ ο ς, et par suite de l'idée de norme, qui est voisine de celle de règle ou de loi.`` (Lal. 1968).
DÉR.
Anormaliser, (anormal + suff. -iser*).verbe trans.,néol. d'aut. Rendre anormal : ,,... les faibles. Ce sont les gens normaux qui les anormalisent.`` (H. Bazin, La Fin des asiles,1959, p. 192).
PRONONC. : [anɔ ʀmal], plur. masc. [-o]. Enq. : /anoʀmal/.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1236 « qui est contraire aux règles, à l'habitude » (H. d'Andeli, Œuvres, éd. Héron, IV, 382 ds T.-L. : Conjugacions anormales Qui a decliner sont moult males); 2. 1884 « (personne) considérée comme non conforme au modèle courant », supra; d'où 1922 psychol. (Lar. univ. : Enfant anormal). Empr. au lat. médiév. anormalis « contraire à la règle » (xiies., Alain de Lille, De Planctu naturae ds Du Cange s.v. anormalus), lui-même formé sur le lat. norma « règle, équerre » puis « règle, ligne de conduite » (norme*); avec sans doute influence sém. de anomalus « anomal* ».
STAT. − Fréq. abs. littér. : 447. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 34, b) 500; xxes. : a) 678, b) 1 195.
BBG. − Bastin 1970. − Foi t. 1 1968. − Forest. 1946. − Foulq.-St-Jean 1962. − Julia 1964. − Lafon 1969. − Lal. 1968. − Lar. méd. 1970. − Littré-Robin 1865. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Piéron 1963. − Plais. 1969. − Plais.-Caill. 1958. − Porot 1960. − Psychol. 1969. − Sill. 1965.