Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ANODIN, INE, adj.
A.− MÉD., vx.
1. [En parlant d'un remède] Qui calme, qui apaise la douleur. Les préparations de ciguë, d'opium, etc... sont des remèdes anodins (Ac.1835).Synon. antalgique, calmant :
1. ... Monsieur n'est pas sans savoir que cette plante, qui est l'atropa mandragora de Linné, est dénuée, comme tous les végétaux, des organes qui servent à la vocalisation. C'est une solanée somnifère et vénéneuse, comme un grand nombre de ses congénères, dont les propriétés narcotiques, anodines, réfrigérantes et hypnotiques étaient déjà connues du temps d'Hippocrate. Nodier, La Fée aux miettes,1831, p. 182.
Rem. On trouve, corresp. à cet emploi, mais avec un sens métaph. et dans un cont. fam., l'adv. anodinement (ex. cité ds Littré Suppl. 1877) : ,,Je sens que je me modérantise, et il faudra que vous me proposiez anodinement une petite contre-révolution pour me remettre à la hauteur des principes.`` (B. Constant, Lettre à Mme de Charrière, 14 oct. 1794).
Emploi subst. Faire usage des anodins (Ac. 1835-1878); les opiacés sont des anodins (Nouv. Lar. ill.). Synon. supra :
2. Les émollients, les mucilagineux, les gélatineux à l'intérieur et à l'extérieur; les bains, les cataplasmes, les corps gras à l'extérieur sont des anodins. Privat-Foc.1870.
2. P. ext.
a) [En parlant d'une substance, d'un agent, d'un remède] Qui n'agit pas en profondeur parce qu'il ne fait que calmer; sans danger. Synon. inoffensif :
3. ... il devient alors évident que, si l'on trouvait le moyen de traiter les plaies par quelque substance anodine pour les tissus humains, mais destructrice pour les microbes étrangers à la plaie et capable d'empêcher leur pénétration de l'extérieur, la putréfaction pourrait être combattue, malgré la présence d'oxygène dans la plaie. J. Rostand, La Genèse de la vie,1943, p. 154.
b) [En parlant d'une maladie] Bénin, sans gravité :
4. Une amygdalite anodine et providentielle le cloua au lit le jour même de la session : l'honneur était sauf. R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 127.
B.− Au fig., péj.
1. [En parlant d'un inanimé abstr. désignant une production artistique] Qui est sans grande portée. Vers anodins, couplets anodins (Ac. 1835-1932). Synon. fade, insipide :
5. Journaux, revues, même les plus osés, sont encore anodins comme des académiciens. Léautaud, Journal littér.,t. 1, 1893-1906, p. 330.
6. ... [Chopin] ce virtuose de salon, (...) qui, avec des pièces légères, d'apparence anodine, des études, des valses, des mazurkas, des nocturnes a révolutionné l'art et ouvert la voie à toute la musique moderne! C. Saint-Saëns, Portraits et souvenirs,1909, p. 148.
7. ... j'ai résolu aujourd'hui d'échapper à la politique (...). Les mauvais livres sont inoffensifs puisqu'ils ne sont pas lus. Que la politique criminelle le cède donc, dans ce Bloc-Notes, à cette littérature cancéreuse mais anodine! Anodine? Non : il suffit d'un regard à la surface de ce flot. Et le chef-d'œuvre apparaît... Mauriac, Le Nouveau Bloc-notes,1961, p. 174.
2. [En parlant notamment d'une pers. ou d'un groupe de pers.] Qui est insignifiant. Personnage anodin :
8. « ... le séducteur est un abbé, rien de moins, un abbé rose, perfide, frais, libertin, pomponné comme un Watteau, un abbé de bergeries, pareil à ceux que Madame de Pompadour faisait asseoir sur ses genoux, delicias domini; un abbé anodin, coquet, aux ongles finement coupés, leste dans son petit manteau, remuant, égrillard, souple, avec du jarret, un abbé de Saint-Sulpice. (...) » Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 73.
9. Trois personnes seulement occupent la banquette, en face de moi. Il s'agit d'une famille non-nombreuse. Le père, anodin, défini par son pantalon rayé, la mère, dont les cheveux sont fourchus, la fille, qui a mon âge et qui est toute en cils baissés. H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 203.
P. ext.
a) [En parlant du physique d'une pers.] Qui est terne, sans caractéristiques particulières. Une voix atrocement anodine (Balzac, César Birotteau,1837, p. 223):
10. − Que complotez-vous donc là? dit du Tillet... Il montrait aux deux sœurs un visage anodin éclairé par un air faussement aimable. Balzac, Une Fille d'Ève,1839, p. 85.
b) [En parlant du comportement, des sentiments, paroles, etc.] Qui est sans importance, sans portée. Des propos anodins; phrases, plaisanteries anodines. Synon. banal, bénin :
11. Pour ce qui est de ces départs fixés d'avance et auxquels je n'ai jamais manqué, n'aurais-je pas pu, si je ne t'avais jugée supérieure, te faire un mensonge anodin comme on en fait en pareil cas, avoir l'air de céder, et accorder à tes instances ce que j'aurais eu décidé d'avance? Flaubert, Correspondance,1846, p. 272.
12. Il ménageait une gradation savante, il arrachait un à un les voiles des suppositions bénignes, anodines, lénifiantes, et dressé dans la nudité insupportable, indéniable maintenant du scandale, il forçait chacun à lire dans son jeu. Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 100.
13. À dire vrai, grand'mère et Fräulein avaient de fréquentes prises de bec, presque toujours sur des sujets anodins. Mauriac, Le Sagouin,1951, p. 81.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [anɔdε ̃], fém. [-in]. Enq. : /anodẽ/. 2. Forme graph. : Land. 1834, Gattel 1841 et Guérin 1892 signalent également la graph. anodyn, qu'ils jugent plus conforme à l'étymologie.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1503 méd. adj. anodin « qui calme la douleur » (Le Guidon en françoys, 99a, édit. 1534 d'apr. Vaganay ds Rom. Forsch., t. 32, p. 10 : La cure de la douleur vraye est faicte avecques medecines anodines); 1690 subst. « remède calmant » (Fur. : Les vrais anodins sont ceux qui guerissent les maladies, ou ôtent la douleur, comme font plusieurs huiles de fleurs); 1675 par image remède anodin « moyen seulement calmant et donc insuffisant » (Mmede Sévigné, Lettres ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 270 : Il n'est... que trop vrai qu'on doit envoyer des troupes, et on a raison de le faire, car dans l'état où sont les choses, il ne faut pas des remèdes anodins); 1823 p. ext. emploi fig. ds la lang. cour. (Boiste). Empr. au gr. α ̓ ν ω ́ δ υ ν ο ς « qui calme la douleur » (Hippocrate, Aph., 1253 ds Bailly, de α ̓ ν- « sans » et ο ̓ δ υ ́ ν η « douleur »).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 108.
BBG. − Bouillet 1859. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Littré-Robin 1865. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Nysten 1824. − Privat-Foc. 1870.