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ANNULER, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− [Le suj. est une pers. ou est en rapport avec une pers.; l'obj. désigne une chose]
1. DR. [L'obj. désigne un acte juridique, une convention...] Rendre ou déclarer nul, sans effet, de manière à rétablir la situation antérieure. Annuler une décision, un testament, un mariage :
1. Un lit de justice fut tenu au Parlement, où le roi annula tous les actes contraires au duc d'Orléans et à ses adhérens, en déclarant que lui et le duc d'Aquitaine les avaient signés par force et par menaces, et que tout ce qui y était renfermé contre les princes était faux et calomnieux. On ne se borna point à réparer ce qui les concernait : le roi cassa, annula, abolit et révoqua aussi les ordonnances de réformation qui renfermaient de justes et salutaires choses, et auxquelles avaient applaudi tous les gens de bien. Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 3, 1824, p. 377.
2. Monsieur, nous sommes verbalement convenus d'affecter au paiement de la fin de mon œuvre intitulée Séraphîta dont le commencement a paru dans la Revue la somme dont je puis être redevable à la Revue par suite des paiements faits en vertu d'un traité passé entre moi et M. Brindeau, lequel est annulé du consentement de M. Brindeau et de moi. Balzac, Correspondance,1834, p. 587.
SYNT. Annuler des ordonnances, un traité, un visa.
2. P. ext. Supprimer quelque chose, de manière à rétablir la situation antérieure à son apparition :
3. Il y a des hommes-chênes, je ne suis peut-être qu'un arbuste élégant, et j'ai la prétention d'être un cèdre. Voilà mon bilan écrit. Ce désaccord entre mes moyens et mes désirs, ce défaut d'équilibre annulera toujours mes efforts. Il y a beaucoup de ces caractères dans la classe lettrée à cause des disproportions continuelles entre l'intelligence et le caractère, entre le vouloir et le désir. Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 699.
4. Le temps est le maître de la mort qui n'essaie pas de lui résister. Il l'efface, l'annule, l'anéantit, fait qu'elle n'existe plus, qu'elle n'exista jamais. Maeterlinck, Le Sablier,1936, p. 164.
5. ... on conçoit facilement qu'il soit impossible d'estimer et la valeur des capitaux investis dans les entreprises de presse, et le nombre de lecteurs de tous ces journaux, et l'action exercée par eux sur l'opinion. Action d'autant moins mesurable qu'elle est prolongée, modifiée, ou bien annulée par d'autres lectures, des conversations, des prônes ou des discours. La Civilisation écrite,1939, p. 3615.
B.− [L'obj. désigne une pers., un groupe de pers.] Rendre nulle, sans effets une partie, une propriété de l'objet, en diminuer l'énergie.
1. [Le suj. est une pers.] Rendre impuissant, sans influence :
6. Il fallait suivre à la piste un homme comme Jaurès ... ne pas laisser passer un seul de ses méfaits sans le signaler au moins et sans faire tout ce que nous pouvions pour essayer de le compenser et de l'annuler, et d'en réparer les effets. Péguy, L'Argent,1913, p. 1296.
7. Après cette révolution, la fortune de Louis XIV changera. L'Angleterre deviendra notre principale ennemie, l'âme des coalitions qui s'opposeront au développement de la France sur la mer comme sur le continent. On comprend que Louis XIV se soit intéressé à la cause des Stuarts autant que sa mère et Mazarin avaient été indifférents à la mort de Charles Ier. Il ne cherchait qu'à « annuler » l'Angleterre. Bainville, Histoire de France,t. 1, 1924, p. 237.
Rare. Rendre nul ce qui constitue l'originalité d'une personne :
8. Vous avez cherché un moyen de détruire et d'annuler la jeune fille. Un honnête homme l'eût fait assassiner ou empoisonner. Vous, Mylord, vous avez mieux fait, vous l'avez déshonorée. Hugo, Marie Tudor,1833, p. 47.
2. [Le suj. est un inanimé]
Diminuer les capacités physiques ou morales de quelqu'un :
9. Je me souviens que l'abus journalier de la discipline corporelle avait tellement annulé les solitaires de la Thébaïde, que leurs abbés furent enfin obligés de les autoriser à prier assis, ou même couchés, ... Comte, Catéchisme positiviste,1852, p. 282.
10. ... il faut passer de la contemplation qui nous annule à l'action qui nous concentre. La gouttelette de vif-argent ne maintient son intégrité qu'en roulant de côté et d'autre sur le marbre; la perle de rosée ne reste sphérique que sur la feuille gommeuse de la rose ou du chou. Contempler, c'est s'évanouir dans les choses; agir, c'est se reprendre. Amiel, Journal intime,1866, p. 72.
11. Un grand peuple sera une grande caserne, ou une grande usine; de toute façon une grande administration; toutes les idées périront là, comme nous voyons qu'en une association avec statuts l'idée périt aussitôt, et la mécanique annule l'homme. Alain, Propos,1931, p. 1004.
SYNT. L'amour annule un homme.
II.− Emploi pronom.
A.− Emploi réfl. [Le suj. est une pers. ou se rapporte à une pers.] Se diminuer soi-même, réduire ses propres possibilités d'action :
12. Combien se renferment dans l'horizon de la terre sans rien soupçonner au delà! Comment se peut-il que des intelligences se rétrécissent et s'annulent à plaisir, ne vivent que des petites vanités d'ici-bas et ne respirent que par les sens? M. de Guérin, Poésies,Bal, promenade, rêverie à Smyrne, 1839, pp. 48-49.
B.− Emploi réciproque. Se rendre nul par action réciproque, se compenser mutuellement :
13. Lorsque ces différentes forces [les qualités héréditaires, l'éducation, les exemples, l'apprentissage], au lieu de s'annuler les unes les autres, s'ajoutent les unes aux autres, leur convergence enfonce en l'homme une empreinte profonde ... Taine, Philosophie de l'art,t. 2, 1865, p. 316.
SYNT. Les découvertes de la Science s'annulent les unes les autres, les erreurs des électeurs s'annulent les unes les autres, les sons se contrarient et s'annulent, les fatalités s'annulent et se neutralisent.
C.− Emploi passif. [Le suj. est un inanimé] Devenir nul, disparaître :
14. Un cadran luit sur une façade; le ciel bleuit derrière un faîte. Des clairons sonnent. Une fusillade qui formait bloc se casse, s'émiette, s'annule. Romains, Les Copains,1913, p. 213.
15. ... une fonction continue d'une variable ne peut changer de signe sans s'annuler, ... N. Bourbaki, Éléments d'hist. des math.,1960, p. 164.
PRONONC. : [an(n)yle], j'annule [ʒan(n)yl]. Passy 1914, Dub., Pt Rob. et Pt Lar. 1968 transcrivent le mot avec un seul [n]. Barbeau-Rodhe 1930, Harrap's 1963 et Warn. 1968 signalent également la possibilité d'une prononc. avec [n] géminé (cf. aussi Fouché Prononc. 1959, p. 317). Enq. : /anyl/, (il) annule. Dér. Annulatif : [an(n)ylatif], fém. [-i:v].
ÉTYMOL. ET HIST. − a) 1remoitié du xiiies. anuler « mépriser » (Saint Graal, II, 373, Hucher ds Gdf. : Ensi rent li tres haus sires la veue dou cuer a chiaus qui les mortex coses ont anules), attest. isolée; b) 1289 anuller « rendre nul » (1289, ap. Lob., II, 435 ds Gdf. Compl.); 1293 annuller « id. »(Vend. av. S. Nicol., S. Jacques, A. Liège, ibid.). Empr. au lat. chrét. adnullare « mépriser, considérer comme nul » (ITALA, Cod. Mediol. psalm., 68, 34 ds TLL s.v., 785, 51), lui-même calqué sur le gr. ε ̓ ξ-ο υ δ ε ν ε ́ ω ou ε ̓ ξ-ο υ δ ε ν ο ́ ω « considérer comme rien, mépriser » (Les Septante ds Bailly); au sens de « rendre nul » spéc. terme de dr. en lat. médiév. (cf. Capit. reg. Franc., 9, 13 ds Mittellat. W. s.v., 229, 10).
DÉR.
Annulatif, ive, adj.Qui annule (cf. annuler I A);arrêt annulatif, sentence annulative (attesté ds la plupart des dict.). Annulatoire, adj. Synon. rare du précédent : ,,Décret cassatoire et annulatoire`` (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 482). Rem. L'adj. annulant est très rare; l'ex. suiv. est exceptionnel : 16. [L'âne, à l'homme :] Pour te tirer d'affaire (...) Il ne faudrait pas (...) Recevoir du bedeau qui sur vos berceaux veille Une éducation annulante et pareille À celle qu'aux matous font les tondeurs du quai ... Hugo, L'Âne, 1880, p. 364.Annulatif. 1596 (Cheverny, Mém., an 1596 ds Gdf. Compl. : Le pape a mis au decret et en la bulle de l'absolution une clause annullative de l'absolution donnee par les prelats en France), attest. isolée; repris au xixes. (Mozin-Biber t. 1 1811).
STAT. − Annuler. Fréq. abs. littér. : 343. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 462, b) 488; xxes. : a) 381, b) 624. Annulant(e). Fréq. abs. littér. : 16.
BBG. − Éd. 1967. − Gramm. t. 1 1789. − Kuhn 1931, p. 174. − Noter-Léc. 1912. − Rolland-Coul. 1969. − Will. 1831.